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18 septembre 2009

Philippe Foreau - Dégustation anthologique

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Depuis des années, le domaine du Clos Naudin de Philippe Foreau s'imposait dans mon esprit pour partager avec des potes une belle et grande dégustation.
Plutôt que de battre campagne auprès de mes cavistes préférés ainsi que dans les tréfonds des caves des dits potes (et la mienne...), je me suis plutôt dit : "pourquoi ne pas aller trouver le principal intéressé et lui demander s'il devait faire une grande et belle dégustation, quels seraient les vins qu'il suggèrerait.

Voici, à un ou deux flacons près ce qui Philippe Foreau m'a suggéré :

01. Vouvray Brut - Méthode Traditionnelle 2002
02. Vouvray Brut - Méthode Traditionnelle 1995
03. Vouvray Sec 2007
04. Vouvray Sec 2002
05. Vouvray Demi-sec 2005
06. Vouvray Demi-sec 1996
07. Vouvray Moelleux 1996
08. Vouvray Moelleux 1997
09. Vouvray Moelleux 2003
10. Vouvray Moelleux 2005
11. Vouvray Moelleux Réserve 2005
12. Vouvray Moelleux Réserve 1997
13. Vouvray Moelleux Réserve 2003
14. Vouvray Moelleux Réserve 1989
15. Vouvray Moelleux 1ère Trie 1989
16. Vouvray Moelleux Réserve 1990
17. Vouvray Goutte d'Or 1947

Une liste de rêve... assurément!

Vu les prix souvent plus abordables qu'on ne peut le penser et qu'il ne faut jamais se priver, l'affaire fut réglée et le dépucelage de la chose entériné ce jeudi 17/09/2009, occasion pour moi aussi de retrouver de joyeux wallons...
Avant le jour dit de l'office, une question me trottait en tête depuis deux, trois mois : Allait-on vivre une intensité dégustative aussi splendide que la liste formelle des vins ci-dessus. Réponse ci dessous...

Au fait...pour en savoir plus sur le domaine , voir ICI...

Le paradis existe, je l'ai rencontré hier au détour de 17 vins ...

Vu que la liste des vins était connue et que le but était aussi dur pur plaisir, les vins n'ont pas été servis à l'aveugle. Après les secs et les demi-sec, une première pose a été effectuée pour déguster un poulet aux citron bien préparé par Jehan. En fin de dégustation, nous avons terminé les "restes" des vins moelleux sur une tarte au sucre apportée par Frank. Les vins ont été servis par paires ou trios.

01. Vouvray Brut Méthode Traditionnelle 2002

La robe est marquée par le côté jaune doré du chenin et les bulles sont assez fines. Le nez est assez discret au premier abord puis s’ouvre sur des notes de mirabelle, de fruits jaunes (coing), des aromes floraux et un peu de miel.
En bouche, le vin s’avère ample, porté par une belle acidité avec un beau rappel en finale sur les fruits jaunes, tout en finesse. 15/20

02. Vouvray Brut Méthode Traditionnelle 1995

La robe est nettement plus évoluée que le 2002, sans pour autant présenter des notes foncées. Les bulles sont belles, fines et nombreuses. Le nez est intense, beaucoup plus ouvert que sur le 2002 et les aromes tertiaires dont le champignon, tout en restant sur ces aromes de mirabelle et de coing.
En bouche, c’est très ample avec une acidité puissante et portante qui au-delà de l’équilibre, emmène longuement la finale sur le fruit avec une splendide fraicheur. Un très grand vin de bulles !!! 16/20

03. Vouvray Sec 2007

La robe est encore assez claire, d’un or bien brillant. Dès que le nez s’ouvre, il montre toute sa puissance, avec de belles notes fruitées sur les agrumes et du floral. En bouche on a une fraicheur vivace mais d’une grande finesse liée à l’acidité du millésime. La longueur, toujours sur la finesse est impressionnante, sans la moindre amertume ni la moindre perception de sucres.
Ce vin paraît assurément encore trop jeune mais sa structure et sa matière semble le nous promettre une toute grande bouteille sur le vieillissement. 16,5/20

04. Vouvray Sec 2002

La robe est plus marquée par l’évolution. Le nez est très frais, intense avec d’une part des notes confites, et d’autre part des truffes et un petit côté iodé que certains voient comme une pointe oxydative.
En bouche, le vin est tendu par l’acidité d’une grande jeunesse et elle porte littéralement des fruits croquants sur une très belle finale. Un des plus beau Vouvray secs qu’il m’ait été donné de rencontrer… 17/20

05. Vouvray Demi-sec 2005

La robe est dorée avec déjà une certaine évolution faisant penser à un millésime dense. Le nez est très riche et complexe avec des notes fruitées (coing, clémentines), du champignon et aussi beaucoup de minéralité.
En bouche l’acidité est d’abord intense, mais très vite les fruits et le gras prennent le relais ce qui fait que la finale se ressent plus sur le sucre que la fraicheur, mais cela reste équilibré, et surtout très concentré. 15/20

06. Vouvray Demi-sec 1996

La robe est encore plus évoluée que le vin précédent. Comme pour le vin précédent, il y avait 20 gr de sucres résiduels mais le nez est ici complètement fusionné sur des notes de truffes, de confit de tisane et d’épices. La bouche est d’un grand équilibre entre l’acidité encore très présente, les sucres bien fondus et le fond de minéralité incontournable et un croquant fruité incomparable. 16,5/20

07. Moelleux 1996

La robe est jaune doré très brillant. Le nez est plus typique du chenin avec du coing confit, avec une pointe de miel, le tout avec une grande perception de fraicheur.
En bouche, on a à nouveau une acidité enlevée et portante qui donne au sucre et au fruit une belle impression d’équilibre frais et une finale d’une grande vivacité, très, très longue.
Un beau vin de plaisir. 16/20

08. Vouvray Moelleux 1997

La robe est parmi une des plus évoluée, assez caractéristique du millésime. Le nez est incroyablement complexe et pur à la fois. On retrouve de la fraicheur, du confit, mais aussi des notes caramélisées et un beurre salé très salin. Et tout cela avec une précision chirurgicale qui avant de porter la chose en bouche donne l’envie de s’époumoner « Attention devant… Grand vin »
La bouche est comme un balancier de deux enfants heureux qui inlassablement vibrent à chaque battement entre sucrosité et acidité, le tout dans un jardin d’Eden de richesse aromatique avec un gras très fin. La finale est tout aussi sublime…. Je n’avais qu’une pensée…. « M…, je vais devoir cracher cela ! ». 19/20

09. Vouvray Moelleux 2003

La robe est plus jaune doré, proche du Moelleux 96. Au nez, aussi, on retrouve les fruits jaunes (Coing), le miel et aussi les tartes aux poires de Debailleuil (oui, je sais, ca y faut connaître).
La bouche est plus large, plus dissociée entre la sucrosité et la fraicheur apportée par une acidité insoupçonnable pour le millésime. La finale est un peu plus marquée sur le botrytis avec une cohésion moindre que les vins précédents. Cela reste toutefois très appréciable. 14,5/20

10. Vouvray Moelleux 2005

La robe est jaune dorée assez claire. Le nez est un peu sur la réserve entre des notes fruitées et un peu grillées. En bouche le vin est équilibré parce que les sucres très denses restent rafraichis par l’acidité, donnant plu une impression de finesse que de lourdeur. En finale, le sucre domine mais sans amertume. Prometteur, mais à attendre, visiblement 15,5/20

11. Vouvray Moelleux Réserve 2005

On passe ici sur la version réserve avec 55 gr de sucres résiduels en plus. La robe reste très semblable à la version « de base ». Le nez est très complexe, puissant avec des notes grillées, fruitées (fruits blancs et fruits jaunes) et de thé ainsi que du botrytis. La bouche est subtile et soyeuse avec une longueur prodigieuse. Les sucres résiduels ne sont pas encore complètement fondus, ce qui peut paraître à la limite du sirop. Trop jeune, certes, mais déjà splendide. 16,5/20

12. Vouvray Moelleux Réserve 1997

La robe est à nouveau plus sombre, plus caramélisée comme pour le réserve classique, est-ce la marque du millésime ou de l’évolution ? . Le nez est dense, très complexe avec des notes de truffe, de champignon et d’agrumes confits. En bouche, l’acidité, énorme, exalte la sucrosité fondue, la minéralité et le fruit ; la longueur est incommensurable… Tout simplement la perfection. 19,5/20

13. Vouvray Moelleux Réserve 2003

On retrouve une robe plus jaune doré. Rien qu’à l’agitation, on voit nettement qu’on est sur une plus grande concentration en gras. Le nez est très intense, essentiellement sur le fruit avec une tendance exotique (banane) du confit et des notes grillées. En bouche, malgré la concentration des matières sucrées, on a pas d’impression de lourdeur, au contraire, on est plus sur une impression de finesse. La longueur est kilométrique, sur le moelleux certes, mais avec une pointe de fraicheur qui fait penser que cet oiseau-là volera bien encore 6-7 décades. Une grande réussite du millésime. 18/20

14. Vouvray Moelleux Réserve 1989

On est ici en face d’un vin certainement plus évolué, en tous cas, en ce qui concerne la robe. Le nez est au diapason en complexité et en finesse avec de la fraicheur, des aromes tertiaires (champignon) et une splendide minéralité.
En bouche, l’acidité d’une incroyable jeunesse rafraichit à l’idéal les 155 gr de sucres résiduels. En fait tout est énorme dans ce vin, la structure en bouche, la fraicheur et la finale où le champignon est présent, indéniablement. Tout cela en équilibre… presque aérien. C’est très très grand !!! 19,5/20

15. Vouvray Moelleux Réserve 1ère Trie 1989

Imaginons le vin précédent survitalisé par Monsieur Pluuuus… C’est un peu l’impression de nombreux dégustateurs… En plus des caractéristiques du vin précédent, on retrouve peut-être des notes oxydatives… mais la bombe nucléaire de concentration sucrée me laisse interrogateur. On est sur le modèle 4x4 du vin précédent… et c’est peut-être ca qui le dessert. 16/20

16. Vouvray Moelleux Réserve 1990

Même gamme de robe que les deux vins précédents… mais le nez est ici très différent. D’une puissance invraisemblable, il est marqué par de la volatile et un champignon qui me donne personnellement une perception liégeuse. Peut-être, n’est-ce finalement pas tout à fait net.
En bouche, l’acidité tempère la sucrosité pour donner un bel équilibre entre fruit et champignon, sans trop de lourdeur. Dommage toutefois que le piquant persiste un peu ainsi que les notes liégeuses sur la finale, d’une longueur énorme au demeurant. 16/20

17. Vouvray Goutte d'Or 1947

Attraction indéniable de la soirée, on peut dire que la bestiole était attendue au tournant.
La robe fait penser à une suspension diluée de caramel mou tant au niveau de sa couleur que de la consistance…. Au nez, c’est un festival de complexité, tantôt sur les truffes, tantôt sur les mirabelles ou le beurre salé… et de la fraicheur, s’il vous plaît !
En bouche, il y a encore une belle fraicheur sur un équilibre d’une suavité étonnant, sans le moindre écœurement ni amertume avec des sucres fondus à l’idéal. Bon à tomber, tout simplement et ajouté au mythe qui entourait cette bouteille, ca fait 20/20 tout subjectivement mais aussi tout simplement !

Epilogue :

Que dire après tout cela… Que c’était grandiose, inoubliable… sans nul doute, mais, comme on le dit souvent, la fortune sourit à ceux qui s’y sont préparés, et là, le préparateur, c’était le maître en personne.

Merci Monsieur Philippe, merci pour cette finesse, cette fraicheur… et ces équilibres en bouche ; 24 heures après, mes papilles en frétillent encore de bonheur.

Monsieur Philippe, vous êtes indéniablement un artiste du chenin, un Monet du vin, et je pèse mes mots. Hier soir, des légions de grands sauternes et d’alsaciens légendaires se sont inclinées respectueusement au passage de vos vins. Et d’écrire ces mots, sans la moindre exagération, mes yeux perlent de bonheur, ma peau se tend sous une vague de fraicheur.

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