Felicità. E' un bicchiere di vino, con un panino la felicità...

Avant-propos

Cet avant-propos pourra paraître simpliste surtout si vous êtes un fin gastronome mais je dois reconnaître que pendant presque 50 ans la gastronomie italienne s’est le plus souvent résumée, pour moi, à Bruxelles,  au spago maison ou chez les potes, version ultra roborative de la recette ancestrale, avec cet éloignement qui fait qu’à côté de la tonne de pates bien molles et de la demi tonne de viande, un paquet d’un mètre cube d’emmenthal râpé venait couronné le tout. Lier les pâtes à la sauce à même la poêle, impensable, évidemment. Mon autre approche de la gastronomie de la botte  en Belgique se résumait à de nombreuses expéditions dans des pizzerias des plus classiques qui proposant des cartes kilométriques de tout ce qui avait pu un jour faire l’objet d’une recette en Italie, le tout à la sauce belge, évidemment, mais proportionnellement à des lieues de la notion de produit frais et de terroir.
Et faut-il parler des vins ? Ben non, comme disait ma grand-mère, on a vu assez d’horreurs pendant la guerre, alors, basta. Enfin, non, pas basta, parce que je reste effaré de constater que ce type de restaurants sont souvent les plus mauvais ambassadeurs d’une viticulture séculaire qui n’a strictement rien à envier à la France.
Bien sûr, dans la capitale belge comme ailleurs, Il y a bien quelques exceptions, mais elles sont alors pour la plupart « constellées » et donc peu ou pas accessibles à la majorité des amateurs d’émotions culinaires à prix humains.
Bref, voilà pendant trop d’années mon triste constat de la gastronomie italienne… en Belgique.

Voyage, Voyage

Il a fallu que je commence à m’expatrier vers la botte pour mes vacances, et plus particulièrement en Toscane, pour découvrir une cuisine simple, goûteuse, basée avant tout sur la fraicheur du produit, pour tomber raide dingue de cette autre gastronomie italienne, la vraie. Et le choc fut d’autant plus émotionnel  que là-bas, les vins de qualité à des prix ultra-abordables font intimement partie du repas. C’est purement culturel, ancré dans les gènes des Italiens, je ne vous apprendrez rien.
Le plus excitant de ces découvertes était certainement les Osterie, tant la simplicité de leur carte collait à l’évidence de la qualité des produits et tant l’approche de la découverte des vins le plus souvent de la région y est intimement lié.
Il serait, pour autant, incompréhensible d’oublier de mettre en avant, tantôt, les remarquables Enotece, tellement conviviales et où on est loin de ne faire que boire, tantôt, la persistance de la notion du petit commerce de produits frais et locaux, à travers les nombreux marchés et les petites épiceries (Negozo). A nouveau, il est plus que probable que je ne vous apprendrez rien. 

 Caffè al Dente

Au retour de ces voyages, il m’était devenu une obsession de retrouver un peu de tout cela en Belgique. Le tam-tam local a heureusement très vite répondu à mes espérances en m’envoyant au cœur de la commune d’Uccle au… Caffè al Dente.

C’était il y a 4-5 ans ; à l’époque, le restaurant existait depuis 5 ans déjà. Dès le premier jet, ce fut une véritable claque, le patron d’origine romaine, Michele Rosa et son équipe m’ayant d’emblée transporté dans cette Italie gastronomique que j’affectionne tant désormais.
En fait, on peut réellement avancer  que le Caffè al Dente est le seul restaurant italien de Bruxelles qui peut se permettre de clamer haut son titre d’Osteria.  

 Je m’explique :

Dès mes premières visites, j’ai été séduit par un cadre sobre mais chaleureux et vivant, par de vraies déclinaisons « Antipasti-Primi-Secundi-Dolci » ne dépassant jamais 3 plats par catégorie, ceux-ci étant totalement spontanés avec des produits d’une fraicheur incroyable (rien que l’olio, une tuerie !), tout cela avec une véritable obsession du "Gusto" et du terroir. Parmi mes incontournables, les linguine al frutti di mare, les pasta alle vongole, les penne all'arrabiata, les pasta con salsiccia e succa et une carbonara magique !

A côté de cela, une carte des vins qui, à l’époque de ces premières visites, déjà, débordait des meilleures références du moment. Cette carte était l’incontournable témoin de la passion de Michele pour les vins d’Italie, pour les vins de son Italie.

Grande originalité pour la restauration bruxelloise mais finalement d’une grande cohérence avec les Osterie d’Italie, les vins étaient affichés à la carte avec un supplément de 5 à 15 euros par rapport au prix que l’on trouve chez les importateurs voire même en direct des domaines !
Autant dire que cela change la nature de l’addition, quand on ne doit pas payer « triplette » sur un grand Brunello, tel un Biondi Santi, toujours à la carte à 105 euros, alors qu’on le trouve à Montalcino difficilement en-dessous de 90 euros…
Ce qui ne m'était pas non plus passé inapreçu, c'est que Michele n’hésitait pas à proposer un service de type Enoteca en acceptant de vendre les bouteilles "à emporter" pour un prix inférieur à celui de de sa carte. Un régal pour les oenophiles passionnés ! Une ébauche de la fête qui allait suivre...

Je suis donc devenu lentement mais surement un afficionado des lieux, ce qui m’a permis de suivre et d’applaudir toute l’évolution ultra dynamique des dernières années, faisant de ce restaurant un des lieux incontournables de la gastronomie bruxelloise. Cette évolution est le fruit d’une amitié alliée d’une collaboration professionnelle entre Michele et Lakdhar, un pro de la communication doublé d’un passionné sanguin de l’Italie, des italiens, de leurs produits et de tout ce qui tourne autour du ballon rond... Et pour que le patron garde son sourire... évitez de vous déclarer supporter de la Lazio, ici on "respire" la Roma!

Les Compères

Suite à cette collaboration, l’Osteria déjà si sympathique s’est agrandie pour accueillir une vraie Enoteca « comme là-bas, dis » et un Negozio qui, par son choix extrêmement qualitatif de produits, aujourd’hui acheminés directement d’Italie, possède un air de dépaysement incontournable.
Bref, aujourd'hui, il y a toujours quelque chose à faire au Caffè al Dente, la formule la plus complète étant ses emplètes du marché dès 10 heures, l'apéro à 17H00 puis le repas à 20H00 !

Et comme si ce n’était pas tout, la carte des vins s’est résolument tournée du côté des « Vins Naturels » grâce à une belle collaboration avec le caviste Cantucci ainsi que des voyages de plus en plus fréquents vers les domaines les plus représentatifs de ce mouvement en Italie ou encore dans les salons où « ça bouge » sur le boire bien, bon et sain. On y voit se cotoyer des quilles de chez Foradori, Trinchero, Podere le Boncie, Brovia, Vodopivec, Musella, Massa Vecchia, Colombaia, Cascina degli Ulivi, Rinaldi, Pian dell'Orino, Lamoresca, Cos... J'en passe et des meilleures. Un véritable paradis pour les buveurs de « glou » et donc une raison supplémentaire voire, en fait, incontournable de faire de l'endroit son quartier général et qui justifie plus que largement le fait de m’étendre ici sur ce magnifique ilôt de bonheur gastronomique.

Ce qui est par dessus tout remarquable, c’est l’osmose qui règne entre toutes les entités du Caffè al Dente pour former finalement un « tout » alléchant. Si le jambon des Marches, directement importé par le restaurant, se retrouve logiquementt souvent dans l’assiette des antipasti, il est tout aussi logique qu’il soit un des produits les plus conseillés au Negozo par la toujours souriante Lana. Vous avez aimé un vin au repas, retrouvez-le un autre jour à l’apéro à l’Enoteca ou même revenez pour en acheter pour chez vous… toutes les formules, du verre à la cave, y sont décidément possibles.

Et il ne faut pas oublier les chefs d’orchestre des vins : quand on a pas affaire à Michele lui-même, les deux principaux sommeliers, Federico Mazzoni et Olivier Cavadino, sont particulièrement affutés pour faire découvrir  les dernières petites merveilles de flacons bien vivants, le tout avec une simplicité hors norme, et avec une attention particulière, parce que ce qui compte ici, c’est de voir le visage du client rayonner.
Récemment, Federico, me disait avec son accent inimitable : « Vraiment avec toi, c’est facile, tout ce que je te conseille semble te réjouir ! ». Piacere  Federico! Bien sûr que tout me réjouit… quand le conseil est à la hauteur !

Et tant qu’on est à parler des membres importants de l'équipe, j’en profite pour saluer Cinzia Iosca & Matteo Gentile qui sont les maîtres de la cuisine, respectivement à l'Osteria et à l'Enoteca et réussissent chaque jour à garder, à traver leurs plats, la tradition de la maison, en terme de goût, de simplicité et de véracité.

Une autre des grandes qualités des lieux, c’est que ça « bouge » tous le temps, un peu comme si tout y était « en mouvement », articulé sur une communication sans faille, un site web très complet, souvent renouvelé et accompagné de mailing, des pages Facebook vraiment dynamiques, et surtout… la très originale « Gazetta », véritable journal tranche de vie italienne dont la sortie trimestrielle est toujours accompagnée, à l'Enoteca, d’un Aperitivo tout en musique où on se bouscule littéralement !

Ça bouge encore plus quand la Squadra est sur la pelouse, Michele et Lakhdar n’hésitant pas, même les jours de fermeture à ouvrir la terrasse, installer le grand écran, préparer les Spritz mythiques pour y accueillir les tifosi en délire…. Rien que du bonheur, qu’on soit ou non supporter des Azurri. On ne les remerciera jamais assez pour toute cette énergie !

Bref, quand on aime l’Italie, celle dont on sent le coeur battre comme la respiration du Stromboli, la vraie place to be, c’est Caffè al Dente, définitivement!

Pour en savoir plus

http://www.caffealdente.com/
https://www.facebook.com/caffe.aldente
http://www.facebook.com/pages/Caff%C3%A8-al-Dente/113283302048659

Les images de cet article sont tirées du website et des pages Facebook du Caffè al Dente avec l'autorisation de Michele Rosa