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Vins Libres
6 mars 2014

A quoi servent encore les AOC ?

Et bien oui, c’est in the wave ces temps-ci, moi aussi, je m’y mets et avec un article bien poujadiste irrévérencieux, selon vous évidemment…. , Monsieur de Rouyn.

C’est sûr que face aux 90% des consommateurs qui pensent qu’une bouteille de vin pousse dans une grande surface ou qu’elle s’échange au prix d’un Solex en Uranium chez Sotebys, c’est sur que face à cela, ce que je pense réellement des AOC est totalement anachronique, mais mon ego surflatté me fera croire que toi lecteur, tu fais partie des autres 10%, de ces 10% qui s’attachent encore à écouter les conseils de cavistes passionnés ou qui vont jusqu’à prendre des avions juste pour aller goûter quelques bouteilles avec un vigneron et revenir aussi vite. (Bon, là, je tiens quand même à rappeler que les billets de Ryanair avoisinent quelquefois la moitié d’un taxi bruxellois).

Toujours est-il  qu’étant incapable d’acheter un produit bordelais au prix d’une bagnole d’occasion et étant dans la félicité de combiner l’amitié de « vrais » cavistes « engagés  dans leur passion » ainsi qu’ayant une épouse qui ferme les yeux sur mes petits voyages, le mot AOC ne m’a que très rarement empêché de dormir, laissant par facilité à des hommes comme Jean-Michel Deiss toute l’authenticité d’un combat sur ce que devrait être une vraie appellation.

Et ce sentiment de quiétude ignorante et insouciante qui me rapproche probablement du bon Calife Haroun El Poussah sur son gros coussin rose, c’est très probablement que quand on a dans ses amis de « vrais » cavistes « engagés  dans leur passion », de vrais amis vignerons qui acceptent à tout moment de m’accueillir, des salons jouissifs à profusion comme cerises sur le gâteau, ON S’EN FOUT UN PEU de la couleur, de la forme de l’étiquette et a fortiori de ce qui est inscrit dessus, parce que ce qu’on aime, c’est le contenu, et surtout le porter, ce contenu, aux lèvres, fermer les yeux et penser à tout ce qui entoure ce vin.

« Un vrai état onirique éveillé…. Comme Haroun el Poussah sur son coussin. »

De coussin à Cousin, il n’y a cependant qu’un pas à faire, surtout de nos jours et de quoi faire sortir de son trou une marmotte trop tôt secouée et qui, comme le dit Olif, est pas toujours très joyeuse.

Car, enfin, depuis que je suis tout petit, on me dit que les AOC, c’est fait pour défendre l’identité des vins et des vignerons qui les produisent sur un territoire donné. On me dit aussi que si des règlements d’agréments existent, c’est pour que cette identité soit conservée, une forme de balise de l’origine. Ça, c’est quand on est petit ou qu’on fait partie des 90% précités. Après, on est en droit de commencer pour le moins à sourciller quand on se rend compte que le respect de l’identité d’une appellation, pour ne pas dire d’un terroir, comme veulent le faire croire le bon Hubert et ses potes bordelais, cela passe par le dézinguage chimique des vignes, par l’ajout de levures sélectionnées et toutes autres formes de biotechnologies rutilantes qui n’ont comme but que de créer un vin qui est à la vigne ce que Mac Do est au Burger, mais pas au même prix que le Mac Do, un produit, un clone presque. Et forcément, plus un produit devient identitaire, plus il devient facile pour des juges en agrément de jouer à leur petit dieu et déclarer la chose correspondante ou non à ce qu’il faut.
Et plus on s’éloigne du produit, plus on se rapproche de l’échafaud.

Et puis, quand on est encore un peu moins petit, on se rend compte que ce « système » dépasse les frontières bordelaises, que le cépage fait loi omnipotente, et qu’encore, non seulement le cépage est roi, mais il doit l’être dans une expression donnée. Quand on multiplie le nombre de vignerons par le nombre de terroirs réels dans une zone d’appellation, il y a en fait vraiment de quoi se marrer un bon coup quand on veut vous faire croire que défendre une appellation, ce serait faire fi de notre diversité à tous. Mais bon, c’est comme ça. Et pourtant, on dort encore, un peu moins peut-être, disons qu’on somnole joyeusement sur son pouf.

Et boum, subitement, médiatiquement, aujourd’hui, on voit que c’est le mode « dura lex, sed lex » qui est en mode « ON ». Tant qu’on me déclassait les vins des gens que j’aime, j’avoue, comme le bon Haroun, je m’en foutais bien, je savais qu’ils les vendraient bien à des passionnés comme mézigue… Bref, on restait suffisamment endormi pour ne pas voir que le déclassement, cela ne leur suffisait plus aux omnipotents du pouvoir, maintenant, ce sont les procès, les peines de prison, maintenant si tu ne fais plus dans la norme, tu deviens un criminel. Si tu ne fais pas clone, t’es un ennemi public… Si tu fais pas comme les beaux messieurs te disent, t’es juste bon à être comparé à une bête de cirque (quoique, même là les animaux sont désormais interdits)

Et pourtant un clown, c’est tellement plus comique qu’un clone…

Alors, faut plus dormir les amis, faut plus juste fouttre son cul sur un banc à descendre des canons avec ses potes, faut réagir, il faut parler, il faut expliquer, avec passion mais pas en traitant les gens de salope, Monsieur de Rouyn, il faut aller hurler à tous vents que les AOC ne sont plus garantes de rien du tout, et certainement pas ni de la vie, ni du terroir.

Il faut se révolter. Pour nos enfants, pour la vie, pour l’honneur bafoué de ces artisans qui font simplement le vin qu’ils aiment et qui ne demandaient rien à personne.

 

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Commentaires
P
Excellent !
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