750 grammes
Tous nos blogs cuisine Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vins Libres
Vins Libres
Publicité
Newsletter
Archives
Vins Libres
6 octobre 2011

Zind-Humbrecht 2008 - Horizontale "multiple" de 10 cuvées - épisode 2

 zht04

Domaine Zind-Humbrecht
Horizontale "Multiple" de 2008 sur 10 cuvées

1. Préambule

Avertissement : ceci est un texte évolutif. Il reprend chaque année les éléments d’un texte précédent auxquels viennent s’ajouter de nouveaux éléments

On se pose régulièrement la question de comment évoluent nos vins en cave et à part quelques coups de sonde à l’occasion de telle ou telle dégustation, on est trop souvent dépourvu de pouvoir donner une appréciation régulière sur tel ou tel crus. Seule une bonne expérience de tel ou tel cru permet de pallier tant bien que mal à cette problématique. Autrement, il y a lieu de se tourner vers sur la littérature, les forums afin de trouver une réponse à nos questions, mais pas toujours avec succès.
Pourtant, le schéma de vieillissement semble assez simple à définir dans le sens où chaque vin suit une courbe de vieillissement souvent reproductible incluant une montée vers une certaine forme d’apogée, un plateau plus ou moins grand à ce sommet et ensuite une courbe descendante cette fois. Ce qui semble déterminer la qualité d’un grand cru, c’est qu’en dehors des facteurs spécifiques d’influence telles les conditions météorologiques du millésime, la phase plateau est souvent largement étendue sur plusieurs années, de même, la pente de la courbe descendante est nettement plus faible en valeur absolue que pour un vin à consommer rapidement. Ce concept qui ne vous est certainement pas étranger a été, il y a quelques années, splendidement illustré par le livre de Jancis Robinson, « Le temps d’un vin » dont le seul défaut actuel est de ne plus avoir été réédité avec des millésimes récents et cela depuis 1990.

Suite à une suggestion de notre compère John Villmer, notre club de dégustation « Les Vieilles Copines » s’est donc proposé de tenter l’expérience sur 10 vins du domaine Zind-Humbrecht sur le splendide millésime de garde 2008 en imaginant de nous retrouver chaque année ou du moins à intervalles réguliers pour redéguster un des huit flacons de chaque crus achetés, le mode de conservation des vins et les dégustateurs devant idéalement rester constants.
Si les premières dégustations nous donneront une information qualitative sur les vins jeunes, nous pensons qu’à terme l’information peut être intéressante à utiliser par rapport à d’autres millésimes de la même qualité, si l’on tient compte du cépage, des sols, des conditions météorologiques et des autres données qu’Olivier Humbrecht nous propose chaque année. Ce sont ces données qui sont reprises ci-dessous en tête de chaque commentaire par type de vin dégusté.

Les vins qui seront ainsi dégustés, dans l’ordre, sont :

1. Riesling Clos Häuserer 2008
2. Riesling Grand Cru Rangen de Thann “Clos Saint-Urbain” 2008
3. Riesling Clos Windsbuhl 2008
4. Riesling Grand Cru Brand 2008
5. Muscat Grand Cru Goldert 2008
6. Pinot Gris Clos Windsbuhl 2008
7. Pinot Gris Grand Cru Rangen de Thann “Clos Saint-Urbain” 2008
8. Gewürztraminer Grand Cru Hengst 2008
9. Gewürztraminer Clos Windsbuhl 2008
10. Gewürztraminer Grand Cru Rangen de Thann “Clos Saint-Urbain” 2008

Nous avons choisi cet ordre de dégustation car c’est ainsi qu’Olivier Humbrecht l’ a proposé à ses distributeurs lors de dégustations au domaine.

2. Le millésime 2008 au domaine Zind-Humbrecht

Jusqu’à avril et après un millésime 2007 où les vignes n’ont pas été stressées, la situation est classique, tant au niveau de l’évolution que du climat. Le printemps, particulièrement chaud suivi d’un refroidissement net à la mi-juin étale la floraison. Une nouvelle période chaude et sèche succède jusqu’au début août où le temps s’humidifie et surtout refroidit nettement, ce qui eut pour effet de conserver des acidités élevées tout en reculant la maturité des raisins. La combinaison de ces caractéristiques à un superbe début d’automne, particulièrement pendant les vendanges a produit un millésime de très grande garde, marqué le plus souvent par des acidités impressionnantes et très tartriques (principalement sur les vignes en bio et biodynamie), elles-mêmes parfaitement contrebalancées par des sucres résiduels très présents accompagnant de grandes concentrations de matière.

3. Les notes de dégustation

Les tableaux ci-dessous donne les notes par dégustateur, la moyenne l'écart moyen et le classement pour chacun des vins dégustés.

3.1 Première dégustation : 08/09/2010

Les bouteilles ont été servies aux environs de 8°C, sans carafage. Douze personnes d’un Club créé pour l’occasion à Bruxelles ont constitué le groupe de dégustation.

zh200813 

3.2 Deuxième dégustation : 05/10/2011

Les bouteilles ont été servies aux environs de 8°C, après un léger carafage d’une demi-heure. Treize personnes d’un Club créé en 2010 pour l’occasion à Bruxelles ont constitué le groupe de dégustation. A l’exception d’un dégustateur supplémentaire, ce groupe demeure inchangé.

 zh20082t

A l’appréciation globale des vins, nous avons essayé de percevoir les acidités, sucrosités et minéralités pour chacun des vins. Il s’agit donc bien de valeurs perçues et non théoriques. L’intérêt de l’exercice est de voir si un vin se dégage fort par rapport à un autre dans la sensibilité moyenne des dégustateurs et si l’écart-type des valeurs est important ou non. Plus accessoirement, cela permet à chaque participant de situer ses perceptions par rapport à la moyenne.

3.2.1. Acidités perçues

zh20082a 

3.2.2. Sucrosités perçues

 zh20082s

3.2.3. Minéralités perçues

 zh20082m

4. Commentaires de dégustation

4.1. Riesling Clos Häuserer 2008

Mise en bouteille:2/2010, Alcool acquis : 12.8°; Sucres résiduels: 7.3 g/l ; 5.8 g/l H2SO4, pH: 3.1, Rendement: 54 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2013-2028+ ; Vignoble planté en 1973. 100% Riesling ; Surface : 1.2 ha ; Terroir : Marnes calcaires de l’oligocène. Coluvium de pente. Exposé est, très faible pente. Indice 1.

zh200809 

4.1.1. Dégustation du 08/09/2010

La robe est jaune-doré, légèrement vert. Le nez est puissant, frais avec beaucoup de fruits, agrumes, fruits blancs (pêches des vignes), le tout avec une complexité assez moyenne, ce qui semble en décalage avec les notes d’Olivier Humbrecht qui, à la mise, conférait à ce vin des notes bien plus minérales (pierres mouillées) et moins de puissance. La bouche, après une attaque très tendue se relâche un peu, gardant un côté citrique un peu monolithique avec de fortes notes d’écorce de citron et d’orange.
La finale est assez longue, tendue, à nouveau sur le citrique mais les notes pierreuses y deviennent plus perceptibles. Finalement, une petite sensation de fermeture domine le groupe que ce vin divise pas mal.
(Note personnelle : 14,5/20 – Note moyenne du groupe : 15/20 +/- 1,5)

4.1.2. Dégustation du 05/10/2011

La robe est jaune-doré soutenu. Le nez ne manque pas de puissance, de caractère. On y retrouve pas mal d’agrumes à la limite du confit, des notes florales et épicées, le tout avec une forte impression de fraicheur et une aromatique secondaire qui n’est absolument pas encore présente.
La bouche est marquée par la puissance, principalement sous l’effet de l’acidité très dominante à la limite du perlant. On retrouve les fruits du nez sur le milieu de bouche et la finale d’une longueur appréciable est quant à elle bien plus sous l’influence de l’amertume et du fumé. Le manque relatif de salinité et la sucrosité très faible confèrent à ce vin une impression monolithique, déjà relevée sur la dégustation précédente.
(Note personnelle : 14/20 – Note moyenne du groupe : 14,5/20 +/- 1,1 ; acidité perçue (moyenne) : 3,6/5 ; sucrosité perçue (moyenne) : 1/5 ; minéralité perçue (moyenne) : 2,8/5)

4.2. Riesling Grand Cru Rangen de Thann “Clos Saint-Urbain 2008

Mise en bt: 2/2010; Alcool acquis : 13°; Sucres résiduels: 4 g/l ; 4.2 g/l H2SO4, pH: 3.2; Rendement: 30 hl/ha ; Optimum dégustation: 2015-2033+; Age moyen des vignes : 46 ans ; Surface : 2.1 ha ; Terroir : Volcanique (tufs & grauwackes), exposé sud, très forte pente. ; Indice 1.

 zh200803

4.2.1. Dégustation du 08/09/2010

La robe est jaune-vert brillant. Le nez est ici moins intense que pour le Clos Häuserer, du moins au service, puis s’ouvre et se referme sur des notes très prenantes de pierre à fusil qui écrasent tout sur leur passage. La bouche, bien que d’attaque toujours aussi tendue et légèrement perlante, propose plus d’équilibre avec un caractère sec, salin, pierreux mais aussi avec des notes citriques. C’est nettement plus complexe.
La finale est très longue sur les notes pierreuses et la caractère sec et salin du milieu de bouche se conserve infiniment avec l’apparition de quelques épices en toute fin de bouche. Si ce vin paraît austère à beaucoup, on devine son formidable potentiel de vieillissement qui devrait en faire une star dans quelques années !
(Note personnelle : 17/20 – Note moyenne du groupe : 16,3/20 +/- 1,2)

4.2.2. Dégustation du 05/10/2011

S’attaquer au Riesling Rangen dès le 2e vin n’est certes pas commun, son placement résulte toutefois de sa sucrosité annoncée, très faible pour le millésime (4g). La robe est très jeune, d’un beau jaune-vert brillant. Le nez est un peu plus fermé mais les notes minérales font le ménage : pierre à fusil, principalement mais aussi iode et fumé dominent les débats. Toutefois la palette aromatique gagne en complexité avec l’aération ce qui permet aux épices et aux fruits secs de venir se mêler aux débats. La bouche est terriblement structurée tendue par une acidité puissante, minérale à souhait, et tapissée par les notes pierreuses qui lui confèrent une prodigieuse austérité, particulièrement sur la finale kilométrique. Malgré l’impression de puissance et de concentration, la finesse domine et la salinité, presque au sommet, donne énormément de digestibilité à ce tout grand vin, déjà très accessible.
(Note personnelle : 17/20 – Note moyenne du groupe : 17,1/20 +/- 1,3 ; acidité perçue (moyenne) : 3,6/5 ; sucrosité perçue (moyenne) : 1,2/5 ; minéralité perçue (moyenne) : 4/5)

4.3. Riesling Clos Windsbuhl 2008

Mise en bouteille: 2/2010; Alcool acquis : 12.7°; Sucre résiduel: 9 g/l ; .5.2 g/l H2SO4, pH: 3.0; Rendement : 45hl/ha ; Optimum de dégustation: 2014-2030+; Age moyen des vignes : 34 ans ; Surface : 0.9 ha ; Terroir : Calcaire Muschelkalk exposé sud, sud-est. Indice 1

 zh200808

4.3.1. Dégustation du 08/09/2010

La robe est vert-jaune très claire. Le nez de prime abord assez fermé s’ouvre à l’aération sur une superbe complexité d’arômes où l’on retrouve du minéral (assez dominant), des fruits jaunes et blancs et quelques belles notes florales. La bouche, d’abord marquée par une attaque vive à l’acidité perlante, propose ensuite un superbe équilibre entre droiture et rondeur où minéralité, fruit et gras se disputent joyeusement la part belle, le tout avec une très grosse impression de matière. La finale est d’une longueur impressionnante entre fruit et pierre et ce vin aurait atteint chez moi la cote maximale absolue si les sucres ne venaient pas un peu faire parler d’eux en toute fin de bouche. Cela n’en reste pas moins un tout grand vin, assurément de grande garde.
(Note personnelle : 18/20 – Note moyenne du groupe : 17,5/20 +/- 1,1)

4.3.2. Dégustation du 05/10/2011

La robe est jaune-vert avec des nuances dorées.
Le nez parait assez fermé, voire très fermé à une partie du groupe. A l’aération, les fruits citriques assez verts sont très présents, non sans être accompagnés de notes miellées et une pointe d’aromatique secondaire où on devine les hydrocarbures se présenter au portillon.
La bouche est très droite, tendue comme un arc de samourai, tranchante comme son sabre ce qui procure une fraicheur inouïe à ce vin, surtout sur l’attaque. Dès le milieu de bouche, l’acidité perçue se fait toutefois moins intense parce que la rondeur et le fruit équilibrent bien cette tension alors que la salinité très intense complexifie le vin. En fin de bouche, si la longueur atteint les niveaux espérés, la sucrosité est plus nette, légèrement plus lourde et pour certains (pas pour moi), le vin perd un peu en buvabilité. Personnellement, je ressens un vin encore très, voire trop jeune, mais qui contient toutes les promesses des grands Windsbuhl.
(Note personnelle : 18,5/20 – Note moyenne du groupe : 16/20 +/- 1,4 ; acidité perçue (moyenne) : 3/5 ; sucrosité perçue (moyenne) : 2,4/5 ; minéralité perçue (moyenne) : 3/5)

4.4. Riesling Grand Cru Brand 2008

Mise: 2/2010 ; Alcool acquis : 13.7°; Sucres résiduels : 10 g/l ; 4.8 g/l H2SO4, pH: 3.1; Rendement : 32hl/ha ; Optimum dégustation: 2015-2032+ ; Age moyen des vignes : 58 ans ; Surface : 0.7 ha, Terroir: granite biotite exposé sud, sud-est. Forte pente. Indice 1.

zh200806 

4.4.1. Dégustation du 08/09/2010

La robe est jaune-or brillant. Le nez est modérément intense et offre très vite de la complexité à la fois dans les gammes fruitées (agrumes), florales et minérales. Une petite pointe doucereuse fait penser à la présence de sucres. L’attaque de bouche est moins tranchante que pour les trois autres rieslings et assez vite, on a une belle impression d’équilibre entre l’acidité, le fruit, le gras et… la rondeur ; toutefois, toutes ces composantes pariassent encore peu intégrées entre elles. En plus de cette impression de dissociation en milieu de bouche, le sucre s’installe un peu trop au pouvoir et si la finale reste longue, cela l’alourdit un peu, une pointe d’amertume venant aussi un peu jouer les trouble-fête. Il n’en reste pas moins que ce vin montre beaucoup de potentiel, rien que par les éléments prometteurs de sa structure.
(Note personnelle : 15,5/20 – Note moyenne du groupe : 15,6/20 +/- 1,2)

4.4.2. Dégustation du 05/10/2011

Tout comme l’année précédente, la robe a gardé ses atours jaune-or brillant.
Le nez est assez ouvert, très frais et complexe, avec des notes beurrées, iodées, florales, pierreuses, légèrement végétales, le tout avec une légère pointe de chaleur mais surtout une poussée d’arômes secondaires plus évidente.
En bouche, là, où pour le Windsbuhl, la sucrosité s’intensifiait avec le temps, elle est ici, malgré une intensité indéniable, totalement intégrée dans l’équilibre avec l’acidité et la matière saline, le tout étant relevé de notes de fruits secs, de tisane douce et de fleurs d’oranger. Malgré une amertume plus marquée sur la finale, l’équilibre persiste et est le mot-clé d’une persistance aromatique et structurelle énorme. Indéniablement, le riesling qui m’a le plus marqué en plaisir à ce moment précis.
(Note personnelle : 19/20 – Note moyenne du groupe : 16,7/20 +/- 1,9 ; acidité perçue (moyenne) : 3,2/5 ; sucrosité perçue (moyenne) : 3/5 ; minéralité perçue (moyenne) : 3,1/5)

4.5. Muscat Grand Cru Goldert 2008

Mise en bouteille : 2/2010; Alcool acquis : 13.7° ; SR: 2.7 g/l ; 4.7 g/l H2SO4, pH: 3.3; Rendement : 39 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2012-2023+ ; Age moyen des vignes : 21 ans ; Surface : 0.36 ha, Terroir : calcaire oolithique exposé est, 90 % Muscat d’Alsace, 10 % Ottonel. Indice 1

zh200801 

4.5.1. Dégustation du 08/09/2010

La robe est jaune-vert avec des reflets dorés. Le nez est fermé au service et il faut pas mal d’aération pour faire ressortir à la fois les arômes du cépage, mais des notes très minérales, de la truffe, des fruits blancs, du floral (rose fanée) qui complexifie bien ce nez. L’attaque est finement tendue et le caractère minéral, sec domine en milieu de bouche. La finale est très longue, toujours avec cette impression de sec avec une belle amertume qui fait de ce muscat, un vin sérieux et passionnant à découvrir. Du vrai terroir !
(Note personnelle : 16/20 – Note moyenne du groupe : 14,9/20 +/- 1,0)

4.5.2. Dégustation du 05/10/2011

La robe a évolué vers des notes plus dorées en un an Le nez par contre, est toujours aussi fermé et le débat de savoir si l’impression de muscat se ressent ou non n’est pas clos. Personnellement, je ressens moins de variétal et plus de notes exotiques comme de l’abricot, du fruit de la passion et des amandes grillées.
En bouche, si la tension reste bien marquée, que l’on se croirait presque face à un viognier, l’équilibre penche plus sur le gras et surtout s’accommode d’une assez forte impression de champignon, le tout en gardant une impression de vin très sec, surtout sur la finale, qui avec des amers nobles et de beaux épices, est tout en complexité. Dommage, ces aromes de champignon, c’est le seul bémol de ce vin.
(Note personnelle : 15/20 – Note moyenne du groupe : 14,2/20 +/- 2,1 ; acidité perçue (moyenne) : 3,1/5 ; sucrosité perçue (moyenne) : 1/5 ; minéralité perçue (moyenne) : 2,3/5)

4.6. Pinot Gris Clos Windsbuhl 2008

Mise en bouteille : 9/2009 ; Alcool acquis : 13.3° ; Sucres résiduels: 37 g/l ; 4.5 g/l H2SO4, pH: 3.5, Rendement : 35 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2014-2033+ ; Age moyen des vignes : 31 ans ; Surface : 2.2 ha ; Terroir : Calcaire muschelkalk exposé sud ; sud-est, Indice 4.

zh200807 

4.6.1. Dégustation du 08/09/2010

La robe est jaune vert très clair et le nez est à nouveau assez fermé. A l’aération, des notes grillées et des fruits exotiques se font doucement ressentir, sans grande complexité. Par rapport aux premiers vins dégustés, l’attaque est ici beaucoup plus tendre et si l’acidité, un peu perlante, est bien présente, elle a du mal à tendre les fruits, tellement la sucrosité est ici trainante, rendant le vin finalement peu précis à ce stade, surtout que l’impression de dissociation est très nette. La finale corrige un peu cette impression mitigée avec de belles notes de caramel salé et un fruit prometteur. A revoir, évidemment. A noter (voir le tableau) que les avis ici différent pas mal, certains étant moins sensibles à la sucrosité non intégrée que moi.
(Note personnelle : 14,5/20 – Note moyenne du groupe : 16/20 +/- 1,1)

4.6.2. Dégustation du 05/10/2011

Non seulement la robe, par ses reflets dorés a gagné en évolution, mais le nez, en un an s’est considérablement ouvert : Très expressif avec des côtés solaires riches, des notes florales et de fruits blancs, mais aussi beaucoup de fraicheur qui invite à croquer. L’acidité est très marquée, toujours un peu perlante mais elle procure beaucoup de nervosité à la matière suave du fruit, le tout étant rehaussé par de belles notes minérales et épices. L’équilibre sucré-salé est ici parfait, léger, pur et la finale, bien longue, est très salivante. Ce vin a énormément gagné en plaisir et en buvabilité durant cette année passée depuis la première dégustation… s’il progresse encore, on va se l’arracher !
(Note personnelle : 17/20 – Note moyenne du groupe : 16,8/20 +/- 2,1 ; acidité perçue (moyenne) : 3/5 ; sucrosité perçue (moyenne) : 3,5/5 ; minéralité perçue (moyenne) : 3,3/5)

4.7. Pinot Gris Grand Cru Rangen de Thann “Clos Saint-Urbain” 2008

Mise en bouteille 2/2010 ; Alcool acquis : 12.55° ; Sucres résiduels: 46 g/l ; 5.7 g/l H2SO4, pH: 3.0; Rendement: 21 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2016-2035+ ; Age moyen des vignes : 39 ans ; Surface : 2.9 ha ; Terroir : Volcanique (tufs & grauwackes), exposé sud, très forte pente. Indice 5.

zh200804 

4.7.1. Dégustation du 08/09/2010

La robe est jaune, profonde avec de beaux reflets dorés. Le nez est une petite bombe à la fois en termes d’intensité que de richesse d’arômes. Tout semble être de la revue : minéral (très silex), fruit jaune frais, floral et terriblement frais. La bouche est à la hauteur du nez. Si une légère impression de dissociation demeure, le sentiment d’équilibre est impressionnant avec une superbe acidité portante, des fruits jaunes au croquant superbe, le tout vraiment sur le registre de la pureté cristalline… envolés les sucres trainants du vin précédent !
La finale est « déjà » somptueuse, longue, saline et tout le monde s’accorde à qualifier la buvabilité de ce vin époustouflante malgré ses 46 grammes de sucre embarqués ! Génialissime !
(Note personnelle : 19/20 – Note moyenne du groupe : 18,6/20 +/- 0,6)

4.7.2. Dégustation du 05/10/2011

La robe a encore gagné en notes dorées luminescentes depuis l’année passée, mais bizarrement (est-ce un effet de séquence), le nez s’est, lui, très fermé. Quelques notes pierreuses et de fruits blancs se démarquent tout de même à l’aération. L’acidité est très marquée, surtout à l’attaque. Ensuite, c’est la minéralité qui prend le pouvoir mais elle est malgré sa puissance tempérée par une légère impression de creux, de perte de cristallinité et les notes de champignon sensibles çà et là amollissent un peu le vin. Ce genre de pinot gris se ferme-t-ils à certaines phases de leurs vieillissement, j’ai pas trop de réponse, mais il est certain qu’avec plus d’intégration des sucres, on devrait retrouver plus d’équilibre et de fraicheur. Rendez-vous dans un an.  
(Note personnelle : 16,5/20 – Note moyenne du groupe : 17,6/20 +/- 1,2 ; acidité perçue (moyenne) : 3,5/5 ; sucrosité perçue (moyenne) : 3,1/5 ; minéralité perçue (moyenne) : 3,6/5)

4.8. Gewürztraminer Grand Cru Hengst 2008

Mise en bouteille : 9/2009; Alcool acquis : 14.2° alc ; Sucres résiduels : 47 g/l ; 4.1 g/l H2SO4, pH: 3.6; Rendement : 28 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2013-2033+ ; Age moyen des vignes : 57 ans ; Surface : 1.42 ha ; Terroir : Marnes calcaires de l’oligocène, exposé sud sud-est, pente moyenne à forte. Indice 4.

 zh200810

4.8.1. Dégustation du 08/09/2010

La robe est nettement sur le registre du doré encore légèrement pâle. Le nez est assez intense et très vite les notes citriques et les arômes variétaux font le ménage avec une impression, déjà, de manque de fraicheur. La bouche est tout sauf précise, à ce stade, les sucres trop présents, la dissociation évidente des composants ne faisant rien pour sauver ce soldat « Hengst ». La fin de bouche est au diapason, avec l’amertume qui vient en plus s’en mêler. Heureusement que l’on perçoit de la concentration et que la confiance dans l’art du maître nous fait garder confiance dans l’avenir de ce vin, cela modère la note. Autre facteur à tenir compte, difficile de passer aussi derrière le sublime Pinot Gris Rangen… l’effet de séquence est plus que probable.
(Note personnelle : 13,5/20 – Note moyenne du groupe : 14,5/20 +/- 1,1)

4.8.2. Dégustation du 05/10/2011

Si l’or était pâle l’année passée, ici, il s’est considérablement densifié dans la robe, tout en conservant un superbe brillant.
Le nez n’est pas vraiment marqué par  le variétal, il est plus proche d’un nez de pinot gris avec ses fruits blancs, auquel viennent se surajouter des notes de musc,  d’écorce d’orange et des épices un peu piquants.
En bouche, si à l’attaque, l’acidité équilibre assez bien le gras du sucre et l’amertume proche du coing, plus on évolue, plus cela sucraillonne, particulièrement en finale, grasse, alcoolisée et poivrée. A noter, sur cette même finale, l’apparition de notes plus variétales de pétales de rose. Les soucis rencontrés l’année passée ne se sont pas envolés, ce vin reste à ce stade une énigme, mais son géniteur nous invite à la patience… donc attendons !
(Note personnelle : 13,5/20 – Note moyenne du groupe : 12,8/20 +/- 1,4 ; acidité perçue (moyenne) : 2,2/5 ; sucrosité perçue (moyenne) : 3,8/5 ; minéralité perçue (moyenne) : 2/5)

4.9. Gewürztraminer Clos Windsbuhl 2008

Mise en bouteille: 9/2009; Alcool acquis : 12.8° alc ; Sucres résiduels: 56 g/l ; 3.4 g/l H2SO4, pH: 3.7; Rendement : 35hl/ha ; Optimum de dégustation: 2015-2033+ ; Age moyen des vignes : 38 ans ; Surface : 0.9 ha ; Terroir : Calcaire Muschelkalk exposé sud, sud-est ; Indice 4.

zh200811 

4.9.1. Dégustation du 08/09/2010

La robe est dorée claire. Le nez est légèrement ouvert avec pas mal de complexité offrant de la fraicheur, de fines notes fruitées, du floral… mais aussi une petite perception de rondeur. La bouche est nettement plus tendue que pour le Hengst, plus précise aussi mais la sucrosité semble à nouveau partiellement intégrée, ce qui perturbe alors que les autres composantes de ce fin sont nettement plus sur la finesse. La finale confirme cette impression de finesse attaquée sur les flancs par un sucre pas très sapide. A revoir, comme pour le vin précédent.
(Note personnelle : 14,5/20 – Note moyenne du groupe : 15,3/20 +/- 1,3)

4.9.2. Dégustation du 05/10/2011

La robe est dorée mais plus clair que pour le précédent Hengst. Si le caractère variétal est aussi plus présent au nez, il est très bien complexifié par de belles notes de fleurs, de petits fruits non sans ressentir de la fraicheur.
En bouche, toujours par rapport au Hengst, on retrouve plus d’’équilibre, cela grâce à plus de vivacité apportée par une acidité plus marquée ainsi que des sucres bien mieux intégrés. Si aromatiquement, on retrouve du variétal, la salinité très présente rappelle le terroir calcaire du Windsbuhl. La longueur, sans atteindre des sommets est à la hauteur de nos attentes. Un vin qui paraît surtout encore en devenir.
(Note personnelle : 15,5/20 – Note moyenne du groupe : 16/20 +/-1,3  ; acidité perçue (moyenne) : 2,8/5 ; sucrosité perçue (moyenne) : 3,7/5 ; minéralité perçue (moyenne) : 2,8/5)

4.10. Gewürztraminer Grand Cru Rangen de Thann “Clos Saint-Urbain” 2008

Mise en bouteille : 9/2009; Alcool acquis : 12°; Sucre résiduel: 64 g/l ; 6.1 g/l H2SO4, pH: 3.5; Rendement: 27 hl/ha ; Optimum de dégustation: 2016-2033+ ; Age moyen des vignes : 45 ans ; Surface : 0.5 ha ; Terroir : Volcanique (tufs & grauwackes), exposé sud, très forte pente. Indice 4.

 zh200805

4.10.1. Dégustation du 08/09/2010

La robe est d’un or resplendissant. Au nez, après une impression fugace d’ammoniaque à peine perceptible 1 à 2 secondes, le minéral se développe tout en finesse, réduisant à néant les notes fruitées variétales éventuelles et rappelant furieusement l’impression donnée par le riesling du même terroir. L’attaque de bouche est marquée par une acidité très vive qui vient porter la salinité et les notes minérales tout au long de trajet buccal et bien après, écrasant les sucres résiduels au rang d’insectes microscopiques sous un bulldozer qui a décidé de jouer en délicatesse (vous me suivez ?). Bref, c’est excellent et on est heureux que ce vin vienne, à ce stade, bien entendu, sauver la maison gewürztraminer.
(Note personnelle : 17,5/20 – Note moyenne du groupe : 16,7/20 +/- 1,0)

4.10.2. Dégustation du 05/10/2011

L’or resplendissant de l’an passé n’a pas terni d’un iota. Le nez est intense, bourré de notes tourbées et fumées si caractéristiques du Rangen. Viennent s’ajouter à cela des fruits mûrs et un soupçon de beurre.
En bouche, l’équilibre atteint la perfection entre la tension très vive, le fruit et ses notes un peu confites, l’intégration superbe des sucres et cette salinité gigantesque. Un sommet !  La finale est au diapason énorme, pure, cristalline, croquante, sans amertume. Un très très grand vin qui a encore gagné des galons en un an.
(Note personnelle : 18,5/20 – Note moyenne du groupe : 17,9/20 +/- 1,3 ; acidité perçue (moyenne) : 3,7/5 ; sucrosité perçue (moyenne) : 2,9/5 ; minéralité perçue (moyenne) : 3,5/5)

5. Conclusions

5.1. Dégustation du 08/09/2010

Pour les besoins de cette sorte d’étude que nous entreprenons en ce mois de septembre 2010, une première dégustation était forcément nécessaire. Il est certain que l’on est fort tôt pour donner un avis très objectif au vu de la moitié des vins goûtés où les sucres résiduels ne sont pas encore intégrés, principalement sur les pinots et les gewürztraminers.
Mais certains enseignements peuvent malgré tout être tirés. Quand les sucres sont maîtrisés, comme sur la majorité des rieslings et le muscat, l’impression de pureté et de lien au terroir par la minéralité domine.
La concentration des vins est souvent impressionnante et il est heureux que l’acidité soit aussi importante. Les Rangen sont déjà flamboyants de précision et de pureté et on y retrouve beaucoup de buvabilité alors que ce n’est pas forcément le cas pour les autres crus dégustés, et cela est assez discordant par rapport aux 2007 qui étaient, eux, globalement très buvables dans leur prime jeunesse.
Vivement la prochaine dégustation, dans un an, pour remettre tout cela en question…. Et un énorme merci à John pour avoir imaginé tout ce concept de dégustation, merci aussi aux « Copines » pour l’ambiance… toutefois un peu plus dans le recueillement que d’habitude.

5.2. Dégustation du 05/10/2011

Un an après la première dégustation (qui correspondait à la fin de la période de vente moyenne des 2008 du domaine Zind-Humbrecht), on peut déjà facilement avancer que les choses n’ont que très peu évolué en l’état.
En effet, très peu à aucune note aromatique secondaire ne sont perceptibles, les robes des vins ne marquent pas d’évolution marquante et certains vins paraissent encore même à la limite de la mise en place.
Les acidités sont encore globalement, elles-aussi, très jeunes, très strictes et tendues, particulièrement sur les rieslings, ce qui permet aux vins avec une sucrosité perçue de l’ordre de 2 à 2,5/5 de proposer une plus grande buvabilité que les vins plus sévères. Les amertumes, nobles le plus souvent, sont quant à elles assez bien présentes.
Il est aussi très intéressant à ce stade de remarquer que les Rangen continuent à faire le plein des voix de préférence… Doit-on dès lors s’étonner qu’ils mènent largement la danse pour ce qui est de la perception de minéralité et pour ce qui est de l’équilibre entre l’intégration des sucres et l’acidité ? C’est particulièrement sensible au niveau des gewurztraminers où le Rangen se détache par le côté pur et intégré de ses… 54 g de sucres !
A l’exception du Clos Haüserer, une forte impression de matière, d’extrait, nous a aussi animé tout au long de la dégustation. On reste clairement sur un niveau exceptionnellement élevé.
Enfin, il reste l’énigme du Gewürztraminer Hengst, déjà relativement déprécié lors de la première dégustation, qui ne progresse pas 12 mois plus tard, au contraire, et cela, particulièrement dans le sens de l’intégration de ses sucres. Olivier Humbrecht nous garantit toutefois que la patience des années nous fera changer d’avis… laissons-lui plus que le bénéfice du doute, qui mieux que lui à l’expérience de l’évolution de ses propres vins ?

TO BE FOLLOWED....

Publicité
Publicité
Commentaires
J
du grand art assurément...tant de la part du vigneron que du dégustateur-rapporteur...<br /> ces 2008,en général magnifiques,semblent encore sublimés par la griffe ZH!
Répondre
F
Belle dégust Maître... Zind est vraiment dans le hors classe et je suis content d'avoir encavé quelques unes de ces bouteilles...
Répondre
Publicité