VDV #65 : On va tout peter
VDV #65 On va tout péter
Bref…
Il a fallu que la truculente et incontournable Sandrine « Pinardothek », autoproclamée présidente des Vendredis du Vin dans leur 65e version, nous fasse le coup des bulles, et mêmes des bulles mondiales, elle a pas pu s’empêcher, sacrée liègeoise, va…. :
SHEBAM ! POW ! BLOP ! WIZZ !
Je veux que ça pète, que ça wizze, que ça fasse plop, et pssshhhiiiit dans tous les coins.
Je veux des bulles, de partout, de toutes les sortes, du monde entier.
Je veux que ça tempête et tourbillonne : surprenez-moi.
Osez vous évader des champagnes et crémants un peu classiques et
emmenez-moi au bout de la terre,
étonnez-moi avec des bulles italiennes, espagnoles, des aussies aussi.
Pour les casaniers qui voudraient rester franco-français, les méthodes m’intéressent : r
emettez-donc à l’honneur les pet’s nat’s, pourquoi pas?
Rouges, blancs, rosés, tant qu’il y a de la bulle, même si elle est juste frisante…
Tout un programme … Et c’est là, je sais que je risque gros de m’en prendre une sévère en le proclamant, parce que la Sand d’Arc de la veuve, de l’opprimée, de la pas opprimée, elle boit, elle cause et en plus, elle flingue ! Elle va me canarder à boulets rouges (spécialité locale) quand je vais ajouter : tout un programme…. pour nanas !
Pour ma défense, je dirai que ce qui suit est...
au moins du second degré, quoique….
Faut donc que je m’explique sur cette horreur de « tout un programme…. pour nanas ! », parce que comme je vous l’ai dit, elle boit, elle cause et elle flingue… et donc je risque perpète si du moins je réchappe du tir de barrage!
Oserais-je même ajouter que le choix de la fille de Lièche, il m'a étonné un peu parce que je la voyais pas si bubulle… elle !
Bon, je dois l’avouer, longtemps j’ai préféré les bowls aux bulles , du moins celles des Bowling, quand il s’agissait de siroter du jus de treille, seul à la maison en vaquant aux nobles tâches ménagères…
Bref, si jeune mais déjà poney, dans les marges de mes petits cahiers, j’osais proclamer haut et fort que la bulle était vraiment un truc étrange où le plus fascinant était de voir des bans de pétasses d’élevage à peine lâchés se ruer à l’assaut du premier plouc local, pourvu qu’il porte le sacro-saint plateau de bulles et peu importe si c’est (et c’est le plus souvent) une merde innommable qui peuple de ses bulles maladroites et trop bien rangées la coupette de salon.
Et… dans le domaine de la médecine, y sont capables de faire très fort à quelque salon pro, pas vrai Faria ?
A vous bulles grossières, je vous lègue ceci (et j'en suis pas fier) :
Combien de fois ai-je dû affronter ce pénible moment around 18 heures quand des consoeurs (fraichement lâchées, la botte fière et brillante) venaient me tirer le bras pour m’amener surexcitées, moi, le soi-disant connaisseur, à l’autel du massacre : "Patriiiiick, viens viiiiite, y a du champagne ! "
Parce que chez ces gens-là, (non, Sand, tu ne l’ignore pas), s’il y a de la bulle, c’est forcément du champagne…
Et le pire est toujours à venir, quand, le liquide porté à la lèvre, elles te demandent, l’air convaincu, et toi t’en pense quoi de ce champ’, c’est super non ?
Je réponds souvent « Ouais, c’est du super, j’parviens juste pas à déterminer l’indice », ce qui se solde souvent d’un regard absent sur les gradins d’en face.
Mais alors… pourquoi donc elles ont cette passion hystérique ? J'ai pas de réponses, enfin, si, une, cette saloperie de publicité qui te fiche de l’image de réussite et de playmate à la bulle comme on fait des Rolex avec les crétins d’en face.
Mais OUI, je suis ME-CHANT ! Mais c’est parce que ça sent la révolte, après trente ans de cocktails malodorants, de voir Champagne qu’on assassine, parce qu’à cause de 90% de merdes, on ferait bien une réaction épidermique à un monde où ….il y a … tellement de belles choses !!!!
Alors…. maintenant, chère Sandrine, faut que je te dise, que je te fais un bisou large comme l’océan, parce que grâce à toi, on a retrouvé des bulles de classe, des bulles de plaisir, des bulles de glou et on s’est vachement bien marré hier soir, dans notre club à parité de sexe. Et si t’avais pas, comme Madame la Présidente, imposé ce sujet, avec tous nos partis pris à la con, on serait passé à côté d’une bien belle fiesta.
Donc respect, la Sand, et c’est d’autant plus que ça vient d’un Môve à une Rouche.
God save the Friday Fever…. SHEBAM ! POW ! BLOP ! WIZZ !
Un coup de peps sur le blues des bulles…. quoi !
Et donc de relater par ce témoignage écrit dette jubilatoire série de quinze quilles qui a fini par un « on va quand même pas partir sans une Cantillon, bordel ! »
Comme d’hab tout est servi à l’aveugle…. Et c’est tant mieux, parce qu’il y a eu souvent du mimi, Fifi et Glou Glou dans les interprétations, le Michel Tolmer aurait été aux anges de nous entendre…
Commençons justement par une petite perle de chez perlant avec un vin qui s’est très longtemps baladé du côté champenois (après la Normandie) avant que soit dévoilée son étiquette « Crémant du jura Nature Non Dosé de Jean-François Ganevat ».
Un vin plein tant au nez qu’en bouche, droit comme un I avec une bulle ultrafine et un gros paquet d’arômes floraux, une petite merveille, assurément. Fanfan, on t’aime !
Virage à 180° avec un vin qui ne peut cacher son pet nat d’origine avec sa capsule bière et sa robe jus de fraise à bulles. Même s’il souffre un peu de la précision de son prédécesseur, ce Moussamoussette 2012 Vin de France d’Agnès et René Mosse (Angers - Loire), il nous branche bien sur le jus gourmand, plein fraise, très Gamay/Groleau et très sec aussi.
Un bon petit pet nat qui malgré ses 2-3 ans de cave et quelques notes oxydatives a su garder son objectif de départ : « le plaisir désaltérant ».
Youpi hé !
Le suivant me ramène forcément à mon intro qu’aime ou qu’on aime pas, parce que c’est pas certain que le vigneron a vu dans son vin un truc tabou, un joujou extra, par contre, la symbolique de la nana, il y a plus de chances.
Mais ce serait gâcher son plaisir avec le retour de la philo à la petite semaine, que de ne pas prendre ce Piège à Filles, le Pet Nat Vin de France des Capriades (Tours - Loire) pour ce qu’il est avant tout : une petite bombe bien juteuse, juste sucrée, très fraiche avec de la cerise et de la groseille plein pot, et même si cela peut partir sur le bonbon, c’est avant tout une arme fatale pour lancer un barbecue… très chouette !
Pour le suivant de ces messieurs, c’est « en v’là d’l’Ovni en v’là »… et c’est du bon celui-là. Avec quand même un bémol, c’est qu’il faut quand même une tolérance large et quelques années de marathon du glou pour apprécier ce « La Chassornade 2005 », un Vin de Table de France de l’ami Fred Cossard (Saint-Romain - Bourgogne).
De la tolérance parce qu’en sus de la fraicheur et du fruit conservés (très ananas, le fruit), ce chardonnay a quand même la limite Ryanair en sucre, de l’oxydatif et de la volatile, aussi, mais sa tenue étonne et surtout, l’air lui fait du bien.
Pour info, ce vin devait initialement s’appeler « Pouet ! », mais c’était pas au goût de tout le monde.
L’effet de séquence du bluff ? Pas certain du tout parce qu’après la puissance aromatique et le sucre du Pouet !, on pouvait craindre un écrasement du vin suivant, d’autant que, pas de chance pour lui, c’est le registre de la finesse droite et sensible qui est visé avec ce Via Larghe 2010 Prosecco Frizzante de Coletti (Veneto - Italie).
Un Prosecco tout en légèreté dont les lies toujours présentes ont digéré l’entièreté des sucres, laissant au floral délicat et à l’acidité bien en place le gros du travail.
Plus gastronomique qu’apéritif, cette petite merveille de finesse est à découvrir au Salon Rue 89, ce week-end.
Retour en France avec un Pétillant Naturel Extra-Brut 2012 de Laurent Barth (Bennwihr - Alsace) qui porte assez bizarrement le nom de Pet Nat alors que clairement, il a tout d’un crémant méthode ancestrale à commencer par les bulles très denses. Laurent Barth, c’est la promesse d’un vin aérien, tout en finesse.
Cet assemblage de noir et d’auxerrois ne dément pas l’adage, avec beaucoup de fraicheur, un fruit fin et jamais écrasant, une bouche résolument sur le sec.
Peut-être que plus de longueur et moins d’amertume auraient amené à la perfection…. Il y avait débat dans le groupe.
On poursuit avec une des surprises de la soirée… boire un Vouvray Brut 2002 en 2014 pourrait faire hésiter pas mal de dégustateurs en herbe (ou pas), oui, mais voilà, à la console, il y a Philippe Foreau, un des plus grands vinificateurs de Touraine, qui a cet art, en fonction du millésime, d’en retirer la quintessence en choisissant du Brut au moelleux réserve, le type de vin idéal.
Ce Vouvray Brut Réserve 2002 est le témoin éclatant du talent de son auteur ; ce vin a gardé une force et une jeunesse étonnantes avec des arômes d’évolution, certes (pain, bois, noisette) mais pas une trace d’oxydation. Et puis il y a cette acidité de diamantaire… une merveille.
Superbe avec un tout grand S.
Si Foreau avait été éclatant avec son Vouvray, le Comme Autrefois 2002, champagne Brut de Françoise Bedel qui suit n’a aucunement à rougir et se pose même en challenger des tous grands vins de la soirée.
Avec ses 10 ans d’élevage sur lies « A l’ancienne », ce vin à base de 70% de Meunier et 30 % de Chardonnay nous transporte sur le registre de l’évolution ultra-complexe, tout en amplitude et en classe avec un équilibre exceptionnel.
Un vin très expressif à l’aromatique qui peut surprendre mais qui s’avère envoutant surtout sur la très belle longueur.
De Stéphane Tissot et d’une Saint-Glou mémorable, on était resté sul’cul de son BBF, une petite merveille qui alliait puissance, précision et fraicheur à la perfection. Il faut alors admettre qu’en comparaison, son Crémant du Jura 2012 « classique » est un cran en-dessous des promesses, avec comme responsable un fruit trop sur le résiduel et l’amertume, impression qui se modère avec un peu de nourriture.
Par contre, on a apprécié l’équilibre général, le côté direct et un peu sauvage de ce vin.
Retour en Veneto et chez Coletti, cette fois avec un vin encore expérimental, le Giuse 2012 Incrocio Manzoni , IGT Marca Trevigna (Veneto – Italie). Il s’agit ici d’un vrai spumante fait avec deux cépages hybrides, le blanc Incrocio Manzoni 6.0.13 (Riesling et Pinot blanc) qu’on retrouve dans le Manzoni Bianco d’Elisabetta Foradori et le rouge Manzoni 13.0.25 (Raboso et Muscat d’Hambourg).
Essai pleinement transformé, tant, par rapport à la douce finesse du Prosecco précédemment goûté, on a ici de la puissance, de la tension, du fruit, le tout sur une excellence aérienne et sur la minéralité très parlante.
Un vin superbe qu’il faudra regoûter très très vite.
Bien sûr, il y a Sélosse, Boulard, Tarlant et tant d’autres qui nous font à chaque quille oublier les plateaux mièvreux des salons professionnels, des communions de l’arrière petit cousin ou de la fête de l’école, ces coupes qu’on nondigère avec tant de sourire poli, au point de risquer le traditionnel « Je vous ressert ? »
Alors ce soir, on se serait bien fait toute la galerie de ces Champagnes magnifiques, mais comme personne ne l’ignore, en Belgique, nous sommes des gens particulièrement RAI-SON-NABLES… et on en a choisi qu’un, celui qu’on voit et boit souvent mais jamais trop, le Francis Boulard et son Murgiers 2009, Champagne Brut Nature qu’il vous dit.
Et comme toujours, et malgré un prix serré, la magie opère. A l’aération, il y a ce floral immense, stratosphérique, unique des vins de Francis, au point que je parle de plus en plus d’un floral « Boulardien ». Il y a cette acidité de trancheuse à viande italienne (vous savez, ces espèces de bijoux rouges sur pattes qui me font bien plus rêver qu’un musée de Rolex ou de Solex), il y a cette vinosité, cette complexité, il y a surtout le fait d’être magique et émotionnant alors qu’il n’y a pas l’ombre d’un défaut.
Francis, c’est le Vésale du Champagne.
(Murgiers 2012, 70% de Pinot Meunier, 30% de Pinot Noir, dégorgé en septembre 2012).
Pas évident de passer derrière, surtout quand on vient de Sicile sur un millésime où les vendanges atteignaient joyeusement les 54° à l’ombre.
Mais ce Sidera, Spumante Extra Brut de Uva Tantum (Sicilia - Italie) a su capter les secrets de Mère Sicile où vent et fraicheur nocturne arrivent à guérir de la fournaise. A base d’un cépage très fin et très minéral mais peu fruité, le Catarratto, on a ici un vin assez métallique, assez monolithique sur la texture, mais avec une puissance aromatique très complexe et très originale, comme le sont tous les vins de ce domaine assez peu connu en dehors d’Italie mais qui vaut le détour.
Du treizième vin, la Cuvée de la Cave Dimière, Crémant d’Alsace Rosé d’Eugène Meyer, je ne dirai que ces quelques mots : Non, ce n’est pas Patrick Meyer.
Par contre, il y a bien plus à dire avec l’OVNI qui suit. Déjà la carte d’identité : Méthode Traditionnelle sur des raisins passerillés à 1300 mètres d’altitude en Andalousie (ce qui doit en faire un des plus hauts vignobles d’Europe).
Et puis le vin en lui-même : si le nez est un poil piquant et oxydatif, on part ensuite sur une sensation de structure vineuse mais avec des arômes de bière, non pas les fermentaires, mais plutôt ceux qu’on trouve dans une vieille gueuze de 15-20 ans avec en sus, un duo lait-curry qu’on assortirait bien d’un poulet Madras.
Grosse longueur aussi, au programme, mais plus que tout, plus on va à la rencontre de ce vin, une sensation gigantesque de complexité… voilà ce qu’on peut dire du Brut Nature Metodo Tradicional de Barranco Oscuro.
La Madame, elle avait dit « bulles du Monde » et elle n’avait pas précisé « vin »… enfin, oui, on sait bien que ce sont les Vendredis du Vin… mais à quel monde appartient vraiment la Cantillon, hein ?
A un monde unique, en vérité, un monde hybride où acidité et vinosité du vin s’unissent à la fraicheur amère du houblon, le tout sur un tapis de bulles. On en oublierait presque de dire que cette Cantillon Gueuze Lambic Bio (Bruxelles - Belgique) a fait des ravages de bonheur, là, en fin de soirée derrière les offs et « pour la route ».
Y en a même qui seraient repartis pour un tour… Alors, ce week-end, à Paris, quand vous aurez bien bu du vin dans les allées du Salon Rue89 « Sous les Pavés, la Vigne ! », venez au stand Cantillon, voir ce que signifie un rafraichissement de gosier à la belge !
On était une bonne moitié du groupe (dont moi) à craindre cette soirée avec ces bulles de thème, surtout que les salons, ne manquant pas, on avait été tellement arrosés (souvent en bien) qu’on partait pas la fleur au fusil, et, comme souvent, c’est exactement ce qu’il faut pour que ça déchire mortel… parce que là, on atteint un de nos top depuis longtemps, tant sur l’ambiance que sur la qualité, l’originalité et les découvertes de Belgique en Espagne en paasant par l'Italie et la France...
Et en plus, qu'est-ce qu'on a bien ri... Je vois encore l'oeil pétillant de Vicky, notre nouvelle recrue qui a laché soudainement, : C'est toujours comme ça ?
Et ça, ça n’a pas de prix, même si le lendemain, on sent bien qu’on n’a pas tout craché, et même loin de là. Ce genre de sensation cotonneuse qui dit clairement qu’on a fait de très belles folies, plus de notre âge.
Donc, pendant 40 jours, je ne médirai pas sur le Standard de Liège, même si les Rouches sont champions, parce que cette soirée javanesque, on l’a doit à une liégeoise tout aussi déchirée grave.
Merci « Madame » !
Nous aurons encore envie de « boire » en vous cet amour…
… des bonnes choses et des beaux vins