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7 mai 2013

Burps !

 

salons04

Ce qui suit ne va pas faire obligatoirement plaisir à lire à tout le monde, mais que personne ne se sente vraiment visé en particulier, car je pense bien avoir pas mal d’amis concernés par ce texte, qu’ils soient organisateurs, vignerons ou simple participants.
Et que les choses qui suivent soient tout aussi claires, je ne jette aucunement le haro sur les salons dont je parle ici, ils sont indéniablement de qualité et méritent largement votre visite, je suis d'ailleurs partenaire de l'un d'entre eux...

Bref….

Comme pour vous, ma liste d’amis Facebook doit être constituée d’à peu près 85% de gusses qui tournent autour de la sphère vins bios - vins naturels, et comme vous, à moins d’être pris  chaque nuit d’une quelconque lobotomie, je suis de plus en plus frappé par le nombre d’invitations à des salons de vins naturels que je reçois. Je pense que hier, lundi, j’en ai comptabilisé 4…

Et dire de plus en plus frappé, découle, de fait, d’une augmentation logarithmique du phénomène.
Si c’est bien la future présence conjointe de 3 salons à Paris début juin qui a généré ces lignes
, ce n'est qu'un vague élément détonateur de ma réflexion car ce n’est certainement pas la première fois qu’une forme de doute me prend quant aux objectifs de cette joyeuse fanfaronnade qui depuis maintenant plus de deux ans s’impose à nous.

Comparé au milieu professionnel qui me concerne, la pharmacie, c’est même stupéfiant, puisque les apothicaires belges ont droit à un salon national tous les deux ans et à un ou deux salons plus privés, sur invitation par an. Les plus aventureux de mes confrères pointent du nez extra-muros pour profiter, en fait, une fois par an, d’aller faire la fiesta à Paname. Une fameuse et sacrée différence…. quand on y pense….

D’accord, je veux bien, la vague des passionnés des vins naturels est en train de se transformer en une belle déferlante, mais faut-il pour autant parler, par rapport au reste du Mondovino, de tsunami ? Alors pourquoi tant de vigueur, tant de (sur)multiplication ? N’est-on pas en train de s’étouffer soi-même ?

Côté explications, il y a évidemment le côté sympa qui règne dans le milieu du « glou », un climat qui fait que même sans visiteurs, pas mal de vignerons sont heureux de se revoir et boire de bons coups ensemble, c’est indéniable. Il y a aussi le fait que travailler éclatés dans de petits cadres sympathiques au cœur d’une belle ville, c’est mieux que d’^ter tous ensemble dans la froideur d’un hall des sports de périphérie.

Mais cela vaut-il le coup de balancer, par vagues incessantes, une telle offre ?

Les exemples de trop pullulent. Sans m’acharner sur la coexistence des trois salons parisiens du 1er juin, je pense que l’exemple des salons bio en Loire et dans le Sud est édifiant. Comme à Saumur et Angers, par exemple, où on part d’une sensibilité OFF compréhensible, et, où soudainement à côté de la Dive Bouteille, fleurissent quatre à cinq off du off, le temps d’un WE, où, le plus souvent, comble de la logique, chaque domaine est plusieurs fois représenté. Autre exemple, tout aussi édifiant, l’incapacité devant laquelle je me suis trouvé début avril, heureux que je sois d’avoir les moyens de voyager, de faire plusieurs salons, faute d’ubiquité. Parce que pendant que Vinitaly avec son étage officiel sur les vins naturels se déroulait à Vérone avec en corollaire au moins deux salons off tout aussi naturels, avait lieu la Beaujoloise  et ses salons offs, de plus en plus nombreux, et la grand messe belge du vin naturel à Olne. J’ose pas penser à toutes les dégustations chez mes potes cavistes au même moment. Et ne croyez surtout pas qu’en Italie, il n’y avait pas de vignerons français, au contraire.. Et comme je pense être un « passionné  normal », je me déplace en voiture, voire par Ryanair, et à mon avis, seule l’acquisition d’un hélico dernier modèle  me permettrait d’être partout, et encore…

Cela peut faire sourire, mais je connais un pote qui de retour en pleine nuit de Vérone a peut-être dormi deux heures avant de prendre le volant à Bruxelles, direction le Beaujolais….

Evidemment à ce stade, vous allez me dire, mais, Patrick, tu ne DOIS pas être partout, puisque nous sommes partout, sois content de ne point trop devoir te déplacer pour lever le coude avec du bon jus. Encore que peut-on encore ne pas parler de déplacement quand en un jour et demi, on se voit confronté à 3 salons de qualité, autant de repas sympas, le tout aux quatre coins de Paris, et incluant évidemment le train Bxl-Paris-Bxl ? Au fait… on dort ?

Certes, je devrais être content mais, là, figurez-vous que je n’écris pas cet article en ne pensant qu’à moi…. Parce ce qui se passe à l’échelle de l’hexagone et des petites Suisse et Belgique avoisinantes, s’étend plus que visiblement au reste du monde, ça pullule tellement que pendant que Monsieur est aux States, Madame est à Londres pendant que le fiston est à Paris… Un peu fou non ?

On serait en février, moi, je veux bien encore comprendre qu’à part la taille, ce n’est pas le rush dans les vignes, mais là, on est en mai et juin, ça débourre de tous les sens, comment y font les supermans et superwomens ? Enfin, y font pas tous les zozos, parce que, côté de la botte, pour une tentative d’évènement en Belgique, presque tous les vignerons contactés ont dit que cela allait être difficile, le nature exigeant une présence de tous instants… Alors quoi, dans l’hexagone, les domaines bénéficieraient-ils d’équipes pléthoriques ? Ou alors, on préfère foncer, aller en surrégime, au point, comme une de mes amies vigneronnes, de littéralement craquer nerveusement l’année passée à la même époque, ou revenir récemment complètement malade d’un éprouvant voyage aux States ?

Et je parle pas de toutes ces joyeusetés en terme de logement, de quilles ouvertes, faut vraiment croire que tout roule ou alors que...

Bref…

Y a-t-il vraiment une demande qui nécessite une telle débauche d’organisations, y a-t-il une telle demande qui fait qu’en un an, je me retrouve une bonne quinzaine de fois vis-à-vis des même cuvées, aussi sympathiques soient-elles, vis-à-vis des même joyeuses bouilles de producteurs de glou ? Cela mérite-il d’aller puiser autant dans ses réserves énergétiques, alors qu’à un moment le public, devant tant d’abondance, ne sachant où donner les yeux de la tête (ça doit être belge comme expression, ça), se met à dire ou à penser : « quoi ,encore ceux-là, faisons l’impasse, de toutes manière, on aura bien encore l’occasion de les voir dix fois cette année ! »

Souvent l’abus de bonnes choses nuit.

Et comme, on peut vraiment parler de joyeuse entente dans le milieu, n’est-il vraiment pas temps de se fédérer, du moins de s’adjoindre un comité d’organisation qui établirait un calendrier objectif pour ce joyeux cirque en folie ?

salons03

N’est-il pas temps de réfléchir, avant que les visiteurs, tels des cormorans s’étant vu offrir un bac de poissons pour eux tout seuls, se mettent à errer, zigzagant, le ventre trop plein, en oubliant dès lors à s’attacher à la qualité et surtout l’émotion  qui devraient accompagner les vins présentés ?

Ceci n’est qu’une simple réflexion, pas une râlerie de plus, mais, ce serait sympa si vous pouviez réagir, rien qu’en me disant où je fais peut-être fausse route.

Dites-moi….

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Commentaires
D
Tu as raison sur beaucoup de point Patrick. Ton analyse correspond bien avec la réalité.<br /> <br /> Merci pour ton article et le partage de ton point de vue.
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H
Je suis d'accord avec votre constat, je pense qu'il faut tout simplement y voir une des conséquences multiples de la crise économique... En effet, les cavistes et les restaurateurs ayant moins de clients (et ces derniers ayant souvent moins de moyens) les chiffres d'affaire des vignerons baissent, ils tentent de compenser en reprenant une partie de ce qu'ils déléguaient naguère à leurs distributeurs. En tirant la couverture, les cavistes font partie des premiers fusibles à sauter. C'est d'ailleurs mon cas, et je me sens complètement impuissant devant ce phénomène. Toujours est-il que demain ma petite entreprise n'existera plus, malgré les tripes et boyaux que j'ai pu y mettre durant bientôt 8 ans à coeur et à corps perdus, tentant de défendre des vignerons qui travaillent dans le respect (d'eux-mêmes, du buveur, de Mère Nature). Ainsi va la vie.
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M
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> Je comprends aisément votre analyse. Je suis même d'accord avec vous. <br /> <br /> J'ajouterai quelques justifications , si vous me le permettez.D'abord, peut être, l'origine de cette multiplication. Il y en a plusieurs en fait.<br /> <br /> 1-L'échec des faiseurs de fric qui ont tellement abusé du besoin de vente des vignerons, et qui ont dégouté tout le monde, y compris les acheteurs. Je pense à Vinomedia par exemple, mais ils sont nombreux.<br /> <br /> 2 L'émergence de salons "spécialisés" bio, nature ou apparentés, qui eux, à la différence des premiers,ont marché ou marchent, et font vendre.<br /> <br /> 3L'envie, en voyant ce modèle, de faire comme les copains: vendre plein de bouteilles en un wkend.<br /> <br /> 4-Une des raisons aussi je crois, c'est bien la rigidité des organisateurs des salons "originels", ceux qui ont lancé le mouvement(ceux dont vous parlez). A mon sens, s'ils avaient fait tourné leur sélection de vignerons plus régulièrement, je pense que l'on aurait peut être pas eu ce développement de "off de offs".<br /> <br /> 5- Il y a de plus en plus de vins naturels, et c'est tant mieux. ET quoi qu'on en dise, on a bien une situation de conccurence qui se met en place. C'est bien malheureux mais c'est celui qu'on verra le plus qui a le plus de chance d'être demain dans les étalages de cavistes, toute chose égale par ailleurs. Voyez le succès des vinificateurs (achat de raisins). Pendant qu'on est dans les vignes, eux sont sur la route à présenter leurs vins...<br /> <br /> <br /> <br /> ENfin je dirais en tant que vigneron que cette période de mai juin est un enfer en effet. On court partout, c'est là que l'on dessine le millésime, c'est une période absolument cruciale.C'est aussi la période printanière, ou les gens ont envie de gouter des vins pour l'été. Les vins se goutent souvent bien. Et on sait aussi qu'à partir du 15 juillet et jusuq'à la fin du mois d'aout, on fera comme tous les ans un chiffre d'affaire absoluiment ridicule, pour qui travaille essentiellement avec les cavistes. il faut donc faire un peu de pognon si possible avant l'été qui va être dur. ET rencontrer les restaurateurs et cavistes qui nous rentreront peut être en Septembre, quand ils reverront leurs sélection.<br /> <br /> Alors oui, je vous cache pas que mai et juin sont souvent d'affreux emplois du temps ou on est toute la semaine comme des dingues dans la vigne, et les wkends sur la route. Ferait on mieux sans les salons? Evidemment. Mais faut bouffer, parce que aussi bon soit il, le vin de ne se vend pas tout seul, et c'est encore plus vrai sur des villes comme paris ou le premier vigneron venu remplace le dernier vigneron passé.<br /> <br /> <br /> <br /> Quant aux prix des vins, que vous abordez dans un autre article, vous avez tout a fait raison. Maintenant si des cavistes sont assez couillons pour distribuer un vigneron qui se permet de faire des prix sacrifiés, qui est le plus couillon?<br /> <br /> <br /> <br /> Amicalement,<br /> <br /> <br /> <br /> Mathias
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V
Que du vrai !!!<br /> <br /> Je reçois aussi énormément de demande concernant les salons des vins natures (même si cela me plait énormément), votre analyse est parfaite<br /> <br /> <br /> <br /> Merci
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I
C'est la rançonne du succès,Patrick - t'es devenu "incontournable" , comme Olif, Jacques ou Antonin, pour les organisateurs de ces évènements;-). Normale, t'es un super multiplicateur hors circuit "pro" de la presse du vin, qui fait son travail infatigable gratos et en passionnés - quand on t'offrira le premier Rolex, c'est là, où il faudra peut-être commencer à s'inquiéter comme lecteur fidèle :-).
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