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19 juillet 2011

Podere le Boncie - Giovanna Morganti

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Podere Le Boncie
Giovanna Morganti

 

Historique et philosophie générale

C’est en 1990 qu’est créé sous sa forme actuelle, sous l’impulsion de Giovanna Morganti, le « Podere Le Boncie » au lieu-dit « San Felice » dans la localité de Castelnuovo Berardenga au Sud du Chianti Classico. On ne connaît pas exactement le sens réel du mot « Boncie », il aurait pour origine un mot étrusque relatif aux chats, plus particulièrement aux femelles.

 


Giovanna Morganti

 

Enzo Morganti, le père de Giovanna était lui-même issu d’une longue lignée de vignerons et très actif et respecté au sein du Consorzio Vino Chianti Classico. Il est connu pour avoir donné naissance à la très connue Agricola San Felice, un des plus beaux Agriturismo de la région.

Ayant assisté son père, dès son plus jeune âge dans les vignes et au chai, c’est assez logiquement que Giovanna suit une formation en viticulture à Sienne afin d’assurer son avenir de vigneronne sur ses terres familiales.
Elle y travaille aujourd’hui aidée de son compagnon Giorgo Serao et de Paolo, son régisseur, qui nous a largement ouvert les portes du domaine. Avant de rejoindre le Podere Le Boncie, Paolo a aussi travaillé au Campi di Fonterenza qui a fait l’objet d’un autre article sur mon blog.

 

 

D’abord constitué de 3,5 hectares plantés en gobelet, le domaine a été récemment étendu à 5 hectares par des parcelles limitrophes plantées en guyot, alors que sortait parallèlement de terre un nouveau chai, qui terminé en 2010, permet aujourd’hui de travailler avec plus d’espace et dans de meilleures conditions que dans la maison familiale toute proche.
Si l’appellation Chianti Classico est clairement revendiquée, rien qu’en souvenir des traditions familiales, Giovanna a su rapidement se démarquer de ses voisins par une approche réellement bio dans le traitement de ses vignes de même que par un usage du soufre très limité lors des élevages. Toutefois, rien n’est, ni ne sera revendiqué sur ces pratiques au niveau de l’étiquette, Giovanna ne recherchant nullement une communication publicitaire superflue à leurs yeux (il n’y a d’ailleurs aucun site web en projet à ce jour) ; il en est de même vis-à-vis de son interaction avec sa clientèle de laquelle elle préfère des échanges intenses et profond sur une petite échelle quantitative à une vente à tous vents ou un accueil sans réel débat sur sa philosophie. Le fait de ne rien revendiquer ni de s’inscrire dans un groupe lié à tel ou tel mouvement permet aussi au domaine de pouvoir évoluer librement au gré de ses réflexions ainsi d’une approche très symbiotique avec la nature.

 

 

On ressent le mot d’ordre permanent « Prendre ce que la nature veut bien offrir » et toujours s’adapter pour une recherche permanente de l’expression du fruit et de la minéralité, bannissant au passage les goûts de bois toasté, les surextractions et la tannicité extrême, si souvent de mises dans une région qui vibre au son de la demande mondiale de vins modernes. A ce titre, le domaine ne produit pas de Riserva, la marque de l’élevage n’étant pas recherchée et, de plus, Giovanna estime que vouloir produire un Chianti Classico sous deux images n’est pas logique, dans le sens qu’un vin en DOCG doit correspondre au meilleur de ce que l’on désire proposer.

 

 

Vignes

Le cépage ultra majoritaire au domaine est le Sangiovese, seuls sont tolérés, entre les anciennes et les nouvelles parcelles, quelques rangs éparses de cépages plus rares comme le Colorino ou le Mammolo.

 

 

Toujours en fonction des saisons et de ce qu’elles permettent en terme de chaleur ou d’humidité, les vignes sont enherbées par des graminées locales, le plus souvent un rang sur deux. Le travail des sols est minimal, se rapprochant très fort du « travail » de Patrick Meyer en Alsace, seule une griffe étroite de 50 cm de profondeur est pratiquée quelquefois afin de permettre un meilleur drainage des pluies, celles-ci pouvant être importantes en Toscane et particulièrement dans des régions montagneuses comme le Chianti Classico qui bénéficie souvent d’influences humides qui se concentrent dans les Apennins au Nord de Florence.

 

 

Vendanges et vinification

Les raisins sont vendangés manuellement en un passage en fonction de la maturité des parcelles vers la fin septembre, bien que les vendanges de 2011, millésime qui semble rester très précoce à l’heure où ces lignes sont écrites, soient prévues deux semaines plus tôt.

 

 

Les raisins sont transportés en petites caissettes de maximum 15 kilos jusqu’au cuvier, puis après égrappage, mis en fermentation pendant environ 20 jours dans des cuves de chêne français de 500 à 700 litres âgées de 10 à 15 ans. Le moût est pigé deux fois par jour pendant environ 10 minutes.

 

 

Les vins sont ensuite élevés pendant environ 26 mois, soit en barriques, soit en foudres de chêne d’une moyenne d’âge de 15 ans. La volonté est de favoriser les foudres autant que possible, l’usage de la barrique se voulant de plus en plus limité. Les vins sont mis en bouteille à partir du mois de novembre deux ans après les vendanges, puis commercialisés à partir du mois d’avril de l’année suivante.
La production moyenne est de 55 à 65 hectos/ha, celle-ci pouvant descendre à 45 hectos dans des millésimes très chauds comme 2009.

 

 

Deux vins sont commercialisés : La cuvée « Le Trame » en DOCG Chianti Classico et la cuvée « 5 », en Vino di Tavola (80 à 85 % de Sangiovese, le reste de Colorino et Mammolo).
Plus de 75 % des vins sont exportés dans une très grande variété de pays de tous continents.

Souvenirs de dégustation

Chianti Classico « Le Trame » 2009 (sur fûts)

A environ 6 mois de la mise et après être passé par des phases plus ouvertes et plus généreuses en terme de finesse du fruit, le vin oscille maintenant entre une impression première de réduction pour évoluer vers une trame très serrée avec une forte sensation solaire de part l’alcool et le haut niveau de maturation perçu. Cette perception assez classique pour un millésime très chaud où beaucoup de grappes ont du être éliminées parce que la vigne avait arrêté de travailler, est toutefois tempérée par une fraicheur intéressante, un équilibre avéré et surtout une très belle impression minérale en finale qui apure le vin.

 

 

Chianti Classico « Le Trame » 2008

Le nez est assez discret, serré, d’une grande finesse avec des sensations complexes de fruit, de floral et de notes pierreuses. En bouche si le vin est particulièrement droit, enveloppant de manière aérienne une acidité directrice, il frappe par ses fruits épicés et surtout par sa minéralité qui confère à sa belle longueur une austérité assez grandiose, baignée par des amers très nobles. Un vin qui m’a ému, dès son premier contact, deux jours avant et qui a motivé ma visite au domaine.

Chianti Classico « Le Trame » 2007

Le 2007 est plus généreux au nez, tout en gardant une très belle précision et une finesse déjà caractéristique, il possède un côté floral aérien que je n’ai jamais rencontré en Chianti, sans manquer de fruit. En bouche, la tension est légèrement moins prononcée que pour le 2008, ce qui augmente encore l’impression d’équilibre et de finesse. La longueur de la finale est impressionnante et surtout une merveille de salinité. Un tout grand vin, pur, sans artifices.

Réflexion générale

Comme je l’ai sous-entendu plus haut, le travail de Giovanna s’inscrit dans une réflexion perpétuelle, toujours à l’écoute des autres, comme Elisabetta Foradori, pour qui on connaît mon admiration et qui est une amie proche de Giovanna. Afin de dynamiser cette volonté de réflexion, une « Bibliothèque-Forum » a été créée au domaine afin d’y accueillir collègues et étudiants en quête de savoir à travers les livres et les débats, c’est tout dire ! Un autre exemple de cette réflexion est la structure du nouveau chai (qui contient dans une salle séparée la bibliothèque) : si le tape à l’œil est largement évité, tout semble y avoir été pensé à merveille en terme de fonctionnalité, de modernité et d’espace, une véritable zone de vie rationnelle mais où il ne manque rien.

De notre rencontre qui a duré plus de 2 heures (ce qui est assez exceptionnel en Chianti), il ressort une impression générale sur le domaine d’une grande recherche d’équilibre dans les vins ainsi que dans la vie et le travail, toujours en respect absolu de la nature et de ses caprices.
Les vins sont complètement à cette image, équilibrés, droits, purs, profonds, en éternelle balance entre fruit et maturité, souvent à des lieues de ce qui se fait dans le voisinage… ils sont surtout profondément humains !
Rien que pour cela, je tiens à remercier Paolo et Giovanna pour ce très beau moment partagé.

Contacts

Giovanna Morganti
Podere Le Boncie
Strada delle Boncie
Loc. San Felice
53019 Castelnuovo Berardenga - Sienna

Web : www.leboncie.it
Mail :
info@leboncie.it

Giovanna parle pas mal le français et Paolo très bien anglais. La pratique de l’italien met toutefois tout le monde d’accord.

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