Verticale de Clos Baquey - Elian da Ros
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Il nous tardait au club « INAO » dans le Brabant Wallon de déguster les vins d’Elian et principalement une très belle verticale du Clos Baquey, nous qui en Belgique, avons été favorisés par l’intérêt de cavistes passionnés pour ce domaine, et cela, dès ses débuts…. Occasion aussi pour nous de (re)visiter les vins d’un homme discret, réservé mais aux bouteilles de plus en plus médiatisées. A propos du domaine Sont-ce ses origines du Veneto qui ont amené Elian da Ros au vin, voire la tradition familiale qui a toujours vinifié à titre privé ou est-ce le fruit d’un fort agréable hasard qui a fait naître la passion du vin en lui…. Seules les muses connaissent la vraie réponse. | ||||
Fort de sa formation et de sa profonde adhésion à l’expérience liée à celle-ci, Elian démarre sa conversion bio en 2000 pour obtenir sa certification (Agrocert) en 2003. A partir de 2002, c’est au tour de la biodynamie de s’imposer en commençant par les vignes du Clos Baquey. Les vignes sont en taille Guyot avec un enherbement un rang sur deux. Pour en savoir plus : procurez-vous l’excellent article de la Revue « Le Rouge et le Blanc » du deuxième trimestre 2010 qui est consacré à Elian Da Ros ou sur le forum LPV à l’adresse ICI La dégustation Les vins sont servis carafés dans l’ordre croissant des millésimes selon la suggestion d’Elian pour la verticale du Clos Baquey. Deux autres vins ont été ajoutés pour la mise en bouche. Les bouteilles ont été fournies directement par le vigneron à l’organisateur de la dégustation. | ||||
Abouriou 2008 Vin non certifié Bio issu de sols argilo graveleux provenant chaque année de la même parcelle. L'élevage est de un an en foudre. La robe est pourpre sombre. Le nez est assez intense avec une dominance de fruit légèrement compoté avec un côté fraise écrasée. Des épices comme la cannelle et la vanille sont aussi présents. | ||||
Le Vin est une Fête 2008 Vin certifié bio depuis 2008. Assemblage de 60% de merlot, de 30% de cabernet franc et de 10% d’abouriou de parcelles semblables chaque année sur des sols majoritairement argilo-limoneux, mais aussi de bouts de parcelles argilo-graveleuses de Chante-Coucou qui sont déclassées. L'élevage se fait un an en foudres(abouriou et merlot) et en barriques (cabernet franc). La robe est très sombre, pourpre presque noire. Le nez est plus discret, d’abord plutôt réduit pour la majorité du groupe, ensuite, s’ouvrant de manière plus complexe que le premier vin, avec des fruits rouges, du floral et un côté viande fraiche. | ||||
Clos Baquey Vin certifié bio depuis 2003 issu d’un assemblage de merlot (33%), cabernet franc (33%), abouriou (20%) et cabernet sauvignon (14%) sur une parcelle unique de 5 ha argilo-calcaire. 1997 La robe est pourpre foncé avec de nettes marques d’évolution. Le nez est assez intense, très tertiaire, animal avec du sous-bois marqué, épicé, non sans manquer de fraicheur. Le bois est présent, surtout après un peu d’aération. La bouche est marquée par un bel équilibre malgré une attaque très tendue. Les fruits (compotés) et les tanins y sont bien intégrés. La finale est fruitée, épicée, un peu sanguine avec un petit air italien. 1998 La robe est rubis brunâtre avec une forte évolution. Les aromes du nez sont moins tertiaires que pour le 97 avec plus de fruits noirs et rouges pour s’opposer au sous-bois. Certains perçoivent une pointe de minéralité, de la réglisse et des épices. En bouche on retrouve l’équilibre tendu du 97 avec une acidité surette, des fruits un peu cuits et des tanins plus asséchants. Globalement, on pense à une extraction importante. La finale rappelle les aromes et le tactile du milieu de bouche avec un peu plus de douceur mais aussi d’alcool. Bilan mitigé et vin très controversé par le groupe. 1999 La robe est rubis foncé, assez évoluée. Le nez est assez plaisant, plus complexe encore, avec des notes de sureau et de prune un peu compotée, quelque notes florales et de la torréfaction. La bouche divise le groupe. Si certains la trouvent plus juteuse et fruitée, d’autres sont perturbés par un côté pas trop net, un peu terreux. L’acidité est très présente surtout à l’attaque de bouche, conférant un côté très angulaire à ce vin. La finale est marquée par de nouvelles impressions, sanguines, légèrement alcooleuses et doucereuses, avec encore pour certains, une pointe d’amertume. Bref un vin controversé, assez difficile à cerner. 2000 La robe est rubis très foncé avec une densité qui fait penser à un vin nettement plus jeune même si des traces d’évolution restent perceptibles. 2001 La robe est pourpre, dense et sombre. Le nez est plus ouvert, à nouveau d’une belle complexité avec des fruits cuits, du chocolat et du sureau. La bouche est puissante, riche avec une acidité qui mène le débat, presque un peu trop à l’attaque, laissant toutefois le fruit s’exprimer petit à petit. On y retrouve les autres aromes du nez, globalement, avec aussi de la prune et une pointe d’alcool assez noble. La longueur est nettement plus imposante, avec une impression de surmaturité qui rappelle presque un vin doux naturel à certains. A attendre encore un peu, probablement. 2002 La robe est pourpre sombre avec quelques notes d’évolution. Le nez est d’abord très charnu, non sans fraicheur, puis apporte à l’aération de nombreux aromes tels des fruits noirs, du pruneau et de la réglisse. 2003 La robe est rubis évolué. Le nez, d’abord fermé, livre ensuite des aromes de Porto, avec des fruits compotés et quelques notes herbacées. Si la bouche garde une certaine fraicheur, la faiblesse des tanins, l’alcool et la sucrosité nous ramènent nettement plus au Sud que l'appellation le ferait penser. La finale conserve cette impression avec des notes fumées et métalliques additionnelles. Si cela reste bien fait, on manque quand même, ici, de profondeur et de subtilité. Effet millésime ? 2004 La robe est pourpre et dense. Le nez, de prime abord pas trop expressif, livre ensuite de beaux aromes de fruits noirs, de moka, de caramel et de viande, le tout donnant un sentiment de forte complexité. 2005 Si la robe est très proche de celle observée pour le 2004, le nez est ici nettement plus ouvert sur des fruits noirs compotés, voire cuits, des notes florales quelquefois légèrement herbacées, du fumé et une pointe de vanille. A nouveau, une très belle impression de complexité. 2006 La robe est encore très jeune, entre pourpre et noir. Le nez est à nouveau très complexe avec des fruits noirs, du floral, du tabac, de la viande et une impression d’élevage plus perceptible que pour les millésimes antérieurs. Conclusions Si par habitude (mauvaise ou non), j’avais toujours dégusté le Clos Baquey jeune, appréciant les aromes que l’on retrouve dans le 2005, j’attendais avec impatience d’appréhender ces mêmes vins avec l’évolution du temps. J’avoue rester un peu perturbé de cet exercice, tant les derniers millésimes me parlent toujours plus en terme de structure et de fruit. | ||||
Mini-interview Comme souvent pour encadrer une dégustation de qualité, j'ai demandé à Elian da Ros de répondre à quelques questions relatives à nos impressions de dégustations ou issues de notre réflexion sur ses vins. Le merlot est bien présent dans vos cuvées. Qu'est-ce qui vous a poussé à ce choix alors que ce cépage n'est pas obligatoirement prépondérant dans les vins du Sud-Ouest ? Nous avons ressenti une forte évolution entre les vins des premiers millésimes et des derniers produits au domaine, en tout cas, en ce qui concerne la verticale du Clos Bacquey. Ces différences peuvent-elles être interprétées par la jeunesse des vignes lors des premiers millésimes ou plutôt par l'évolution de la viticulture au domaine ?L'âge des vignes y est pour peu, elles ont aujourd'hui 35 ans et 17 ans pour l'abouriou. L'évolution de la viticulture (bio, biodynamie...), de la vinification (meilleure compréhension de notre raisin et adaptation, expérience) et évolution de moi même aussi (expérience, évolution vers plus de finesse, maturité de l'être...) en sont les raisons essentielles. Dans certains cas les finales ont montré un côté plus assèchant, surtout dans les millésimes les plus évolués. Est-ce plutôt lié au raisins ou à l'élevage ? On retrouve souvent des acidités marquées qui confèrent un petit rappel de vos origines ancestrales en Italie. Est-ce un choix dans les maturités et la vinification ou plutôt la résultante d'effets millésimes sur votre façon de travailler ? Parallèlement et tout comme pour certains vins du domaine Zind-Humbrecht, une impression de recherche de maturités plus extrêmes a été ressentie par notre groupe. Est-ce une perception relative de notre part ou le fruit réel de votre volonté? Après plus de 10 ans lancé dans votre propre aventure, la fougue des premiers jours est-elle à chaque millésime renouvelée ? Plus particulièrement, pensez-vous avoir atteint un certain aboutissement avec vos méthodes culturales actuelles et avec les différentes cuvées proposées, ou pensez-vous, à l'inverse être à peine au début du chemin ? Où que vous interveniez, vous aimez à rappeller la grande influence de Leonard Humbrecht sur votre façon d'être et de travailler. Etes-vous un peu comme moi, un peu lié à vie, à cette région alsacienne qui a encadré votre formation ? Et de façon plus anecdotique, la table de la Taverne Alsacienne ne vous manque-t-elle pas trop ?Léonard c'est mon maitre, Olivier mon formateur! |