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29 novembre 2012

Elisabetta Foradori

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Si Elisabetta Foradori m’était contée…

Voici un "long" texte qui parle de tout ce qui tourne autour de la vigneronne, de son Trentino et de ses vins. La première partie est consacrée à Elisabetta et son domaine, la seconde à une visite au domaine associée à la dégustation de nombreux de ses vins et la troisième au repas de gala de novembre 2012 à Bruxelles avec la vigneronne entourée de nombreux amis.

1ère partie : Elisabetta et son domaine

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« L’homme moderne a oublié …
… que presque toutes les activités humaines gravitent autour de l'agriculture »

Elisabetta Foradori est sans nul doute à l'origine des vins les plus célèbres de la région montagneuse du Trentin.  Plusieurs de ses vins sont issus d’un cépage rouge local et ancestral, le Teroldego, qu’elle a fait renaître dans son domaine familial au prix de 20 années d’un exceptionnel travail accompli.

Mais Elisabetta n’est pas ou n’est certainement pas qu’une étoile du vin, elle est avant tout une poétesse de la vie à travers la vigne, assurément une des personnes les plus captivantes que j’ai pu lire ou rencontrer. Pour beaucoup d’amoureux du vin italien comme pour moi, elle a réussi à faire d’un simple intérêt pour le vin, une véritable dimension spirituelle.

J’espère à travers ce texte, largement inspiré de ses écrits, vous transporter, même infiniment peu, vers cet espace où œnophilie et spirituel se rejoignent dans un monde qui s’appelle nature et vie et, où, tout semble en harmonie, une harmonie que j’ai toujours retrouvé dans des œuvres musicales comme Pavane de Gabriel Fauré, La Moldau de Bedrich Smetana et Cavatina de Stanley Meyers et que j’invite à écouter ou réécouter en lisant tout ceci… 

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Des Dolomites à …

Les Dolomites sont une chaine de montagne qui s’étend principalement sur les provinces de Trentin et Haut-Adige (Trentino-Alto Adige) mais aussi de Vénétie (Veneto) et du Frioul Vénétie Julienne (Friuli Venezia Giulia). Leurs sommets qui peuvent atteindre 3000 mètres, alternent avec de nombreuses vallées où l’homme s’est largement installé.  

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Parmi les activités humaines de la région, la viticulture est aujourd’hui très répandue, principalement dans sa partie Ouest où de nombreuses preuves de culture de la vigne ont été répertoriées au moyen-âge bien que la viticulture y existait sûrement  aux périodes étrusques et romaines. Mais il s’agissait certainement  d’une production visant à satisfaire la demande locale et ce avec des vins aux teneurs alcooliques assez faibles qui ne permettaient certainement pas une grande garde. Si l’Alto Adige voisin avait vu naître dès le Xe siècle, une réelle forme de viticulture qualitative sous l’impulsion des autorités ecclésiastiques locales et avec le bénéfice de l’axe commercial développé entre l’Autriche, la Bavière, la Bohème et la Suisse, il faudra attendre le XVe siècle pour trouver des évidences de commerce de produits viticoles qualitatifs en Trentin. Antérieurement à cette période, les monastères et les marchés du Veneto et de la plaine du Pô se fournissaient principalement dans les vignobles de Vicenza et de Vérone ; les seuls produits du Trentin considérés comme commercialement intéressants étaient le bois, le foin, et l’huile d’olive issue essentiellement des alentours du lac de Garde.

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C’est donc à partir du XVe que l’implantation des cépages Teroldego, Marzemino, Gocciadoro, Rosso d’Isera, Malvasie et  Schiava a enfin permis de réaliser des vins avec des teneurs alcooliques plus élevées, permettant dès lors une conservation plus importante et des transports à longue distance. A cette nouvelle forme d’exportation, devait aussi répondre une plus grande précision dans l’identification des cépages et de l’origine des vins. Une des premières formes de réglementation qui en découla fut le contrôle de la maturité pour les vendanges. Plus l’activité commerciale viticole se structura et se réglementa, plus la production de vins connut une croissance importante, ce qui ne manqua pas de créer de fortes rivalités avec le voisin d’Alto Adige pour le contrôle du très convoité accès aux marchés du Nord .

En 1709, une période de gel sans précédent modifia complètement la viticulture européenne, résultant en la destruction de nombreuses espèces génétiques végétales qui s’étaient développées lors des siècles précédents. On assista dès lors à l’avènement de l’utilisation de cépages plus productifs et surtout plus résistants au froid. Bien plus encore, au 19e siècle, les maladies comme le phylloxera, l’oïdium et le mildiou, qui avaient déjà ravagé une grande partie de la viticulture européenne, atteignirent le Trentin, décimèrent ses vignes et provoquèrent l’introduction de cépages encore plus « exotiques » avec lesquels le vignoble fut très largement replanté. Fort heureusement la géographie montagneuse de la région permit aux vallées les plus protégées de continuer la culture de variétés comme le Teroldego, le Marzemino et la Nosiola, assurant ainsi la sauvegarde du patrimoine ampélographique historique du Trentin.

Suite à sa situation de région frontière du Nord et en fonction des nombreux changements politiques auxquels il dut toujours faire face, le Trentin ne put réellement jamais se réclamer d’une image de région viticole italienne à part entière, ce qui nuisit plus que partiellement à son développement économique. Il fallut en fait attendre la fin de la première guerre mondiale pour voir les échanges commerciaux Nord-Sud réellement s’intensifier et doper vraiment l’exportation des vins. Ce nouvel et vrai essor commercial devait s’accompagner dans les années soixante des incontournables effets de la mécanisation, de l’élévation des rendements ainsi que de la recherche d’un goût uniformément standardisé promouvant à nouveau l’utilisation de variétés internationales. Bien plus que les colères de la nature, tout cela réduisit l’héritage variétal ancestral presque à néant.

Paradoxalement, cette dynamique allait tout de même définitivement profiter au Teroldego, cépage assez prolifique, qui, par sa très bonne adaptation au climat et aux sols drainés de la région, s’avéra un bon modèle économique. L’obtention de quelques clones hyper résistants et hyper productifs dopa encore sa réimplantation. Il n’est donc pas étonnant qu’il fut en 1971 le premier cépage du Trentin à obtenir la DOC.

Aujourd’hui, la région du Trentin représente environ 1,5% du vignoble italien et comprend une soixantaine de domaine assez petits dont 80% apportent encore leurs raisins à la cave coopérative.

Face à l’utilisation classique et  productive du Teroldego, il fallut attendre la période vraiment contemporaine pour voir certains domaines se réorienter à travers ces variétés ancestrales, en recherchant cette fois leur aspect qualitatif, en faisant réapparaître une vraie biodiversité, en diminuant drastiquement l’usage d’intrants chimiques ainsi que l’importance de la mécanisation dans toutes les phases de la production. Ce mouvement permit ainsi la renaissance de vins témoins de l’expression unique d’un terroir et de ses fruits. C’est clairement dans ce mouvement qu’Elisabetta Foradori a inscrit son travail au  sein de « ses » Campo Rotaliano et Fontanasanta

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… Elisabetta Foradori

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Le domaine viticole principal, situé à Mezzolombardo dans le Campo Rotaliano fut fondé en 1901 et acheté en 1929 par Vittorio Foradori, le grand-père d’Elisabetta. Son fils Roberto en pris la succession en 1960 et c’est sous sa direction que furent commercialisées les premières bouteilles de « Foradori ». Suite à son décès prématuré en 1976, son épouse, Gabriella assure l’intérim avant qu’Elisabetta, en 1984, après ses études à l’école viticole San Michele All’Adige, ne produise son premier millésime à l’âge de 20 ans. Si cette prise de relais peut paraître avoir été bousculée par les évènements, Elisabetta insiste sur le fait que sa destinée de vigneronne a toujours été inscrite en elle, depuis sa prime enfance, elle qui se passionna pour la botanique dès ses 14 ans. D’autant, elle avoue ne jamais avoir subi de vraies pressions familiales pour assurer cette succession qu’elle assume toujours avec plus de passion, en plus de son rôle de mère de 4 enfants. Je me suis tout de même amusé à lui demander ce qu’elle aurait désiré faire en dehors de la vigne et comment elle imaginait l’avenir… elle m’a répondu qu’elle aurait probablement fait de la musique ou des études de littérature si la vigne n’avait pris le dessus et qu’elle souhaite probablement un jour « se retirer » en pleine nature, plus haut dans les montagnes, là où elle séjourne déjà, pour y élever des vaches dans le but de produire des fromages… comme un lien indéfectible à la nature.

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Mais revenons à son cheminement de vigneronne : Persuadée que l’histoire de sa vie sera intimement liée au Teroldego, le grand cépage ancestral de la région, Elisabetta effectue dès 1985 des sélections massales, amenant à l’enregistrement de 15 clones différents. Son idée directrice est de sélectionner chaque clone en fonction de sa meilleure adaptation, interaction avec chaque microcosme. Parallèlement, elle se préoccupe de développer le concept « de la graine à la grappe ». Dans ce but elle collabore très largement avec une université milanaise pour l’obtention de variétés  naturelles de Teroldego à partir des graines, variété qu’elle regreffe ensuite dans ses vignes. Aujourd’hui, c’est plus d’une centaine de variétés de Teroldego qui peuplent les vignes du domaine…

En 1986, le premier Granato, cuvée emblématique du cépage est produit. Le succès est immédiat et … foudroyant. Dans les années qui suivent, Elisabetta proposera encore d’autres cuvées comme Morei, Sgarzon, Ailanpa, Karanar, en rouge et Myrto, en blanc. Certaines de ces cuvées demeurent aujourd’hui, d’autres ont disparu, de nouvelles sont apparues… tout reste toujours « évolution » au domaine.

Malgré le succès que connaissent ses vins, Elisabetta s’avoue, fin des années 90, fatiguée par ce qu’elle produit. Elle se tourne alors naturellement vers la biodynamie qu’elle adopte définitivement en 2002, cherchant ainsi à apporter plus de pureté et d'équilibre à ses vins.

41Dynamiseur

En 2007, elle rejoint le consortium Vinatur et en 2009, elle reçoit l’agrément Demeter. Si elle respecte au fond d’elle-même ce label, elle regrette toutefois sa « mondialisation » et son orientation économique actuelle, raison pour laquelle elle ne le revendique pas sur ses étiquettes. Elle conserve toutefois des relations très positives avec les autorités du label et collabore à des réflexions communes.

40Préparation des tisanes

Dans le même ordre d’idée, elle voit aujourd’hui plutôt d’un très mauvais œil la récupération économique des dernières décisions européennes sur le label bio du vin.

43Site de compostage à travers les vignes

Elisabetta va littéralement rayonner à travers ses vins dès la fin des années nonante à travers toute l’Italie ainsi que dans nos régions plus nordiques. Il n’y a là rien de fort étonnant vu qu’en plus d’une rare simplicité, elle est animée d’une passion qui parvient à réunir intelligence, travail et art, son intérêt pour les travaux du collectif Arte Sella qui réunit art et nature en est un exemple.

A travers sa participation au groupe « Renaissance des Appellations », elle impose tout autant le respect de ses pairs, plus particulièrement au sein des Donne di Vini (Femmes du vin) qui en font un de leur modèle d’admiration.

42Rouleaux de bois de vigne pour le compostage

Voulant toujours aller de l’avant, elle loue en 2007 les terres agricoles d’un domaine au-dessus de Trente, « Fontanasanta » afin d’y revaloriser un autre cépage blanc autochtone pratiquement oublié, la Nosiola. Parallèlement, à la recherche de l’obtention de la meilleure expression pour ses  vins ainsi que de la meilleure solution de macération pelliculaire, elle est vite fascinée par la qualité du fruit obtenue par la vinification en amphores par le domaine COS en Sicile et par plusieurs vignerons en Espagne d’où est originaire cette méthode de vinification. Elle décide en 2009 de franchir le pas et de vouer certaines de ses cuvées à cette forme d’élevage. Cette technique, elle l’applique alors en blanc, sur le Fontanasanta Nosiola (100% nosiola), ainsi qu'en rouge, sur les cuvées Sgarzon et Morei (100% teroldego). Une petite expérience est actuellement en cours sur son autre cépage blanc, le Manzoni Bianco, mais sans les peaux. A terme, toutes ses cuvées devraient connaître l’amphore, même le Granato. Elle produit ainsi des vins d'une pureté désarmante, d’autant que, plus que jamais, elle cherche pour ces vins de les inscrire dans le courant des « Naked Wines » ou vins naturels.

08Photo originale d’Andrea Scaramuzza

Il faut encore ajouter à ce parcours l’association, depuis 2002, avec ses amis Giovanni Podini et Thomas Widmann, Elisabetta dans le domaine Ampeleia près du village toscan de Roccatederighi dans l’intérieur des terres de la Maremme (30 km des côtes) sur le sommet des collines de Massi. Ce projet a pour but de travailler sur la biodiversité des grands cépages méditerranéens.

Toujours dans le côté associatif, Elisabetta est largement à l’origine de la naissance du groupe « I Dolomitici, 11 Vignerons Libres des Dolomites » qu’elle partage avec Eugenio Rosi, Castel Noarna, Cesconi, Elisabetta Dalzocchio,  Maso Furli, Molino dei Lessi, Gino Pedrotti, Francesco Poli, Vignaiolo Fanti et Vilar. On y retrouve tous les ingrédients du travail d’Elisabetta mais additionné de chaque autre expérience de chaque partenaire, dans un grand esprit de liberté. Un premier vin est né de cette réunion : Ciso, issu de vignes francs de pieds centenaires de Lambrusco dont les vignerons ont empêché l’arrachement en louant les parcelles. Pour en savoir plus sur I Dolomitici, cliquez ici.

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Cette permanente évolution, la volonté de comprendre la nature tant à la vigne qu’à la cave et 10 ans de préparations biodynamiques lui ont permis d’appréhender combien le respect et la compréhension des cycles naturels sont directeurs d’un grand vin. A travers les joies, les peines, les certitudes et les doutes, la toujours jeune dame du Campo Rotaliano a parcouru un incroyable chemin pour en arriver à produire aujourd’hui des vins aussi « vivants » et « purs » que ses yeux profonds vous emmènent comme des racines aux tréfonds du terroir. Au-delà de la revalorisation d’un terroir, de cépages ancestraux, Elisabetta Foradori nous offre bien plus que du vin, elle nous offre de la vie !

Comme je pense qu’Elisabetta m’en voudra de lui verser tant d’honneurs, je me permettrai simplement de modérer tout ceci en assimilant à son travail et à sa réussite, sa Maman, le cordon bleu du domaine, ses enfant dont, Emilio, son fils, qui, après des études de politique et de philosophie, termine aujourd’hui sa formation de vigneron dans un groupe international de jeunes vignerons à Montpellier. Il y a lieu aussi de ne pas oublier d’associer à cette réussite  ses plus proches collaborateurs : Maria, Elena, Daniela, Nely, Davide, Alessandro, Loris, Ennio, Lorenzo, Remo et Ezio.

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Les terroirs

Le Campo Rotaliano

Même si les vignes se situent  aux abords directs de l’agglomération de MezzolLombardo, ill paraît évident à l’esprit, dès le premier regard, que ce site d’une beauté remarquable  a trouvé grâce à Elisabetta et sa famille.

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Photo originale de Stefano Scatà

Situé à la frontière entre le Trentin et l’Alto-Adige, à une vingtaine de kilomètres au Nord de Trente, le Campo Rotaliano est une vallée de 400 hectares formée par la confluence de la rivière Noce et du fleuve Adige et encaissée entre les falaises très massives des montagnes qui l’entourent. Cette vallée d’une altitude moyenne de 270 mètres a été de tous temps une terre de passage pour les voyageurs et les marchandises ; déjà, à l’époque romaine, elle jouait un rôle clé en termes de carrefour commercial. De cette situation est né un véritable lieu d’échanges culturels vibrant au rythme des rencontres humaines.

La rivière Noce a littéralement façonné la plaine de cette vallée, charriant en aval des montagnes de nombreux débris rocheux de toutes sortes et divisant au cours des siècles la plaine en deux zones distinctes, chacune possédant son château et son village : Mezzolombardo et Mezzzocorona.

Si dès 1321, un document atteste de la valeur des vignobles de Mezzolombardo, il faut attendre le XVIe siècle pour voir apparaître de la littérature sur le Teroldego dont la culture s’est ensuite intensifiée, devenant ainsi un élément central dans la définition du paysage, de l’économie et même de la communauté de la « Piana Rotaliana ».

Malgré les sévices des inondations très fréquentes jusqu’au XIXe siècle, la valeur viticole de cette terre n’a jamais été mis en doute depuis le Moyen-Age : un sol pauvre et meuble, très drainant, un sol où se retrouvent tous les éléments des montagnes environnantes, protégé des vents et du froid par celles-ci, ce qui résulte en un climat tempéré d’autant que la réflexion de la chaleur du soleil sur ces mêmes montagnes permet encore plus de modérer les grands froids. Au XIXe siècle, le lit de la Noce fut définitivement géré et détourné vers le sud, cette étape permettant à la région d’acquérir sa morphologie actuelle ainsi que de lui éviter la menace des inondations.

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Les sols ainsi libérés se révèlerent très complexes, d’une très grande variabilité qui est, en fait, fonction de la distance par rapport à l’ancien lit de la rivière :  on y retrouvera, selon et en proportions différentes, du sable, des graviers et des galets de différentes natures, des granite et calcaires alpins du massif de Presanella, du grès porphyrique du massif de Ortles-Cevedale, du quartz porphyrique du Penegal, des calcaires alpins des Dolomites (massifs de Roen et de Brenta) et des ardoises avec en surface une couche d’argiles et de limons fertiles. Cette assise a donc avec un incroyable potentiel en termes de diversité de minéralité et de microcosmes, potentiel  qui exige d’être pleinement compris et maitrisé afin de lui permettre de transmettre ses caractéristiques les plus infimes au vin.

L’Azienda se situe au centre des vignes, dans un océan de verdure en plein village. Tout y rappelle la nature foisonnante et nourricière comme les nombreux sites de compostage.

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Photo originale d’Andrea Scaramuzza

Autour de la cour centrale, tout respire l’harmonie à travers les œuvres du collectif Arte Stella et la recherche de la beauté dans la simplicité tant au niveau de la salle de dégustation que des entrées des caves.

Chaque cépage a les honneurs d’une cave, foudres, fûts barriques et amphores pour le Manzoni Bianco, amphores pour le Nosiola, barriques et amphores pour le Teroldego… Harmonie … et diversité.

33Entrée de la cave « Manzoni Bianco »

Fontanasanta

Situé à l’Est de Trente à 400 mètres d’altitude sur les hauteurs afférentes à la ville, le domaine s’étend  sur un complexe intéressant où se mêlent agriculture, forêt et zones résidentielles, reflet de l’obtention d’un équilibre délicat entre l’homme et la nature.

Le nom de la Villa « Fontanasanta » provient de la rivière « Salùga » (variante de « Santa aga » (eau sainte)) qui coule à proximité. La propriété est entourée de bois et de vignes, alors que derrière elle, vers Martignano, s’élève le flanc de la vallée orienté au Sud. Sur cette terre vouée ancestralement à la chasse, s’est érigée depuis 1815 une villa de style Empire qui a appartenu à une famille très influente politiquement pour la ville.

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Après avoir terriblement souffert des exodes et des sévices de la seconde guerre mondiale, la propriété, très endommagée, est rachetée après le conflit par Carl Von Lutterotti et Annunziata Consolati, son épouse, qui décident d’y superviser la plantation de vergers et de vignes, y établissant ainsi les bases de l’activité agricole actuelle.

En 2007, Elisabetta Foradori prend en location les terres agricoles de la propriété, attirée par l’incroyable équilibre amené par cette eau, miraculeuse ou non, sur le biotope.

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Photo originale d’Andrea Scaramuzza

La terre rougie par l’argile et blanchie par le calcaire a connu une vraie renaissance sous les auspices d’Elisabetta et est devenue un site idéal de production pour le cépage local Nosiola ainsi que pour le Bianco Manzoni dont les racines se mêlent ainsi profondément à cette terre et son histoire.

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Photo originale d’Andrea Scaramuzza

Aujourd’hui les cris du passé ont laissé la place au calme serein, désormais unique protagoniste des lieux, à peine troublé par les bruits de la forêt qui embrasse le vignoble et par les bruits de l’eau qui s’écoule en petits rus.

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Les cépages

Le  Teroldego

Le premier document écrit dans lequel le Teroldego apparaît remonte à 1383, où, dans une activité agricole entre Trente et Povo, un fût de « Vinum Teroldegum » est mentionné pour avoir été utilisé pour payer les intérêts sur un prêt. À l'époque, le cépage semble être cultivé entre Rovereto et le Campo Rotaliano.  Il existe plus de documents du XVIe siècle qui attestent de sa production autour de Mezzolombardo, zone à laquelle il est toujours resté associé jusqu'à ce jour, alors qu’ailleurs, son utilisation a connu des déclins. Il semble que cette spécificité locale soit plus que probablement due à une adaptation spécifique à l’environnement unique que constitue la « Piana Rotaliana », les montagnes qui l’entourent et la nature des sols comme décrits précédemment dans le chapitre « Campo Rotaliano ».

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Le Teroldego est donc clairement un cépage de région montagneuse fraiche aux vallées tempérées, particulièrement adapté à ses sols bien drainés. En plus de sa rusticité,  il possède de la vigueur et une notable capacité de résister aux alea climatiques. Le Teroldego jouit ainsi en ces lieux des conditions exclusives pour exprimer au mieux son caractère floral, épicé ainsi que sa minéralité qui va littéralement boire les variantes de son terroir.

Ampélographiquement, le cépage se caractérise par de grandes feuilles pentagonales à trois lobes, des tiges allongées et pyramidales qui soutiennent des baies moyennes à petites, avec une peau bleue sombre, épaisse et résistante. Il est génétiquement assez proche de la syrah et donc de la Mondeuse. Le fruit est assez faible en tanins mais riche en arôme, en extraits, en acidité et en potentiel alcoolique. Vu son caractère assez prolifique, il est nécessaire de pleinement maitriser ses rendements pour lui permettre d’exprimer pleinement son terroir.

Aromatiquement, on retrouve variétalement des arômes de noyau, de la cerise, des notes de fumée, de végétal herbacé et des amandes.

Le Manzoni Bianco

Suite à la destruction du vignoble par les guerres et les maladies, les chercheurs ont assez vite tenté de redresser la crise du début du XXe siècle par l’amélioration génétique de la vigne au moyen de l’hybridation et de la reproduction. En 1924, à la « Scuola Enologica di Conegliano Veneto », le professeur Luigi Manzoni (1888-1968) mena une série d’expériences pendant 10 ans qui aboutirent  à l'enregistrement d'un certain nombre de clones provenant du croisement de variétés différentes. Parmi elles, le Manzoni Bianco (IM 6.0.13) est certainement la plus réussie. Résultant du croisement entre du Pinot Blanc et du Riesling, cette variété est  maintenant présente dans presque toutes les régions italiennes et plus particulièrement celles de Vénétie,  du Frioul-Vénétie Julienne et du Trentin.

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Malgré sa remarquable capacité à s'adapter à des sols et des climats très différents, il semble bien que le Manzoni Bianco se développe idéalement dans des régions montagneuses avec des sols argilo-calcaire. Dans cet environnement, le cépage produit de petites grappes avec des baies de taille moyenne avec une peau jaune-vert très pruineuse et consistante. Tactilement les vins qui en sont issus  se caractérisent par un très bon équilibre entre la matière, la saveur et l’acidité. De par ses liens au Riesling, il demande une garde suffisante pour exprimer pleinement sa minéralité alors qu’il reste toujours arrondi et floral de par le Pinot Blanc.

La Nosiola

La Nosiola est le seul cépage blanc originaire du Trentin où il fut autrefois très répandu, particulièrement dans la Valle dei Laghi, les collines de Trente, la Pressano et la vallée du Cembra. Ces zones représentent encore les sites plus adaptés à sa culture. Sa description ampélographique date de la fin du 19e siècle mais de nombreuses références laissent supposer qu’au 16e siècle, ce cépage avait un rôle central au cours des banquets et célébrations religieuses de la région.

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Le nom « Nosiola » semble dérivé d’une proximité de plantation avec des noisetiers sauvages qui poussent dans le même habitat vallonné et dont les fruits ont une couleur semblable aux baies de raisin murs.

La Nosiola préfère les sols argilocalcaires avec une faible fertilité, un habitat avec une biodiversité élevée, où les brises de l'après-midi et les températures plus fraîches de la nuit tempèrent la chaleur de la journée permettant au fruit de tenir sur la vigne jusqu'à la fin octobre. C’est une des raisons pour laquelle, dans certaines zones comme le Valle dei Laghi, ce cépage fut utilisé pour la production de Vino Santo, alors qu’ailleurs, il est exclusivement cultivé en sec.

Les feuilles sont assez petites, la grappe est à la fois cylindrique et allongée et les baies jaune-vert cireux ont une peau assez mince.

En raison de son aromatique assez neutre, la Nosiola a été généralement fermentée depuis longtemps sur les peaux. Ainsi une longue macération pendant l’élevage pourra réellement extraire la structure et les arômes qui caractérisent ce vin et lui procurer une grande longévité.

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Viticulture

La viticulture prônée par Elisabetta  est profondément liée aux principes de vie, de biodiversité et d’énergie, la biodynamie étant un facteur majeur pour cette dernière approche.

Avant toutes choses, le fait de travailler « avec » la nature, et non de conditionner celle-ci, à ses besoins améliore l’écoute, anime la pensée et mène à une compréhension plus profonde des processus vitaux. C’est clairement une dimension spirituelle qui est l’élément moteur du travail au domaine bien plus que les aspects matériels liés à la profession. Le respect de la vie appliqué aux sols, à la flore et à la faune a amené Elisabetta à concevoir l’environnement des vignes dans une approche globale avec le but de favoriser au maximum la biodiversité tant des vignes que de leur environnement. Dans cette optique, si les sélections massales demeurent le nerf de la guerre, elles se sont vues largement complémenter par un travail de production de variété de cep à travers le programme « De la Graine à la Grappe ». Des variétés anciennes de fruits et de haies ont été replantées autour et dans les parcelles, la réintroduction de la faune animale du microbiologique aux espèces les plus grandes a été maximisée, de même, une grande variété de plantes a été semée entre les rangs. Malgré l’effet nuisible de l’agriculture intensive qui entoure les vignes du domaine, papillons, insectes et oiseaux prolifèrent aujourd’hui dans le Campo Rotaliano et à Fontanasanta.

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Jardin des plantes « médicinales » destinées à l’homme et… à la vigne !

Si les conditions météorologiques le permettent, seul un travail minimal de grattage sur les 5 centimètres superficiels des rangs est mené. Dans les années très sèches, si la nécessité se fait sentir, les rangs sont labourés. En 2012, par exemple, la pluviosité a été presque nulle tout l’hiver et il est probable qu’un labourage soit pratiqué pour éviter une trop grande concurrence. Le cheval n’est pas d’actualité pour le moment, mais Elisabetta ne renonce pas à y faire appel plus tard... ce n’est tout simplement pas à l’ordre du jour.

16Photo originale d’Andrea Scaramuzza

Depuis 2002, l’utilisation de préparats biodynamiques est venue s’inscrire dans le processus de revitalisation des sols afin de leur redonner l’énergie nécessaire à l’accomplissement d’une osmose totale avec la nature.

Côté plantation et taille, le choix s’est porté presque unilatéralement sur une densité de 6000 pieds à l’hectare majoritairement en taille guyot et en pergola pour le reste alors que cette dernière taille est clairement majoritaire dans le reste de la vallée pour le Teroldego.

Il va de soi que ni produits chimiques de synthèse, ni pesticides ou d'engrais ne sont utilisés. Les vignes sont certifiées ICEA et Demeter depuis 2009.

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Photo originale d’Andrea Scaramuzza

Tous les traitements de la vigne (compost, préparations biodynamiques, etc…) sont planifiés en respect absolu des cycles lunaires. Il en est de même dans le choix de la date des vendanges où l’autre facteur de codécision est la maturité gustative des baies et du noyau. Les vendanges ont lieu en général fin septembre. Elles sont menées manuellement, à l’aide de petits cajots pour respecter le plus que possible la structure des baies, particulièrement pour le Manzoni Bianco, très fragile.

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Vinification

Elisabetta et son équipe prônent la non-intervention à la cave où on tend à ne rien ajouter au vin, le seul souci pour l’homme étant de « guider » ce vin pour que ses caractères naturels puissent s’épanouir pleinement.

Il n’y a pas de pressurage au domaine. Cépages rouges et blancs font simplement l’objet de pigeages journaliers réguliers. Le Manzoni Bianco suit un cycle de vinification classique, alors que pour les autres cépages, les peaux sont conservées pour la macération. Les raisins font aussi classiquement l’objet d’égrappage sauf pour les rouges où, depuis peu, 30 à 40 % des rafles sont conservées pour permettre des macérations plus longues que les 20 jours actuels.

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Photo originale d’Harald Hertz

Pour les macérations, les fermentations et l’élevage, presque tous les contenants connus participent à l’élaboration des différentes cuvées du domaine : le bois des fûts d’acacia et de chêne ainsi que les grands foudres ouverts pour leur capacité à soutenir le vivant, l’argile pour laisser l’énergie du raisin s’exprimer pleinement, le ciment pour son inertie thermique et désormais les amphores espagnoles pour retrouver l’originel du raisin ainsi que sublimer sa minéralité. Certains vins élevés en amphore peuvent faire l’objet d’un affinage ultérieur en fûts de chêne ou d’acacia pendant 2 mois.

L’ensemencement est totalement indigène et la température pendant les fermentations n’est pas contrôlée. Les températures atteignent rarement d’elles-mêmes les 24° en amphores et 25-26° en fûts dans la cave. Si dans certains cas, la température s’avère plus haute, Elisabetta estime que 32-33° ne représentent pas une menace pour la fermentation de ses vins. Tous les blancs font l’objet des fermentations malolactiques.

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Pour les vinifications en amphore (principalement pour la Nosiola et le Teroldego), les vins sont laissés au contact de l’air jusqu’au moment où les fermentations alcooliques et malolactiques, sur les rouges comme sur les blancs, soient terminées, ensuite les amphores sont fermées pour la suite de l’élevage. Après leur macération en amphore, les vins soutirés sont placés dans le bois pour un dernier élevage de un à deux mois avant la mise.

Aucun ajout de soufre n’est pratiqué avant la mise et, à la mise, celui-ci est minimalisé autant que possible avec une limite maximale de SO2 total dans le vin fixée de 30 à 50 mg/l. Dans les vins élevés en amphore, les taux de soufre utilisés sont encore plus minimes voire nuls, afin d’obtenir un fruit le plus naturel possible.

La mise en bouteille se fait sans filtration.

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Les vins

Les vins du Trentino produits au domaine depuis le début des années 2010 sont les suivants :

Fontanasanta Manzoni Bianco

Les parcelles de ce vin se situent sur le domaine de Fontanasanta,  sur les sols argilo-calcaires au-dessus de Trente que le Manzoni Bianco affectionne tout particulièrement.

Après les vendanges, les raisins sont égrappés et mis en fermentation dans des cuves en ciment. Après soutirage et élimination des peaux (celles-ci n’apportant pas un goût favorable au vin lors de l’élevage), les jus fermentés sont placés en fûts de 20 hl ou en amphores espagnoles pendant douze mois, puis assemblés.

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Afin d’exprimer pleinement ses qualités, il est nécessaire d’attendre deux à trois ans après la récolte avant de le consommer à une température après au moins deux ou trois ans après la récolte.

Jusqu’en 2008, ce vin était additionné de sauvignon et élevé en bois pour donner la cuvée « Myrto » aujourd’hui abandonnée.

C’est clairement la fraicheur et la pureté qui sont ici recherchées mais qui demande 2 à 3 ans pour s’exprimer pleinement.

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Fiche technique 

Appellation : Fontanasanta Manzoni Bianco Vigneti delle Dolomiti  IGT Cépage : Manzoni Bianco Localisation du vignoble : Fontanasanta (Trento) Superficie des vignes : différentes parcelles totalisant 3 hectares à 6 000 pieds/ha en taille guyot simple Sol : argilocalcaire Fermentation et vieillissement : 10 jours de macération pelliculaire en citerne de ciment puis élevage dans des fûts d’acacia et en amphores pendant 12 mois Production annuelle : 20 000 bouteilles

Fontanasanta Nosiola

L’amphore a été choisie pour élever ce vin parce qu’elle représente le meilleur contenant pour conserver toute l’énergie du cépage Nosiola sur des sols pauvres, la forme des amphores et la porosité de l’argile permettant un long contact entre le vin et les peaux, traditionnellement laissées en élevage depuis le passé.  La période de macération se déroule amphores ouvertes et fait l’objet d’un pigeage journalier. Après les fermentations alcooliques et malolactiques (environ un mois) chaque amphore est fermée et scellée. Seule une ouverture subsiste pour la dégustation et pour parer à une éventuelle montée anormale de pression en cas de refermentation. Après 7 à 8 mois, les vins sont soutirés par pompage pour éliminer les peaux, assemblés  puis placés deux mois en fûts d’acacia pour un élevage final avant la mise.

Ce vin requiert de la patience et du temps. Il exprime alors une très belle intensité aromatique avec de la fleur d’oranger, de la liqueur d’orange, des pêches blanches. En bouche, en plus de la tension marquée et caractéristique de la biodynamie et de l’élevage naturel, on retrouve une et cette sensation typique de tannicité propre aux vins blancs issus de macération. La finale est marquée par de très beaux amers. Ce vin nécessite de plus une longue aération à une température de 15 degrés. Il y a aussi lieu de le servir au-dessus de 10°C ; en-dessous de cette température il peut devenir trouble et peu expressif.

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Fiche technique :

Appellation : Fontanasanta Nosiola Vigneti delle Dolomiti IGT Cépage : Nosiola Localisation du vignoble : Fontanasanta (Trento) à 400 mètres d’altitude. Superficie des vignes : deux parcelles totalisant 2 hectares  à 6000 pieds/ha en taille guyot simple Sol : argilocalcaire Macération et fermentation et vieillissement : En amphore de 450 litres avec les peaux pendant 8 Elevage : 2 mois en futs de d’acacia Production annuelle : 8 000 bouteilles

Foradori

Les sols du Campo Rotaliano doivent leurs diversités à l’influence passée de la Noce qui a, au fil des siècles, déposé d’énormes quantités de débris divers en provenance des montagnes environnantes, calcaire, granit, grès porphyrique, etc… Cette diversité, quand la vie des sols est bien respectée, est à l’origine d’un grand nombre de microcosmes, qu’au fil des ans, les vignerons ont su distinguer et comprendre. Pour faire la cuvée « Foradori », le domaine utilise essentiellement des vignes plantées sur des sols sablonneux, ce qui confère beaucoup de fruit au vin. La fermentation a lieu dans des cuves en aciers en présence de 30 à 40% de rafles et est suivie, après soutirage d’un élevage classique de 15 mois en foudres de 2 à 3 ans ou en cuve d’acier. L’usage de bois neuf a été abandonné en 2006.

Le « Foradori » a souvent une intense couleur rouge cerise et un nez à la fois avec du fruit (cerises noires) mais aussi des touches très terrestres de graphite et de goudron. La structure de la bouche est souple et charnue, très vive et juteuse.

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Fiche technique :

Appellation : Teroldego « Foradori » - Vigneti delle Dolomiti IGT Cépage : Teroldego Localisation du vignoble: alentours de la ville de Mezzolombardo, de Campazzi, Settepergole et quelques autres sites. Superficie de vignes : 12 hectares à 3 000 à 6 000 pieds par hectare en guyot simple Sol : alluviaux avec des cailloux et des galets Fermentation : dans des réservoirs en acier inoxydable Vieillissement : 15 mois en foudres de 2 et 3 ans et en acier inoxydable Production annuelle : 90 000 bouteilles

Teroldego Sgarzon

Les vignes de la cuvée Sgarzon dont le nom signifie « pousse » au Campo Rotaliano s’étendent sur un site ancestral de deux hectares, particulièrement vivant et plus frais, ce qui modifie très positivement le comportement de ce cépage en conférant au vin une fraicheur inhabituelle.

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Celui-ci est fermenté et élevé pendant 8 mois à un an dans des amphores espagnoles avec les peaux pour préserver et amplifier la diversité. Par rapport aux cuvées Foradori et Granato en élevage plus classique, cette cuvée, comme la Morei, est totalement éraflée avant les phases de fermentation. Pendant celles-ci, le vin est pigé tous les jours.  Après l’élevage en amphore, les vins sont séparés de leurs peaux et laissés se reposer encore trois mois en fûts d’acacia. L’usage de bois neuf est proscrit.

Avec la cuvée Morei, ce vin exprime pleinement la variabilité que peut conférer le terroir au Teroldego.

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Fiche technique :

Appellation : Teroldego Sgarzon - Vigneti delle Dolomiti  IGT Cépage : Teroldego Localisation du vignoble : Parcelles Sgarzon à  Mezzolombardo, Campo Rotaliano Age moyen des vignes : 50 ans Superficie de vignes : 2,5 hectares à 6 000 pieds/ha en taille guyot simple Sol : argilo-sablonneux avec des galets et des cailloux à 50 cm de profondeur Fermentation et macération : 8 mois à un an en amphore de 450 litres avec les peaux Vieillissement : 3 mois en foudres de chêne Production annuelle : 10 000 bouteilles

Teroldego Morei

Morei vient du mot « Moro » en dialecte du Trentin qui signifie « sombre » et les raisins qui proviennent de ces parcelles ne le démentent pas, tant ils paraissent nettement plus sombres eux-aussi. Ici les racines plongent particulièrement profondément dans les sols de sable, de pierres et de cailloux pour apporter une structure très dense, profonde, très mûre au vin, ce qui a pour conséquence d’amplifier encore le caractère minéral de cette cuvée par rapport au Sgarzon, plus fruité. Les résultats obtenus au cours des dix dernières années d'utilisation de préparats biodynamiques ont montré que le caractère parcellaire de l’expression des vins nécessitait de proposer deux cuvées bien distinctes, Morei et Sgarzon. Le caractère propre de chacune d’elles est encore renforcé par l’élevage en amphores espagnoles.  Par rapport au Sgarzon, plus fruité et frais, la cuvée Morei propose des vins denses, profonds, minéraux et puissants.

Les techniques de fermentation et d’élevage sont en tous points semblables à la cuvée Sgarzon

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Fiche technique :

Appellation : Teroldego Morei - Vigneti delle Dolomiti  IGT Cépage : Teroldego Localisation du vignoble : Parcelles Morei à Mezzolombardo, Campo Rotaliano Age moyen des vignes : 50 ans Superficie de vignes : 2,5 hectares à 6 000 pieds par hectare/ha en taille guyot simple. Sol : sablo-caillouteux avec des débris alluvionnaires abondant à la surface Fermentation et macération : 8 mois en amphore de 450 litres avec les peaux Vieillissement : 3 mois en futs de chêne Production annuelle : 10 000 bouteilles

Granato

A travers le mot « Granato », on retrouve le fruit du grenadier, véritable emblème du domaine.

Les vignes et la grenade ont une origine méditerranéenne commune. La seconde développe autant de charme, de beauté et d’intensité que la vigne. C’est cette notion d’idéal qui a conféré son nom à cette cuvée, idéal dans le sens que pour elle, les meilleurs variétés du  Teroldego ont été sélectionnées en fonction, chacune, de leur capacité à exprimer au mieux la minéralité des trois plus belles parcelles du Campo Rotaliano, permettant ainsi une sublimation du terroir.

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Si ce sont les barriques qui sont encore actuellement vouées à l’élevage du Granato, les prochaines années devraient voire l’amphore prendre le pas, en tous cas pour une première période d’élevage. De même si les premiers millésimes ont fait l’objet d’égrappage, Elisabetta laisse aujourd’hui 30 à 40 % de rafles afin de pouvoir allonger les macérations longues actuellement de 2 à 3 mois. Tout comme pour la cuvée Foradori, l’usage de bois neuf a été abandonné en 2006.

Souvent de couleur très sombre, on reconnaitra généralement  au bouquet des arômes de fruits noirs, de grenade, de réglisse ainsi que des notes de sous-bois. La bouche est pleine, concentrée mais avec beaucoup de finesse. Vu sa concentration et l’élevage assez important, ce vin nécessite une longue garde. Elisabetta estime l’apogée de ces vins à 7 à 8 ans, avec un net prolongement depuis la biodynamie. Ensuite, les vins se stabilisent encore pendant au moins une dizaine d’années.

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Fiche technique :

Nom : Granato – Teroldego Vigneti delle Dolomiti IGT Cépage : Teroldego Localisation du vignoble: alentours de la ville de Mezzolombardo, de Vignai, Cesura et Regin. Superficie de vignes: 4 hectares de sites divers et précis plantés à 6 000 pieds par hectare en guyot simple avec un âge moyen des vignes de 35 ans Sol : alluviaux avec des cailloux et des galets Fermentation : en grands foudres de chêne ouverts Vieillissement : 18 mois en fûts avec 70 % de bois neuf Production annuelle : 20 000 bouteilles

 

2e partie : Visite au Domaine Foradori

 

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Dessin de Francesca Ballarini

Visiter le domaine Foradori et rencontrer Elisabetta sur ses terres montagneuses faisait sûrement partie de mes plus grands rêves, dans le cadre de ma passion des vins. Vous comprendrez aisément qu'en fonction de ce que j'ai écrit dans la première partie de ce tryptique que je dédie sur mon blog à Elisabetta Foradori et ses vins, l'émotion était à son comble quand notre voiture à pénétré l'enceinte du domaine situé presque au coeur de la ville de Mezzolombardo.  

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Mais je dois avouer que la simplicité et la gentillesse de la maîtresse des lieux a vite fait de calmer mon stress, tant j'avais, grâce à elle, presque l'impression de me trouver "en famille".... j'espère qu'Elisabetta ne m'en voudra pas d'user d'autant de familiarité, mais ceci n'est que l'impression réelle d'une sensation vécue. Et cette impression est d'autant renforcée qu'en plus de la manière, il y a eu aussi le temps qu'elle a bien voulu nous accorder, ne passant d'une étape à l'autre que soit qu'elle fut certaine que nous avions compris son message, soit qu'elle fut certaine que nous n'avions plus aucune question à lui poser. 

Je nous ferai pas le coup de vous reprendre ici tout le descritif du domaine et des vins, cela a été largement fait dans la 1ère partie , je n'y ajouterai que deux éléments : 

- D'avoir lu abondamment ses écrits et les écrits concernant Elisabetta, d'avoir ouvent goûté ses vins en Belgique, du moins les plus anciennes cuvées, je possédais dans ma tête de nombreuses pièces d'un puzzle qui ont trouvé lors de cette visite leur place idéale, s'assemblant pour former un tableau vivant d'une incroyable cohérence. 

- Toute l'équipe du domaine vit autour d'Elisabetta dans une harmonie parfaite, plutôt même comme des élements d'une famille commune. Bref on y ressent une formidable sensation d'énergie positive ! 

Après une promenade dans le domaine, nous avons ensuite visité les caves puis participé à une dégustation des millésimes récents de toutes les cuvées du domaine. C'est donc ici que je reprends le récit proprement dit.

 

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1. Visite et Dégustation à la cave 

Le Manzoni Bianco 2011 repose à la cave dans ses futs d’acacia ou des amphores. Si le vin en fût est encore fermé, un peu brouillon et assez fermentaire dans ses arômes, les vins en amphores sont bien plus accomplis, droits, tendus, exprimant un fruit et déjà quelques notes florales. 

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Pour rappel, le Manzoni Bianco n’est pas élevé avec ses peaux dans les amphores, une tentative en 2010 avec le millésime 2009 s’étant avérée désastreuse. 

Nous passons ensuite dans la salle de la Nosiola où séjournée les amphores scellées du cépage pour le millésime 2011, les fermentations alcooliques et malolactiques ayant été bien accomplies. 

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Globalement, si les vins expriment encore un peu de volatile, ils sont en moyenne terriblement purs, droits très minéraux. Certes la différente d’une amphore à l’autre s’avère importante, surtout sur la profondeur. Ces différences seront corrigées à l’assemblage. 

Nous passons ensuite dans la grande cave des rouges, avec son escalier plongeant impressionnant. 

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Entrée de la cave "Teroldego"

Nous n’avons pas goûté sur futs les cuvées Foradori et Granato, à la fois par manque de temps (même si, en dehors du diner, Elisabetta nous a consacré plus de 3 heures) mais aussi probablement parce que ce sont vers les amphores des cuvées Sgarzon et Morei que toute l’attention de la Dame du domaine se porte en priorité. 

Ce qui nous frappe avant tout comme sur les Nosiola, c’est que chaque amphore, pour une même  cuvée produit des vins tant aromatiquement que tactilement très différents.  

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Le premier échantillon de Sgarzon 2011 s’avère très puissant, sauvage, avec une forte impression de volatile. Le deuxième est nettement plus tendu par une acidité formidable, ce qui confère beaucoup de fraicheur et de droiture au vin. Le fruit est lui aussi déjà très développé. Un troisième échantillon nous livre un vin totalement fermé. Même si tout cela peut s’avérer assez surprenant, les yeux d’Elisabetta pétillent devant tant de diversité. Sur le premier échantillon de Morei, le vin est déjà très prêt, dense, fruité, frais mais surtout avec une minéralité intense qui appelle au véritable jus de pierre… magnifique ! Le deuxième échantillon, et ce n’est pas un jeu de mot volontaire, est à la fois plus fermée aromatiquement et ferme tactilement, ce qui lui confère une austérité assez prometteuse.

 

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2. Dégustation en salle 

Après cette première longue dégustation sur fûts et amphores, c’est encore 14  bouteilles qui nous attendent à la dégustation, encore une preuve de la grande générosité d’Elisabetta. Pour cette dégustation, nous sommes rejoints par son fils Emilio. 

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On commence cette dégustation  par le Manzoni Bianco 2010. Celui-ci est puissant, fruité au nez et en bouche, très frais et d’une grande buvabilité malgré l’impression tannique qu’il dégage. 

On passe ensuite à la Nosiola. Le 2009 est lui plus gras, à la fois plus rond par son gras et plus profond. En dehors de la légère touche solaire, le fruit est très présent, surtout en finale. Même si la tension est un poil en retrait par rapport au Manzoni 2010, l’impression générale est superbe surtout, par rapport à une précédente bouteille servie trop fraiche la veille au restaurant. Il est évident que cette bouteille demande, comme beaucoup de vins blancs en macération pelliculaire, une température de service minimale de 11°. La  Nosiola 2010, est un vin déjà totalement accompli, d’un équilibre parfait. L’acidité est très présente, elle s’accorde parfaitement avec la sensation évidente de structure, rehaussée à nouveau par les impressions de tannicité. Le plus intéressant est le glissement du fruit vers le floral, ce qui est un des objectifs d’Elisabetta. 

Suivent ensuite les rouges avec respectivement deux millésimes des cuvées Sgarzon, Morei et Foradori 

Le Sgarzon 2009 aurait demandé visiblement une plus longue ouverture voire un carafage important. Il oscille au nez entre des impressions légèrement réduites, lactiques, un peu fromagées. Après une aération plus intense dans le verre, le fruit se livre plus intensément. En bouche aussi, l’impression générale est assez dissociée entre des tanins très structurés et une impression un peu solaire. Le point positif est l’impression de concentration absente de toute surmaturité. Un vin qui a besoin d’air et de temps. Le Sgarzon 2010 est bien moins fermé, Le nez net et puissant offre un fruit rouge très gourmand. En bouche s’il paraît encore plus puissant que le 2009, il est surtout plus fusionnel, plus concentré, plus gras et avec un fruit omniprésent, même sur la très belle longueur. 

Le Morei 2010 est encore en devenir. Très fermé au premier nez, il part ensuite sur des notes fumées, animales et sanguines. En bouche, l’acidité très marquée accompagne une matière énorme. Tout cela soit certainement se mettre en place, mais vu la longueur énorme, il y a fort à parier que ce vin va faire la joie des quelques caves qui auront eu la chance de se les procurer. Le Morei 2009 est bien plus évolué. Son nez est bien ouvert, sur la finesse et la complexité. Les quelques notes lactiques ne parviennent pas à masquer un superbe duo de fruits noirs et rouges. On retrouve une grosse structure et une longueur importante en bouche dans un environnement totalement minéral. Un vin de temps …magique ! 

On passe ensuite aux élevages classiques avec deux Foradori. Le Foradori 2006 a un nez très ouvert et profond à la fois, assez floral en sus du fruit. En bouche, l’attaque est très fraiche suivie d’une belle rondeur fruitée. La finale s’avère toutefois un peu sèche, un peu empreinte d’élevage. Elisabetta paraît un peu perplexe sur l’énergie de cette bouteille. Le Foradori 2009 présente quant à lui un autre visage, clairement marqué par la densité du millésime.  Très puissant au nez, la bouche, malgré la concentration, est superbement équilibrée entre fraicheur et fruit avec des tanins assez sages. En plus du fruit, la bouche dégage des notes sanguines, presque métalliques, qui donnent beaucoup de profondeur. La longueur ne déroge aucunement à l’impression globale de grande qualité alliée à beaucoup de plaisir. Nous avons eu l’occasion aussi de goûter le lendemain, au salon Vinatur, le Foradori 2010. Est-ce sa jeunesse ou les conditions très stressantes de ce salon, mais l’impression de fermeture est énorme. A revoir donc, surement en dehors du bruit et des bousculades qui empêchent toute concentration. Je suis de plus en plus persuadé que beaucoup de salon gagneraient à ne présenter qu’un minimum de vins, faisant ainsi fuir les soiffards en tout genre au profit de rencontres véritablement humaines. 

Retour à la dégustation au domaine avec une belle verticale de Granato entre 2006 et 2009. Le Granato 2006 est puissant, animal et sanguin au nez. La bouche parait un tantinet fatiguée, un peu sèche malgré une belle sensation d’équilibre. Sur la finale, très longue, la sensation de grande classe est bien plus évidente. Le Granato 2007 est bien différent avec un nez plus ouvert qui respire les fruits frais. En bouche, pour accompagner un très beau fruit et des tanins assez fins, il y a comme au nez une sensation omniprésente de fraicheur qui reste tout au long de la belle finale. Un vin nettement plus vivant, plein d’énergie. Le Granato 2008 est totalement en opposition avec le 2006. Le nez est puissant, intense, très frais avec une belle complexité fruitée et florale, accompagné de quelques notes lactiques. La bouche est une vraie bombe de bonheur avec un équilibre extrême entre une acticité ultra tendue, des tanins très structurés mais déjà bien intégrés, une minéralité envoutante et un fruit d’une gourmandise sans pareil. La finale est gigantesque, énorme et très buvable à la fois. Un vin incontournable ! Le Granato 2009 nous ramène à un nez plus réduit en première aération, évoluant ensuite sur pas mal de complexité avec des notes métalliques sanguines, une sensation de silex mouillé, du fruit mais aussi des notes plus solaires. La bouche est la plus ronde du quatuor. Comme la fraicheur est aussi de la partie, on a un ressenti très gouleyant, gourmand mais sans que se perdent non plus les impressions minérales de pierre à fusil, le tout sur une sensation d’équilibre plein d’énergie. S’il na pas la puissance de son cadet 2008, son côté prêt à boire avec « tout » dedans en fait un vin très intéressant. 

Tous ces vins ont été resservis au repas qui a suivi dans le jardin médicinale de domaine sous un climat réellement estival, les blancs accompagnants des poissons fumés dont du saumon et une variété proche de la truite, plus petite que l’espèce d’origine, très sensible à la pollution et qui de ce fait ne survit qu’en haute montagne dans de microcosmes spéciaux. Les rouges accompagnaient une Zuppa de pois très classiques et terriblement appétissante ainsi qu’un bel assortiment de fromages locaux. Les blancs ont encore gagné avec le gras et la finesse des poissons. Le rouges ont dû attendre les fromages pour exprimer totalement leur potentiel gastronomique.

 

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Un énorme merci à Elisabetta, à Emilio ainsi que toute l’équipe du domaine pour tout ceci. Comme je l'ai dit en introduction, on avait l’impression de se sentir vraiment chez soi… cela n’a pas de prix ! 

3e partie : Repas-dégustation des vins du Domaine Foradori
au Restaurant Unico

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Ce repas-dégustation revêtait plusieurs particularités toutes bien sympathiques. Tout d’abord la présence d’Elisabetta en personne mettait déjà la barre très très haut.

Ensuite, il y avait le lieu : Le restaurant Unico, tout fraichement ouvert en plein centre de Bruxelles, véritable petit paradis pour un mariage entre une cuisine simple, évidente, pleine de goût et une superbe sélection de vins naturels, le tout sous la houlette de deux très sympathiques jeunes dames : Sinem et Elisabeth.

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Il y avait aussi cette joyeuse collaboration avec Michele Rosa du Caffè al Dente et de son inséparable ami Lakhdar, qui avaient rendu beaucoup de cette journée possible.
Il y avait encore la joie de partager ce repas avec beaucoup d’amis passionnés de l’Italie, cavistes, journalistes, simples amateurs mais aussi les vignerons Francesca Padovani de Fonterenza, Agnès Henry du Domaine de La Tour du Bon, Sébastien David de son Domaine éponyme, et Fabrice Domercq d’Ormiale et une bien jolie bande de cavistes vénitiens que Michele nous avait récemment conté dans sa Gazetta.

Mais il y avait surtout, en ce qui vous concerne vous, lecteurs, cette splendide série de vins qu’il avait été possible de rassembler grâce à la collaboration d’Elisabetta et de cavistes importateurs ; en effet, ce ne sont pas moins de 22 vins du domaine qui attendaient d’être goûtés par la joyeuse assemblée et accordés avec des mets par Sinem, notre chef du jour.

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Parmi ces vins, il y avait une somptueuse verticale de 12 Granato qui se voulait montrer tout le cheminement du travail d’Elisabetta à travers les années, mais aussi ses récents vins blancs et rouges, à la sensibilité de plus en plus naturelle et dont la majorité ont connu l’élevage en amphore : Manzoni Bianco, Nosiola, Sgarzon et Morei, sans oublier le Ciso, vin issu de la collaboration d’Elisabetta avec son Collectif I Dolomitici.

Bref… Tout un programme … et plongeons-y sans attendre…

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Carpaccio de bar mariné au Yuzu et essence de grenade

Fontanasanta Manzoni Bianco 2010
Fontanasanta Manzoni Bianco 2011

Issu d’un croisement entre le pinot blanc et le riesling réalisé par Luigi Manzoni qui lui a donné son nom, ce vin est une des rares cuvées récentes à ne pas connaître l’amphore, malgré quelques tentatives encore en cours. Comme lors de la dégustation au domaine, ils s’expriment au nez tout en puissance et en fraicheur avec une superbe pureté pour le 2011 malgré sa jeunesse. Dans les deux cas, en bouche, la tension fruitée éclatante de fraicheur est au rendez-vous et appelle littéralement à un plat qui se doit rivaliser dans cette gamme de fraicheur.

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L’accord est particulièrement réussi dans ce sens avec ce splendide carpaccio que le yuzu relève juste ce qu’il faut pour s’accorder avec la puissance du Manzoni Bianco. La petite touche de caractère apportée par l’huile de grenade (clin d’œil à Elisabetta et son « Granato ») parachève cet accord de référence. Une splendide entrée en matière !

Coques poêlées à l’ail pimenté,
persil plat Cecina et salade de Trévise

Fontanasanta Nosiola 2009
Fontanasanta Nosiola 2010

Par rapport à la dégustation au domaine, la Nosiola 2009 a gagné en fraicheur, en ampleur et surtout en salinité minérale. Servie au environ de 12°C, elle exprime parfaitement cette fine tannicité que lui confère la macération des peaux en amphore. A l’inverse de pas mal de vins blancs macérés du Nord de l’Italie, elle conserve énormément de précision et d’éclat dans la robe, les légères notes oxydatives étant balayées par un profond côté iodé.
La Nosiola 2010 ne fait que confirmer, avec plus d’éclat encor,e les impressions ressenties sur le 2009, le gain de tension du au millésime accordant au vin un côté aérien, vibrant, les notes charnues de fruit étant ainsi encore plus équilibrée et l’impression tannique un peu plus modérée. Les notes salines et iodées dominent somptueusement une finale de très belle longueur. Un vin purement splendide.

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A nouveau, l’accord avec les coques est de belle facture, tant parce que la symbiose des notes iodées paraît évidente, tant parce que l’opposition entre les épices très présents dans le jus et le côté terre charnu du vin est très relevante. Petite mention pour l’accord avec le 2010, dont la tension plus marquée permet de mieux encore soutenir le choc avec la puissance du plat.

Veau rôti aux herbes et baie roses,
vinaigre balsamique, poireaux et carottes au citron

Ciso 2010
Teroldego Sgarzon 2010
Teroldego Morei 2010

On passe ensuite aux rouges avec, pour commencer,  trois bébés qui représentent beaucoup au niveau du travail actuel d’Elisabetta. Le Ciso 2010 s’exprime tout en puissance, avec le Lambrusco franc de pied qui apporte un côté très rustique, surtout par ses tanins, au vin ; sa jeunesse ne l’aidant pas particulièrement à ce niveau. Mais en dehors de cette rusticité, le fruit est là et bien là, juteux à souhait et assez profond, minéral à la fois. Par rapport aux premières dégustations effectuées au printemps à Vérone, le vin a gagné toutefois nettement en rondeur, ce qui est des plus encourageants. Pour un premier millésime issu de la collaboration des vignerons d’I Dolomitici, tout cela est très prometteur.

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On oublie d’emblée la rusticité du Ciso avec le Sgarzon 2010, issu des amphores, qui s’avère un subtil compromis entre un vin de fruit, respectant en cela ses origines majoritairement sablonneuses, et la profondeur intense qu’Elisabetta parvient à conférer à ses vins avec ces tanins difficilement comparables à des tanins de fût, tant leur soyeux finement granuleux interpelle. Le vin est plein, juteux avec une finale sur le fruit qui possède une longueur notable.

Avec le Morei 2010, on garde du fruit et surtout les tanins subtils du Sgarzon. A ce niveau, la réflexion globale du groupe est d’attribuer ce soyeux à l’amphore, à tort ou à raison, je ne sais. Mais par rapport au Sgarzon, le Morei s’émancipe littéralement dans la profondeur, la minéralité et l’incroyable impression aérienne. Rarement, un vin n’aura mérité le terme de méditation. C’est d’autant plus stupéfiant que tout cela est perceptible malgré la jeunesse du vin. Autre élément interpellant pour ces deux cuvées qui n’ont connu aucun sulfitage pendant l’élevage, c’est la précision ! Avec cette cuvée Morei, je pense vraiment qu’en termes de vin profond, Elisabetta atteint un niveau de perfection hors norme, un niveau qui n’a laissé personne indifférent, que ce soit les plus naturistes ou les plus traditionnels des dégustateurs à table, et cela, à commencer par les autres vigneron(ne)s présents qui en ont été totalement émus. Un vrai grand vin de pierre, un des plus grands vins italiens qu’il m’est arrivé de croiser.

L’accord avec le plat est de nouveau judicieux, même si l’assiette est un peu plus neutre, plus consensuelle et permet, à mon humble avis, beaucoup d’accords où les grands vins ressortiront gagnants. L’intelligence, ici, me paraît, avec le balsamique et le citron, d’apporter la juste fraicheur nécessaire, ni trop, ni trop peu, fraicheur qui dynamise particulièrement la cuvée Ciso, s’équilibre avec le Sgarzon et n’est pas écrasée par la profondeur du Morei. Le côté charnu du plat apporte aussi ce juste qu’il faut de matière pour s’équilibrer avec le besoin réellement gastronomique que suggèrent aussi ces trois vins, bien que, à l’évidence, le Morei se suffit totalement à lui-même.

Betterave cuites et Pommes Granny crues,
vinaigrette à la coriandre

Foradori Teroldego Rotaliano 2008
Foradori Teroldego Rotaliano 2009
Foradori Teroldego Rotaliano 2010

On quitte l’univers des vins en amphore pour les jeunes vignes qui sont, à terme, vouées au Granato et qu’Elisabetta rassemble dans sa Cuvée « Foradori ». Souvent, à l’inverse d’une certaine verdeur que l’on pourrait présupposer, cette cuvée exprime beaucoup de fruit, même dès la jeunesse, ce qui fait que dans la turpitude des salons, c’est bien cette cuvée qui marque fréquemment les esprits.
Cette série ne déroge en aucun cas à la règle, les trois vins exprimant un fruit effectivement très juteux et une finesse dans les tanins, certes surprenante pour une telle jeunesse, mais qui est en fait l’image du gros travail de la vigneronne sur ses élevages, maitrisant toute rusticité en domptant littéralement le bois.
Bien qu’en train de s’ouvrir largement par rapport au printemps, le 2010 a cependant encore besoin de temps, mais avec sa matière très prometteuse, clairement, il ne dérogera pas au style de ses prédécesseurs.
Le 2009 est prêt, juteux, gourmand, sanguin, avec une matière dense, une tension parfaite, bref un équilibre qui en fait un superbe rapport qualité-prix. Pas étonnant que ce vin, depuis près d’un an, récolte autant de suffrages.
Mais, c’est personnellement, avec le 2008, que je ressens tout l’intérêt incontournable de cette cuvée, tant la jeunesse y a fait place à une maturité gourmande, bluffante, avec une fraicheur conservée toute naturelle. La longueur est définitivement de l’apanage d’un très grand vin, un véritable must dans la catégorie « jeunes vignes ». Une fois de plus, on entend du côté des journalistes, le mot travail qui revient, mais dans le sens noble du terme, celui qui respecte le vin, le fruit et la terre, pas celui qui dévie et qui formate.

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Pour une série sur le fruit, il fallait un beau plat plein de jus, de chair et de vivacité. Sinem a très bien compris tout l’avantage qu’elle pourrait tirer d’accorder les vins dans leur jeunesse gourmande avec un assemblage de fruits tantôt cuits et tantôt croquants, mais tous deux charnus et subtilement relevés par la vinaigrette au coriandre, dont la fraicheur sans excès tonifie encore le côté juteux des vins. Un plat beau à voir, bon en bouche et parfait pour les accords… que demande le peuple ?

Pour la suite des évènements, soit la verticale de Granato sur 12 millésimes, il y a eu un petit débat avec Elisabetta qui d’emblée, peut-être par habitude, me suggérait d’aller du plus jeune au évolué des vins.
S’il s’agissait là certainement de la voie la plus classique, cette solution présentait toutefois le désavantage de ne pas tenir compte de l’évolution du travail fait au domaine sur les vins de même que de l’évolution de la manière d’appréhender la vigne.
Pour rappel, si les premiers millésimes furent marqués par un très gros travail sur les sélections massales, ils étaient tout autant marqués par un classicisme « bordelais », avec un bois très toasté et une viticulture conventionnelle. Ce n’est qu’à l’aube des années 2000 qu’Elisabetta a évolué à la fois vers une recherche de symbiose avec la nature, recherche qui l’a naturellement menée à la biodynamie, et à la fois par des élevages de plus en plus respectueux de la « matière originelle », et donc par un boisé de moins en moins toasté, de plus en plus maitrisé et un usage de plus en plus modéré du soufre pour finir, à l’aube de 2013, par un passage presque évident à l’amphore, pour ses futures cuvées Granato, comme c’est déjà le cas pour Morei et Sgarzon.
Lors de cette soirée partagée à ses côtés, Elisabetta me confiait à nouveau combien ce changement fut pour elle comme une renaissance, elle qu ses premiers vins avaient fini par ennuyer et qui était prête au milieu des années 90 à jeter le gant.

Pour ces raisons-même, vous comprendrez que nous avons inversé la logique du service, préférant aller du plus vieux au plus jeune des vins, reflétant ainsi l’évolution réelle des vins du domaine à travers ces douze Granato.

Aubergines frites au confit d’oignons

Granato 1996
Granato 1997
Granato 1998

Après une série jeune et vivante et un plat très vivace, il n’était certes pas facile d’appréhender les trois premiers millésimes de la série et donc les plus avancés dans l'âge. Si le bois est un vecteur très présent dans les trois vins, c’est probablement sur le Granato 1996, le millésime le plus difficile pour son manque relatif de fruit que la sensation sèche et décharnée marque le plus. Attention de prendre ces propos avec un beau bémol, parce que le fruit est quand même perceptible même sur le 1996, et de plus, on peut clairement parler d’équilibre dans les trois vins.
Le Granato 1998 s’avère plus frais, plus vivace, avec un fruit plus présent, même si la densité de matière reste légère et que la robe marque un avancement certain.
C’est clairement le Granato 1997 qui s’en tire le mieux, peut-être pas sur le terrain du fruit juteux, mais bien de la profondeur qui tend certes un peu vers l’austérité avec de très beaux amers, surtout en finale. Une bouteille qui en a certainement encore sous la pédale sans pour autant prétendre à l’ascension de l’Alpe d’Huez.

Il est aussi évident qu’il ne s’agit aussi là que d’exprimer mes perceptions, et même si elles semblent en accord avec la majorité des convives, il est certain que mon affection pour les vins naturels marque mon goût.

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Le plat, totalement axé sur la simplicité, l’onctuosité et une plus grande neutralité dans l’assaisonnement s’avère, en fait, idéal face à des vins dont deux certainement s’expriment bien plus en délicatesse de l’âge qu’en puissance que cela soit par l’acidité ou la matière. Plus de caractère, plus d’animalité ou plus de peps dans le jus du plat aurait certainement tué le vin. Un bien bon choix, donc.

Tagliatelle al Ragu de Saucisses de Toscane

Granato 2000
Granato 2001
Granato 2002

Est-ce la viticulture bio qui a déjà fait la différence, est-ce aussi la réduction de l’élevage boisé qui se fait ressentir, mais rien qu’au nez, cette série est très différente de la précédente. L’impression de densité, de profondeur est nettement plus intense, avec des sensations plus chaudes, plus de sous-bois pour le 2000, plus réduites pour le 2002, et une complexité évidente qui accompagne la série, avec en évidence le 2001, réservé, subtil, presque pierreux.
En bouche, le Granato 2000 présente un bel équilibre, avec un relief marqué par les tanins, une aromatique assez évoluée avec à nouveau des notes de sous-bois assez marquées et une finale assez classique mais longue. Globalement, le vin paraît moins solaire qu’on aurait pu l’imaginer.
Impression encore plus qualitative avec le Granato 2002, qui malgré son millésime, présente beaucoup de structure, un fruit sauvé des eaux, des tanins assez souples et surtout une finale plus qu’intéressante.
Reste la bouche du Granato 2001, millésime magique dans de nombreuses contrées pour ceux qui recherchent de la profondeur et de la complexité, et qui est loin d’être démenti avec ce pur bijou de précision, de velours, de matière profonde, légèrement austère mais où le fruit a été complètement conservé.
Indéniablement, cette bouteille fait partie des très grands Teroldego. Elle serait au sommet absolu, si les tanins, ici assez fort structurés afin atteint la finesse de ceux présents sur Morei ou Sgarzon, autrement dit, j’aurais donné très cher pour voir ce vin élevé en amphore ! Au-delà de tout, tant les vins de la première série appelaient un plat délicat, ici, on ressent le besoin d’y aller dans une gastronomie plus structurée, plus animale, plus charnue.

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Quand Sinem se rappelle de son parcours italien au Caffè al Dente et rejoint ainsi une belle série de vins qui ne demandent qu’un beau plat de terroir, simple, gouteux avec l’évidence de la gastronomie campagnarde toscane, elle vous sort ce genre de pâtes al Ragu qui me met en littéralement en émoi depuis que j’ai mis les pieds en Toscane. Pour un tel moment de jouissance sans la moindre cérébralité, j’en oublierais bien volontiers maintes et maintes constellations du Bibendum ! Pourquoi tant de liesse ? Parce qu’à l’évidence, mon évidence, certes, il n’y a rien de tel que ce mariage entre la tradition culinaire campagnarde et de grands vins terriens !

Agneau aux herbes et anchois
Pommes de terre au four, salade de Puntarelle

Granato 2003
Granato 2004
Granato 2006

Si la série précédente nous avait faire sortir du monde des vins boisés, modernes en nous confrontant à plus de soyeux, plus de profondeur, c’est clairement avec cette série-ci que l’on ressent un bond dans la perception de minéralité. Au nez, les vins sont tous serrés, profonds, avec un peu plus d’opulence et d’épices pour le 2003, mais que ce soit pour 2003 ou 2006, le niveau de l’alcool est totalement maîtrisé, de même pour l’acidité volatile. Reste que le 2004 est de loin, le plus élégant, à nouveau parce que sa profondeur appelle la complexité, le 2006 étant plus contrasté par son nez plus animal, plus fort.
En bouche, le Granato 2003 étonne par son fruit juteux, sa belle acidité, ses sensations de garrigue et fait ainsi partie des belles surprises de la soirée, pour un millésime ultra-solaire où seule la finale un peu serrée et limitée dans le temps rappelle les origines climatiques.
Si le Granato 2006 était plus foxé au nez, en bouche, il n’est pas loin de l’équilibre parfait entre le fruit, la structure, la fraicheur et l’amertume. De tous les Granato de la soirée, c’est aussi le premier qui interpelle vraiment par le relief soyeux, presque magique, avec cette façon de vous dire je suis bien là mais tellement discrètement, un peu comme ces chalets de montagne, qui après des années de destruction du paysage sont construits aujourd’hui pour résister aux pires des intempéries mais s’intègrent à tel point au paysage que c’est à peine si on les remarque.
Le Granato 2004 est encore plus somptueux, en pleine maturité, avec à nouveau un volume structurel complètement maîtrisé par une fraicheur d’orfèvrerie et un jus d’une belle onctuosité. Sa longueur est au diapason, extrême. Si vous cherchez l’apogée d’un Granato, sur un beau millésime, la réponse semble être dans ce verre. Mais comme dit en début de paragraphe, ce qui ressort avant tout de cette  série, c’est ce gain de minéralité saline qui électrifie littéralement les vins…. Comme une nouvelle évolution (ou un retour) vers le vivant….

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Le plat est assez consensuel avec les vins, mais il est clair que la profondeur et le caractère de ceux-ci ont tendance à un peu écraser une viande qui aurait peut-être demandé plus de force, plus de puissance et plus de vivacité. On pense directement à un gibier puissant, comme une bécasse, du lièvre ou du marcassin.

Le repas s’est achevé avec les trois derniers vins servis pour eux-mêmes, tant il est vrai que notre appétit était pleinement rassasié.

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Granato 2007
Granato 2008
Granato 2009

Le Granato 2007 est peut-être le plus fruité de toute la verticale, en tous cas au nez. Cela tranche très fort avec le côté plus austère du 2006. On retrouve ce fruit en bouche, juteux, croquant et frais, l’impression juteuse étant évidemment renforcée par la finesse des tanins. Comme je l’avais déjà fait remarquer, si la matière n’est pas des plus dense, cette fraicheur alliée à la salinité procure une belle sensation de pure énergie !

Bien plus puissant au nez, le Granato 2008 annonce clairement la couleur de la concentration et à la fois de la complexité. Le nez explose vraiment sur des notes de fruits frais, mais aussi sur des notes plus végétales, florales, avec un bois toujours strictement maîtrisé. La bouche est à la fois puissante et équilibrée avec toutes les composantes en réelle osmose. De tous les vins rencontrés ce soir, c’est celui, avec le Morei, où la sensation minérale est la plus aboutie, tout en évitant le coup de l’austérité, grâce à un fruit massif mais tout aussi juteux que pour le 2007. La finale annonce un très très grand vin en devenir…. Et que ces tanins restent magnifiques !

Le Granato 2009 est clairement encore marqué par la jeunesse mais nous annonce à nouveau une belle bombe de gouleyante, tout en gardant de la structure, de la tension. A nouveau, surtout sur la finale, l’impression de salinité ultra minérale domine. Un vin qui sera vite prêt mais qui permettra beaucoup d’émotion, parce qu’arriver à tant de finesse et de profondeur ne peut que laisser les esprits dériver pendant de nombreuses années encore.

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Conclusion

De ce repas et de tous mes contacts avec Elisabetta durant cette année, plusieurs évidences me viennent à l’esprit, et, cela, même au risque de me voir taxer d’une forme de mysticisme alors que je reste persuadé que mes actes et mes propos ne sont dictés que par ma grande passion pour ce que je considère comme les vins qui ont une âme et surtout pour l’humanité qui entoure ces vins-même.

Vous ne serez donc pas étonnés quand je vous direz que ce qui marque avant tout quand on rencontre Elisabetta, c’est cette impression d’Aura, de rayonnement qu’elle diffuse, d’une part parce qu’elle parvient parfaitement à faire ressentir ce en quoi elle croit et ce pourquoi elle vit littéralement pour ce qu’elle fait.
Ensuite, parce que l’interaction qu’elle a avec la nature et avec les humains va bien au-delà du simple commerce ou de la production du vin, parce qu’elle intègre plus que certainement une dimension culturelle profonde, un regard vers des siècles de production vraiment humaine, naturelle, vivante et qu’elle propose en cela, sans imposer, une alternative à l’écueil industriel qui est en train d’emporter notre monde.
Il y a enfin, malgré le nombre de sollicitations auxquelles elle doit faire face, cette générosité incroyable à partager, à aller à la rencontre des autres, à tenter de fédérer dans l’écoute et le respect.

Et Elisabetta n’est certainement pas la seule à proposer ainsi tant de rayonnement et de de profondeur. Ils sont heureusement plus nombreux qu’on ne le pense, des noms comme Pierre Overnoy, Jean-Pierre Frick, Stefano Belotti me viennent immédiatement à l’esprit, mais ce n’est évidemment pas exhaustif…

Preuve de tout cela , du moins c’est ainsi que je le ressens, rarement les vins d’un vigneron, en tous cas dans les derniers millésimes, ne m’ont paru en telle adéquation avec la pensée de leur géniteur, que ce soit par la finesse et le soyeux des tanins, la profondeur de la matière, alors qu’à l’origine, le Teroldego est productif, ou encore et surtout, par cette sorte d’énergie vibrante, saline qui accompagne les derniers vins produits, particulièrement ceux qui ont connu l’amphore.

Enfin, si certains vins se sont vu au fil de ces trois articles qualifiés de ou compris comme vins de méditation, ils restent surtout et avant tout une partie indissociable de la notion du repas, ce qui reste le fondement même de la culture italienne et que nous oublions de plus en plus dans nos civilisations. Un grand merci à ce titre, à Sinem et Elisabeth d’Unico, pour avoir recréé ce climat "italien" autour de ce repas.

Pour tous ces états d’âmes, de réflexion qu’elle a éveillé, réveillé, pour tous ces moments d’émotions qu’elle a suscité en moi et autour de moi, je ne peux que remercier du plus profond de mon cœur Elisabetta Foradori.

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