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Vins Libres
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30 août 2010

Ollieux-Romanis & Mansenoble

 

Carnets de Route
en Languedoc-Roussillon

 

08. Château Ollieux-Romanis
&
Château Mansenoble

1. Château Ollieux-Romanis – Corbières

Vu la taille importante du domaine dans la zone de Boutenac (presque 100 ha de vignes) ainsi que l’image dans la région d’une production assez classique et très variées, 670.000 cols pour plus de dix cuvées, je ne peux que mettre en avant le charmant accueil prodigué par Florence Bories, fille des propriétaires et chargée de la commercialisation des vins.

Les Bories sont venus de l’olive au vin, et il est logique que l’on retrouve l’olivier sur nombreuses de leurs étiquettes. Durant leur cheminement, le respect de la nature est de plus en plus marqué et les engrais chimiques sont bannis sur les sols variés (argilo-calcaires, galets roulés et grès). Les vignes sont plantées majoritairement sur les coteaux de la Roquesestière, à l’abri des vents du Nord et avec une exposition sus-sud-est.

 

 

Le domaine est aussi très ouvert aux autres producteurs, et lors des jeudis d’été, les Bories n’hésitent pas à partager des tapas avec leurs vins, ceux de viticulteurs invités pour l’occasion, le tout dans une ambiance jazzy qui fait vibrer Michel Smith.

Lors de notre discussion accompagnant la dégustation des vins, Florence se montre très ouverte à mon avis sur ses vins, même si elle ressent que ma polarité bio sans bois d’élevage marqué n’est pas l’axe principal de la gamme de ses vins, ceux-ci se présentant plus sur un côté moderne, au bois neuf souvent marqué à l’image de leur Corbières blanc « Prestige » 2008 issu d’une macération pelliculaire. Si je reste dubitatif sur la potentialité à exprimer le terroir avec ce type de vins, je dois reconnaître qu’il plaît à de très nombreux consommateurs, principalement dans la restauration de la région où il fait un tabac.

 

 

Je lui préfère nettement le Corbières blanc « Classique » 2009, issu des mêmes sols que l’autre cuvée (grès et terres rouges à galets) et avec la même répartition égale de roussanne et de marsanne. Bien tendu et au nez très floral, ce vin exprime surtout une minéralité très intéressante. Pour les mêmes raisons que sur les blancs, je passe le rouge « Prestige » et le cuvée « OR » pour m’intéresser plus avant au Corbières rouge « Classique » 2008, composé de carignan (45%), grenache (35%) et de syrah (20%) issu de vignes quinquagénaires sur les mêmes sols que les blancs avec des rendements de l’ordre de 40 hectos. Le nez est fin et montre pas mal de complexité entre fruit et épices qu’on retrouve en bouche accompagnés de tanins plus civilisés que rustiques et d’un gras qui aurait pu être accompagné d’un poil de fraicheur en plus. Mais pour un vin proposé à 7 euros et possédant à la fois caractère et une finale plus qu’intéressante, ce serait faire la fine bouche que de faire une fixation sur cette acidité.
On poursuit avec la cuvée Alice 2008 (du nom de la sœur de Florence) un rouge de saignée au carignan majoritaire issu de sols argilo-calcaires avec comme objet de fournir un fruit maximum. Et à ce niveau, c’est particulièrement réussi, le nez et la bouche explosant de petits fruits rouges très frais. Un vin de soif, très rafraichissant, mais au côté « cépage » un peu trop marqué, ce qui se ressent sur la finale où le terroir à du mal à s’exprimer.

 

 

Beaucoup plus intéressante est le Corbières rouge « Atal Sia » 2008 qui clos la dégustation de ce jour. Issu de très vieilles vignes de carignan (45%), grenache (25%), mourvèdre (25%) et syrah (5%) avec un rendement plus faible (30 hectos) sur des sols gréseux et argilo-calcaires, ce vin est construit avec les cœurs de presse uniquement suite à une macération en grappes entières suivie d’un élevage en cuve d’un an et en bouteille de neuf mois. Pour ce vin dont le nom signifie « Ainsi soit-il » en occitan, c’est clairement le terroir et la salinité qui sont au programme et c’est tant mieux ! Le nez est complexe et profond, au bord d’une élégante austérité avec des notes pierreuses, des épices et des aromes plus chocolatés, sans oublier de beaux fruits noirs qu’on retrouve en bouche, emballés par une belle fraicheur et des tanins relevés mais bien intégrés. La finale est d’une grande longueur avec beaucoup de caractère. Un vin excellent qui vaut largement son prix de 17 euros.

Rien que ce vin mérite largement la visite, l’accueil, l’esprit ouvert et le sourire de Florence l’ont largement transcendée! Et puis je dois à cette jeune dame un de mes meilleurs moments de la région sur le fait qu’elle m’a envoyée assister aux Halles de Narbonne au spectacle inoubliable de « Bebel » qui de son petit bar-restaurant commande au charcutier Michel de l’échoppe d’en face, à l’aide d’un porte-voix électrique pour passer au-dessus du bruit ambiant, les viandes commandés par ses clients, viandes renvoyées par le dit Michel, emballées, au dessus de la tête des clients, comme une passe de rugby pratiqué par ce dernier. Rare et hilarant !

Château Ollieux-Romanis
Florence Bories
RD 613
11200 Montséret
TEL : 04 68 43 35 20

Web :
www.chateaulesollieux.com

2. Château Mansenoble - Corbières

Toujours à Corbières (notre lieu de villégiature) pour une visite matinale du belge Guido Jansegers, œnophile passionné (Guido écrit encore régulièrement dans In Vino Veritas), qui a quitté il y a plus de dix ans son ciel de Flandre au gris dominant pour s’installer sous le soleil dominant de ce domaine de 20 hectares argilo-calcaires (avec quelques graves du quaternaire) exposés au Nord au pied du Mont Alaric, au centre du village de Moux près de Fabrezan, et où cépages bordelais côtoient en minorité les cépages régionaux, vieux carignans et grenaches ainsi que syrah et mourvèdre plus jeunes. De la Flandre, les lieux ont conservés le vent (on se croirait finalement en vacances entre « De Panne » et « Knokke ») et les vins, un certaine forme de classicisme doublé d’une volonté de faire précis, civilisé par l’élevage et de grande garde.

 

 

On est donc très loin ici de recherche de vins « libres » ou autres breuvages Rock’n’roll, mais il faut reconnaître que tout est ici cousu de fil blanc, extrêmement convaincant au regard de l’œil vif du passionné Guido d’Alost ! Les très belles étiquettes des vins, à l’esthétisme toscan, confirme tout cela.
Cette réflexion me fait penser que souvent, on se croit plus ici en Italie, tant la fraicheur des vents et une irrigation assez généreuse combat les agressions du soleil du midi, amenant à la région une certaine luxuriance de la végétation et donnant aux vins beaucoup plus de fraicheur qu’attendu.

 

 

Guido me reçoit dans la salle de dégustation sobre mais accueillante de la grande bâtisse du domaine. On commence la dégustation par le Corbières Château Mansenoble 2007 composé de syrah (20 %), de grenache noir (40 %) et de carignan (40%), vin au nez particulièrement frais, très légèrement marqué par l’élevage et où fruits noirs dominent pas mal. La bouche est tendue d’abord, plus ronde ensuite avec une impression globale d’équilibre, même si quelques notes de chaleur viennent un peu tempérer la fin de bouche. L’un dans l’autre, on est ici clairement entre un vin classique et un vin de plaisir, soit quelque chose qui plaira au grand nombre.

 

 

Ensuite le Corbières « Réserve » du Château Mansenoble 2007 (syrah 25%, grenache 45%, carignan 20% et mourvèdre 10%) montre lui une aromatique à la fois plus puissante et plus complexe. Si le bois est là (fûts de un, deux et trois ans), le fruit est aussi très généreux avec une petite impression de surmaturité avec des notes confites. La bouche est très structurée à la fois généreuse et tendue, avec des tanins bien en relief mais d’une grande précision. La finale promet une garde importante.
Enfin, la cuvée Marie-Annick du Corbières « Réserve » du Château Mansenoble 2007 fait encore un peu monter les enchères. Encore plus structurée, avec plus de syrah et de mourvèdre que la cuvée « Réserve » classique, ce vin n’est fait que dans les meilleurs millésimes avec les meilleures parcelles et … un bois neuf plus marqué. Si on devine, dès le premier qu’on a affaire à une bête de concours, que la précision tant sur l’aromatique que le texture de bouche est clairement le vecteur de force, je dois reconnaître avoir un peu de mal avec ce type de vins très modernes qui demandent 10-15 ans de vieillissement, parce que le caractère terroir sudiste m’y semble un peu trop délaissé au profit d’une recherche de classe. Mais c’est aussi ce que nombreux visiteurs demandent à grands cris… L’avenir nous dira si le fruit n’est pas ici un peu trop mis sur le côté.

Château Mansenoble
Guido Jansegers
11700 Moux
TEL : 04 68 43 93 39
Web :
www.mansenoble.com

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