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25 janvier 2013

VDV n°52 : Soyez coopératifs

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Vendredis du Vin #52
En 2013, soyez coopératifs…. une fois !


Chouettause, c’est la reprise des VDVs !
Et en ce premier mois de l’an de graisse 2013, c’est le Ch’ti Eric Leblanc qui en assure la présidence à travers son blog « Le p’tit blanc sans col », le tout sous forme d’un vœu qui sonne bon l’excellente résolution.

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Comme il est de coutume, pour bien décrire l’évènement justement illustré par Rémy Bousquet, laissons donc  la parole au président éphémère de ce VDV de Janvier 2013 :

En cette période où le « tout-pour-ma-gueule » et l'indécence sont de mise, où l'exil fiscal est considéré par quelques privilégiés comme un droit divin, parlez-nous d'aventures humaines... Alors qu'un célèbre avocat du vin cède son royaume yankee à quelques asiatiques et qu'un nouveau classement vient consacrer les meilleurs de la classe à Saint-Emilion, parlez-nous d'œuvres collectives....

Nous, à Bruxelles-les-Bains, on est d’accord, forcément, parce que les aventures humaines collectives et solidaires, on connaît assez du côté des Vendredis du Vin Brusseleirs, j’en ai bien peur…. Il est tout autant vrai que le vin, ça ne se boit pas seul devant la télé ou devant son écran de geek !

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Malgré le fait que certains hexagonaux se sont tirés les cheveux en quatre devant une prétendue difficulté à trouver la ou les quilles de circonstances, nous devons (voix de fausset à la Raymond Barre) toutefois  faire remarquer à la France, à la Navarre ou même à Liège, que cela n’a pas vraiment été notre cas, les quilles, une fois de plus, ne manquant pas vraiment au programme (14* !), même si, euh, le respect de la thématique fut lui aussi un peu tiré par les cheveux, mais pour une noble cause, hein.

*et on vous épargne la 15 qui s’est vidée sur le tapis de voiture de Jeff ou la 16e, traditionnelle flinguée qu’on aurait dû garder pour envoyer comme cadeau à qui vous savez.

Et pourtant, quand on y réfléchit, même en dehors des coops intéressantes ou non, cela fourmillait de vins qui sentaient bon la solidarité….. Prenons par exemple ces crus bordelais issus de la collaboration entre des sociétés d’assurance, un fumeur de cigarillo et un critique au chien péteur…. Vous imaginez le nombre d’humains qui sont ainsi inclus derrière une seule étiquette. Enorme ! Ou… alors ces merveilleuses collaborations entre gens du nouveau monde et Rotschildiens toujours en quête de marchés…. Tout aussi énorme…. Quand on y réfléchit… rien que tout le beau monde qui gravite autour de cela justifierait presque les prix à la con qui s’affichent sur la Place de Bordeaux… Et puis, pensée émue, on aurait aussi pu penser à de beaux domaines comme Trimbach dont le succès flaire tellement bon la collaboration entre négociants chimistes et princes de la critique vinique hexagonale, une heure après Robert Parker.  Et tout cela au profit de bons et beaux vins aussi aseptisés qu’une boîte d’antibiotiques génériques. Ah oui, vraiment, que c’est beau la solidarité !

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Au fait selon vous, Michoubichou, il prend la bassine, l’aspirine ou le vin naturel ?

… Et dire que Nicolas de Rouyn, lui, il en avait plein de belles idées à suggérer. Bref, les amis, vous qui manquiez d’idée, à votre place, je ne serais pas trop fier (oui, je sais, il est con, l’helvète).

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Mais, après tant de digressions, revenons à nos moutons tarés qui ont constellé notre table de belge sanguinaires… sans oublier une fois de plus la matière solide dont le potentiel s’avérait certainement capable de briser la famine en Afrique pendant un an… Rebref, Camarades, une fois de plus, ça va distiller dans les ventilos ! Non, peut-être !

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Comme tout dans une année commence par des bulles, les syndicalistes des vins qui schlinguent que nous sommes ont commencé les hostilités par un Piège à Fille, un Pet Nat estampillé origine « Les Capriades » dont la manufacture est sous la responsabilité solidaire de Messieurs Pascal Potaire et Moses Gadouche et que l’analyse au carbone 14 a daté en 2012 dans la belle région de Loire.

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Le pif est bien vite empli de plein de fruits rouges, aussi rouge que la robe est saumonée. Et en plus, y a de la bulle et de la belle.

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En bouche, on a un superbe duo entre la tension parfaite et  un fruit super gourmand augmenté par le léger résiduel mais pas solaire pour autant.  Y a pas à dire, ça claque drôlement bien..... apéritif superbe et très beau piège à filles, un « pet » tabou, un joujou extra  qui fait crac boum hu !

09Hu !

Le suivant de ces messieurs ou de ces dames, selon qu’on s’adresse au vin ou à la bouteille, c’est en plein dans le mille pour le sujet du jour. Il suffit d’imaginer une des plus belles régions de France,  un des plus recherchés épiciers de France et ce dans le sens noble du terme, soit principalement spécialisé en frampton, pinard et cochonnaille, et, enfin, un des plus facétieux et magiques vignerons de la dite région de France. Il n’y a plus qu’à vous révéler les noms :   Philippe Bouvret et sa boutique « Essencia » à Poligny en Jura et le père Fanfan Ganevat du domaine éponyme dans la Combe à Rotalier, tout aussi en Jura, pour les béotiens.

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Et en plus, la cuvée s’appelle « Les Compères ». Presqu’aussi beau que Solidarnosc. Rien que d’y penser, vous imaginez l’EMOTION ? La version chardo 2010 déchire à donf, mais ici c’est l’opus Savagnin 2010 qui est à l’honneur.

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Et boum, quelle complexité ! Ça part dans tous les sens , tout en restant hyper-cohérent. Le nez est toasté, minéral, fumé, presque viandeux, y en a même qui disent lacté. La robe, intense, doré foncé., annonce la couleur de la matière, mûre et riche, très concentrée, grasse, légèrement boisée, mais vraiment pas trop, bien longue et super fraiche. Du petit lait !

Pour suivre, le dernier millésime d’une association de joyeux tarés des vins naturels du genre à hanter toutes les nuits de Michoubichou, joyeux tarés qui, chemin faisant, ont décidé, après une décade sans intrants,  de voler de leurs propres ailes, sans pour autant changer un iota de leur volonté d’aller à fond dans la dimension naturelle. Pas vraiment des disciples de Patrick Dubourdieu, quoi. 

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J’ai donc nommé Messieurs Patrick Desplats et Sébastien Dervieux, Pat et Babass pour les intimes, du pas éponyme Domaine des Griottes.

C’est donc un peu comme un testament de solidarité que nous avons débouché cette ultime cuvée Sauvageonne 2010, un assemblage de chenin, chardonnay et sauvignon.

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Et quand on vous parle d’extrémistes, ce liquide-là, il doit se situer au panthéon de l’horreur du guide B&D. On pourrait même dire… un classique du genre ! La robe est  rose assez trouble. Le pif, nettement entre pomme et poire mais riche, dense. Pas mal…. La bouche par contre est assez moyennement tendue, plutôt longiligne … et pour des palais désormais habitués à des doses massives de riesling 2008 et 2010… la finale manque un peu de peps et la pomme est un peu trop partie prenante. Mais cela reste du bon glou, du qu’on a pas envie de cracher (même pour un helvète à qui la faculté a dit « gaffe » et qui s’est mis au régime, ach kolossale épreuffe).

Continuons notre route à travers l’internationale du vin, sans avoir besoin d’attendre le lendemain pour chanter… Autrement dit, on passe aux rouges, et ce coup-çi avec l’association entre Dominique Piron, vigneron qui fut un des premiers à acheter du raisin pour faire ses vins et la famille Lameloise, très connue pour ses implication constellées dans la gastronomie beaujolaise… un peu comme le Cyril de PUR, sauf qu’ici, à part des vendanges manuelles, on est très raisonné, donc raisonnable pour B&D.

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A l’honneur donc, le Chénas « Quartz » 2010, dont le sol a dû à une époque permettre la création de montres et aussi un gamay clairement axé concentration et surmaturité, au point de tromper nos palais experts et de se faire passer pour un bon gros cabernet franc bien solaire avec ces typiques arômes de torréfaction qui font pas vraiment penser à des amphores. Bon, d’accord, il y a aussi dans cette chose de beaux fruits bien juteux, une belle acidité, des épices assez joyeux et des tanins biens souples, ainsi qu’ une finale sur une belle amertume façon Ristretto. Finalement pour un machin raisonné, c’est drôlement bien foutu.

Pour suivre, une nouvelle splendide association : mon premier, Fabrice Domercq (à droite) commence par s’émanciper en Italie dont il est toujours amoureux, et pas que des regazze, en fait, surtout du vin. Il y exerce des talents de designer avant d’aller vers la sculpture et surtout de venir à Bruxelles et d’y devenir notre pote. Mon second, Jasper Morrison, est une pointure mondiale du design qui ne se contente pas que de dessiner des trams nommés Hannovre. Il est tout autant zinzin de jus de treille.

14La rencontre des deux bonshommes a produit l’étincelle « Ormiale », une micropropriété d’Entre-Deux-Mers qui a réalisé son premier millésime en 2007.

C’est à la rencontre du Bordeaux 2009 du domaine, version non-filtrée que nous allons à l’occasion de ces VDVs. D’emblée, que ce soit à l’œil ou au nez, clairement le vin revendique son appartenance à la famille des merlots bordelais, zyeutant plus sur le fruit de la Libourne que sur le côté sévère de certains Médocains, le tout avec des notes assez modernes.

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On pourrait à ce stade dire : « encore un de ces… ». Mais à l’instar du Château le Puy, source d’inspiration ou plutôt d’admiration chez Fabrice, le vin dévoile en bouche un superbe équilibre, tout en fruit suave et en finesse, sans jamais verser dans la surextraction ou le boisé violent. Les amers et les tanins sont tout autant très bien maîtrisés, domptés, malgré la jeunesse et la concentration de l’objet. Mais finalement, de toutes ces qualités, ce qui frappe, c’est le juteux de ce vin. Trop jeune encore, mais combien prometteur !

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Bon ça !

Si les histoires de famille sont communes dans les vignobles du vieux continent, on ne peut pas prétendre que cela se passe toujours pour le mieux du monde… dès lors, est-ce vraiment abuser d’une certaine liberté vis-à-vis du thème imposé que de relever certaines symbioses coopératives  comme cette association fraternelle entre Frédéric et François Alary au Domaine de l’Oratoire Saint-Martin à Cairanne ?

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En tous cas, cela fait ici plus de 30 ans que cette symbiose fonctionne et durant cette période, la direction prise par le domaine s’est avérée clairement bio tout en diminuant drastiquement les interventions en cave…. Cap Glou…. de fait !

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Du domaine, nous avons fait sauter le col du Côtes du Rhône 1996…. Un poil risqué ? Si l’âge se fait certes sentir, il reste au nez une belle complexité, mélange de menthol, de tabac, de fruit et une forte impression de syrah du Nord. La bouche est encore très fraiche avec beaucoup de finesse et un fruit velouté intéressant surtout en finale. Ici, c’est clairement l’impression de grenache qui domine. Un vin très bien fait avec comme seul petit bémol, une légère sensation alcooleuse ; mais à l’aération, cela a tendance a bien s’effacer…  Encore une belle expérience !

Le vin suivant est terriblement chargé de souvenirs, en tous cas, en ce qui me concerne, puisqu’il trouve son origine dans une superbe histoire d’amitié entre des personnes que j’apprécie énormément et qui ont un profond lien avec l’Alsace. De fait, un peu comme la complexité d’une réaction biochimique, la Fattoria di Caspri est née, à Montevarchi,  à l’Est du Chianti, de la collaboration d’une famille suisse passionnée de vins et de la Toscane qui a cru en la personne de Bertrand Habsiger, un jeune alsacien  qui avait marqué sa région en tant que sommelier, pour lui confier la direction de ce domaine totalement atypique, tant, dans cette région d’Italie, la volonté de faire des vins naturels aussi aboutis est assez rare.  Bien que forcément connaisseur du vin, Bertrand n’a toutefois jamais eu la prétention de s’attaquer tout seul à cette entreprise. Il a préféré pour cela faire appel au captivant Patrick Meyer et son expérience unique des sols pour refaire vivre la terre de Caspri. Le résultat de cette collaboration est hors normes ;  il a eu, entre autres, le mérite de donner des sanglots aux yeux d’un vieil homme qui n’avait plus goûté le sangiovese ainsi depuis sa prime jeunesse…. Le ton est donné.

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Et ce n’est pas le fait de servir nos vins à l’aveugle qui a modifié quoi que ce soit à cette image, parce que le Rosso di Caspri 2008 qui a fini dans nos verres était tout simplement « époustouflant », « Ze » coup de cœur unanime de la soirée !

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Sa robe est encore très profonde et son nez, malgré une certaine retenue, révèle une classe et une complexité dignes des plus grands vins.  La bouche est sanguine, tendue, équilibrée, extrêmement minérale, bref, splendide. Un moment d’exception pour un vin d'exception, hélas, désormais presque introuvable…. Bref… Génial !

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Re-Glou

On reste en Italie pour suivre avec un domaine où les fidèles lecteurs de ce blog risquent de sourciller, susurrant «quoi,  encore ? ». Certes, zont pas trort ! Et, en plus, revoilà le borderline de la « famille » dans la thématique du jour avec deux sœurs jumelles de surcroît. Sauf qu’ici, on ne peut pas vraiment parler d’une dynastie de viticulteurs, déjà que les dames du vin, à Montalcino, ne courent pas les rues. Non, ici c’est plutôt l’histoire des sœurs Padovani, deux très jeunes femmes tombées amoureuses de la beauté du Val d’Orcia, lieu de leurs vacances enfantines, et dont l’une d’elles, Margherita, décida un jour de plaquer ses études pour cultiver des olives à sur le célèbre éperon toscan. Il ne fallut pas attendre longtemps pour que Francesca rejoigne à son tour Montalcino, dès lors, pour entre sœurs se lancer dans la vigne, l’une plus en interaction avec la terre, l’autre plus à la cave, tout cela avec une complicité et une complémentarité exceptionnelle comme seules des origines gémellaires peuvent être une dynamique.

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Et si, comme dans toutes les histoires de complicité, de symbiose et de coopération, les pages peuvent se tourner un jour et que Francesca assure aujourd’hui seule la gestion du domaine, le vin respire toujours cette passion, cette énergie de vie que seules des aventures vraiment « humaines » peuvent générer.

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Rien que pour cela, reparler de Fonterenza était une nécessité absolue à travers ces récits de vie en commun. Si tant les Rossos et les Brunellos ont accumulé sur ce blog les louanges, il faut reconnaître que c’était sur des millésimes porteurs de fruit, ce que n’est pas obligatoirement 2010. Dans le Rosso di Montalcino du dit millésime, la matière trahit aujourd’hui encore un peu cette réserve donnant une impression très serrée, surtout en finale. Mais la concentration et l’équilibre sont là, la fraicheur aussi et largement, et, en fait, il en dit long, le nez complexe et généreux avec ses notes florales, d’amande, floral, de fruits rouges et même de bonbon anglais. Il nous rappelle que cette dureté de la jeunesse est tout sauf de la maigreur.

Next one….

Quand deux vignerons bourguignons se rencontrent, il peut arriver qu’ils fassent bien plus que se raconter des histoires de vignerons bourguignons. Et dans la gamme du bien plus, quoi de mieux que de regarder ensemble vers le Sud et de mettre  les talents en commun en Minervois. C’est le cas d’Anne Gros et Jean-Paul Tollot qui ont créé à « Cazelles » un domaine sudiste à quatre mains avec de forts accents bourguignons, et, qui semble très cher à Michel Smith et David Cobbold. De plus, il faut bien reconnaître que la collaboration ne s’est pas arrêtée au vin… elle a poussé dans l’audace architecturale, aussi !

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Sur le billard du jour, la Cuvée La Ciaude 2008, assemblage de grenache, de syrah et surtout de vieux carigans qui captivent les deux vignerons.  Le nez est un peu boisé, bluffant dans le sens qu’il nous amène bien plus en toscane qu’en Minervois.

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Si la bouche conserve les marques boisées du pif, on est vraiment impressionné par la structure de la matière. Et comme globalement, le fruit est  rond, gourmand, bien juteux, tout cela respire le drôlement bien fait, comme on en retrouve rarement chez les adeptes de la viticulture raisonnée.

Si deux vignerons peuvent donc se rencontrer et entamer ensemble une aventure parallèle à leurs domaines d’origine, pas de raison de se limiter à une dualité. Passage à l’unité supérieure avec la Bodega Comando G (on se calme les filles), avec G comme Grenache, où ce sont Fernando García (Bodegas Marañones), Daniel Gómez Jiménez-Landi (Bodegas Jiménez-Landi) et  Marc Isart (Bodegas Bernabeleva) qui forment ce commando à 6 mains dont le but est de faire, à proximité de Madrid, flotter haut la bannière du cépage, le tout sous une discipline strictement biodynamique.

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Et cela dans des conditions presque surnaturelles, sur les pentes raides de la Sierra de Gredos à près de 1000 mètres d’altitude et, presque forcément, au prix de rendements minuscules (15-20 hl/ha) pour la région…. Une aventure qui focalise, qui passionne. Et pour illustrer les activités de ce trio infernal,  la cuvée “La Bruja Averia,  Cadalso de los Vidrios » 2011, où Bruja Averia est le vrai nom de la cuvée, alors que Casaldo de los Vidrios, le nom communal du coin.

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Clairement, avec ce vin, on ne peut pas vraiment échapper à cette image de vin issu de rendements ridicules sous un soleil de plomb, avec comme conséquence, des maturités, pour le moins élevées. De fait, la robe est impénétrable, ultra-concentrée ; le nez est ultra-solaire, alcooleux, mentholé, épicé à donf, suggérant clairement la surmaturité, du moins c’est l’impression qu’on en a. Pourtant, en bouche, malgré une solarité indéniable, c’est drôlement bien équilibré et certainement pas trop typiquement ibère… oublié, ici, ces boisés de Crianza de Tempranillo…. Et comme c’est terriblement jeune, l’invitation à attendre est évidente.

Si dans la famille « Coopérative » (fallait bien que ça arrive sur le grill du mois, ce genre de zoziaux), on vous cite « Castelmaure », ben, ça n’étonnera personne. Il est vrai que parler de cette coop sur un blog peut donner l’impression à l’auteur de prêcher devant un Madison Square de convertis en délire, tant le seul fait de parler Corbières amène tôt ou tard sur la table, une des quilles de cette maison du village presqu’éponyme, Embres  et Castelmaure.

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Rarement, il est vrai, une coopération viticole semble avoir atteint une notoriété de ce niveau, mais aussi poursuivi une telle finalité, avec une réelle volonté de faire bon et beau…. Les nouvelles installations futuristes en attestent largement. Probablement que cela est en grande partie dû à la succession éclairée de ses directeurs dont le dernier, Bernard Puyeo, n’est pas le moindre…. Et ce n’est certainement pas Vincent Pousson qui devrait me contredire sur ce coup-là.

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Pour illustrer Castelmaure, on aurait pu évidemment dégoupiller une très médiatique « Cuvée n°3 », mais la fougue d’un de nos disciples s’est plutôt portée sur « A Perpète , esprit du vent non millésimé », en fait, un assemblage de plusieurs millésimes à base de grenache, syrah et carignan issus de schistes et de calcaires. La robe est dense, très profonde ;  le nez est plein de fruits mûrs mais sans le moindre excès, avec en sus, la batterie d’épices qui flairent bon la Méditerranée. Côté bouche, la tension est bien marquée, mais la jeunesse de la mise (2011) ainsi que l’élevage pas encore totalement intégré crient à attendre encore, même si le domaine autorise une consommation sans garde. A revoir…. dans 2-3 ans !

Pour rester dans le domaine des Coopérative tout en ne quittant pas le Sud, dirigeons-nous près de Lirac, précisément, allons à la rencontre des Les Vignerons d'Estézargues, une coopérative rhodanienne révélée par Jean-François Nicq (Foulards Rouges) qui a clairement mis cette maison sur les rails du bio cap plein glou. Il a cédé le flambeau de la direction en 2001 à Daniel Deschamps , ce dernier ayant poursuivi pleinement dans la même voie : respect des sols, levurage indigène et un soufre minimaliste quoiqu’un poil plus élevé qu’à l’époque de Nicq.

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Pour illustrer cette maison sur l’étal de cet article, la cuvée dite Domaine d'Andezon 2010, Côtes du Rhône Villages (El Toro, pour les intimes), cuvée à dominante syrah (80%) qui apporte clairement des notes fumées au nez, en plus d’autres notes d’épices assez corsés et surtout de café quand ce ne sont pas quelques larmes solaires qui débordent….

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La bouche est pleinement cohérente avec le nez, toujours aussi torréfiée avec une impression parallèle de fruit ultra-mûr. A l’instar de quelques-uns de mes partenaires (pas tous, certes), impossible de ne pas réprimer une impression globale de lourdeur qui éloigne la chose du paradis du glou. Faut dire qu’on n’est pas à notre première quille non plus.

A la seconde où j’ai pris connaissance de la thématique proposée par Marc, mon visage s’est illuminé, parce que je pense bien que dans ce qu’il souhaitait voir fleurir sous nos lignes numériques, c’est que l’on parle d’un «e aventure comme celle d’ I Dolomitici, un groupement de onze vignerons issu des Dolomites, plus précisément de la région viticole italienne du Trentino-Alto Adige, au Nord-Est de la botte. Sommet jubilatoire de l’originalité et du partage, ces vignerons ont en effet choisi, sous la bannière emblématique d’Elisabetta Foradori d’unir leurs réflexions et leur travail, pour in fine, sauver de la mort des terroirs ancestraux qui, sans autre repreneur, seraient plus que probablement condamnés à une injuste mort. J’avais déjà rencontré cette forme de mise en commun de réflexion et de pratiques dans d’autres régions, comme par exemple, Giovanna Morganti et sa « bibliothèque commune » à Podere le Boncie en Chianti. Mais à ce point dépasser les notions de son propre domaine pour retrouver une convivialité qui existait certainement en des époques reculées, c’est du presque jamais vu et certainement un exemple à suivre (pour en savoir plus, c’est ici).

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Les premières parcelles récupérées à un vieux vigneron ont offert aux Dolomitici des vignes de Lambrusco franc de pied. La cuvée qui en émane se nomme Ciso et le premier millésime est 2010.

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Très sombre à la robe, le nez est marqué par une acidité volatile, assez fermé en termes de fruits, rustique même. La bouche aussi ne dément pas ce caractère rustique avec une acidité de dieu le père, des tanins très marqués mais aussi, derrière ce mur, des fruits rouges charnus, sanguins. La matière est très présente en atteste la longueur. Evidemment, pouvait-on attendre moins de rusticité de la part de très vieilles vignes de lambrusco sur une terre qui doit encore revivre grâce à la biodynamie. Je ne pense pas qu’on a l’a effectivement un chef-d’œuvre d’équilibre, de finesses et de buvabilité, certes, mais pourtant, pour ce que ce premier vin représente en termes d’œuvre humaine collective…. Je l’adore ! Et je m’en balance de ce que pourrait en penser Michoubichou.

La dernière aventure du jour  nous ramène dans le Rhône Nord avec une amitié plus que trentenaire qui a donné naissance à un domaine fer de lance des vins naturels : celle de Jean-René Dard et François Ribo, issue d’une rencontre au lycée viticole de Beaune et qui n’a jamais connu de vague.

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Arrivé aujourd’hui à un degré de maturité sans beaucoup d’égal, le « Black Label » domaine Dard et Ribo nous balance désormais, avec la régularité d’un métronome, de véritables petites bombes de fruit et de plaisir, assurant une autre dimension au plus beau des cépages rhodanien, la syrah. Et en plus, les deux zoziaux raffolent de la Cantillon, ce qui est une preuve de goût évidente.

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Dans le Crozes-Hermitage 2008 qui termine le périple, toutes les valeurs du domaine D&R sont pleinement respectées. Un nez splendide, à la fois tellement syrah et tellement fruits rouges, une acidité tranchante de fraicheur, au bord de la pétillance si on oublie de carafer, un fruit totalement juteux, des tanins complètement intégrés et surtout une impression de finesses qui nous emporte loin, loin, loin…. Du grand art, même s’il s’agit ici de la cuvée générique.

Glou !

Et en conclusion…., non peut-être

Amitié, union familiale, coopération, collaboration, rassemblements, aventure, tous ces mots ont sonné ce soir extrêmement juste à nos palais et plus profondément à nos esprits. La devise de la Belgique n’est certainement pas au fil de cet article de vains mots ; l’union ferait donc bien la force !

Avant de tourner cette nouvelle page vendredivinesque, je tiens donc,  m’unissant très largement à toute notre équipe de dégénérés amateurs de vins tarés pour pleinement remercier Eric Leblanc, notre président du mois, qui, grâce à une thématique peut-être pas très évidente à certains, nous a balancé une véritable bombe de bonheur, gustativement, vu la qualité générale des vins de cette dégustation, mais aussi humainement, tellement cela fait chaud au cœur de voir des gens, à l’époque où on vit dans son grenier avec son ordinateur, encore réaliser leur vie en communauté. De tout cœur, Eric, merci !

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Commentaires
L
'y a pas de quoi !!! :-)
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M
C'est vrai aussi, Michel, que je ne remercierai jamais assez les piliers des VDVs, Iris, avant tout de nous avoir mené sur la route du plaisir "ensemble" !
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M
Hé bé, ça commence par un pet et ça se termine à perpète... En voilà un beau collectif !
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