Campi di Fonterenza
Campi di Fonterenza
Montalcino
Un ami qui me tend une feuille de choux à vocation touristique qui traine sur la table basse de notre lieu de villégiature toscan, un feuilletage distrait, une page sur Montalcino qui retient un peu l’attention, une photo de jumelles vigneronnes, le mot biodynamie au hasard de deux lignes, tout cela suffit largement à mettre le contact au moteur et filer vers la grande cité viticole, éperon élevé du magnifique Val d’Orcia. |
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Le domaine « Campi di Fonterenza » est situé près du village de Sant’ Angelo in Colle au Sud de Montalcino. C’est dans une vieille ferme maintes fois rénovée au cours des siècles et connue ancestralement pour la qualité de son eau (Fonte) que Margherita et Francesca Padovani, les « Jumelles du Brunello » mènent leur projet de vie qui, s’il fut d’abord lié à la culture des oliviers, s’est ensuite largement prolongé dans le viticulture. Le premier contact des deux sœurs milanaises avec leur futur terroir date de 1976 alors que toutes petites, elles accompagnent pour les vacances leurs parents dans la vielle ferme de Sant’ Angelo in Colle qui va devenir, à terme, le lieu de leur vie professionnelle et résidentielle. Alors qu’à l’époque la vie rurale de la région est encore très archaïque, les jumelles s’attachent énormément à cette région et à ses habitants. Arrivées à l’âge adulte, et alors qu’elles suivent des études de langues, leur faible intérêt pour une certaine forme de vie citadine, et l’attachement pour cette vie rurale qu’elles avaient connues petites, provoquent rapidement un abandon de la vie milanaise et des études pour un retour à la ferme de Montalcino, d’abord de Margherita, suivie deux ans plus tard par sa sœur Francesca. La première activité sera donc la culture de l’olivier, malgré une expérience professionnelle des plus rudimentaires. Lentement les deux sœurs se rendent compte que leur vraie passion est aussi et sûrement du côté des vins. Elles plantent leurs premières vignes en 1999, pour leur donner ensuite deux extensions en 2002 et 2005. Le millésime 2004 couronnera leurs efforts avec la production de leur premier millésime de Brunello. |
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Leur intérêt pour le respect de la nature étant dominant, c’est avec beaucoup d’évidence que leur approche du vin passe d’emblée par la biodynamie. Et si, en ces débuts, leur expérience de la culture du vin, des vinifications et de la philosophie de Steiner s’avère pratiquement nulle, les jumelles n’hésitent pas à plonger à corps perdu dans cette passion naissante, apprenant à la fois sur le terrain ainsi qu’en allant sans cesse à la rencontre de collègues comme Giovanna Morganti du Podere le Boncie en Chianti Classico, afin de recevoir les meilleurs conseils possibles. Il n’est pas non plus étonnant de voir dans la liste d’amis de Francesca des personnages comme Thierry Puzelat ou René Mosse en Loire, les familles Lapierre et Foillard en Beaujolais ou encore Overnoy en Jura, Binner en Alsace… Leurs premiers pas de vigneronnes s’avèrent toutefois difficiles pour des jeunes femmes qui évoluent dans un univers très masculin à la limite du machisme, univers qui préfère souvent s’attacher à leur physique plutôt qu’à leur passion, quand volonté d’attachement il y a, parce que rien que la pratique de la biodynamie agrémenté d’un désir de minimaliser le soufre le plus possible ne sont pas faits obligatoirement pour plaire dans un environnement qui ne cesse d’industrialiser sa production et qui aime, hélas, quelquefois fermer les yeux sur certaines pratiques douteuses mises pourtant souvent à jour ces dernières années. |
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Si aujourd’hui Margherita avoue préférer passer plus de temps auprès des oliviers et dans ses vignes auprès de ses gobelets qui la fascinent, et que parallèlement, Francesca est plus tournée vers la commercialisation, les deux sœurs tiennent à partager entièrement leur travail, comme par exemple dans le chais, indissociables à ce niveau comme elles le sont dans la vie depuis leur naissance et même… avant ! Vignes et vinification Le domaine compte aujourd’hui 40 hectares dont 4,2 sont plantés en vignes 50,5 ha de cabernet sauvignon sur des terrains à l’origine destinés au bétail, situés au Sud-Est de Montalcino, au lieu-dit de Poggio San Polino non loin de l’abbaye de Sant’Antino, dans une des nombreuses cuvettes qu’offre le relief assez pentu et découpé du pied de la cité du vin du Val d’Orcia. |
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Les terroirs viticoles sont constitués de deux grandes parcelles principales sise en haut et en bas d’une ligne centrale élevée de 420 mètres et exposés au Sud, Sud-Est. Les sols sont constitués de terres fines, aérées et caillouteuses reposant sur une assise argilo-calcaire. La partie supérieure plus rocailleuse et proche de la roche mère est menée en gobelet alors que la taille de la partie inférieure est taillée en guyot. |
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Toutes les parcelles sont entourées de forêt qui aident à la fois au rafraichissement et à la conservation du biotope, mais dont la densité de ses habitants ancestraux tels les cerfs et autres sangliers a nécessité un cloturage important tout autour des vignes. |
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Au cuvier, après égrappage, les raisins sont mis en macération dans des cuves de chêne slovène pendant des durées qui dépendent du vin désiré, seul le rosé étant vinifié et élevé en cuves d’acier. A l’exception donc du rosé, tous les vins sont ensuite élevés en barriques ou en foudre, en évitant, sauf quand la nécessité l’oblige d’éviter le bois neuf autant que se peut. L’usage du soufre est lui aussi limité au strict minimum, certaines cuvées de certains millésimes ayant fait l’objet d’absence totale de SO2. Enfin, aucun des vins ne connaît de filtration. Les vins Le domaine propose actuellement à la vente un rosé et plusieurs rouges, un premier vin blanc étant en chantier. A l’exception de la cuvée « Lupo » à base de 100% de cabernet sauvignon, tous les vins sont à base de 100% de Sangiovese Grosso, la variété à grosse peau du célèbre cépage toscan que l’on retrouve dans la région de Montalcino. Parmi les vins produits on distingue :
Dégustation Nous avons eu sur place le plaisir de déguster la majorité des cuvées en élevage, au prix de quelques prouesses d’équilibre de Francesca. |
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Nous avons pu goûter sur fûts de nombreux vins dont les Brunello 2008 et 2009 ainsi que le Rosso 2010 et le futur blanc. Nous avons eu aussi l’occasion de goûter quelques bouteilles à la vente dans la charmante cuisine familiale ainsi que les jours qui ont suivi notre visite. En voici quelques impressions : Rosato «Rosa» IGT Toscana 2010 |
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Le vin possède une couleur brillante et très soutenue, plus proche du rouge que du saumon. Le nez est pur, droit, sans traces d’alcool, entre fruits rouges très frais et de belles notes florales. La bouche est fraiche, gourmande, sans trop de rondeur, au contraire, avec une salinité intéressante en fin de bouche. Si le vin se place clairement dans le registre de la buvabilité, c’est avec beaucoup de vinosité que celle-ci s’exprime. Un très bon rosé, surprenant de finesse. Rosso di Montalcino 2009 |
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La robe est nette, assez soutenue vers le rubis foncé. Le nez est un peu réduit et le vin est laissé un peu à l’aération, sans carafage, toutefois. Après une heure d’aération, le nez a pris de l’ampleur, l’impression de réduction s’est effacée au profit de fruits rouges et de notes pierreuses. L’attaque de bouche est très vive, caractéristique du Sangiovese grosso, mais très vite s’installe l’équilibre sur le fruit, avec des tanins assez fort en relief. Plus le vin séjourne en bouche, plus la fraicheur reprend du grade, tout en gardant une belle impression de structure, le tout sous des notes sanguines et salines. Un beau vin à accorder avec des viandes rouges. Brunello di Montalcino 2006 |
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La robe est rubis foncé avec des notes légèrement brunes caractéristiques. Le nez est bien ouvert, très fin, avec des fruits rouges et noirs qui se complètent bien, le tout avec une très légère impression d’élevage qui disparaît à l’aération. La bouche est un sommet absolu d’équilibre aérien, de fraicheur, de salinité sans oublier le fruit très présent sous une forme finement gourmande. La longueur frise l’exception, dans la fraicheur, la pureté et la minéralité. Malgré une quantité assez impressionnante de vins dégustés sur le séjour, c’est absolument et sûrement LE meilleur vin italien que j’ai goûté cette année… une merveille Lupo di Fonterenza 2008 Cabernet Sauvignon IGT Toscana |
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La robe est pourpre, foncée et dense. Le nez est très fermé, à la limite de la réduction qui a ici du mal à s’effacer à l’aération. La bouche est puissante, animale, très tendu avec des tanins fort marqués. Vu la grosse impression de matière et la finale longue et à l’épreuve du bois, on se dit que dans trois, quatre ans, cela vaudra probablement plus le détour. Réflexion générale Pour paraphraser une série américaine de mon enfance, aurais-je pu deviner qu’au détour d’un virage sans nom, au bout d’une route de terre qui ne mène nulle part, j’allais faire une rencontre qui s’avèrera sûrement longtemps être la plus belle que je n’ai jamais faite en Italie dans le monde du vin. Si je n’ai pas eu la chance de rencontrer Margherita, sa sœur Francesca m’a littéralement rappelé comme le vin est avant tout une affaire de sensibilité et combien cela sied parfaitement à des femmes. J’ai lu, en plus de mon bonheur, dans les yeux de Francesca la même image du plaisir d’avoir discuté au fil des heures de notre passion commune, c’est totalement inoubliable ! Les vins sont totalement à l’image de ces deux petits bouts de femme, simples, fins, purs et profonds, marqués par les notes salines si typiques de la biodynamie, marqués aussi par le fruit de ces breuvages qui ne connaissent que très peu le soufre. |
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Retourner au domaine un jour est désormais une obligation majeure pour moi, et si quelques-uns de ceux qui lisent cet article ont la chance de passer par là, il n’y a pas la moindre hésitation à avoir… Un MUST absolu, donc Et que puis-je après tout cela sinon remercier du plus profond de mon cœur Francesca Padovani pour tout ceci ! Contacts Localita Fonterenza, 99 TEL/ Fax : 0577844248 Mail : francescapadovani@hotmail.com ou margheritapadovani@hotmail.com Si la langue usuelle est l’italien, Francesca parle très bien anglais et comprend le français. Il vaut mieux prendre rendez-vous. |