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Vins Libres
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29 mai 2010

Zind-Humbrecht GC Rangen de Thann Clos St-Urbain

 

 

Dernière thématique de la saison pour le joyeux club du Vin Passion à Bruxelles, avec une thématique de rêve avec un patchwork de Rangen du domaine Zind-Humbrecht qui sent l’émeute du grandiose.
Les notes informatives sur le domaine, le Grand Cru et les vins sont fortement inspirées des commentaires qu’Olivier Humbrecht met à la disposition de sa clientèle après les mises en bouteille de chaque millésime.

A propos du Rangen Grand Clos St-Urbain

Le Grand Cru Rangen est situé sur la commune de Thann, à l’extrême sud de l’Alsace, entre 350m et 450m, ce qui en fait un des plus hauts de l’Alsace. Par ailleurs, il est aussi un des plus pentus d’Alsace, obligeant le travail à cheval, en sus d’une exposition au Sud très solaire. Le caractère solaire est amplifié par la nature des sols, roches volcaniques sombres qui capturent particulièrement l’énergie du soleil.

 

 

On pourrait donc s’attendre à des vins très chauds et voluptueux. Il n’en est rien, parce que, comme pour le Zinnkoepflé, sa forte proximité avec le massif des Vosges et particulièrement le Grand Ballon d’Alsace compense ces facteurs en forçant la vigne à un mûrissement très lent, malgré encore un débourrement précoce.
La nature des sols permet à ces maturités tardives un développement maximal, pour obtenir, principalement en octobre des niveaux de maturités exceptionnelles permettant l’obtention de superbes VT et SGN, les vins de ce terroir pouvant être d’une année à l’autre parmi les plus secs mais aussi les plus moelleux de la région. C’est probablement la conséquence de la présence de botrytis et aussi, de levures exceptionnellement résistantes et performantes. La pente volcanique très raide et la couleur du sol sombre, associés à la présence de la rivière Thur qui coule au pied des vignes, contribuent particulièrement bien au développement de la pourriture noble lorsque l’arrière saison est favorable.
C’est aussi à la roche volcanique (tufs et grauwackes) qu’on doit une expression particulière des vins du Rangen, avec une importante empreinte d’arômes de pierre à fusil, d’iodé et de fumé.
L’acidité, toujours très présente permet de tempérer les sucres résiduels souvent présents pour donner des perceptions de vins nettement plus secs qu’ils ne le sont.

Bref, on peut résumer cela en disant que les vins du Rangen sont caractérisé par un terroir de qualité, original dans son expression qui donnera, selon l’empreinte de la saison, des vins extrêmement matures, de petites merveilles, que ce soit en sec ou en moelleux. Ce n’est pas pour rien qu’ils trônent aujourd’hui aux sommets des vins d’Alsace

Léonard, le père d’Olivier Humbrecht ne s’est donc pas trompé en y achetant des terres de 1977 à 1989 et ce afin de reconstituer une parcelle spécifique de 2,1 ha dénommée « Clos St-Urbain », particulièrement intéressante pour ses maturités extrêmes et des longévités impressionnantes. En 2010 l’âge moyen des vignes était de 47 ans.

Les vins du Clos st-Urbain représentent aujourd’hui les sommets de la gamme du domaine et font l’objet d’une grande admiration chez les amateurs de vins d’Alsace.

La dégustation

Les bouteilles ont été servies dans l’ordre ci-dessous, sans carafage mais une ouverture une heure environ avant le service.

 

 

1. Riesling Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2007

Vendanges début octobre ; Fermentation lente d’un an ; Mise : 2/2009; Alcool acquis : 13.5 °; Sucres résiduels: 2 g/l ; Rendement :36 hl/ha ; Optimum dégustation: 2015-2032+; Indice 1.

La robe est jaune avec des reflets verdâtres. Le nez est très ouvert, puissant, d’abord sur les fruits citriques, mais rapidement il évolue vers des notes de pierre à fusil et de fumé. La complexité ne s’affirme pas encore à son optimum. La bouche est marquée par une terrible tension d’entrée qui appuie les notes citriques perçues. Mais l’équilibre et la complexité sont bien là tant aromatiquement que par une salinité grandissante. Si le vin hésite encore entre le côté monolithique ou à se livrer pleinement, la finale et sa longueur marquent les esprits et promettent un avenir énorme. Ca commence très très fort.
(Note personnelle : 18/20 ; Note moyenne du groupe : 17,2
)

2. Riesling Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2005

Vendanges début octobre ; Lentes fermentations ; Mise: 9/2006 ; Alcool acquis : 13.3 °; Sucres résiduels: 4.3 g/l ; Rendement: 27 hl/ha ; Optimum dégustation: 2010-2030+ ; Indice 1

La robe est jaune-or très luminescente. Le nez est extrêmement bien ouvert et la pierre, les notes fumées dominent le terrain. On perçoit cependant plus de complexité avec des  notes d’agrumes supplémentaires comme le pamplemousse. La bouche est d’une grande pureté avec une acidité parquée mais déjà bien intégrée, participant à un équilibre idéal avec les notes pierreuses, le gras, les amers nobles et le fruit. La finale est longue, extrême, toujours aussi saline. On est très proche de la perfection.
(Note personnelle : 19/20 ; Note moyenne du groupe : 17,8)

3. Riesling Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 1997

Vendanges assez précoces début octobre ; Mise : 9/1998; Alcool acquis : 15.9° (14.2° pot); Sucres résiduels: 5 g/l ; Rendement: 39 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2008-2025+ ; Indice 1

La robe s’est mutée en un or  soutenu mais encore très brillant. Le  nez est d’abord assez discret puis s’ouvre sur les notes minérales classiques de silex et de fumé. On perçoit un début d’évolution avec quelques hydrocarbures naissants. En bouche, on atteint la perfection absolue avec cet équilibre entre l’acidité encore très soutenue, presque perlante, le fruit (pamplemousse), les amers, le gras et toujours cette incroyable salinité pour nous donner une grande sensation d’harmonie, surtout sur la finale grandiose. La perfection dans l’émotion.
(Note personnelle : 20/20 ; Note moyenne du groupe : 18,7)

 

 

4. Pinot-Gris Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2004

Vendanges début octobre avec l’arrivée de la pourriture noble ; Mise : sept 2005 ; Alcool acquis : 15.9° ; Sucres résiduels: 7.8 g/l ; Rendement: 31 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2008-2025+ ; Indice 1

La robe est jaune-or bien brillante. Le nez est ouvert, puissant et complexe avec les notes classiques au Rangen (pierre à fusil, fumé) supplémentées de tourbe, de floral et de miel. La bouche démarre bien en fraicheur, sans atteindre les acidités des rieslings, toutefois. On a à nouveau un bel équilibre entre ce côté frais, le gras et les amers avec de belles notes fruitées (fruits blancs, fruits secs) et une pointe d’alcool. Si globalement c’est extrêmement suave et précis, la finale est toutefois moins kilométrique et on perçoit toujours quelques notes alcooleuses et épicées qui mettent ce vin un poil en recul par rapport aux trois bijoux précédents.
(Note personnelle : 17/20 ; Note moyenne du groupe : 16,4)

5. Pinot-Gris Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 1997

Mise 9/1998 ;  109° Oe) ; Alcool acquis, 15.1° alc (15.6° pot) , Sucres résiduels: 5g/l ; Optimum de dégustation: 2003-2015

Bouchonné… Dommage... Cela avait l’air excellent au niveau de l’équilibre mais l’aromatique est trop déviée.

6. Pinot-Gris Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 1996

Vendanges tardives début novembre avec une présence de botrytis; Mise : début 1998 ; Alcool acquis : 13,5° (15,8° pot) ; Sucres résiduels: 35 g/l ; Rendement: 25 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2001-2015 ; Indice 2

La la robe est or sanguin, très évoluée. Le nez est puissant et complexe avec des notes de cointreau, de miel, de sous-bois, de fruits jaunes confits, de truffe, le tout avec une petite pointe sucrée. C’est assez remarquable de richesse et de variété aromatique. La bouche est une perfection d’équilibre entre l’acidité, la sucrosité, le fruit et la salinité, avec du gras mais sans perception d’alcool ni de lourdeur. On perçoit à nouveau les fruits, la truffe et du caramel salé, principalement sur la finale d’une somptueuse précision. De quoi faire grandement douter les pires ennemis du pinot gris !
(Note personnelle : 19,5/20 ; Note moyenne du groupe : 18,2)

7. Riesling Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 1998

Vendanges de mi à fin octobre avec un botrytis très présent ; Mise : début 03/2000 ; Alcool acquis : 13,1° (15,2° pot) ; Sucres résiduels: 34 g/l (limite VT) ; Rendement: 34 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2005-2015+ ; Indice 3

La robe est très évoluée d’un brun doré soutenu. Le nez est bien ouvert complexifié par les arômes d’évolution. On y retrouve de la mandarine, du sous-bois, de la cire, du miel, du fumé et les notes champignonneuses du botrytis. Cela forme un ensemble remarquable. En bouche, on est d’abord emporté par une acidité de ouf ! Impressionnant pour un vin déjà aussi évolué. Rapidement la fraicheur produite par cette acidité construit l’équilibre autour d’elle pour atteindre une richesse et une complexité inouïe où fruits exotiques, notes salines, épices, sucrosité fine s’en donnent à cœur joie. C’est à la fois droit, gras, précis et très long. En fait ce vin est une cathédrale brillante, élancée et complexe. La Sagrada Familia du riesling…. Amen !
(Note personnelle : 20/20 ; Note moyenne du groupe : 19,2)

8. Pinot-Gris Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 1998 Vendange Tardive

Vendanges fin octobre avec un botrytis très présent ; Mise : début 09/1999 ; Alcool acquis : 12,61° (20,1° pot) ; Sucres résiduels: 115 g/l ; Rendement: 28 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2005-2020+ ; Indice 3

La robe est de plus en plus évoluée, brun orangé dans le cas présent. Le nez est une petite bombe de puissance complexe avec un bestiaire d’arômes que l’ami Noé aurait engagé sans restrictions : miel, coing, abricot confit, sous-bois, épices, écorce d’orange...
Si l’équilibre de bouche est plus marqué par le sucre, la fraicheur et la salinité empêchent toute lourdeur et on repart sur un festival d’arômes. On passe de Barcelone à la luxuriance des milles et une nuit avec de l’abricot, du caramel salé, des fruits secs des amers splendides, quelques notes torréfiées toujours en harmonie du début à la fin de bouche d’une longueur époustouflante. Plus énorme que la cristallinité du riesling précédent, mais toujours aussi grandiose.
(Note personnelle : 19/20 ; Note moyenne du groupe : 19,3)

 

 

9. Gewurztraminer Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 1998 Vendange Tardive

Mise : début 09/1999 ; Alcool acquis : 11,5° (19,3° pot) ; Sucres résiduels: 112 g/l ; Rendement: 20 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2005-2020+ ; Indice 4

La robe est désormais au sommet de son évolution, rouge cuivré. Je crois n’avoir vu cela que sur Rangen, pour un vin d’à peine douze ans. Etonnant. Le nez est aussi très évolué avec des notes de sous-bois, d’orange sanguine, de tourbe, de caramel avec une grosse perception de richesse qui met un petit bémol par rapport à la complexité du vin précédent.
La bouche, bien que fraiche, est extrêmement marquée par la richesse avec une impression balsamique sirupeuse mélangée à de l’orange amère, de la crème brûlée, du caramel et des empreintes de botrytis soutenues. On est par contre à l’ouest du cépage, absolument imperceptible dans ce vin de califat pour Haroun el Poussah. Enorme, peut-être trop.
(Note personnelle : 16/20 ; Note moyenne du groupe : 16,4)

 

 

10. Pinot-Gris Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 1998 Sélection de Grains Nobles

Mise : début 09/1999 ; Alcool acquis : 12,9° (23,8° pot) ; Sucres résiduels: 160 g/l ; Rendement: 21 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2005-2025+ ; Indice 5

La robe est désormais d’un rouge soutenu, suscitant encore plus d’interrogations sur cette évolution de la palette des couleurs. Le nez est assez comparable à la précédente VT. On y retrouve les épices doux, le miel, la cire, le caramel, les notes de champignon noble mais aussi plus de fraicheur et de minéralité que pour le vin précédent alors qu’ici on est sur une SGN., comme si le terroir voulait rester maître.
La bouche confirme ce regain de fraicheur parce que l’acidité marque mieux le terrain face à la richesse liée aux 160 grammes de sucres. Le caramel salé, le sucre épicé, le terroir sont de la fête pour ce vin à la longueur extrême, invitation à la méditation. Une grande démonstration de précision par rapport aux fadeurs souvent rencontrées dans ce type de vin. Remarquable, tout simplement
(Note personnelle : 19/20 ; Note moyenne du groupe : 18,2)

Conclusions

A nouveau une symphonie de superlatifs… certes ! Et pourtant, on ne peut pas dire que je manque de recul vis-à-vis des vins d’olivier Humbrecht, conséquence probable d’un vieux différent pas vraiment apaisé. Mais je préfère me référer au groupe dont les notes illustrées par le tableau ci-dessous sont sans appel.

 

 

Alors, il ya lieu de se demander pourquoi un tel unisson dans les applaudissements. Tout d’abord, il ya le terroir magnifié ici par les Humbrecht. A peine les vins entrent en évolution que les notes de pierre à fusil, de fumé volatilisent les marques des cépages. C’est impressionnant et rassurant à la fois parce que cela imprime une trame directrice à la dégustation.
Ensuite, il y a la maîtrise de la puissance offerte par des maturités poussées à l’extrême. On entend souvent les dubitatifs des vins de la grande maison de Turckheim s’élever contre cette recherche de concentration au bord de la surmaturité. Mais il faut avouer que la fraicheur des acidités et la précision des textures de bouche relègue ces gémissements à des bruits de couloir sans importance.
On dira aussi, oui mais… le prix ! C’est élevé, très élevé pour l’Alsace, certes. Mais une telle constance dans la qualité, a un prix. Chapeau bas
Un seul regret, celui de ne pas avoir goûté des vins de millésimes chauds avec des acidités plus modérées qui m’avaient fait, dans le passé, moins grande impression.
Une seule question aussi posée à la galaxie des œnophiles du web : d’où provient cette étonnante évolution de la robe sur certains millésimes, plus riches, comme 98 ?

La toute dernière conclusion : c’était l’ultime dégustation thématique de la saison 2009-2010 du Club du Vin Passion, un feu d’artifice au bouquet final grandiose pour une saison une fois de plus fantastique par sa variété et toujours aussi humaine dans le bonheur d’être ensemble. Merci John pour tout cela, Merci MONSIEUR Willmer. Merci aussi au groupe, purement incroyable… comme d’hab.

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