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27 septembre 2013

VDV #59 : Wine & Music

« Sous le pont des Vendredi du Vin coule la Sene »

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Pour fêter l’arrivée solaire de l’automne de l’an de graisse deux-mille treize, Lolita Sene, universellement réputée pour son blog « 
J’aime ton Wine » nous emmène vers de musicales rêveries à l’occasion de sa présidence éphémère des Vendredis du Vin.

Son message prophétique, à l’heure où les (en)foires peuplent le monde glauque de la grande surface est :

Pour ce VdV#59 c’est à votre tour de m’annoncer vos accords vin et musique.
Un Saint Joseph avec de la pop ?
Un Pomerol avec une sonate de Chopin ?
Un Champagne avec du bon vieux rock ?
Un Touraine avec de la chanson française ?
Présentez-moi votre cuvée confrontée au morceau de musique qui vous parait être le plus adéquat, vibrant, intense.

En voilà une bien belle réponse à l’ignoble Muzak autoconditionnante qui baigne les allées aux néons froids de ces mêmes messes d’(en)foirés et ... répondre à cette image navrante tellement révélatrice de notre société par la recherche d’accord entre la Musique, la Grande, celle avec un Grand M et le vrai vin, avec un grand V, celui qui fait glou, en voilà donc une bien belle idée qui a mis en émoi le bon peuple des vendredivinistes brusseleirs.

Avec un tel sujet, il fallait toutefois éviter de partir dans tous les sens, de s’éparpiller façon puzzle, parce que si cette jouissive thématique se colle, à mon humble avis, parfaitement à une dégustation en très petit comité, voire tout seul, au coin du feu, euh, pour un groupe d’une dizaine de gusses, fallait baliser un tantinet pour éviter le fouttoir magistral.

On a donc exigé des convives un extrait musical par vin ou, si vous préférez, un vin par extrait musical avec trois possibilités d’accord : L’accord des mots, l’accord du sens, l’accord de méditation.

L’accord des mots est le plus évident, il revient à prendre appui sur un mot qui est commun au vin et à l’œuvre musicale, et tant pis, si le rapport est faible pourvu que la musique et/ ou le vin soient bons.
L’accord du sens est quant à lui plus subtil, même s’il reste du premier degré. Il peut faire référence à une philosophie commune, comme un vin punky sur un God Save the Queen ou à une idée que chacun des intervenants pourraient faire générer en commun, genre la cuvée « C’est l’printemps » sur un fond de Vivaldi…
L’accord de méditation, lui, atteint à l’âme, à l’émotion, il cherche ses bases dans la rêverie commune que peuvent susciter un grand vin et/ou une œuvre musicale déchirante. Il est aussi probablement le moins convivial des accords, bien qu’un morceau qui tue, un grand verre, le tout sous la couette avec l’élu(e) de son cœur…. Aaargh….

Notons encore qu’il y aurait bien un quatrième accord, dit du « troisième degré », mais celui-là, je vous l’épargne, car vous autres, lecteurs hexagonaux, vous êtes tellement accroc à notre belgitude au premier et au second degré, surtout en ce qui concerne l’humour, que je ne voudrais point vous faire soudainement vaciller par un concept aussi peu palpable que raisonnable.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur la façon d’appréhender la zizique et le pinard, mais plutôt que de vous terrasser avec des pages ennuyeuses,  on préfère vous renvoyer, chers lecteurs, au livre Wine Sound System de Donpasta (aux éditions Autrement), opuscule qui nous a été conseillé par notre excellent collègue Jacques Berthomeau et qui explore largement la thématique du jour.

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Voili, voiloù…. la meute belgo-belge armée de ses définitions, de l’habituelle table qui regorge de victuailles permettant à l’ost en furie de tenir un long siège, le tout assorti d’une belle série de quilles et d’une sono à fond les manettes…. Voilà aussi chacun des fiers guerriers et amazones de la treille prêts à « subir » les suggestions de leurs collègues avec tout de même un maximum sonore établi à 4,33 minutes question de ne pas finir au petit matin à coups de jéroboams au cas où Wagner aurait inspiré tel ou tel convive…

Oasis : Champagne Supernova

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Champagne Francis Boulard « Petraea » 97-07

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Des années que j’en rêvais de coupler ce « standard » d’Oasis avec une de mes bulles préférées, ouais… Rien que parce que très peu d’autres bulles champenoises m’explosent, telles une supernova, tous les sens possibles… une vraie supernova qui illumine le gosier….  Bref, cet accord couvrait largement les deux premières définitions, les mots et le sens, mais il faut bien avouer qu’il s’arrête là tout autant.
Bien sûr, il y a les perles boulardienne tout en finesse, en minéralité, en floral. Bien sûr, ce vin est un des plus profonds que je connaisse, un des plus longs aussi. Mais le problème est là…. Les bubulles du Père Francis, ça joue dans la cour des grands, au balcon de la Scala, et on a beau aimer les premiers albums des frangins Gallagher, on a beau avoir imaginé en concert des flots de glouchamp se déverser sur nos tronches, faut reconnaître que se délecter de Petraea sur une rythmique oasienne fonctionne aussi bien que manger un Mac Do en regardant le Septième Sceau. 

Lina Margy : Ah le Petit Vin Blanc

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Le Jaja 2012, Jacquère de Gilles Berlioz

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Ah, Lina Margy… Ah, le Petit Vin Blanc… Ce truc a beau venir d’une époque que seuls les pensionnaires les plus coriaces des homes de France et de Navarre peuvent connaître, il parvient encore à nous faire penser à un beau petit vin bien partagé… entre potes… Certes ici, point de meufs, de keufs, de RER, ou autres moi, j’te kifferai, mais bien l’esprit valse musette où j’me dis que si on l’avait connu, pas certain que l’foie, il aurait survécu…
Grand bien fasse donc à cette « Belle Epoque » et grand bien fasse à cette Jacquère qui a tout pour plaire, à commencer pour nous ramener dans le goût et dans l’esprit vers ces moments où on n’intellectualisait pas le vin dans des revues aux couvertures glacées et à la pub assommante. Oui, Msieur Berlioz, il est frais, jovial, gaiement floral et sautillant ton Jaja…. Bref il est « Dansant » ! Accord des mots, accord des sens parfait, littéralement étincelant là où la brit pop se cassait les dents sur les bulles.

Stromae : Papaoutai

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Les Noëls de Montbenault, Vin de France 2010 de Richard Leroy

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D’une part, il y a le jeu de mot… Là, cherchez pas un accord des mots, direct, du premier degré… nada…. Mais…, on est pourtant bien sur les MOTS, dans un univers qui frise bien et bon le troisième de gré…

Noël… Papa Noël… Papaoutai ?

Ca, ….c’est fait… Reste d’une part un buzz audio belge énaurme que tous les médias français s’arrachent et un nom, une étiquette qui font rêver, tous deux transportés sur l’Olympe par l’inénarrable BD « Les Ignorants ».

Deux buzz de première qui pour une fois cachent une qualité artistique indéniable… Et si je n’ai aucune envie de commenter la musique, mon drapeau étant en berne de Gilles Verlant, c’est  ce Chenin de « malade » auquel j’ai envie de m’attarder un peu… tant ce vin est captivant, à la fois par sa puissance, ses épices mais surtout par sa salinité qui réduit à peu de choses un gras presque sudiste. Aucunement chenin conventionnel, il interpelle à tout moment… un vrai vin d’artiste !

Mais bon, associer la rythmique du Stromae et du vin, là, pour sûr, c’est plus délicat !

Jacques Dutronc : J’aime les Filles !

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 « Les Filles » 2011, Chignin-Bergeron de Gilles Berlioz

Accord des mots, bien évidemment, mais aussi accord de sens, parce que cette étiquette rappelle tellement les pulpeuses créatures de Fellini, 20 ans moins le quart avant Notre Dame de l’Anorexie. Alors, on aurait été fort marri de se voir proposer un vin décharné.
Mais l’auteur du vin, comme celui qui nous a proposé cet accord, est bien « aware » sur la question car cette Roussane savoyarde est tout sauf dépeuplée de rondeurs sensuelles, d’amplitude aromatique, le tout, non sans balancer par-ci par-là quelques beaux rappels minéraux ou quelques fruits bien charnus.
Juste que cela manquait un poil de vivacité, de nervosité, de sautillant pour avoir une vraie ragazza dans le verre…

Ludwig Von Beethoven : Adagietto de la 7e Symphonie

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Riesling Grand Cru Kastelberg 2008 d’Antoine Kreydenweiss

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On a beau être accroc à ses vieilles casseroles Pounky, casseroles qu’on traine derrière soi depuis bientôt quarante berges, ça n’empêchera jamais la brute de vibrer sur d’autres machins et dans le genre, l’Adagietto du père Ludwig, c’est ma Madeleine à moi, surtout quand se ressent le besoin de sombrer dans la méditation romantique…
Ce choix musical, il vient aussi parce qu’en plus de me bouleverser musicalement, comme un vieux naîf, je suis sensible à la légende qui dit que ce second mouvement de la 7
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a été « pensé » dans un fiacre, emmenant, chevaux battants, son auteur vers sa promise, celle qu’il s’était d’abord refusé par angoisse, celle qui lui était devenue irrésistible jusqu’au fond des tripes… Bref… une forme d’extase totale d’émotion.
Et comme on est sur l’extase, ça fait quand même bien trois ans que mon truc à moi, c’est le Riesling du Kastelberg made in Kreydenweiss 2008… A chaque fois, c’est l’émotion absolue, et en cette belle soirée plein de belges, il n’y a eu, une fois de plus, aucune forme de dérogation. Pas un n’osera me contredire… (sinon, je frappe…)
Ce riesling est littéralement envoutant de profondeur, de classe, de trame minérale. Depuis qu’il vire sur ses arômes de maturité, il a pris une dimension invraisemblable dans la complexité, en en faisant, pour moi, l’archétype du « grand » riesling. Et puis, il a aussi  cette fraicheur, cette pureté, cette tension, toujours promises, toujours présentes…
Inévitablement un vin qui a la capacité de faire pleurer de joie… une amibe…. !
Alors, l’émotion conjuguée du vin et de cette mélodie envoutante et rythmée, on vous dit pas… enfin si, l’extase avec un grand E, la prune de la soirée…

Vous avez dit « accord de méditation » ?

Jacques Offenbach : Les Contes d’Hoffmann - Barcarolle

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Malvasia 2009, IGT Venezia Giulia de Damijan Podversic

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On ne quitte pas le « Classique », du moins pour la musique, avec ce nouvel accord proposé par notre œnologue à nous (ouais, un vrai qu’on peut même toucher). Dans les Contes d’Hoffman d’où est extrait ce « Barcarolle », on ressent à l’écoute une sensation doucement paradisiaque, joyeuse, luxuriante aussi. C’est pleinement aussi le ressenti avec ce « vin orange » des bords de Slovenie ; on y retrouve en sus d’une oxydation noble, maîtrisée et rectiligne, une richesse évidente, richesse qui ne manque pas pour autant de profondeur, avec des arômes qui rappellent la luxuriance de l’Orient, amande amère, loukhoum….
Un vin tout en harmonie, aussi, un peu comme imprégné de la même rythmique que la musique à laquelle il est associé.
A nouveau, ici ,sens et méditation cohabitent dans cet accord envoutant.

Pierre Perret - C’est l’Printemps

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C’est le Printemps 2010, Crozes-Hermitage de R. Dard et F. Ribo

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Passage aux rouges avec un apparent retour à l’accord par les mots… Quoi que… Dans cette cuvée « Le Printemps 2010 » du duo rhodanien, il y a toute la sève acide, les fruits sautillants et jouissifs qui soient pour accompagner à merveille cette poésie lubrique dont l’ami Perret a le secret…
Impossible de ne pas s’imaginer dans un tableau antique, nu comme des vers, à l’assaut dansant de vierges (enfin si peu )pas effarouchées pour un poil… de vrais petits satyres en herbe ! Et à voir l’œil pétillant des donzelles de nos convives, le ressenti devait être assez comparable…
Finalement, un accord de « sens » parfait, idéal pour nous sortir de la torpeur mélancolique dans laquelle les derniers blancs nous avaient laissé.

Clash - Guns of Brixton

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Morgon “Corcelette” 2009 de Jean Foillard

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Vouloir faire le malin ne veut pas dire a fortiori réussir son coup ! Pour accompagner ces « Canons » musicaux qui ont secoué mes planchers, j’avais envisagé un canon de glou, un vin d’ivresse à haute buvabilité, avec quand même toute la qualité embarquée au niveau complexité pour égaler l’œuvre de Strummer et ses sbires.
Côté vin, on peut dire que cette magnifique « Corcelette » respecte à 100% la demande, y a pas à dire. Mais rien que l’acidité jubilatoire embarquée empêche toute fusion avec les basses lourdes des Canons à Brixton. Si la musique appelle au déchainement corporel, le vin, lui appelle à rester à table et en commander encore… et encore. Bref, deux canons absolus, mais qui tirent en direction opposée, du 50mm et de la grosse Bertha !

The Black Keys : Lonely Boy

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Morgon 1998 de J. Chamonard

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Oh, Oh, Oh, Oh… balancent les cœurs, déhanchement intensif annonce la rythmique, sans compter que la « solarité » des Black Keys appelle vraiment à de la joyeuse générosité.
Alors, de la générosité, dans ce Morgon, y en a, même que c’en est remarquable pour vin qui affiche 15 ans au compteur. De la fraicheur, aussi, y en a… même que…
Et puis il y a aussi de petits détails de maturité qui viennent se mêler à la fête, un côté sanguin par-ci, des notes de cigare par-là, ce qui complexifie fort bien l’édifice. Cette opulence contrôlée, elle nous donnerait envie de se la faire décapoté, à tombeau ouvert, façon James Dean !
Un côté « Vroum » qui va si bien au…. Black Keys !
Un bel accord…. dans tous les sens , comme quoi, un Morgon n’est pas l’autre, un standard du rock, non plus.

Union Melting Pot

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“Tam Tam”, 2010 Côtes du Roussillon du Domaine du Bout du Monde

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Tam, Tam… Tam, Tam résonne la butte Saint-Gilloise les dimanches ensoleillés quand «les joyeux supporters » encouragent leur équipe à empiler les buts ! Non c’est pas un extrait d’une rédaction de mes enfants, c’est juste une vérité essentielle, une vérité en Jaune et Bleu, une vérité qui sourit. Et c’est pas pour rien que dans la tribune populaire, on en croise tellement des amateurs de glou (sans qu’ils ne refusent pour autant une Cantillon ou deux, ou trois, non peut-être).
L’Union Saint-Gilloise c’est bien cela, du concentré de convivialité festive où on préfère oublier qu’un jour prochain, le permis à points va aussi débarquer chez les Belges.
Tam, Tam, Tam, résonne parfaitement cette syrah sur des schistes du Bout du Monde, le Païs de Michel Smith ! Résonne parfaitement, parce qu’à la place de sombrer dans une syrah surmaturée, confiturée et trop alcooleuse, ici, c’est à nouveau « Objectif Glou », tout en humilité, avec des épaules menues certes mais un fruit qui sent la fête.  Un accord tribal, dans les mots et dans le fond !

John Cage : 4’33

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Clos des Fées 2006, Côtes du Roussillon d’Hervé Bizeul

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Quatre minutes et trente-trois secondes d’accord parfait, un peu comme avant un match on pratique la minute de silence pour un défunt…
RIP
Nous osons imaginer que cette bouteille a connu un soucis de conservation….. Mais en l’état, accord de « sens » parfait, bien que ce n'était évidemment pas, à l'origine, le but poursuivi

Tom Waits : Waltzing Mathilda

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“Muntada” 2005, Côtes du Roussillon Village du Domaine Gauby

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Mais pourquoi donc associer ce chef d’œuvre de « Voix » qu’est « l’autre » hymne australien interprété par Tom Waits ?

Ben, d’abord parce que cet autre hymne est celui que le peuple du rugby de l’autre côté du monde a choisi en lieu et place de préserver Madame the Queen, parce que la première fois que j’ai vu Gérard Gauby, je pouvais pas m’enlever de l’idée que j’avais devant moi un deuxième ligne de Perpignan…
Mais plus encore, parce que cette « VOIX », terrible, rocailleuse, vibrante et qui vous dresse les poils jusqu’à en faire des aiguilles, ça me rappelle cette rocaille sous le vent, là, sur les hauteurs au pied du Canigou…

« Ici si tu cognes, tu gagnes ; Ici, même les mémés aiment la castagne »

Avec ce 2005, la famille Gauby avait définitivement tourné la page des vins bodybuildés de la fin des nineties, pour sonder la terre, réveiller ce jus de rocaille qui surgit dans la voix de Tom Waits. Le résultat est splendide, il appelle à la méditation, à aller chercher ce puits de finesse, de fraicheur délicatement fruitée au travers de tanins encore rudes, d’une amertume évidente mais pleine de classe. A nouveau, le groupe s’est tu, à travers tous nos sens, paroles, mélodie, texture et arômes fusionnent.

Bon, allez, c’est là-dessus qu’on termine… et oui, direz-vous, que douze quilles, ça ne nous ressemble pas. Et pourtant, on a rarement passé, ensemble, un si bon moment, rarement il sera resté aussi peu dans le cul de nos quilles. Serait-ce ces musiques qui se mêlant à nos rires et nos libations nous aurait à ce point envouté… Allez savoir !
Certes, tous les accords n’étaient pas parfaits, certes, les vins ont peut-être plus besoin de calme, de longues mélodies plutôt que de fureur rythmique pour être en totale harmonie de tous ces sens simultanément stimulés… mais l’ivresse de ces sens ne nous a jamais quitté, et c’est là le plus important…

Merci mille fois…. Lolita !

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Commentaires
T
Très riche billet où je vais venir puiser diverses sources oeno-musicales, merci !
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M
Tiens, à propos d'Italia, écoute ça un peu... http://www.deezer.com/fr/album/1081657
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M
Eh ben, y'en a pour tous les goûts... ou presque.
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P
Superbe...bravo !<br /> <br /> Je vais essayer l'association Beethoven/Kasteleberg
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