Coume Majou - Luc Charlier
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Luc Charlier a un parcours de vie des plus originaux : Médecin néphrologue de profession, il a été parallèlement rédacteur à la revue In Vino Veritas et a aussi animé avec passion les cours d'œnologie au CERIA (école hôtelière à Bruxelles), cours qui étaient ouverts aussi aux simples oenophiles amateurs.... qui ne se sont pas privés! |
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Les dix hectares de vignes se trouvent autour et dans le lieu dit de la Coume Majou qui a donné son nom au domaine (Grande Combe en catalan) et qui se situe près du col de la Dona entre Maury, Tautavel et Estagel, non loin d'une certaine "Coume Gineste". Certaines parcelles bénéficient de l'appellation "Maury". Le domaine fait aujourd'hui approximativement 10 hectares principalement constitué de vieilles vignes de grenache (en majorité), de carignans et de syrah sur des sols majoritairement faits de schistes noirs assez acides. |
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Luc Charlier sur les vignes de la Coume Majou |
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D'avoir rencontré Luc Charlier maintes fois à Bruxelles, le détour par Corneilla ne faisait pas le moindre doute. Le rencontrer sur ces terres est un vrai bonheur. La visite se partagera entre une dégustation dans le salon-musique et une longue promenade dans les vignes, distantes réellement d'un bon quart d'heure en voiture mais qui nous ont donné l'impression, un peu comme à Calce d'être au bout du monde.... un monde d'une formidable beauté sauvage, cet aspect étant à nos yeux renforcé par le fait que seules les vignes de Luc semblent, dans le coin, avoir résisté aux arrachages massifs. |
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Vignes au rendements microscopiques |
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Les 2009 étant mis à peine en bouteille au moment de la visite, on ne concentre pas la dégustation sur ce nouveau millésime qui part à la vente, sachant, de plus, que le rosé maison ayant fait fureur dans le coin et en restauration, il n'en subsiste déjà plus aucune bouteille... |
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On commence donc avec le premier vin de la gamme rouge, désormais Côtes du Roussillon, l'Eglise de La Coume Majou 2007, qui réunit des vignes de presque tous les coteaux du domaine et où la syrah domine. La robe (comme celle des autres vins) est proche de l'encre et le nez frappe par l'intensité marquée des fruits rouges et noirs. On pense puissance et robustesse, cela se confirme en bouche qui déménage pas mal par son caractère sudiste. Mais la fraicheur et la maitrise des vinifs avec des tanins bien souples équilibrent quand même bien ce vin à la destination à la fois festive ou de grillades de viandes. Vient ensuite le porte drapeau du domaine, la Cuvée Majou de la la Coume Majou, Côtes du Roussillon Villages 2009, assemblage des plus belles et anciennes vignes des parcelles. Si le style de la maison n'accorde pas un iota en puissance au premier vin, on gagne ici nettement en profondeur et en complexité, un nez toujours sur les fruits noirs et une bouche alliant fraicheur et densité effarante, sans toutefois que les tanins, encore jeunes, ne vous transpercent la gorge, au contraire. La finale confirme la puissance, avec un alcool plus intégré que pour l'Eglise... et confirme surtout que l'on est ici face à une bête de combat pour la gastronomie, seconde grande passion du docteur-vigneron. Et ce style plaît, au point de figurer depuis deux millésimes à la carte de la récente multi constellée Auberge de Fontjoncouse. |
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On passe ensuite au VDP des Côtes Catalanes, "La Loute" de la Coume Majou 2008, vin issu de carignans nonagénaires sur une seule parcelle sur les hauteurs de la Coume et répondant au patronyme de la fille de Luc et dont le portrait au fusain orne l'étiquette. Si la robe est toujours aussi dense, le nez est ici bien plus discret, surtout après les deux "bestioles" précédentes, mais quand il se livre petit à petit, c'est pour lentement nous envouter de son fruit, de ses notes minérales et de ses épices. La bouche est d'une grande fraicheur et la matière, assez serrée, ne bouscule en rien, en fait, c'est la finesse du fruit et de la réglisse qui enchantent ici. Si ce vin a besoin d'un peu d'air, indéniablement, c'est le plus complexe de la série, une petite merveille à mon avis et mon indéniable coup de cœur. On finit la dégustation (un peu pressés, hélas, par le temps) par le Maury 2009 "Cuvée Jolo", un Maury comme on les aime parce qu'il ne cède ni à la dilution, ni au caractère raffinerie (ne pas lire raffinement) de ce que fait aujourd'hui Mas Amiel. Car il s'agit ici d'un "vin" pleinement revendiqué, plus puissant que les "Terres de Fagayra" mais dans le même esprit, où le sucre accompagne le fruit débordant et juteux et où de vrais tanins donnent du relief. A classer parmi les grands ! Dommage que la production est du niveau "micro" ! Si je devais résumer tout cela, je dirais que les vins de Luc Charlier sont comme leurs géniteurs, ils parlent énormément, avec passion, souvent sans fin, mais ils parlent au cœur. Si l'homme doute de l'avenir pécuniaire, il ne doute pas de ses vins, et chaque millésime réalisé est comme une récompense indélébile. Bonne chance l'ami et merci pour la chaleur de ton accueil! Domaine de la Coume Majou |