Si les rieslings du Domaine Zind-Humbrecht m'étaient contés.
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1. Préambule Après un long séjour de repos d'écriture fait en réalité de plein de voyage, de dégustation et de boulot (faut bien travailler pour les payer les flacons), me voici de retour au affaires avec du lourd, du très lourd... et cela ne fait que commencer. Quant au titre... Sacha Guitry me pardonnera, je l'espère, une telle grandiloquence, mais quand l'occasion se fait de réaliser une dégustation hors du commun par sa longueur et la qualité de ses acteurs (je parle des flacons, bien sûr), il n'y a pas de honte à se le permettre, non? En fait, plus qu’une dégustation, c’est un vrai voyage auquel vous êtes ici conviés, voyage auquel de joyeux LPViens belges ont embarqué de gré plutôt que de force. | ||||
Avant d’entreprendre le récit de nos humbles ressentis, je me dois de remercier avant tout Olivier Humbrecht pour ses précieux conseils lors de la construction séquentielle de cette dégustation, ainsi que les nombreuses notes qu’il publie chaque année et qui sont largement reprises ici en documentation. Ces commentaires sont toujours disponibles sur le site de Thierry Meyer, www.oenoalsace.com. Un dernier point avant de commencer : dans le passé, je suis personnellement rentré en conflit avec Olivier Humbrecht concernant une certaine tiédeur à ouvrir les portes du domaine aux nombreux visiteurs qui en font la demande. Force m’est aujourd’hui de reconnaître, à la lecture de nombreux commentaires, entre autres sur le forum LPV, que cette situation n’est pas ou plus d’application, ce qui fait certainement la joie de nombreux passionnés. | ||||
2. Le Domaine Zind-Humbrecht Le domaine a été fondé par la famille Humbrecht en 1620 mais n’a pris son nom actuel qu’en 1959, année de la fusion des terres des familles Zind et Humbrecht. Parallèlement si près de 400 ans de production de vin peuvent être attribués à la famille, les mises en bouteille au domaine n’ont commencé qu’en 1947. | ||||
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C’est Léonard, le père d’Olivier, qui a littéralement donné son amplitude au domaine en rachetant et retravaillant en profondeur des parcelles sur des terroirs comme le Clos St-Urbain sur le Rangen de Thann (1977), le Clos Jebsal (1983) et le Clos Windsbuhl (1987), parcelles, en particulier dans le dernier cas, auxquelles peu croyaient et qui sont aujourd’hui parmi les plus beaux étendards de l’Alsace. Olivier Humbrecht, the Master of... Turckheim Après 7 années d’étude et pour aboutissement l’obtention d’un diplôme d’ingénieur agronome des études d’ingénieur, suivi du diplôme national d’œnologie, Olivier Humbrecht s’exile un an à Londres, séjour qu’il mettra en pratique pour affirmer sa connaissance de l’anglais mais surtout décrocher le premier titre de « Master of Wine » pour un français. Très vite, il décide de donner une orientation bio au domaine pour finir par réaliser sa conversion à la biodynamie à partir 1997 (Ecocert en 1999) et devenir rapidement un chef de file de cette pratique viticole en Alsace et dans le monde, n’hésitant pas à partager ses connaissances et sa pratique au sein de Biodyvin puis de «Renaissance des Appellations». | ||||
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Pour réaliser ces objectifs, le domaine emploie une équipe importante (21 personnes), le plus souvent hautement qualifiés, sans compter les saisonniers et les vendangeurs. Au cuvier, les pressurages sont plus longs et doux, avec des cycles pouvant aller jusqu’à 24 heures afin d’obtenir des jus riches des jus riches en éléments fins avec peu de bourbe. Les vinifications se font ensuite par gravité et les jus, pour les cuvées les plus nobles, sont mis en foudre. Les mises en bouteille sont souvent parmi les plus tardives pour la région, consécutives à des élevages longs (souvent de 12 mois) sur lies. Aucun collage ni chaptalisation ne sont pratiqués. Si les vins sont soufrés à la mise, c'est avec des doses minimales pour ne pas perturber les équilibres des vins. En 2006, Olivier Humbrecht a reçu le titre de « Winemaker of the Year » décerné par le très lu magazine Wine Spectator. C’est au pied du Herrenweg à Turckheim, que de nouvelles installations abritent depuis 1992 les vins issus de près de 44 hectares de vignes réparties sur Turckheim (18 ha), Wintzenheim (8,3 ha), Hunawihr (6 ha), Gueberschwihr (2,5 ha) et Thann (5,5 ha). Si les vins d’entrée de gamme reçoivent souvent l’appellation village d’où ils sont issus, la production la plus médiatique du domaine, extrêmement variée, se concentre sur des lieux dits et des Grands Crus. Les lieux dits sont le Herrenweg, le Clos Jebsal et le Heimbourg à Turckheim (les deux derniers lieux dits étant contigus à l’est du Brand), le Clos Häuserer et le Rotenberg, respectivement à l’Ouest et au pied du Hengst à Wintzenheim et, last but not least, le Clos Windsbuhl, monopole sur Hunawihr. | ||||
Les Grands Crus exploités sont le Brand à Turckheim, le Hengst à Wintzenheim, le Goldert à Gueberschwihr et le Rangen à Thann pour lequel le domaine possède un Clos, le St-Urbain, en monopole. La production annuelle atteint près de 200.000 bouteilles. Entre 75% et 85% des vins sont exportés. Parmi les caractéristiques de communication qu’Olivier Humbrecht se plaît à multiplier au sujet de ses vins, il faut noter l’échelle de sucrosité perçue que l’on trouve sur les étiquettes au dos des bouteilles; cette note essaye de combiner les sucres résiduels, l’alcool, l’acidité et la structure générale du vin pour mieux en comprendre son style et s’exprime de 1 à 5 :
Domaine Zind Humbrecht | ||||
3. Les millésimes dégustés 1995 Assez irrégulier, le millésime 1995 a souffert d’un mois de septembre humide qui a poussé nombreux viticulteurs à réaliser une vendanger tôt, avec des résultats de piètre maturité. Pour ceux qui ont pris le risque d’attendre comme chez Zind-Humbrecht, ils ont été récompensés par un superbe mois d’octobre. Si la récolte reste très petite, ses vins possèdent une belle acidité, une grande richesse... et souvent une présence appréciable du botrytis. Les rieslings ont été vendangés ici fin octobre 1999 Le millésime 1999 en Alsace est un des plus aqueux des vingt dernières années. Si jusqu’à la floraison, les choses se sont passées assez classiquement avec une tendance quand même chaude et humide, c’est le mildiou qui a marqué très précocement la poussée de la vigne avec pour conséquence des rendements souvent très affaiblis (22hl/ha). 2000 Le millésime 2000 était particulièrement précoce et chaud, tant en été qu’au moment des vendanges, particulièrement sec au moment de celles-ci. 2001 Après 2000, son contraire surtout sur la fin du cycle… Si jusqu’e fin août les choses se passent plus ou moins normalement, avec un été chaud, une pluviométrie suffisante et un débourrement tardif, le mois de septembre cumula fraicheur et grisaille sans pour autant être inondé, loin de là, ce qui amena à une stagnation peu désirée des maturités et de fortes acidités. L’été indien qui succéda en octobre à cette période récompensa les vignerons qui avaient attendu par des maturités qui regrimpèrent tout en promettant grâce à l’épine dorsale de l’acidité des gardes impressionnantes. Après avoir été souvent décrié par la presse viticole généraliste, de plus en plus, la voix des passionnés rappelle à qui le désire combien ce millésime est, en cette fin de première décennie, simplement remarquable d’expression et possède encore un très beau potentiel de garde. 2002 2002 commença comme une année tout à fait normale mais le mauvais temps prit le pouvoir dès le printemps jusqu’à la fin août. Heureusement pour le vignoble alsacien, les Vosges assurèrent leur rôle de bouclier naturel vis-à-vis des influences maritimes et limitèrent la pluviosité. Ensuite le temps, sous des influence continentales se mit au beau et sec, ce qui redonna pas mal d’espoir. Les vendanges débutèrent relativement tardivement, en octobre. De la mi-septembre jusqu’aux vendanges, le temps changea radicalement, grâce à l’influence de vents de secteur nord, provoquant une météo ensoleillée et très sèche. Ce changement donna beaucoup d’espoirs aux vignerons d’Alsace et les vins eurent finalement, début octobre, de bonnes maturités avec une acidité souvent plus marquée sur les sols en biodynamie, sans toutefois obtenir la droiture du millésime précédent. 2003 2003 était une année extrême par son côté solaire en Alsace comme ailleurs, même si les réserves hydriques de l’hiver semblaient suffisantes. Tout fut dès lors marqué par la précocité (véraison +- le 20 juillet) et les vendanges commencèrent début septembre chez Zind-Humbrecht avec un bon aspect sanitaire alors que les potentiels alcooliques étaient déjà très élevés à la mi-août. Le millésime est donc caractérisé par des aromatiques riches, une acidité faible et des rendements de l’ordre de 29hl/ha, soit faibles, eux aussi. Les peaux épaisses confèrent souvent un aspect tannique aux vins blancs de ce millésime 2004 Comme pour se refaire des agressions subies en 2003, la vigne a rarement été aussi productive qu’en 2004. Après un beau printemps ainsi qu’un début d’été chaud et sec, le mois d’août fut froid et pluvieux ce qui permit d’obtenir de belles acidités lors des vendanges qui, elles, se déroulèrent au chaud et à l’abri des pluies, avec des conditions de maturations proches de la perfection. Le retour des pluies à la mi-octobre empêcha l’obtention de grains nobles intéressants. 2005 De mémoire de vigneron, 2005 restera en Alsace le millésime où tout était facile… ou presque. Après des pluies hivernales suffisamment importantes pour reconstituer les réserves hydriques et un printemps assez frais dans sa première partie, le temps se mit au beau dès le mois de mai sans être toutefois complètement sec et ce jusque fin août malgré une impression générale de chaleur. La floraison ne survenant que fin juin, le millésime fut annoncé comme relativement tardif. Un superbe été indien (à l’exception de quelques jours fin septembre) succéda à ce bel été, donnant beaucoup de maturité au raisin tout en conservant des acidités suffisantes, le tout dans des conditions sanitaires exceptionnelles qui permirent des vendanges idéales. Si les vins de 2005 ne sont pas particulièrement costauds, leur finesse et leurs équilibrent rappellent souvent combien ces vendanges furent agréables. Les rendements moyens furent aussi satisfaisant, de l’ordre de 35.4hl/ha. 2006 Caractérisé par des conditions climatiques extrêmes, ce millésime a démarré assez tardivement en raison d’un printemps frais et pluvieux. Les belles journées de juillet et le temps plus frais et humide du mois d’août ont été favorables à la préservation d’un excellent rapport acidité/sucres. A la fin de l’été, les maturités étaient bonnes avec des acidités élevées mais les vendanges ont été contrariées par une période pluvieuse et chaude conduisant souvent à accélérer les récoltes à cause des éclatements potentiels des baies et obligeant dans de nombreux cas à trier en profondeur. Malgré cela, chez les meilleurs vignerons, ce millésime très difficile dévoile toutefois de très bonnes surprises avec de fortes variations selon les terroirs. 2007 Malgré un débourrement très précoce, le vignoble fut épargné par les gelées, le printemps s’avérant remarquablement beau et sec. Ensuite, particulièrement en août, le climat fut marqué par l’alternance de journées estivales classiques avec des périodes fraiches et humides, ce qui repoussa à septembre les vendanges initialement prévues pour août. L’état sanitaire était toutefois plus qu’acceptable, d’autant que les vendanges furent à nouveau marquées par une période plus chaude et sèche. Le résultat sont des raisins aux arômes complexes, des matières concentrées (31 hl/ha sur les grands crus du domaine Zind-Humbrecht),marqués par de très belles acidités, promettant ainsi une très belle garde, avec quelquefois un peu de fermeture aromatique tout en proposant, très tôt, une très belle buvabilité. 2008 Jusqu’à avril et après un millésime 2007 où les vignes n’ont pas été stressées, la situation est classique, tant au niveau de l’évolution que du climat. Le printemps, particulièrement chaud suivi d’un refroidissement net à la mi-juin étale la floraison. Une nouvelle période chaude et sèche succède jusqu’au début août où le temps s’humidifie et surtout refroidit nettement, ce qui eut pour effet de conserver des acidités élevées tout en reculant la maturité des raisins. La combinaison de ces caractéristiques à un superbe début d’automne, particulièrement pendant les vendanges a produit un millésime de très grande garde, marqué le plus souvent par des acidités impressionnantes et très tartriques (principalement sur les vignes en bio et biodynamie), elles-mêmes parfaitement contrebalancées par des sucres résiduels très présents accompagnant de grandes concentrations de matière. Ce millésime s’annonce comme probablement le plus grand de la décennie, technique sur la dégustation actuellement mais avec un énorme potentiel de garde. | ||||
4. Les vins dégustés Les vins ont été ouverts 6 heures avant la dégustation puis conservés au frais. Ils n’ont pas été servis à l’aveugle, l’intérêt n’étant pas ici d’établir ici quelque forme de classement, mais bien d’avoir une vue assez large des rieslings du domaine dans leurs terroirs et dans le temps. Ordre de dégustation 1. Riesling Turckheim 2007 2. Riesling Gueberschwihr 2000 3. Riesling Gueberschwihr 2000 4. Riesling Turckheim 2005 5. Riesling Clos Häuserer 2008 6. Riesling Clos Häuserer 2007 7. Riesling Clos Häuserer 2004 8. Riesling Clos Häuserer 2002 9. Riesling Heimbourg 2005 10. Riesling Heimbourg 2004 11. Riesling Clos Windsbuhl 2006 12. Riesling Clos Windsbuhl 2007 13. Riesling Clos Windsbuhl 2008 14. Riesling Clos Windsbuhl 2003 15. Riesling Clos Windsbuhl 2005 16. Riesling Clos Windsbuhl 1999 17. Riesling Clos Windsbuhl 1995 18. Riesling Clos Windsbuhl 2001 19. Riesling Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2008 20. Riesling Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2007 21. Riesling Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2005 22. Riesling Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2004 23. Riesling Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 1999 24. Riesling Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2002 25. Riesling Grand Cru Brand 2008 26. Riesling Grand Cru Brand 2007 27. Riesling Grand Cru Brand 2007 Vieilles Vignes 28. Riesling Grand Cru Brand 2005 29. Riesling Grand Cru Brand 2001 30. Riesling Grand Cru Brand 2002 Compte-rendu de la degustation Avant de passer à la revue des vins proprement dite, vous trouverez le tableau résumé des appréciations des ébats vinique de la dégustation. Pour agrandir le tableau, il suffit de cliquer dessus. | ||||
Ci-dessous, pour chaque vin, des renseignements sont donnés en italique. Comme expliqué dans le préambule, ils proviennent des notes très détaillées réalisées depuis 1996 par Olivier Humbrecht en anglais et en français. 4.1. Riesling Turckheim | ||||
Les raisins de ce vin sont issus d’un assemblage de belles parcelles situées autour de Turckheim, souvent déclassées pour des raisons telles l’âge des vignes, la maturité, la petite taille de la parcelle, etc… 4.1.1. Riesling Turckheim 2007 Mise en bouteille : 2/2008 ; Alcool acquis : 13.2° ; Sucres résiduels : 3.5g/l ; Rendement: 58 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2012-2022 ; Age moyen des vignes: 24 ans ; Surface: 0.7 ha ; Terroir: granite, marnes; Indice 1 ; Prix d’achat : 18 eur La robe est dorée, très brillante. Le nez met un peu de temps à s'exprimer et c'est principalement le fruit qui domine, accompagné de notes un peu rondes et de floral. La bouche est ronde et fraiche avec des notes salines assez bien présentes. Si le milieu de bouche paraît manquer de complexité, étrangement, le vin s'avère très long, littéralement porté par la fraicheur. On atteint certes pas des sommets mais le rang attendu est confirmé. (note perso : 14,5/20 ; moyenne du groupe : 14,3 ( +-0,3)/20; rang : 27e) 4.1.2. Riesling Turckheim 2005 (dégusté après les deux Gueberschwihr) Mise en bouteille : 2/2007 ; Alcool acquis : 12.8 ; Sucres résiduels : 24.2 g/l ; Rendement: 39 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2007-2018 ; Age moyen des vignes : 22 ans ; Surface : 1.3 ha de riesling ; Terroir : granite, marnes; Indice 2-3 ; Prix d’achat : 21,85 eur La robe est or très pâle. le nez est fermé et l'aération fait doucement apparaître des fruits jaune, blancs et des notes florales. La bouche est nettement plus expressive. portée par une belle acidité, elle offre un fruit bien mûr, croquant avec un sucre qui est encore en voie d'intégration, le tout sur un registre très équilibré. avec une finale d'une longueur plus qu'acceptable, on est ici face à un très beau vin plaisir. (note perso : 15/20 ; moyenne du groupe : 15,1 ( +-0,6)/20; rang : 19e) 4.2. Riesling Gueberschwihr | ||||
Ce vin est issu de 8 parcelles distinctes éparpillées autour du village de Gueberschwihr, la plupart exposée au sud ou à l’Est, mais toutes sur des substrats argilo-calcaires riches permettant une croissance aisée de la vigne et surtout conférant aux plants une excellente résistance à la sécheresse. 4.2.1 Riesling Gueberschwihr 2000 Mise 9/2001 ; Alcool acquis : 12.4°; Sucres résiduels 7 g/l ; Rendement : 65 hl/ha, Optimum dégustation: 2003-2010 ; Prix d’achat : 17 eur La robe est très dorée. Le nez, tout en puissance, évoque le miel, la cire d'abeille, une pointe de pétrole, quelques notes variétales. En bouche, à côté de l'acidité très présente, à la limite du perlant, la matière est un peu maigre, ce qui est confirmé par la finale assez courte, imprégnée d'épices amers. Faut-il espérer plus d'un vin de 2000 ? (note perso : 13,5/20 ; moyenne du groupe : 13,6 ( +-0,5)/20; rang : 28e) 4.2.2 Riesling Gueberschwihr 2005 Mise : 2/2007; Alcool acquis : 13.2 ° alc ; Sucres résiduels: 14.6 g/l ; Rendement : 38 hl/ha ; Optimum dégustation: 2009-2020 ; Age du vignoble : 31 ans ; Surface : 1.17 ha ; Terroir : Argilo-calcaro-siliceux, exposé est et sud. Faible pente ; Indice 1 ; Prix d’achat : 17 eur Las, c'est avec peine que nous devons signaler la perte du soldat Gueberschwihr 2005, tombé au champ d'honneur suite à une lutte inégale face à l'envahisseur bouchon. A noter que si la déviance aromatique n'était pas perceptible à l'ouverture, 6 heures après, elle est incontournable. 4.3. Riesling Clos Häuserer | ||||
Le vignoble fut planté en 1973 et est d’une taille de 1,2 ha avec une exposition Est. Il est situé au pied du Grand Cru Hengst dans une cuvette formant un coluvium de pente faible. Si les deux vignobles se partagent le même substrat géologique, le Clos Häuserer est recouvert d’une couche de marnes calcaire de l’oligocène beaucoup plus épaisse allant de 60cm à 1.2m. Etant plus plat, il bénéficie aussi de moins d’ensoleillement ce qui augmente le temps nécessaire pour obtenir une maturité optimale. Les marnes, très riches, peuvent provoquer un surcroît de vigueur lorsque la vigne est encore jeune ou dans les millésimes très humides, ce qui aurait pu être un problème ici si les sols n’étaient pas labourés tout en gardant une importante couverture végétative avant les vendanges. Ce terroir à la capacité de conserver des belles acidités et donc possède souvent un grand potentiel de garde. 4.3.1. Riesling Clos Häuserer 2008 Mise en bouteille: 2/2010, Alcool acquis : 12.8°; Sucres résiduels: 7.3 g/l ; 5.8 g/l H2SO4, pH: 3.1, Rendement: 54 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2013-2028+ ; Indice 1 ; Prix d’achat : 24,4 eur La robe est jaune-doré clair, légèrement vert. 4.3.2. Riesling Clos Häuserer 2007 Mise en bouteille:2/2009, Alcool acquis : 12.5°; Sucres résiduels: 7 g/l ; Rendement: 67 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2012-2019+ ; Indice 1 ; Prix d’achat : 23,6 eur La robe est légèrement dorée. Le nez est ouvert et intense, au silex dominant avec aussi quelques notes fruitées et torréfiées (grains de café frais). Sans être un monstre de complexité, on est loin d'être façe à quelque chose de simple dans sa structure. En bouche, l'acidité à la limite du perlant, étire le vin. Le côté tendu est renforcé par la structure pierreuse presque monolithique de la bouche, lui conférant pas mal d'austérité en milieu de bouche. Par contre, plus on attend, plus le vin en finale s'avère facile, presque dilué, tourné désormais sur la finesse. Pour les amoureux des vins de pierre. (note perso : 15,5/20 ; moyenne du groupe : 14,5 ( +-0,7)/20; rang : 23e) 4.3.3. Riesling Clos Häuserer 2004 Mise en bouteille: février2006, Alcool acquis : 13.9° ; Sucres résiduels: 6 g/l ; Rendement: 49 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2008-2020+ ; Indice 1 ; Prix d’achat : 27,9 eur La robe est dorée et étincelante. Le nez est très ouvert, puissant, complexe avec des notes de miel, de fleurs blanches, de fruits jaunes exotiques un peu confiturés ainsi qu'une petite touche de pétrole. 4.3.4. Riesling Clos Häuserer 2002 Mise en bouteille: 2/2004 ; Alcool acquis : 13.4° ; Sucres résiduels: 9 g/l ; Rendement: 31 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2007-2022+ ; Indice 2 ; Prix d’achat : 37,2 eur La robe est asse fort évoluée, tendant vers l'or brun. Le nez es assez fermé puis, à l'aération, on part sur un panier de fruits assez murs. La bouche est totalement sous l'emprise de la tension qui lui confère beaucoup de droiture, donnant au fruit un côté un peu suret. Idem, en finale, où l'acidité fait le ménage. Dommage que l'édifice s'avère un peu bref dans le temps et que derrière l'acidité, l'amertume se marque un peu. (note perso : 15/20 ; moyenne du groupe : 15 ( +-0,8)/20; rang : 20e) 4.4. Riesling Heimbourg | ||||
Le terroir du Heimbourg couvre une superficie totale de 9 ha, situé sur une butte calcaire, fortement pentue, sur la commune de Turckheim. Une grande partie est exposée à l’ouest et seulement une petite partie est face au sud. Les rieslings plantés en 1994, sont situés sur 1,06 ha dans le tournant entre le sud et l’ouest, regardant le Clos Jebsal de l’autre côté de la route, sur un terroir de calcaires de l’oligocène. La très forte pente, la présence importante de cailloux calcaire et un excellent microclimat ont incité les Humbrecht à planter ce cépage. Le riesling Heimbourg a la faculté de bien mûrir tout en conservant une acidité exemplaire. Le plus surprenant, étant voisin d’un terroir développant beaucoup de pourriture noble, est que le riesling reste le plus souvent très sain sur cette parcelle. 4.4.1 Riesling Heimbourg 2005 Mise : 9/2006 ; Alcool acquis : 12.23°; Sucres résiduels 11 g/l ; Rendement : 41 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2009-2020 ; Indice 2 ; Prix d’achat : 24,5 eur La robe est assez claire, jaune avec des reflets dorés. Le nez d'abord fermé, part ensuite sur des notes végétales voir solaires. On retrouve ensuite des fruits blancs mais la minéralité st très en retrait. La bouche est encore jeune, modulée par l'acidité très présente. L'ensemble s'exprime plus sur la finesse que la puissance, avec de jolis fruits blancs en toile de fond. La finale est délicate, bien fraiche, doucement fruitée avec une petite pointe doucereuse. Pas de défauts majeurs, pas d'extase non plus. (note perso : 14,5/20 ; moyenne du groupe : 14,5 ( +-0,7)/20; rang : 23e) 4.4.2. Riesling Heimbourg 2004 Mise : fév 2006 ; Alcool acquis : 13.35 ° ; Sucres résiduels 19.4 g/l ; Rendement : 46 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2009-2019 ; Indice 2 ; Prix d’achat : 24,5 eur La robe est dorée, assez bien évoluée. Le nez est bien ouvert. Si des notes cireuses se présentent en première instance, la pierre ne tarde pas à s'installer. En bouche, le vin se présente très droite, étonnamment en fonction de ses sucres de départ. Les notes pierreuses sont vraiment très importantes. Plus on s'attarde à la finale, plus le vin devient parfaitement équilibré, toujours sur le registre du sec. Un très beau 2004, donc, aucunement perturbé par les notes végétales que l'on rencontre parfois (aspérule, etc..). (note perso : 17/20 ; moyenne du groupe : 15,5 ( +-0,9)/20; rang : 17e) 4.5. Riesling Clos Windsbuhl | ||||
Le Clos Windsbuhl est avec le Rangen à Thann, le terroir le plus tardif du domaine. Exposé sud, sud-est à haute altitude (350m), d’une superficie de 0,9 ha avec des vignes d’un âge moyen de 32 ans, sa roche calcaire ancienne (Muschelkalk) et sa proximité de la forêt participent ensemble à créer ce climat tardif, permettant une maturation plus lente des raisins. Etonnamment, ce terroir était souvent critiqué dans le passé pour son caractère tardif et la difficulté qu’avaient les raisins à mûrir correctement mais, pour les Humbrecht, il s’agit d’un grand avantage, car la structure des vins du Windsbuhl est basée sur la fraîcheur et l’acidité, et non le gras et l’alcool, et sur une expression aromatique intense, grâce à une maturité physiologique atteinte tardivement. Récolter ces raisins très tard, sans pourriture et avec cette acidité propre à ce terroir. | ||||
4.5.1. Riesling Clos Windsbuhl 2006 Mise en bouteille: 2/2008; Alcool acquis : 12.5°; Sucre résiduel: 7.9 g/l ; Rendement : 37 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2010-2025+; Indice 1 ; Prix d’achat : 35 eur La robe est encore jeune mais tant au nez qu'en bouche, des notes oxydatives et chaudes s'emparent des débats. Si le vin comme tel n'est pas déséquilibré, que sa longueur est acceptable, le terroir semble absent. Effet millésime, bouteille douteuse... difficile de s'exprimer. C'est sûr, sur 2006, il y a pire. (note perso : 13,5/20 ; moyenne du groupe : 13,3 ( +-0,5)/20; rang : 29e) 4.5.2. Riesling Clos Windsbuhl 2007 Mise en bouteille: 9/2008; Alcool acquis : 13.1°; Sucre résiduel: 1.4 g/l ; Rendement : 49 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2015-2025+; Indice 1 ; Prix d’achat : 38 eur La robe est encore très jeune, sans trace d'évolution. Au nez, on est frappé par cette idée que 2007 est peut-être un des plus grands porte-parole de la minéralité dans le sens caillou du terme. Dès que les aromes s'ouvrent, la pierre est omnipotente... de la grande pierre, celle avec laquelle on bâtit des cathédrales. En bouche, l'acidité fait le ménage, elle trace les hauteurs de l'édifice, terriblement élancé, terriblement gothique pour sa pierre froide qui impose la méditation. L'austérité a ici de quoi faire fuir, l'austérité a ici de quoi être ébloui... le tout est de savoir dans quel camp on se trouve. 4.5.3 Riesling Clos Windsbuhl 2008 Mise en bouteille: 2/2010; Alcool acquis : 12.7°; Sucre résiduel: 9 g/l ; .5.2 g/l H2SO4, pH: 3.0; Rendement : 45 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2014-2030+; Indice 1 ; Prix d’achat : 35,5 eur La robe est vert-jaune très claire. Le nez de prime abord assez fermé puis, à l'aération, il gagne en puissance. Dans un premier temps, le fruit est omniprésent, tant dans des notes variétales que sur des fruits blancs. Ensuite les aromes de pierre s'installent doucement, accompagnés de fleurs blanches. On atteint là un sommet de complexité. La bouche est d'une puissance phénoménale, encore un peu tirée entre toutes ses composantes : acidité au sommet, fruit presque éthéré, gras des sucres résiduels pas totalement intégrés, salinité du terroir. Bref la bombe qui n'a pas encore été totalement déminée. La finale laisse pantois par sa longueur. Un vin de Titan que la Terre-Mère nous offre sans réserve. (note perso : 19,5/20 ; moyenne du groupe : 17,2 ( +-0,8)/20; rang : 8e) 4.5.4. Riesling Clos Windsbuhl 2003 Mise en bouteille: sept 2004 ; Alcool acquis : 13 ° ; Sucre résiduel: 12 g/l ; Rendement : 47 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2005-2013+ ; Indice 2 ; ; Prix d’achat : 72 eur (Magnum) La robe est jaune doré avec des signes d'évolution. Le nez est très cireux accompagné de fruits confits. Les notes pierreuses des vins plus jeunes ne sont pas ici à l'ordre du jour. La bouche confirme le caractère solaire, confit, cependant l'acidité fait preuve pour le millésime d'une grande efficacité pour donner beaucoup de buvabilité à ce vin. Cela transparait particulièrement sur la longueur. Si le terroir est plus en retrait, surtout en finale, ce Windsbuhl n'en reste pas moins un 2003 particulièrement frais pour le millésime, vraiment prêt à boire. (note perso : 15,5/20 ; moyenne du groupe : 15,3 ( +-0,5)/20; rang : 18e) 4.5.5. Riesling Clos Windsbuhl 2005 Mise en bouteille: 2/2007 ; Alcool acquis : 13.75 ° ; Sucre résiduel: 10.9 g/l ; Rendement : 33hl/ha ; Optimum de dégustation: 2008-2025+ ; Indice 1 ; Prix d’achat : 35,75 eur La robe est d'une clarté étonnante, très peu colorée, seul un jaune-vert pâle transparaît. Le nez, de prime abord très discret s'ouvre tout en délicatesse sur des notes pierreuses, puis de floral et de miel d'acacia et enfin des fruits très murs. La bouche est tout en dentelle dans le registre du sec mais certaines notes fruitées confites arrondissent la tension. La finale est elle aussi assez délicate, on peut même s'étonner de sa facilité, j'oserais dire d'un côté un peu dilué, mais avec le temps, on se rend compte que cette dentelle est très persistante. Délicatesse, quand tu nous tiens. (note perso : 17/20 ; moyenne du groupe : 16,3 ( +-0,5)/20; rang : 12e) 4.5.6. Riesling Clos Windsbuhl 1999 Mise en bouteille: 3/2001 ; Alcool potentiel : 13.9 ° ; Sucre résiduel: 7 g/l ; Rendement : 39 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2005-2015+ ; Indice 2 ; Prix d’achat : 30,55 eur La robe est profondément dorée. Au nez, le miel est d'abord présent, intensément, suivi de fruits confits. Il faut un peu patienter pour que la minéralité du terroir ne s'exprime et cela n'est jamais intense. Si le nez est un poil décevant en terme de complexité, l'équilibre de bouche dès l'attaque est prodigieux. Le confit du nez est ici rafraichi, la salinité très présente. Ce serait vraiment parfait si quelques amers et notes champignonneuses ne venaient pas perturber la finale.(note perso : 16/20 ; moyenne du groupe : 14,9 ( +-0,7)/20; rang : 21e) 4.5.7. Riesling Clos Windsbuhl 1995 Alcool potentiel : 12,97° ; Sucre résiduel: 6,77 g/l ; Acidité totale: 4,32 g/l H2SO4 (pH: 3,56); Optimum de dégustation: 2000-2010+ ; Indice 1 ; Prix d’achat : 30,55 eur La robe est vieil or. Au nez les notes cireuses et mielleuses se disputent les premiers rangs mais doucement et sûrement, les notes pierreuses viennent prendre place majoritairement dans la salle. Est-ce de l'évolution mais une pointe oxydative non perturbante est aussi perçue. La bouche est équilibrée, totalement fondue dans des aromatiques d'évolution, doucement rafraichie par l'acidité qui n'a pas dit son dernier mot. On est clairement sur de la grande complexité avec une pointe de résiduel qui est le seul bémol de ce vin, à boire sans attendre, la longueur n'atteignant pas les sommets des vins précédents. Le groupe est d'ailleurs très partagé là-dessus. (note perso : 17/20 ; moyenne du groupe : 14,4 ( +-1,4)/20; rang : 25e) 4.5.8. Riesling Clos Windsbuhl 2001 Mise en bouteille : 2/2003 ; Alcool acquis : 13.3 ° ; Sucre résiduel: 6.5 g/l ; Rendement : 44hl/ha ; Optimum de dégustation: 2005-2018+ ; Indice 2 ; Prix d’achat : 30,55 eur La robe est dorée très brillante. Le nez est explosif de fruit et de floral, complexifié par de fins arômes pierreux. La bouche est tendue mais surtout prodigieusement équilibrée avec une aromatique évoluée d'une profonde pureté, avec du fruit, du floral, de la menthe fraiche, le caractère sec amplifiant nettement cette sensation. La finale est plus cristalline que le plus beau diamant, je reste sans voix tellement c'est beau. A ce stade-là, rien au monde n'égale le riesling. Un vin à boire ou à garder... encore longtemps. (note perso : 20/20 ; moyenne du groupe : 18,0 ( +-0,8)/20; rang : 6e) 4.6. Riesling Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain | ||||
Le Rangen de Thann est situé à l’extrême sud de l’Alsace à une altitude de 350m-450m, profitant d’un climat très tardif suite à une floraison tardive. Le sol est la clé permettant de comprendre ce terroir et ce vin. Fait à partir de matériel volcanique sédimenté sous la mer (tufs & grauwackes), il est très riche en minéraux et est capable de produire suffisamment d’argiles fines pour conserver cette richesse unique. C’est un sol aussi très pauvre en éléments fertilisants et est recouvert de fragments de roches sombres en couleur, le tout sur une pente vertigineuse (80 à 130%) exposée sud. Le Clos Saint Urbain est un vignoble de 5.5ha regroupé autour de la petite chapelle St Urbain en son milieu, juste au-dessus de la rivière Thur coulant à ses pieds. L’âge moyen des vignes est de 46 ans. C’est un des vignobles alsaciens les plus difficiles à cultiver, mais qui est capable de donner une personnalité inégalée au vin. 4.6.1. Riesling Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2008 Mise en bouteille: 2/2010; Alcool acquis : 13°; Sucres résiduels: 4 g/l ; 4.2 g/l H2SO4, pH: 3.2; Rendement: 30 hl/ha ; Optimum dégustation: 2015-2033+; Indice 1 ; ; Prix d’achat : 46,8 eur La robe est jaune-vert brillant. Le nez a pris énormément de puissance en trois mois. Si la pierre a fusil est toujours ultra-dominante, le fruit typique du millésime transparaît dans la roche, ce qui augmente encore l'impression de concentration. En bouche, même constat, avec une acidité encore terriblement jeune (au bord du perlant) et un match entre pierre et fruit qui est éblouissant. A noter quelques arômes de pommes un inhabituels. Côté structure, c'est tout simplement énorme, la finale étant magnifié par le millésime et par le terroir, tous deux à leur sommet. Enorme, je le répète. (note perso : 19/20 ; moyenne du groupe : 18,5 ( +-0,5)/20; rang : 2e) 4.6.2. Riesling Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2007 Mise en bouteille: 2/2009; Alcool acquis : 13.5 °; Sucres résiduels: 2 g/l ; Rdt: 36 hl/ha ; Optimum dégustation: 2015-2032+; Indice 1 ; Prix d’achat : 46 eur La robe est très claire, entre jaune et vert. Le nez est puissant et austère, marqué par la roche, les notes fumées et grillées. Comme en plus le fruit pointe le bout de son pif, on est admiratif devant tant de complexité. La bouche est droite comme une flèche gothique, l'acidité libérée des résiduels des 2008,tendant le vin comme un arc herculéen. A ses côtés, le minéral domine, toujours dans une certaine austérité, en fait, belle à pleurer. Tout est en fait dans la longueur, gigantesque ! Amateurs de baroque, passez votre chemin, les autres, à genoux devant l'émotion. (note perso : 19/20 ; moyenne du groupe : 18,5 ( +-0,7)/20; rang : 3e) 4.6.3. Riesling Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2005 Mise en bouteille: 9/2006 ; Alcool acquis : 13.3 °; Sucres résiduels: 4.3 g/l ; Rendement: 27 hl/ha ; Optimum dégustation: 2010-2030+ ; Indice 1 ; Prix d’achat : 45 eur La robe est, à l'instar de beaucoup de 2005, très claire, d'un jaune en grande délicatesse. Le nez est d'abord fermé (effet de séquence?) puis part doucement vers des notes pierreuses enveloppées d'une petite pointe de douceur et de floral. La bouche est sur la finesse, le côté délicat étant renforcé par une tension moins envahissante que sur les 2007 et 2008. Si on ressent en milieu de bouche à nouveau ce côté finement doucereux, c'est la pierre qui fait le ménage en finale, sur la longueur et sur la délicatesse. Orfèvrerie, quand tu nous tiens. 4.6.4. Riesling Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2004 Mise en bouteille: septembre 2005 ; Alcool acquis : 14.2 °; Sucres résiduels: 6.2 g/l ; Rendement: 36 hl/ha ; Optimum dégustation: 2008-2020+ ; Indice 1 ; Prix d’achat : 46,8 eur La robe est assez clair entre jaune et or. Le nez est un archétype de ce que je ressens par "minéralité" : du jus de pierre, comme les silex entrechoqués dans l'enfance agrémenté de notes fumées et toujours cette omniprésente tourbe. Adieu citrons, pêches des vignes, fleurs blanches, bonjour la roche volcanique... La bouche est encore plus expressive sur ce registre, la tension et le caractère ultra-sec renforçant encore l'effet de roche. Dommage que cela soit assorti en finale d'amers un peu durs. Un vin d'école pour débattre de minéralité, un "grand" vin de terroir, définitivement, mais aussi un des vins de la soirée les plus durs à appréhender, ce qui explique le gros écart-type des notes. (note perso : 16/20 ; moyenne du groupe : 15,9 ( +-1,3)/20; rang : 15e) 4.6.5. Riesling Grand Cru Rangen Clos Saint Urbain 1999 Mise en bouteille : 3/2001 ; Alcool acquis : 13.99 ° ; Sucres résiduels : 7 g/l SR, Rendement : 21.5 hl/ha ; Optimum dégustation: 2005-2015+; Indice 2 ; Prix d’achat : 45 eur La robe est très vieil or mais sans virer vers des notes plus ocres. Le nez est assez fermé puis s'ouvre sur des aromes fumés, terreux et pierreux, sans verser pour autant dans l'austérité totale. La bouche est équilibrée, l'acidité bien conservée et ce sont à nouveau les notes salines qui règlent les débats, laissant un peu de place à quelques avancées fruitées. Si l'impression de grand vin est palpable, la fin de bouche est marquée par une amertume légèrement trop envahissante qui modère les sommets auxquels ce vin aurait pu prétendre. Cela restera malgré tout un modèle pour amateurs de whisky ! (note perso : 16/20 ; moyenne du groupe : 16,1 ( +-0,7)/20; rang : 14e) 4.6.6. Riesling Grand Cru Rangen de Thann Clos-Saint-Urbain 2002 Mise en bouteille : 2/2004 ; Alcool acquis : 14.8 ° ; Sucres résiduels: 25 g/l ; Rendement: 14.5 hl/ha ; Optimum dégustation: 2006-2020+ ; Indice 3 ; Prix d’achat : 46 eur La robe est bien évoluée tendant vers le vieil or. Au nez, délicieusement intense on retrouve de fortes notes florales typiques de rieslings sur l'évolution, mais ce sont les aromes de tourbes qui s'imposent, marquant à nouveau l'empreinte du terroir. En bouche, l'acidité conservée apporte pas mal d'équilibre à la rondeur innée de ce vin. Si il ne se goûte pas vraiment sec, en aucun cas, on ne se trouve sur du pâteux. La finale est sur le fruit et le floral, sur une puissance délicate. Un vin qui n'a pas fini sa carrière. (note perso : 17/20 ; moyenne du groupe : 16,2 ( +-0,3)/20; rang : 13e) 4.7. Riesling Grand Cru Brand | ||||
Le Grand Cru du Brand est exposé sud sud-est en forte pente sise sur une roche granitique biotite ancienne, datant de l’époque primaire. L’âge moyen des vignes est de 58 ans étalées sur une superficie totale de 2,4 ha. 4.7.1. Riesling Grand Cru Brand 2008 Mise en bouteille : 2/2010 ; Alcool acquis : 13.7°; Sucres résiduels : 10 g/l ; 4.8 g/l H2SO4, pH: 3.1; Rendement : 32hl/ha ; Optimum dégustation: 2015-2032+ ; Surface des parcelles utilisées : 0.7 h ; Indice 1 ; Prix d’achat : 48 eur La robe est jaune légèrement doré. Le nez s'avère d'emblée d'une puissance inouïe avec un fruit assez dominateur en première instance, tant sur des notes citriques que de fruits blancs. lentement, la complexité s'installe avec des notes végétales nobles mais aussi indéniablement pierreuses. En bouche, on est face à la fois à la femme la plus pure du monde et à un gratte-ciel du Sud-Est asiatique, tant la chose s'avère élancée, le tout sur une puissance phénoménale. Malgré ses résiduels typiques du millésime, on n'a pas vraiment de perception de sucres en bouche, ni même d'une rondeur excessive, au contraire, le vin se goûte sec et pur, surtout sur la finale, indescriptible de longueur. C'est la 3e fois que j'ai la chance de goûter ce vin en 6 bons mois, jamais les sucres n'ont été aussi intégrés, jamais il ne m'a paru aussi gigantesque mais accessible. Un vin pour la postérité. (note perso : 20/20 ; moyenne du groupe : 18,4 ( +-0,9)/20; rang : 4e) 4.7.2. Riesling Grand Cru Brand 2007 Mise en bouteille: 9/2008 ; Alcool acquis : 13.4°; Sucres résiduels : 9 g/l ; Rendement : 35hl/ha ; Optimum dégustation: 2015-2032 ; Age moyen des vignes : 25 ans ; Surface des parcelles utilisées : 1 ha ; Indice 2 ; Prix d’achat : 48 eur La robe est jaune vert assez clair. Par rapport à la puissance aromatique du 2008, le nez paraît ici assez sur la réserve, du moins dans ses notes fruites plus fines que puissantes. ceci a pour effet de libérer la puissance des aromes minéraux qui se livrent dès lors totalement. La bouche confirme un vin droit, sublimement pur, où l'acidité fine a fini par équilibrer les sucres présents lors de la mise, ce qui a pour effet de doper encore plus les notes pierreuses qui confère à ce vin une image magistralement saline, principalement sur la finale, d'une longueur qui en dit beaucoup sur les grandes facultés de garde de ce vin. Bref, à nouveau, du grand art. (note perso : 19/20 ; moyenne du groupe : 18,0 ( +-0,9)/20; rang : 7e) 4.7.3. Riesling Grand Cru Brand Vieilles Vignes 2007 Mise en bouteille: 2/2009 ; Alcool acquis : 13.4°; Sucres résiduels : 18 g/l ; Rendement : 35hl/ha ; Optimum dégustation: 2015-2032+; Age moyen des vignes : 57 ans ; Surface des parcelles utilisées : 0.9 ha ; Indice 3. ; Prix d’achat : 45 eur Par rapport à la cuvée classique, tout est ici un peu "plus". La robe est plus évoluée sur les reflets dorés, le nez s'avère d'emblée plus puissant, plus mielleux, plus fruité sans toutefois que la minéralité soit plus élevée quant à elle. En bouche, malgré sa richesse, c'est le sentiment d'équilibre qui domine, parce que fraicheur et minéralité font un beau travail de correction sur l'opulence des fruits relevée encore par le résiduel qui ne s'est pas encore vraiment intégré. Car ce sera là pour moi le bien seul bémol de ce vin, il n'est pas encore complètement fusionné. La finale est encore un peu massive mais l'extrait monumental promet ce vin aux plus hautes destinées. (note perso : 16/20 ; moyenne du groupe : 18,1 ( +-1,1)/20; rang : 5e) 4.7.4. Riesling Grand Cru Brand 2005 Mise en bouteille: 2/2007 ; Alcool acquis : 15.5 ° ; Sucres résiduels : 7 g/l ; Rendement : 26hl/ha ; Optimum dégustation: 2010-2030+ ; Age moyen des vignes : 55 ans ; Surface des parcelles utilisées : 1 ha ; Indice 1 ; Prix d’achat : 45 eur La robe est encore très claire, d'un jaune finement doré. Le nez se livre moins que pour les 2007, la floralité et les fruits blancs s'expriment en dentelle, la minéralité, quant à elle semble plus en retrait. En bouche, c'est un monument de finesse qui se livre, fusion entre une acidité fine, jamais brutale, des notes miellées, du fruit, une légère impression de douceur maitrisée, mais avant tout, un vin totalement uni. Preuve de sa grandeur, malgré sa finesse absolue, , la persistance aromatique, ajoutée d'une amertume noble, interpelle et trouble les sens, un peu comme les nymphes de David Hamilton. A noter qu'une partie du groupe semble avoir été perturbé par ce type de structure (note perso : 18/20 ; moyenne du groupe : 15,8 ( +-1,3)/20; rang : 16e) 4.7.5 Riesling Grand Cru Brand 2001 Mise en bouteille: 2/2003 ; Alcool acquis : 13.7 ° ; Sucres résiduels 7.5 g/l ; Rendement : 33hl/ha ; Optimum dégustation: 2005-2020+ ; Age moyen des vignes : 51 ans ; Surface des parcelles utilisées : 1.6 ha ; Indice 1 ; Prix d’achat : 48 eur Je n'avais envie d'écrire qu'un seul mot : "perfection". Perfection dans la jeunesse avec une robe de fillette. Perfection dans la pureté avec une acidité magique qui guide le vin autour de sucres complètement intégrés et imperceptible.. Perfection dans l'aromatique où fruit mature, bouquet floral et minéralité fusionnent idéalement. Perfection dans la finale, interminablement fine, fraiche et qui pousse au recueillement. La perfection dans l'émotion. Peut-être le plus grand vin que je n'ai jamais bu. (note perso : 20/20 ; moyenne du groupe : 19,2 ( +-1)/20 ; rang : 1er) 4.7.6. Riesling Grand Cru Brand 2002 Mise en bouteille: 2/2004 ; Alcool acquis : 13.82 ° ; Sucres résiduels : 28 g/l ; Rendement : 26hl/ha ; Optimum dégustation: 2005-2020+ ; Age moyen des vignes : 52 ans ; Surface des parcelles utilisées : 1.6 ha, Indice 4 ; Prix d’achat : 48 eur Terriblement difficile de passer derrière un monument comme le 2001, surtout avec 28 grammes de résiduel au démarrage. La robe est plus évoluée, intensément dorée et à l'agitation le vin paraît plus gras. Le nez se livre un peu dans la puissance que son prédécesseur mais l'image aromatique féminine du Brand est bien là, florale, doucement fruitée et minérale. En bouche, l'acidité maitrise les sucres pour obtenir un superbe équilibre. La finale est pure, certes moins intersidérale que le 2001, mais il faut accepter un peu de recul pour ne pas se faire dominer par l'effet de séquence. Ce vin, pour un millésime plus délicat est indéniablement grand ! (note perso : 17/20 ; moyenne du groupe : 17,1 ( +-0,9)/20; rang : 9e) | ||||
5. Conclusions Une première question se pose à mon esprit : s'il est vrai que faire l'unanimité sur ses terres relève de l'utopie la plus profonde, j'ai souvent été frappé par les controverses qui fleurissent ça et là au sujet des vins d'Olivier Humbrecht : vins travaillés, sucres trainants, expressions atypiques de terroir, j'en passe et des meilleures. Or, force est de constater, au vu de cette dégustation et des appréciations qui en découlent, l'incroyable unanimité en terme de louanges sur les vins dégustés lors de ce marathon. Effet d'étiquette sur des passionnés avides de sensations fortes, je ne pense pas. En fait, l'amateur de vin belge est tellement gâté en terme de pouvoir d'achat tant financièrement que dans la diversité, que c'est plutôt à l'effet contraire qu'on n'aurait pu s'attendre en vérité. Des commentaires du lendemain, c'est même ceci qui sortait souvent : j'ai découvert un domaine qui ne m'avait pas trop tenté jusqu'à présent. Plus techniquement, j'aimerais relever quelques points :
Il reste donc à conclure par les remerciements d'usage tant à l'instar du géniteur de ses vins, du travail accompli préalablement par son père, mais aussi à l'instar de ces cavistes qui ont cru en ce domaine avant même qu'il ne brille de mille feux. Enfin merci aussi aux participants de ce marathon vinique, à la fois pour leur apports en terme de bouteilles que pour le sérieux de leur prestation. rarement, les mouches ont eu autant d'audit, tant le recueillement était de rigueur. Ce véritable tour de force de 30 vins en une soirée laissera plus que probablement certains esprits dubitatifs, cela ne m'empêchera pas de bien dormir, très bien d'ailleurs. L'excès ne nuit pas toujours... Enfin, certains autres préfèrent, dans quelques magazines en ligne, faire l'allégorie de saveurs appartenant au passé, allant jusqu'à afficher une forme de mépris pour certains expressions plus opulentes de terroir, certaines évolutions vers des vins plus naturels, plus proches d'un goût vrai. | ||||