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8 août 2011

Li Cwerneu - Arabelle Meirlaen

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Li Cwerneu - Arabelle Meirlaen
Aventures aux pays
des accords Mets-Vins

Récemment, en regard à l’émission top-chef, je m’en prenais assez intensément à l’absence de la notion de vins et d’accords mets-vins dans ce type d’émission. Si une part de responsabilité pouvait indéniablement être liée à la problématique de la publicité sur l’alcool, je posais la question de savoir si les chefs médiatiquement mis au-devant de la scène se préoccupaient encore réellement de cette notion, des personnes comme Alain Senderens mises à part, bien entendu.
Cette impression était renforcée par de nombreuses mésaventures quand il s’agissait de prendre l’option « vins compris » sur un menu gastronomique d’une maison constellée : trop souvent, bien trop souvent, le « choix » des vins s’est avéré lamentable, tiré vers le bas à la fois en terme de prix (pas le prix payé) que d’intérêt, le duo cabernet sauvignon/chardonnay boisé bien soufré et standardisé ayant la cote… ou alors, cas contraire, le pigeon n’était pas dans l’assiette mais devant et on avait droit au top 3 des prix de la carte des vins, sans pour autant que l’originalité ne soit de la partie.
Ce n’est pas pour rien que lors d’un dernier passage dans un restaurant gastronomique accompagné de 7 personnes, je m’étais fait la réflexion que 8 forfaits vins à 50 euros seraient, quoiqu’il arrive, bien plus heureusement transformés par un choix personnel sur la carte, celle-ci paraissant tout aussi attrayante que le sommelier local avait l’air en état d’hibernation prolongée.

Tout cela pour dire que moi, laisser l’entièreté du jeu à un sommelier, j’ai toujours une petite appréhension quand je découvre une nouvelle maison !

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Et puis, ce week-end, il y a eu ce diner chez Li Cwerneu à Huy, restaurant à l’affiche en Belgique où Arabelle Meirlaen exerce ses talents avec beaucoup de bonheur.
Côté cuisine, effectivement,  cela ne manque pas de talent. Arabelle propose des plats recherchés, complexes et simples à la fois, élaborés en symbiose totale avec la nature sans suivre de règles particulières si ce n’est son intuition du moment sur les produits du moment. Il en résulte un véritable festival pour les papilles et les yeux, aromates, fleurs et plantes sauvages participant largement au plaisir de ces deux sens.

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Bref une réputation loin, très loin d’être usurpée avec des prix encore assez sages, notre menu prestige du jour étant proposé à 85 euros :

Pot de Légumes du moment ...
Lingot d’Or de Foie Gras d’Abée et Pépites …
Terre Sauvage de Fleurs et Langoustines Bretonnes ...
Maquereau Breton mariné au Gin Bombay Saphir et Wasabi  ...
Saumon Sauvage, Aubergines, Oignons Doux et Fenouil et Herbes ...
Croustillant de Pintadeau d’Abée, Truffe d’été et Sureau Rouge ...
Tranche de Bœuf Charolais avec Salicornes et Aromates ...
Mélo Cake ...
Fruits Rouges ...
Mignardises ...

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Malgré l’abondance des plats, ce n’est jamais lourd sans non plus nécessiter une loupe pour observer le contenu de son assiette, au contraire, le tout étant déroulé sur les tables avec un excellent timing.

Reste la problématique des vins….

Et là, d’entrée, les habitués des lieux qui nous accompagnent, insistent pour que, malgré mes appréhensions, nous fassions confiance à la formule vins compris, comprenant 7 bouteilles de vins à raison de 50 euros par personne, en plus d'un champagne pour débuter. 

Quand je dis appréhension, faut pas prendre les choses trop négativement, Pierre Thirifays, sommelier des lieux et compagnon d’Arabelle, ayant tout aussi bonne réputation que sa compagne.
Mais appréhension quand même avec une larme de frustration, parce que, pour le fun des yeux seulement, on m’a filé la carte des vins… et fun des yeux, il y a grandement à voir le prodigieux équilibre écclectique de la dite carte, les vins de glou au soufre minimal se mêlant avec bonheur à des références plus classiques, permettant à tous les goûts d’y trouver leur bonheur, le tout avec des prix assez bien maîtrisés.

Mais… il faut toujours suivre l’avis des régionaux de l’étape… et vous me voyez venir, sinon cette bafouille serait sans intérêt, bref, cela a été un vrai feu d’artifice (si ce n’est que les vins étant servis carafés et à l’aveugle, à notre demande, je me suis comme d’hab joyeusement planté, surtout sur les blancs, non Elian ne prends pas ombrage !)

Voici donc la liste totalement épatante de ce qui nous a été proposé par Pierre :

Champagne Truchon Bergeronneau 1er Cru Grande Réserve
(sur le pot de légumes et le foie gras)
Jurançon Sec « Cuvée Marie » 2007 – Charles Hours
(sur les langoustines)
Coucou Blanc 2006, Vin de Table – Elian da Ros
(sur le maquereau)
Barral Blanc 2007, Vin de Pays de l’Hérault – Léon Barral
(sur le saumon)
Navis 2006, Vin de Pays des Coteaux du Salagou – Mas d’Agalis
(sur le pintadeau)
Lirac Rouge « Les Muses » 2005 – Domaine du Joncier
(sur le bœuf)
Corbières-Boutenac « Agapê » 2005 – Clos Pacalis
(sur le 1er dessert)
Cerdon du Bugey, Méthode Ancestrale – Raphaël Bartucci
(sur le 2e dessert)

Du top de top… à la fois sur la qualité des références que sur les accords, surtout que vu la complexité des plats, j’aurais bien été incapable de jouer avec la carte.

En détail…

...Le Champagne Truchon Bergeronneau, très vineux (pinot meunier 50%; pinot noir 30%; chardonnay 20%) accompagne avec fraicheur et puissance les deux premiers plats; sa tension fait rebondir l'aromatique du "pot de légumes" et particulièrement son lit à base de purée d'artichauts alors que son fruité est vraiment intéressant sur le lingot de foie gras accompagné de sa traine de noisettes et d'amandes, un des plats porte -étendard de la maison (voir photo plus haut).

On attaque en suite la série des vins proposés en accord par les blancs :

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La fraicheur et le fruit de la Cuvée Marie (90% Gros Manseng, 10% de Petit Courbu) fait joliment rebondir les langoustines et leur parterre très fleuri sans dépareiller avec les notes plus acides de certains éléments du plat.
Le Coucou blanc et ses fines notes oxydatives et anisées mariées à une impression très « sec » se marie à ravir avec le maquereau mariné, aidé en cela par une tension très présente, alors que le côté fruité plus gras permet de bien faire rebondir les notes épicées apportées entre autres par le Wasabi.
Là où on atteint des sommets, c’est sur le saumon cuit à basse température, énorme réussite dont le moelleux est admirablement contrebalancé par un lit d’aubergines et d’oignons doux assez relevés surtout en fin de bouche. Le Barral Blanc avec ses 100% de Terret est comme un poisson dans l’eau avec ce plat, la tension et la salinité magiques permettant au gras du saumon de rebondir encore un cran, alors que les notes florales et la richesse légèrement solaire tombent à pic sur le côté relevé de l’accompagnement. Il y a là, un côté fusionnel absolu… Exceptionnel !

Passage aux vins rouges...

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Le pintadeau est présenté en duo, d’une part en croustillant frit pour les cuisses et les ailes, d’autre part, pour les blancs, en jus, façon un peu waterzooi, le tout nappé de truffes d’été. Pour aller avec cela, il faut un vin d’équilibre, de compromis. Mission accomplie avec ce Navis 2006 (assemblage grenache, syrah, carignan) qui propose des tanins superbement fondus, beaucoup de fruits noirs et des notes épicées qui se marient bien avec la truffe. Du vrai travail de sommelier… Joli coup, à nouveau !
Le bœuf charolais qui suit rappelle par sa cuisson et son moelleux la consistance du saumon, la salicorne apporte beaucoup de croquant au reste de l’accompagnement où les aromates donnent leur pleine puissance et appellent un vin plus sérieux. A nouveau, le Lirac répond présent par son intensité aromatique très provençale, son relief tannique plus structuré (lié, entre autres, à ses 80 % de mourvèdre), ses notes amères nobles sur la très belle finale. Une très belle découverte que ce vin.

Et pour les desserts ?

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Pour le vin suivant, il fallait soit accompagner une déclinaison de fromages, soit un « mélo-Cake » maison, où s’il n’écrase pas la préparation, le chocolat est bien présent. Pas facile… Le choix du Maître des lieux se porte sur la cuvée Agapê 2005 du Clos Pacalis (anciennement domaine Adenis). C’est jamais facile, facile de placer quelque vin sur une chocolaterie fourrée…. J’avoue qu’ici, je préfère boire le vin pour lui-même et laisser ceux qui ont choisi l’option fromage, profiter pleinement de ce vin de vieux carignans, dense, pur, droit, assez sévère mais tout autant raffiné, avec des tanins d’un grand soyeux… du très bel ouvrage et re-découverte, en ce qui me concerne !
Le second dessert est lui à l’ouest du premier, totalement décliné sur les fruits frais avec une dominance de baies rouges. A la fraicheur réjouissante du fruit dans l’assiette, le pet nat Cerdon du Bugey répond lui aussi présent de manière magique, comme si il existait un lien intime entre la matière des baies et le pétillant de la méthode ancestrale. Ce vin est une tuerie totale…. On l’aurait mis à l’apéro qu’on aurait jamais été mangé. Jouissif !

Alors, je ne me suis pas amusé à étudier les prix de ces vins, je ne sais donc si l’économe a gagné ou a perdu, mais le plaisir a été total entre ces mets de haute volée aux compositions multiples aux arômes qui partent dans toutes les directions et le judicieux fusionnel du choix des vins en accord.
Je savais que j’allais à la rencontre d’une grande dame et de son univers gastronomique si personnel, j’ignorais qu’en plus, j’allais rencontrer un vrai sommelier, un de ces hommes qui n’ont pas peur de sortir des sentiers battus pour vous envoyer au pays des rêves viniques, au paradis des accords, un de ceux qui me feront mentir à tous les coups, moi et mes appréhensions.

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A propos du nom Li Cwerneu

Nom ce n’est pas le fruit de l’association d’une famille de tailleurs sino-américains avec des bardes celtiques, le nom d’origine vieil françois, remonte au 14ième siècle,  où le Cwerneu (sonneur de cor) était autrefois le guetteur et le crieur public de la cité hutoise.

Coordonnées

Li Cwerneu

Grand Place, 2
4500 Huy
TEL: 085 25 55 55
Mail : info@licwerneu.be
Web :
www.licwerneu.be
Fermé les midis ainsi que le dimanche et le lundi – réservation obligatoire

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Commentaires
M
Faisait trop sombre pour mon portable, mais les photos sur leur site sont très parlantes...
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E
Ca fait effectivement plaisir à lire, cette histoire. Tu n'aurais pas la photo des plats, en bonus ?<br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> Eric
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M
Je crois pas, avant de déterminer son choix, il a posé plusieurs questions, ce qui est tout aussi rare, d'ailleurs.
Répondre
P
Toutes les tables au forfait recevaient les mêmes vins? Ou bien aviez-vous une sélection spéciale?
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