750 grammes
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2 mai 2009

Riesling 2006 : Tour d'horizon

Préambule

Depuis que les vendanges ont eu lieu, le millésime 2006 a été fort controversé en Alsace et dans la presse. A raison ou à tort, difficile de juger sans goûter...
A l’appel des candidatures sur les forums LPV et DC, quelques «fines lames» de la dégustation du plat pays ont réagi positivement pour venir tenter d’analyser le plus sérieusement possible le cheval de bataille qu’est le riesling sur ce millésime et cela, principalement sur les appellations «Grand Cru».
Comme il n’est pas possible de tout déguster, nous avons tenté de réunir des bouteilles connues pour leur qualité, en tous cas, sur ce millésime, et ce en fonction des disponibilités, bien entendu. Le choix des 18 bouteilles ci-dessous ne se veut donc pas exhaustif mais nous pensons qu’il peut servir de bon témoignage à ceux qui s’intéresseront à ce type de vins dans les mois à venir.
Avant de passer à l’analyse des vins, il est peut-être bon de rappeler les conditions générales du millésime 2006 en Alsace.
NB : Nous avons aussi eu le plaisir en fin de dégustation une série de rieslings allemands de différents millésimes que Marc et pierre nous avaient aussi amené. Les commentaires de cette dégustation seront publiés dans les prochains jours sous un autre sujet.

2006 ou le festival du tri

Si vous demandez à tous les vignerons alsaciens de vous parler des vendanges de 2006, ils vous répondront en chœur : « les plus mauvaises conditions depuis des années et des années »
2006 se distingue en effet par des conditions climatiques extrêmes où mi-septembre tout concourrait à promettre un millésime splendide : un printemps sans gel mais humide qui a regorgé les réserves hydriques pour l’été et provoqué un démarrage tardif ; ensuite un début d’été chaud et sec permettant l’obtention une belle maturité et, enfin, un mois d’août assez humide favorable à la préservation d’un excellent rapport acidité/sucres.
Un passage pluvieux les 17 et 18 septembre allait mettre une première fois les pendules à l’heure, provoquant des fissures visibles qui ouvrirent la porte au botrytis. La chaleur, l’humidité, et d’autres passages pluvieux jusqu’à la fin du mois allaient empirer la situation. Pour ceux qui avaient le courage d’attendre, le tri serait de mise. Heureusement, dès le 4 octobre, un temps sec et plus froid stabilisa la situation et permis des vendanges dans de bonnes conditions.
En dehors de la qualité du tri opéré, il ne semble faire aucun doute aujourd’hui que ceux qui ont permis un bon drainage des sols grâce aux labours, enherbé leurs rangs et favorisé une bonne aération de leurs vignes ont pu éviter la pourriture et n’ont pas dû vendanger précocement.
Dès lors, quand la plupart de ces facteurs qualitatifs ont été atteints, les premières dégustations ont souvent montrés des vins pleins de promesse, bien structurés.

La dégustation

L’intérêt de la présente dégustation est de voir, plus ou moins un an après leur mise en vente, comment se comportent les vins de ce millésime. En plus des grands crus, quelques lieux-dits, connus pour leurs qualités, ont été aussi glissés dans notre choix. Nous avons voulu aussi nous limiter aux vins « secs », donc pas de VT ou de SGN dans notre choix.

Les joyeuses fines lames de cette dégustation furent :

1. Marc Lotin (Hédoniste)
2. Jehan Delbruyere (Jehan)
3. Frank Van Den Bulcke (fvdb)
4. Marc De Wolf
5. Didier Dupont (DidierD)
6. Laurent Labouré
7. Pierre Kier (Peterka)
8. Luc Javaux
9. Werner Van Damme
10. Jacques Gorissen
11. Patrick Böttcher


Pour être le plus didactique possible, nous avons demandé à chaque dégustateur de s’exprimer sur le vin globalement (note d’appréciation), sur la quantité de sucres perçus (échelle de 0 à 10 allant de très sec à la limite d’une VT) et sur la période d’apogée par rapport à aujourd’hui.
Nous avons aussi ajouté à ce commentaire des renseignements de base sur les vins dégustés dont le prix approximatif, soit le prix d’achat de la bouteille dégustée.
Toutes les appréciations données sont le résultat du calcul d’une moyenne pondérée.
Les vins sont commentés dans l’ordre de dégustation. Ils ont été ouverts plus ou moins quatre heures avant dégustation, rebouchés ensuite par un film de paraffine pour ne pas souffrir d’aromes extérieurs présents dans le frigo où ils ont été entreposés à 6-7°C avant leur dégustation. Ils ont tous été servis à l’aveugle.

1. Grand Cru Pfersigberg - Domaine Jean-Louis & Fabienne Mann

Situation du Cru : Eguisheim (Haut-Rhin)
Sol : Marno-Gréseux
Agriculture : Bio
Vigneron(s) : Jean-Louis & Fabienne Mann
Propriété située à : Eguisheim (Haut-Rhin)
Prix approximatif : 14.5 euros

Appréciation : 13,7/20
Place : 16e
% de sucres perçus : 3
Apogée : 1 à 3 ans

Commentaire : Le vin offre un nez agréable, assez ample avec des agrumes citriques et un peu de cire citrique, Cire. En bouche, bien qu’agréable, le vin se révèle un peu pataud avec un certain manque de complexité et de longueur. Mais pour beaucoup, il est plaisant à boire, maintenant.
Il faut aussi admettre qu’il est toujours difficile d’ouvrir les hostilités !

2. Grand Cru Sommerberg “E” - Domaine Albert Boxler

Situation du Cru : Niedermorschwihr et Katzenthal (Haut-Rhin)
Sol : Granitique
Agriculture : Raisonnée
Vigneron(s) : Jean Boxler
Propriété située à : Niedermorschwihr (Haut-Rhin)
Prix approximatif : 18 euros

Appréciation : 14,8/20
Place : 9e
% de sucres perçus : 1
Apogée : 7 à 12 ans

Commentaire : Nez très minéral assez austère avec un peu de pétrole et pas mal d’agrumes assez amers. La minéralité est très présente au nez avec une légère perception de CO2 pour certains
En bouche, l’acidité est très marquée (avec un léger pétillement) ce qui donne une grande fraicheur. La minéralité est omniprésente et la résultante est que pour beaucoup ce vin est trop jeune à boire, austère… un vin de puriste. Tous lui accordent un très grand potentiel de vieillissement.

3. Grand Cru Geisberg - Domaine André Kientzler

Situation du Cru : Ribeauvillé (Haut-Rhin)
Sol : Marno-calcaro-gréseux
Agriculture : Traditionnelle
Vigneron(s) : André et Eric Kientzler
Propriété située à : Ribeauvillé (Haut-Rhin)
Prix approximatif : 22 euros

Appréciation : 15,4/20
Place : 7e
% de sucres perçus : 0,5
Apogée : 7 à 15 ans

Commentaire : Au nez on a un vin avec des agrumes, très très légèrement pétrolé avec une minéralité omniprésente voire exacerbée !
En bouche l’acidité est très droite, le vin est minéral en diable (presque du jus de caillou !) mais la structure et l’équilibre sont là et bien là.
Ce Geisberg est l’expression de la minéralité par excellence, mais à ce stade, il paraît encore trop jeune, très fermé et austère. Un vin sans concession, à attendre absolument

4. Grand Cru Muenchberg - Domaine Julien Meyer

Situation du Cru : Nothalten (Bas-Rhin)
Sol confused smileyédiments volcaniques et grès décomposés
Agriculture : Biodynamique
Vigneron(s) : Patrick Meyer
Propriété située à : Nothalten (Bas-Rhin)
Prix approximatif : 22 euros

Appréciation : 14,3/20
Place : 13e
% de sucres perçus : 2
Apogée : 3 à 7 ans

Commentaire : Gros effet de séquence avec ce vin où on part d’emblée sur un nez très mûr et très exotique avec beaucoup de fruits intégrés, murs, compotés, un peu muscatés et raisin de Corinthe. Pour certains, on est à la limite de l’oxydatif. Bel équilibre en bouche et belle acidité ; le vin s’avère puissant, compact, bien mûr avec un équilibre très palpable et une belle longueur.

5. Lieu-dit Kaefferkopf “Granit” - Domaine Martin Schaetzel

Situation du Cru : Ammerschwihr (Haut-Rhin) - Grand Cru depuis 2007
Sol : Granitique et Calcaire à pH élevé
Agriculture : Biodynamique
Vigneron(s) : Jean Schaetzel
Propriété située à : Ammerschwihr (Haut-Rhin)
Prix approximatif : 22 euros

Appréciation : 16,4/20
Place : 3e
% de sucres perçus : 1
Apogée : 1 à 10 ans

Commentaire : Le nez est superbe, très complexe et très évolué à la fois sur les agrumes et le floral
En bouche, on a une très belle acidité avec un splendide équilibré et une belle charpente bien sur le fruit et la minéralité. Finesse et élégance sont les termes qui reviennent le plus.
Une découverte pour beaucoup et nettement le coup de cœur de la soirée, en tous cas dans le registre des vins secs !
Excellent, fin, élégant

6. Grand Cru Pfingstberg - Domaine Valentin Zusslin

Situation du Cru : Orschwihr (Haut-Rhin)
Sol :Calcaro-gréseux
Agriculture : Biodynamique
Vigneron(s) : Valentin et Jean-Marie Zusslin
Propriété située à : Orschwihr (Haut-Rhin)
Prix approximatif : 25 euros

Appréciation : 14,3/20
Place : 14e
% de sucres perçus : 2
Apogée : 1 à 7 ans

Commentaire : Le nez est d’abord assez réduit, fumé puis il s’ouvre bien sur les agrumes mais l’arome le plus persistant est le champignon. Nez marqué les agrumes et par le champignon
En bouche, on a de une belle acidité, pas agressive avec de la minéralité avec un peu trop de rondeur qui donne une perception de manque d’élégance à certains. Ce vin souffre probablement des éloges de son prédécesseur ; un effet de séquence don très probable.

7. Grand Cru Kirchberg de Ribeauvillé - Domaine Louis Sipp

Situation du Cru : Ribeauvillé (Haut-Rhin)
Sol : Marno-Gréseux
Agriculture : Bio
Vigneron(s) : Etienne et Martine Sipp
Propriété située à : Ribeauvillé (Haut-Rhin)
Prix approximatif : 14.5 euros

Appréciation : 15,9/20
Place : 4e
% de sucres perçus : 2
Apogée : 2 à 12 ans

Commentaire : Au nez, le vin s’avère d’emblée très flatteur, complexe avec pas mal d’agrumes (assez citriques), de fumé et beaucoup de minéralité.
La bouche est élégante, subtile, épicée, avec beaucoup de plaisir, de croquant, une grande sapidité et pour finir une grande longueur. Il confirme tout le bien qu’on avait pensé de lui lors de la verticale faite il y a quelques mois et commentée sous ces pages.
Doit-on ajouter que tous lui accordent un grand potentiel ?

8. Lieu-dit Clos Windsbuhl - Domaine Zind-Humbrecht

Situation du Cru : Hunawihr (Haut-Rhin)
Sol : Calcaire Muschelkalk
Agriculture : Biodynamique
Vigneron(s) : Olivier Humbrecht
Propriété située à : Turckheim (Haut-Rhin)
Prix approximatif : 40 euros

Appréciation : 14,3/20
Place : 15e
% de sucres perçus : 2
Apogée : 3 à 10 ans

Commentaire : On aurait pu ou dû s’attendre à un grand moment mais le vin est actuellement très fermé à commencer par le nez. En bouche aussi, l’attaque est un peu molle, ronde, puis se raffermit un tout petit peu. La matière, quant à elle, est présente, certes, mais a du mal à s’exprimer.
Tout cela est probablement dû à une jeunesse excessive ; il est toutefois incontournable que l’on a là la déception de la soirée, surtout quant au rang (et au prix) du vin mais tous s’accordent à laisser à Olivier Humbrecht le bénéfice du doute et sont désireux de regoûter la bestiole dans deux à trois ans.

9. Grand Cru Zinnkoepflé - Domaine Seppi Landmann

Situation du Cru : Soultzmatt et Westhalten
Sol : Grès et calcaire Muschelkalk
Agriculture : Raisonnée
Vigneron(s) : Seppi Landmann
Propriété située à : Soultzmatt
Prix approximatif : 20 euros (hors primeurs)

Appréciation : 14,6/20
Place : 11e
% de sucres perçus : 3
Apogée : 3 à 10 ans

Commentaire : Si jusqu’à présent, on peut dire que les vins dégustés étaient fort marqués par le terroir, celui-ci affirme le nez le plus variétal du groupe très sur les agrumes citriques (citron, pamplemousse).
La bouche, quant à elle est très équilibrée et sapide et ronde, avec une acidité fine qui apporte une belle fraicheur. On retrouve les aromes variétaux en bouche, un peu de dilution, aussi, mais le tout s’avère très agréable, assez délicat. Un vin très sudiste !

10. Grand Cru Zotzenberg - Domaine Rietsch

Situation du Cru : Mittelbergheim (Bas-Rhin)
Sol : Marno-calcaro-gréseux riche en fer
Agriculture : Bio
Vigneron(s) : Jean-Pierre Rietsch
Propriété située à : Mittelbergheim (Bas-Rhin)
Prix approximatif : 10 euros

Appréciation : 15,8/20
Place : 5e
% de sucres perçus : 2
Apogée : 3 à 10 ans

Commentaire : Le vin propose tout d’abord un nez assez fermé, austère qui s’ouvre ensuite avec élégance sur des fruits mûrs et de la minéralité (salinité importante), pas variétal pour un sou. En bouche, une belle acidité très fine ouvre la porte à un vin plein, mûr et fruité et un inénarrable équilibre. C’est bon et c’est fin… tout simplement.
Le bon rapport qualité-prix de la soirée, indéniablement !

11. Grand Cru Schlossberg - Domaine Jean-Marc Bernhard

Situation du Cru : Kientzheim et Kaysersberg (Haut-Rhin)
Sol : Granitique
Agriculture : Raisonnée
Vigneron(s) : Jean-Marc Bernhard
Propriété située à : Katzenthal (Haut-Rhin)
Prix approximatif : 12 euros

Appréciation : 15,7/20
Place : 6e
% de sucres perçus : 4
Apogée : 3 à 8 ans

Commentaire : Retour à un peu de variétal avec un nez de fruits très citriques mais aussi de la minéralité. Harmonieuse pour certains, dissociée pour d’autres, la bouche apporte à la fois acidité, puissance et gras, avec un peu d’alcool toutefois. La longueur s’avère très belle.

12. Grand Cru Hengst - Domaine Paul Gaschy

Situation du Cru : Wintzenheim (Haut-Rhin)
Sol : Marno-calcaire
Agriculture : Traditionnelle
Vigneron(s) : Bernard et Hervé Gaschy
Propriété située à : Eguisheim (Haut-Rhin)
Prix approximatif : 9 euros

Appréciation : 12,4/20
Place : 18e
% de sucres perçus : 3,5
Apogée : 2 à 7 ans

Commentaire : Le nez très fruité avec un peu de floral, assez loin de ce que l’on rencontre sur le Hengst. Très (trop ?) sucraillon en bouche, ce vin nous paraît trop joufflu, un peu trop souple et très court. Le couac de la soirée…

13. Lieu-dit Rittersberg - Domaine Jean-Paul Schmitt

Situation du Cru : Scherwiller (Bas-Rhin)
Sol : Granitique
Agriculture : Bio
Vigneron(s) : Jean-Paul Schmitt
Propriété située à : Scherwiller (Bas-Rhin)
Prix approximatif : 11 euros

Appréciation : 14,6/20
Place : 12e
% de sucres perçus : 3,5
Apogée : 1 à 6 ans

Commentaire : Pour beaucoup, on a là (avec le Zink) le nez le plus variétal de la soirée, très intense mais tout aussi doucereux.
La bouche quant à elle est bien plus noble avec un bel équilibre, de la fraicheur et une belle longueur que certains trouvent un peu sur l’alcool.

14. Grand Cru Wineck-Schlossberg - Domaine Meyer-Fonné

Situation du Cru : Katzenthal et Ammerschwihr (Haut-Rhin)
Sol : Granitique décomposé
Agriculture : Raisonnée
Vigneron(s) : Félix Meyer
Propriété située à : Ammerschwihr (Haut-Rhin)
Prix approximatif : 13.5 euros

Appréciation : 13,4/20
Place : 17e
% de sucres perçus : 3,5
Apogée : 2 à 7 ans

Commentaire : Ce vin a-t-il actuellement un problème…. Probablement : toujours est-il que l’on a du ouvrir une seconde bouteille, tant la première rendait le groupe perplexe par son côté réduit et champignon. Si ces impressions persistent avec la 2e bouteille, elles sont plus modérées et le nez parait plus pertinent sans secouer les foules, loin de là.
En bouche, la fraicheur relative ne masque pas un équilibre mûr mais un peu sucraillon.
La longueur est, elle, toutefois assez prometteuse. A revoir, donc, lui aussi. A noter que ce vin, tout comme les Sommerberg de Boxler a été coup de cœur de la RVF pour le millésime 2007.

15. Grand Cru Sommerberg “D” - Domaine Albert Boxler

Situation du Cru : Niedermorschwihr et Katzenthal (Haut-Rhin)
Sol : Granitique
Agriculture : Raisonnée
Vigneron(s) : Jean Boxler
Propriété située à : Niedermorschwihr (Haut-Rhin)
Prix approximatif : 18 euros

Appréciation : 14,8/20
Place : 8e
% de sucres perçus : 3
Apogée : 2 à 10 ans

Commentaire : Comme pour le « E », le nez est très minéral avec une pointe de pétrole et pas mal d’agrumes ici, assez murs.
La bouche est marquée par la fraicheur et l’équilibre pour donner un vin assez typé minéral, avec une grosse concentration, plein, mûr et tonique
Encore très jeune, il a un beau potentiel indéniable.
Est-ce son côté un peu plus rond, plus marqué par le résiduel, mais ce vin est bien plus accessible que son cousin « E » dégusté en 2e place.

16. Grand Cru Schlossberg “St-Catherine” - Domaine Weinbach

Situation du Cru : Kientzheim et Kaysersberg (Haut-Rhin)
Sol : Granitique
Agriculture : Biodynamique
Vigneron(s) : Colette, Catherine et Laurence Faller
Propriété située à : Kaysersberg (Haut-Rhin)
Prix approximatif : 40 euros

Appréciation : 14,7/20
Place : 10e
% de sucres perçus : 3
Apogée : 3 à 10 ans

Commentaire : Dire que ce vin n’a pas amené de commentaires serait loin de la vérité …. Tout d’abord, le nez partage l’assemblée. Pour certains, il est tout en finesse sur les agrumes, pour d’autres, un peu fermé et austère sans grande complexité.
En bouche, tous s’accordent sur une acidité assez fine avec de la maturité et de l’élégance mais le vin déçoit certains par son manque de structure, assez quelconque, probablement dû à une fermeture de jeunesse.
Tout cela vaut-il son prix… les débats sont ouverts.

17. Grand Cru Schoenenbourg - Domaine Trapet

Situation du Cru : Riquewihr et Zellenberg (Haut-Rhin)
Sol : Argilo-marneux et calcaire
Agriculture : Biodynamique
Vigneron(s) : Andrée et Jean-Louis Trapet
Propriété située à : Riquewihr (Haut-Rhin)
Prix approximatif : 30 euros

Appréciation : 16,6/20
Place : 2e
% de sucres perçus : 5,5
Apogée : 3 à 15 ans

Commentaire : Le Monsieur « Plus » de la soirée ! Tout d’abord, il offre une grande voir énorme complexité au nez avec des aromes variétaux, floraux, fruités et grillés. Et cela continue en bouche. L’acidité et la minéralité sont bien présentes et le reste est d’une grande richesse totalement jubilatoire, fascinant voire excessif.
Ce vin avait la cote au salon bio de Lille, il y a deux mois… ca continue… et pas un peu ! Ce qui est indéniable, c’est que pour beaucoup, il est prêt à boire.

18. Grand Cru Rangen de Thann- Domaine Zind-Humbrecht

Situation du Cru : Thann (Haut-Rhin)
Sol : Volcano-sédimentaire
Agriculture : Biodynamique
Vigneron(s) : Olivier Humbrecht
Propriété située à : Turckheim (Haut-Rhin)
Prix approximatif : 45 euros

Appréciation : 17,5/20
Place : 1er
% de sucres perçus : 7,5
Apogée : 5 à 20 ans

Commentaire : Que dire, tant les commentaires ont été élogieux…
Le nez tout d’abord fermé puis s’ouvrant sur une grande complexité avec de splendides fruits exotiques. La douceur est elle aussi perceptible.
En bouche, tout est en maturité, richesse et minéralité emportée par une splendide acidité.
La finale est puissante, ample, et de grande réserve.
Vous l’avez compris… la star de la soirée mais le résiduel, très présent, fausse probablement la donne avec les 17 premiers vins. A vous de juger.

Pour le fun de l’exercice, nous avions aussi intégré un vin pirate autrichien dont voici les caractéristiques et appréciations :

Vin Pirate : Senfterberger Piri Cru Privat - Domaine Nigl

Situation du Cru : Kremstal (Niederösterreich - Autriche)
Sol : Granitique
Agriculture : Bio
Vigneron(s) : Martin Nigl
Propriété située à : Kremstal (Niederösterreich)
Prix approximatif : 15 euros

Appréciation : 13,7/20
% de sucres perçus : 3
Apogée : 5 à 7 ans

Commentaire : Ce vin s’avère tout à fait atypique dans la série avec de la minéralité, certes, mais des fruits amers et du CO2. Il est indéniable que le vin aurait du être carafé. En bouche, le vin s’avère
puissant, minéral, assez gras mais assez déséquilibré pour certains. Il faut lui laisser que son rôle de pirate était très difficile face à des rieslings très typés « Alsace ».

Tableaux Résumés

Remarque importante : Les deux premiers classés sont très nettement plus chargés en sucres résiduels que les autres. Il y a donc lieu à la fois d’apprécier leur classement pour eux-mêmes mais aussi de considérer un second classement à partir de la 3e place à partir de laquelle les vins étant dans l’ensemble plus secs.

1. résumé général


* = vin controversé ** = vin très controversé

2. détail des appréciations de chacun sur les vins


Commentaires généraux

Pour être le plus complet possible, quelques questions ont été posées aux participants. Vous trouverez ci-dessous un florilège de leurs réponses.

Comment avez-vous trouvé globalement les vins de ce millésime ?

Marc L. : Le millésime 2006 est meilleur que sa réputation le dit au regard des vins servis.
Didier : Tous les vins d'Alsace goûtés hier étaient pour moi bons à excellents. Il n'y a qu'à voir mes notes (je pense que j'ai été généreux)
Frank : D'une manière générale, les vins m'ont semblé bons à 2 ou 3 exceptions près, équilibrés, le "sucre" ne m'a pas dérangé car je l'ai toujours trouvé bien intégré à l'ensemble. Par contre, j'ai souvent été dérangé par quelques amers en finale qui se fondront probablement au vieillissement. . Ce sont encore de grands bébés ces grands crus !!
Pierre : La qualité d'ensemble était surprenante pour un millésime aussi décrié (et sans doute aussi difficile)
Marc : Globalement très bien, pas de problèmes détectés.>
Laurent : Mis à part quatre vins que j'ai moins aimés, tous ces vins étaient pour moi
bons à excellents.
Luc : Je qualifierais le niveau de bon, sans plus, assez loin de celui de millésimes comme 2001, mais avec pas mal de très belles bouteilles.

Sur les vins dégustés, ce millésime mérite-il sa réputation moyenne ?

Marc L. : Non, il mérite mieux
Didier : Je n'ai pas eu l'impression de me retrouver face à un millésime faible…
Frank : Je n'ai pas assez de recul pour "juger" ce millésime mais je pense qu'il n'y a pas de différences extrêmement marquantes d'un millésime à l'autre chez les bons producteurs, sauf catastrophe. S’ils ne déclassent pas, c'est que la qualité du vin mérite son statut de grand cru.
Pierre : A partir du moment où une sélection pointue est effectuée au départ, la question est un peu biaisée. La réponse est clairement "non" sur ce qu'on a dégusté hier. Cela dit, il est évident que l'on ne se trouve pas en face d'un millésime riche et concentré.
Marc : D’après les vins sélectionnés, l’Alsace se porte très bien (tout comme l’Allemagne…) sur 2006
Laurent : Le millésime me semble en fait bon et donc sans doute sous-évalué
Luc : Plutôt bon que moyen sur cette sélection, mais c'est une sélection, et qui n'a pas été effectuée au hasard... winking smiley
Patrick : Of course, not ! Mais c’est le fruit du travail des vignerons que tout cela…

Avez-vous retrouvé les caractéristiques habituelles des rieslings (effet terroir) ou y-a-t’il un effet millésime plus marqué ?

Marc L. : Comme dit lors de la dégustation, je trouve pas mal de terroir. Même si personnellement, je retrouvais de manière homogène des arômes d'agrumes et de citron propre au riesling. Pour moi pas beaucoup d'effet millésime.
Didier : Oui, j'aurais pu dire (enfin, je crois) à l'aveugle qu'il s'agissait de riesling pour quasi tous les vins. Quant à parler d'effet terroir, je ne suis pas assez fin connaisseur de l'Alsace pour reconnaitre à la dégustation tel ou tel cru. Mais d'un vin à l'autre, j'ai relevé de grandes variétés de styles. Je ne pense pas que les conditions climatiques aient gommé les caractéristiques propres aux terroirs et surtout, aux vinificateurs.
Frank : Assez difficile pour moi cette question. Je dirais que c'est au vieillissement que le terroir se marquera de plus en plus, mais les vins provenant de pentes raides et sols pauvres s'exprimaient assez fort sur la minéralité et étaient plus austères et ciselés.
Pierre : Je trouve que les vins de granit s'en tirent très bien car ils font preuve d'élégance et, souvent, de pas mal de complexité et de concentration. Les vins les plus minéraux et plus masculins, comme les marno-calcaires, ont un peu plus de mal à s'exprimer et manquent peut-être un peu d'ampleur (Geisberg) ou de finesse (Zotzenberg). Pour les autres types de terroir, la question clé est pour moi l'intégration des sucres résiduels, que j'ai souvent mal perçue (ex. Schoenenbourg) ou le choix de jouer l'ampleur contre la finesse (ex. Clos Windsbuhl). Quant à dire que c'est du au millésime, je ne sais pas, je n'ai pas de recul et de connaissance suffisants pour l'affirmer.
Néanmoins, tous les vins avaient leur personnalité propre (avec une grande diversité de style) et donc, pas d'effet millésime marqué pour moi dans l'acception d'un certain nivellement gustatif.
Laurent : J'aurais classé la plupart des vins en riesling, mis à part peut-être quatre, cinq d’entre eux. Concernant l'effet terroir, j'ai peut-être reconnu le côté granitique de certains vins et, dans une mesure encore plus limitée, le côté marno-calcaire d'autres, mais je ne suis pas assez "pointu" pour reconnaitre le terroir lors de la dégustation de tel ou tel cru.
Je ne crois pas que les conditions climatiques aient gommé les caractéristiques
propres aux terroirs et, surtout, aux vinificateurs. Laurent Charvin parle de biotope en incluant la vigne, le sol et le vigneron; il a bien raison, selon moi !
Werner : Je ne connais pas assez bien la région, ni les vignerons pour tirer des conclusions sur cette dégustation, mais je crois qu'il y a quand même un "effet terroir" dans certains vins. Souvent même, à l'aveugle, je pense que je n'aurais pas toujours reconnu le cépage et je ne sais pas si cela est un tort ou une vertu...!
Luc : Beaucoup de vins exprimaient à mon sens très bien leur terroir.
Patrick : J’ai personnellement trouvé plus de caractères variétaux qu’attendu… effet de millésime ou jeunesse des vins, difficile à dire

En fonction de ce que vous avez goûté hier, quelle garde moyenne conseilleriez-vous pour les rieslings 2006 ?

Marc L. : OUF ti, dur de répondre. 10 ans ???
Didier : A l'une ou l'autre exception près, de vins ayant une structure me paraissant un peu fragile, les vins dégustés hier sont bâtis pour une apogée comprise entre 5 et 10 ans et un plateau de maturité de plusieurs années encore par la suite.
Frank : attendre de 3 ans pour les plus "mous" à 20-25 ans pour les 2 ou 3 bombes style Geisberg, Kirchberg,...
Pierre : A une ou deux exceptions près, je pense qu'ils se feront assez vite (entre 2 et 5 ans) mais qu'ils sont susceptibles de tenir une dizaine d'année par après. Je ne crois pas trop à l'intérêt d'une longue garde pour la plupart.
Laurent : A l'exception des vins que je n'ai pas aimés et qui ont une structure plutôt
déséquilibrée, les vins dégustés hier sont bâtis pour une apogée comprise entre
5 et 10 ans, avec certains partis pour durer bien au-delà.
Luc : Une dizaine d'années
Werner : En ce qui concerne la garde prévisible, je ne suis pas le plus grand connaisseur des vins d'Alsace, mais je pense que la plupart pourront se garder encore 5-6 ans, dépendant de votre gout personnel, et sans doute un peu plus pour le Kientzler et le Sipp et beaucoup plus pour le Clos Windsbuhl, le seul vin que j'ai trouvé trop jeune.
Patrick : 5 ans pour les plus fruités dix à quinze pour les plus minéraux

Avez-vous un autre commentaire à donner ?

Didier : J'ai beaucoup de mal à m'étalonner pour la perception du sucre. J'aurais dû regoûter le premier vin à la fin pour le resituer. Mais c'est très difficile car certains vins paraissent sucré de l'attaque à la finale, d'autres semblent bien sucrés à l'attaque mais finissent résolument secs, d'autres encore sont simplement sucraillons ...
Cependant, la perception du sucre n'est pas un critère de qualité à mes yeux et je peux aussi bien adorer un vin vif et tendu qu'un autre rond et riche.
Laurent : Difficile d'évaluer le sucre car cela dépend aussi de l'acidité surtout en début de
dégustation.
Werner et Marc : (qui sont fans de rieslings allemands) : Nous n’avons pas vraiment dégusté des vins qui pourraient nous faire changer d'idée sur la "vraie" patrie du Riesling et j'espère que nous pourrons encore faire des dégustations sur ce sujet. (et d'autres...)
Patrick : Pour beaucoup, ce marathon de rieslings était un peu too much (il faut ne pas oublier qu’avec les vins allemands et la mise en bouche, on a atteint 25 bouteilles) mais je pense que cela valait la peine de tenter le coup, et puis, en salon, on en boit bien plus 

Conclusion

Une bien belle dégustation où on ne peut indéniablement pas parler d’effet millésime…. Mais, bon, les vins choisis étaient tous triés sur le volet.
Les quelques vins du Bas-Rhin présents s’en sortent drôlement bien et on aurait apprécié en avoir un peu plus.
On referait cela volontiers dans trois, quatre ans que ce serait encore plus instructif…. C’est indéniable. Et puis le comportement des deux derniers vins sont pleins de promesse pour ceux qui ont achetés des VT et SGN réussies.
En un mot, comme en cent, félicitations à tous nos amis vignerons qui ont su, par la qualité de leur travail, vaincre les éléments, en tous cas, en grande partie en fonction des vins de cette soirée.

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