Arianna Occhipinti
Aspetti, osservi, pensi, fai strategie.
Poi raccogli una volta all’anno.
Attends, observes, réfléchis, imagines des stratégies.
Ensuite une fois par an, récoltes le fruit de cela.
Elle est belle, de cette beauté rayonnante qui rappelle une Aphrodite hellénique, au corps taillé par son travail, elle est sur tous les médias, on se l’arrache…
Mais lorsque je l’ai rencontrée, que j’ai parlé avec ses amis et que j’ai lu son livre, j’ai surtout vu une personne tellement humaine, tellement sensible et fragile, une personne qui a tellement besoin des autres pour se rassurer, une personne qui a plus que tout tellement besoin, d’être près de ses vignes.
Si la face médiatique de son personnage aurait dû me faire m’encourir à toutes jambes, c’est avec l’autre face, cette partie sensible qu’Arianna Occhipinti m’a fait fondre sur place.
Historique
Un grand destin existe-t-il pour chacun de nous ? On le dit… Doit-on ou peut-on le forcer ? Plus que probablement. D’une certaine manière, Rosaura et Bruno, les parents d’Arianna Occhipinti avaient forgé le destin d’Arianna dès sa naissance en 1982, à Marsala, en lui donnant le nom d’une des épouses de Bacchus. Giusto, l’oncle de Vittoria, qui commençait à peine depuis deux ans à faire du vin avec ses potes, avait-il influencé ce choix ? Peut-être bien.
Cette année-là, Nick cave terminait sa trilogie « Birthday Party », un peu comme un clin d’œil à une future grande fan de son œuvre…
Des signes, diront certainement ceux qui aiment y croire, et pourtant, il semble bien certain que, jeune adolescente, Arianna n’a pas vraiment du tout la vigne dans ses projets. Elle préfère, à cette époque, vivre au jour le jour avec ses amis, batifolant dans cette campagne près de Vittoria, au sud-est de l’île, une région qu’elle a découvert plus petite lors de ballades avec ses parents, une campagne sauvage et envoutante.
Et en tant qu’avenir, elle préfère rêver à une carrière diplomatique, influencée certainement par Claudio Chelli, le meilleur ami de son grand-père, lui-même diplomate. Et puis, comme un coup de dés du destin, un beau jour de ses quinze ans, l’oncle Giusto lui suggère, suite à un rêve, de l’accompagner à Vinitaly pour l’aider à la représentation du domaine COS.
Cette demande étonne de prime abord Arianna, parce qu’à l’époque, elle est assez distante de l’activité viticole de son oncle, voyant en lui plus l’architecte que le vigneron. Mais, d’un autre côté, la chose lui plaît assez, rien que par le fait que ce voyage lui permettra de rater quelques jours d’école.
Et puis, comme tous ceux qui connaissent Giusto, même si sa demande paraît de prime abord farfelue, l’homme a ce charme lent et profond qui fait craquer tant de personnes et Arianna accepte finalement sans réticences.
Et de soudainement voir ce monde multilingue de goût, de plaisir, de passion, ainsi que de côtoyer cet oncle qui vient de sortir les amphores de l’argile d’Espagne et qui reconstruit pas à pas un grand vin à l’image de son terroir, elle craque littéralement pour cette vie, rassurée d’avoir à ses côtés le meilleur professeur possible.
Son lycée terminé, elle part donc pour la Faculté d’Oenologie de Milan, encore pleine de questions, sans certitudes sauf celle d’être un jour vigneronne.
Encore pendant ses études et en accord avec sa famille, elle achète 1 hectare de terres au lieu-dit Fossa di Lupo, un lopin de terre dans l’Appellation actuelle Cerasuolo di Vittoria, un lopin où survivent des vignes abandonnées de 20 ans d’âge de Frappato et de Nero d’Avola…
Ses études terminées et désormais définitivement de retour dans SA Sicile, Arianna reste toujours assez perturbée par ces professeurs milanais qui lui ont fait apprendre le vin comme un produit alimentaire dont on veut contrôler chaque molécule, dont le processus de vinification est rigidifié par des règles précises ou encore dont la fermentation est contrôlée par des levures sélectionnées alors que tout devrait être pris globalement avec le goût plus directeur que les analyses.
Certes, des certitudes, Arianna n’en a jamais été réellement empreinte et ne le sera probablement jamais, mais ces certitudes que ses professeurs de faculté ont tenté de lui inculquer lui font souvent assez peur.
En fait, elle a toujours avancé dans sa vie professionnelle par un questionnement permanent particulièrement avec son oncle Giusto qu’elle continue à voir aujourd’hui au moins trois fois par semaine, mais aussi au contact de personnes captivantes, comme Elisabetta Foradori ou Nicolas Joly, personnes que ses voyages d’études et d’agrément lui ont permis de rencontrer.
Et en Sicile, en plus de l’aide de Giusto, elle va continuer ces rencontres avec des personnes qui comptent encore beaucoup pour elle aujourd'hui, comme son amie Patricia ou Frank Cornelissen. Bref, un peu comme un puzzle, ce sont toutes ces petites pièces humaines qui l’ont façonnée et continuent petit à petit de la façonner.
De par toutes ces rencontres, quand, heureuse d’enfin quitter cet enseignement de Milan qu’elle a toujours trouvé si rigide, elle retrouve « sa » terre de Sicile, Arianna a en tête un idéal de vin qui passera par le respect du sol, par la biodiversité, un vin qui sera fait le plus naturellement possible.
Ce vin sera léger, élégant, frais, moins chargé en alcool que ce qu’on retrouve souvent sur son île, bref, tout en buvabilité. Un idéal, certes, sauf qu’elle doit encore tout apprendre, tout observer, pour comprendre comment y arriver.
Qu’importe, elle apprendra « sur le tas », elle se veut combattante, un peu comme son oncle Paperone qui a commencé dans la vie avec « un cent » !
Le 7 janvier 2004, sur ce seul et unique hectare de vigne qu’elle possède alors, au lieu-dit Fossa di Lupo, elle effectue son premier jour de travail dans SES vignes, sa première taille… elle a 21 ans. Pour ce premier millésime, à part cet hectare, Arianna ne possède pas grand-chose, à commencer par un chai et ce premier millésime sera vinifié chez Nanfro à Caltagirone, des amis qui acceptent de lui offrir un peu de place. De ce millésime seront issus 20 hectolitres de Frappato et à peine plus de Nero d’Avola.
Il en est de même pour son matériel qu’elle doit entreposer loin de ses vignes Il faudra attendre 2005 pour voir l’achat des premières installations lui permettant d’y assurer sa propre production.
Entre 2005 et 2006, 8 hectares supplémentaires de vignes sont plantés, toujours sur le lieu-dit « Fossa di Lupo », toujours en Frappato et Nero d’Avola, mais cette fois additionnés de deux cépages blancs, le Zibibbo et l'Albanello ; en 2006, ce sont 2 hectares de vieilles vignes de Frappato et Nero d’Avola sur le lieu-dit Pettineo qui viennent s’ajouter au domaine.
Jusqu'à au 2008, seuls deux vins étaient mis en vente : le Frappato et le Siccagno. Mais, en fait, dès 2006, Arianna élève sa première cuvée de Cerasuolo di Vittoria Classico, un assemblage fait avec les meilleures parcelles de Frappato et de Nero d’Avola qu’elle appelle « «Grotte Alte », une cuvée vouée à un long élevage et affinage en bouteille.
C’est en 2008 qu’apparaissent les premières « SP68 », réalisées à partir des jeunes vignes des deux cépages rouges plantés à partir de 2005. Parallèlement, 2009 voit la naissance de la première cuvée SP68 blanc toujours à partir des jeunes vignes plantées dès 2005.
En 2010, le domaine s’agrandit encore avec l’achat de 2,5 hectares de vignes sur le lieu-dit de Bastonaca.
C’est en 2012 que survient le plus grand changement historique du domaine d’Arianna, avec l’achat, à environ un kilomètre des premières installations, de l’Azienda Bombolieri qui possède alors 6,5 hectares de Frappato et Nero d’Avola de 20 ans d’âge et toujours cultivées en bio.
Dès le début de l’année suivante, sur ce site de l’ex-Azienda Bombolieri, les travaux de construction du nouveau chai sont entamés et se terminent en septembre de la même année pour accueillir juste à temps les raisins de la vendange 2013.
A peine le chai terminé, Arianna se lance dans la rénovation du corps de maison attenant au chai afin d’en réaliser un havre de paix où travail et futurs visiteurs, résidant ou non, pourront se côtoyer agréablement, un peu comme son oncle Giusto l’avait réalisé quelques années plus tôt à COS.
Parallèlement, Arianna achète une oliveraie de 15 hectares, tant elle se sent aussi proche de cet autre fuit, tout comme son oncle Giusto.
Pendant toutes ces années, Arianna va doucement acquérir un statut de star, de par la qualité grandissante de ses vins avec leur côté gourmand imparable, de par la joie de vivre qu’elle communique lors des salons, lors de ses interviews, de par l’aura que lui octroie son livre « Natural Woman en 2013, et enfin de par toutes les manifestations en faveur de l’équilibre biologique et de sa Sicile auxquelles elle participe.
Malgré toute cette Jetset qui désormais lui tourne autour, Arianna veut obstinément rester maitre de ses vignes et de son chai. Vu l’ampleur du travail actuel, Arianna est, pour cela, aujourd’hui largement secondée par son ami Nicola Massa, particulièrement pour la représentation à l’étranger car, malgré ce statut de star qui désormais est lié à son image, Arianna reste viscéralement attachée à sa terre et n’accepte de la quitter que très rarement.
Aujourd'hui, le domaine possède donc environ 20 hectares de vignes (ce qui reste petit, lorsqu'on compare aux 400 hectares et plus de Planeta), pour un total d’environ 120.000 bouteilles produites sur six étiquettes différentes :
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SP68 Rosso (Frappato et Nero d’Avola)
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SP68 Bianco (Zibibbo et d'Albanello)
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Il Frappato
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Siccagno
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Grotte Alte Cerasuolo di Vittoria classico
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Passo Nero
Géographie
Les vignes d’Arianna Occhipinti sont toutes sises sur la zone d’Appellation du Cerasuolo di Vittoria (en jaune sur la carte çi-dessous), la première DOCG de Sicile, une appellation à laquelle Giusto Occhipinti à grandement contribué dans sa création et dont Arianna occupe aujourd’hui la vice-présidence du Consorzio.
La « Plaga Mesopotamium » qui héberge aujourd’hui cette zone est une plaine naturelle et verdoyante qui se situe au sud de la Sicile, entre les villes d’Agrigente et Syracuse, protégée des vents d’Est par la chaîne des « Monti Iblei », centrée autour de la ville historique de Vittoria.
Pour plus d’information sur l’Appellation Cerasuolo di Vittoria, n’hésitez pas à consulter l’article sur Giusto Occhipinti et COS.
Cette plaine limoneuse et argilocalcaire, située de 250 à 300 mètres d’altitude, s’étend sur près de 2000 hectares et repose sur une assise de calcaires rouges ferrugineux. Elle a été formée sous l’influence de deux rivières, le Dirillo et l’Ippari qui rendent les lieux très fertiles.
La viticulture y règne aujourd’hui en maître, favorisée par un climat sec et chaud, marqué par la forte ventilation du Sirocco ainsi que par de fortes variations de température entre le jour et la nuit. Ceci favorise l’obtention de vins élégants, minéraux, possédant de très belles acidités et des degrés alcooliques faibles pour une latitude aussi chaude.
Mais plus encore, le climat sec, les nuits fraiches et la forte ventilation permettent l’établissement d’une résistance naturelle importante aux maladies de la vigne. Cette résistance ainsi que la fertilité des couches supérieures ont fait qu’historiquement cette région (comme souvent en Sicile) a résisté à l’usage intensif tant des engrais que des pesticides, faisant que la plupart des terres sont nativement « propres » et ne nécessitent pas de revitalisation.
Les sols du vignoble sont couverts de sables rouges qui tapissent à peine la puissante assise calcaire ferrugineuse où les racines plongent profondément, ce qui donne aux vins une dimension très minérale, le sable permettant une meilleure gestion des équilibres hydriques tout en favorisant la protection des vignes contre les maladies.
Les sols calcaires participent aussi à l’élégance et la finesse aux vins avec des notes très florales et fraiches pour des vins du Sud.
Viticulture
Le corps et plus que tout, les mains, se façonnent avec la vigne
Les vignes sont majoritairement disposées en « espalier » à raison de 5000 pieds par hectare et, dans une moindre mesure, en « albarello » (en arbustes autour d’un pieu) à raison de 8000 pieds à l’hectare, une taille en buisson autour d’un pieu central à laquelle Arianna est très attachée, car elle permet de travailler tout autour et, plus que tout, elle permet au vent d’assécher plus facilement la vigne en cas de forte humidité et prévenir ainsi mieux les maladies.
Les grappes sont situées en moyenne entre 50 à 70 cm du sol.
L’enherbement est maintenu un rang sur deux , principalement avec des graminées et des fèves et un travail de labours a lieu au printemps sur environ 20-30 cm de profondeur au printemps, ce qui permet d’oxygéner la terre et l’enrichir en éléments nécessaires à la vie.
Aucun pesticides ou fertilisants chimiques n’est utilisé et un maximum de travail manuel est prodigué.
Si Arianna a converti l’ensemble de ses parcelles en bio et qu’elle favorise les traitements phytos sur la vigne (tisanes d’ortie, de calendula,…), elle ne s’obstine pas à suivre les principes de la biodynamie et particulièrement les 500 et 501. Elle n’en voit en effet pas l’utilité en tant que revitalisants des sols alors que dans la zone du Cerasuolo di Vittoria, la grande majorité des terres n’ont pas connu les pesticides, de par leurs caractéristiques très résistantes aux maladies (voir géographie).
A part cela, seuls le cuivre et le soufre sont utilisé à raison de 3 à 4 traitements par an.
L’entièreté des vignes est menée en sélection massale plutôt que clonale afin d’augmenter l’effet de biodiversité de la vigne et enrichir ses composantes organoleptiques.
Les vendanges sont manuelles et étalées de septembre à fin octobre du fait de la disparité de maturité des différents cépages. Les raisins sont amenés au cuvier en petits cageots.
Vinifications
Le vin naturel est un vin humain, comme une personne
Depuis septembre 2013, toutes les étapes de vinification ont lieu dans le nouveau chai, creusé sur environ 5 mètres dans la roche calcaire, en forme de L, où toutes les étapes sont accessibles sur le même niveau, avec comme chez Giusto Occhipinti, une possibilité d’accès aux cuves de ciment par le haut, au niveau du sol.
Arianna aime la complexité du vin, mais se refuse à chercher une forme de standardisation de ce qu’elle produit. Elle veut le vin exubérant et intense comme elle ; elle intervient donc le moins possible parce qu’elle veut son vin différent tous les ans, parce que la nature est différente chaque année. Elle n’a donc aucune règle précise en termes de contrôle de l’acidité ou de la température. Cette dernière n’est pas « contrôlée techniquement » et la vigneronne n’interviendra sur ces moûts au moyen d’une circulation d’eau dans ses cuves que si la température est vraiment trop élevée.
Toujours pour éviter toute forme d’uniformisation, Arianna ne fait appel qu’aux levures indigènes et travaille avec des taux de soufre totaux assez bas, allant de 20 à 60 mg/l selon les cuvées, alors que le maximum permis par le Consorzio est de 160.
Les vinifications sont en général menées comme suit :
- Pour les blancs, après foulage mécanique des baies, les fermentations et macérations sont prolongées 10 à 15 jours en cuves d’acier avec des remontages journaliers avant de passer au pressurage proprement dit qui sera suivi d’un élevage de 6 mois en cuves d’acier et d’un affinage d’un mois en bouteille.
- Pour les rouges, après foulage des baies, Arianna favorise des macérations et des fermentations longues, allant de 30 jours à 50 jours, soit en cuves d’acier pour le SP68, soit en cuves de béton pour les autres cuvées. La cuvée SP68 est ensuite élevée 6 mois en cuve d’acier puis affinée un mois en bouteille, alors que pour les autres cuvées, les vins sont élevés, selon, de 14 mois à 4 ans en grandes barriques slovènes de 25 hectolitres.. De même, selon la cuvée, les vins seront affinés en bouteille entre un et six mois.
Si aucune standardisation n’est donc recherchée, Arianna essaye toujours que ses vins conservent une image précise : Rigueur et harmonie pour le Nero d’Avola, fraicheur, pureté et haute buvabilité pour Frappato, totalement sur la fraicheur et le croquant pour ses cépages blancs.
Vins
SP68 Bianco
Appellation : IGT Bianco Sicilia
Sols : sables rouges sur calcaire ferrugineux
Cépages : 50% Albanello et 50% Zibibbo
Taille des parcelles : 2.3 ha
Taille des vignes : Guyot
Densité de plantation : 6000 pieds/hectare
Age des vignes : 10 ans
Rendement : 45 quintaux/hectare
Altitude : 280 mètres
Vinification : 10 à 15 jours de fermentation et macération en cuve d’acier de 30 hlsuivi d’un élevage de 6 mois en cuves d’acier et d’un affinage d’un mois en bouteille.
Pas de clarification ni de filtration.
Soufre total moyen : 40 mg/l
Production moyenne : 10.000 bouteilles/an
Autres caractéristiques : le nom de la cuvée est donné par le nom de la route qui borde les vignes.
Accords Mets-Vins : apéritif, antipasti à base de fromages frais et de légumes, poissons
SP68 Rosso
Appellation : IGT Rosso Sicilia
Sols : sables rouges sur calcaire ferrugineux
Cépages : 70% Frappato et 30% Nero D'Avola
Taille des parcelles : 6 ha
Taille des vignes : Guyot
Densité de plantation : 6500 pieds/hectare
Age des vignes : 10 ans
Rendement : 50 quintaux/hectare
Altitude : 280 mètres
Vinification : 30 jours de fermentation et macération en cuve d’acier de 30 hl suivi d’un élevage de 6 mois en cuves d’acier et d’un affinage d’un mois en bouteille. Pas de filtration
Soufre total moyen : 45 mg/l
Production moyenne : 27.000 bouteilles/an
Autres caractéristiques : le nom de la cuvée est donné par le nom de la route qui borde les vignes.
Accords Mets-Vins : viandes au four (chevreau, agneau)
Il Frapatto
Appellation : IGT Frappato Sicilia
Sols : sables rouges sur calcaire ferrugineux mêlé de strates argileuses.
Cépages : Frappato
Taille des parcelles : 4 ha
Taille des vignes : Guyot et Albarello selon les parcelles
Densité de plantation : 6500 pieds/hectare
Age des vignes : 55 ans
Rendement : 40 quintaux/hectare
Altitude : 270 mètres
Vinification : 50 jours de fermentation et macération en cuve de béton suivi d’un élevage de 14 mois en grande barrique de Slovénie de 25 hl et d’un affinage de 2 mois en bouteille. Pas de filtration.
Soufre total moyen : 40 mg/l P
roduction moyenne : 27.000 bouteilles/an
Accords Mets-Vins : Fromages vieux et piquants (caciocavallo, ragusano frais, pecorino primosale au poivre noir), viandes au four (chevreau, agneau), lapin aigre-doux.
Siccagno
Appellation : IGT Nero d’Avola Sicilia
Sols : sables rouges sur calcaire ferrugineux mêlé de strates argileuses.
Cépages : Nero d’Avola
Taille des parcelles : 3 ha
Taille des vignes : Albarello et Cordon
Densité de plantation : 6500 pieds/hectare
Age des vignes : 40 ans
Rendement : 50 quintaux/hectare
Altitude : 270 mètres
Vinification : 40 jours de fermentation et macération en cuve de béton suivi d’un élevage de 16 mois en grande barrique de Slovénie de 25 hl et d’un affinage de 6 mois en bouteille. Pas de filtration.
Soufre total moyen : 40 mg/l
Production moyenne : 11.000 bouteilles/an
Accords Mets-Vins : Viandes rouges grillées, daubes de gibier et fromages vieux (ragusano au-delà de 10 mois).
Grotte Alte – Cerasuolo di Vittoria
Appellation : DOCG Cerasuolo di Vittoria
Sols : sables rouges sur calcaire ferrugineux
Cépages : Frappato 50% et Nero d’Avola 50%
Taille des parcelles : 1,5 ha de vieilles vignes
Densité de plantation : 6000 pieds/hectare
Taille des vignes : Guyot et Albarello
Age des vignes : 40 ans et plus
Rendement : 50 quintaux/hectare
Altitude : 270 mètres
Vinification : 40 jours de fermentation et macération en cuve de béton suivi d’un élevage de 48 mois en grande barrique de Slovénie de 25 hl et d’un affinage de 6 mois en bouteille. Pas de filtration
Soufre total moyen : 40 mg/l
Production moyenne : 4100 bouteilles/an
Accords Mets-Vins : Viandes rouges grillées, daubes de gibier et fromages vieux (ragusano au-delà de 10 mois).
Passonero – Nero d’Avola Passito
Appellation : IGT Passo Nero Sicilia
Sols : sables rouges sur calcaire ferrugineux
Cépages : Nero d’Avola
Taille des parcelles : 0,45 ha
Densité de plantation : 6000 pieds/hectare
Taille des vignes : Guyot
Age des vignes : 15 ans
Rendement : 45 quintaux/hectare
Altitude : 270 mètres
Vendanges : tardives après la mi-octobre
Vinification : Vin de paille avec raisins séchés sur claies de canne pendant 12 jours. 7 jours de fermentation et macération en cuve de béton suivi d’un élevage de 24 mois en barriques. Pas de filtration
Soufre total moyen : non communiqué
Sucre résiduel : 80 gr/l
Production moyenne : 1300 bouteilles de 50 cl/an
Accords Mets-Vins : Poitrine de canard laquée avec une sauce à base de cerises, desserts à base de chocolat
Dégustation
Dans son livre Natural Woman, Arianna conseille l’ordre de dégustation que nous avons mené pour illustrer cet article :
1. SP 68 Blanc
2. Siccagno
3. SP 68 Rouge
4. Grotte Alte
5. Frappato
6. Passonero
La dégustation a été menée au sympathique restaurant bruxellois « Le Garage à Manger ».
1. SP 68 2013 Blanc
Est-ce la production encore faible par rapport à la demande mais le seul SP68 blanc que nous avons pu trouver pour cette dégustation est le 2013 ? Tant mieux dans un sens puisqu’il s’agit là d’un millésime qui allie théoriquement puissance à fraicheur !
Au nez, on n’est pas déçu face aux attentes, vu la puissance aromatique, la complexité et la fraicheur embarquées : une véritable petite bombe d’agrumes (orange, pamplemousse, ), de notes de muscat frais (le Zibibbo est un cépage cousin du muscat d’Alexandrie), d’épices et surtout, à l’aération, d’un floral très aérien, le tout sans la moindre sensation solaire.
En bouche, si l’objectif de ce vin est clairement la soif et donc pas une recherche absolue d’une longueur infinie, on atteint tout de même une forme d’excellence avec un équilibre parfait, une tension digne d’un grand Loire sec, une fraicheur imparable, et puis, il y a de nouveau cette complexité aromatique inouïe faite de floral, de fumé, de tabac blond et de pierre à fusil, cette dernière note participant à la belle sensation minérale qui se dégage du vin. Q
ue dire de plus, sinon, très grande réussite !
2. Siccagno 2011
Changement de cap avec ce premier rouge au nez plus fermé, plus serré, la qualité première du Nero d’Avola n’étant cependant pas la puissance aromatique. L’aération apporte des notes de fruit noirs et de viande fraiche sans jamais atteindre d’explosivité mais sans la moindre trace alcooleuse, aussi, ce qui est loin d’être une généralité avec les Nero d’Avola siciliens.
Sans jamais non plus atteindre la puissance absolue, en bouche, le fruit se fait plus présent et il accompagne, dans un équilibre parfait, une tension absolument pas sudiste.
C’est l’impression de haute buvabilité qui domine ici, même si, jeunesse le dictant, une légère amertume de verdeur apparaît en finale. Encore serré mais très prometteur, rien que sur la profondeur.
3. Siccagno 2010
Par rapport au 2011, le nez se fait ici bien plus ouvert, tout en gardant une tenue plus réservé qu’une fantaisie militaire baroque. Dans cette sorte d’austérité tout en profondeur le fruit rouge accompagné de notes d’encre de chine et d’iode s’en donne à cœur joie, ce qui confère à l’ensemble un côté très « nature ».
La bouche est plus explosive avec une rondeur de fruit intense qui est parfaitement balancée par une acidité d’orfèvre, avec une grande sensation de fusion de tous les composantes de ce vin.
Tout est ici totalement exceptionnel, particulièrement la profondeur, la haute buvabilité et l’impressionnante longueur.
Un vin énorme, un modèle absolu !
4. Siccagno 2009
On n’aura pas dû s’enfoncer très loin dans cette dégustation pour comprendre ce qu’Arianna Occhipinti entend par laisser la nature s’exprimer à travers le millésime et ne surtout pas rechercher une forme de reproductibilité, si ce n’est… la qualité.
Parce que dans la famille Siccagno, ce 2009 ne ressemble que très peu que ce soit au 2010 ou au 2011, et un an de plus en bouteille n’explique évidemment pas tout.
Le nez, tout d’abord est puissant ouvert, complexe, pur, fumé, exubérant de fruit, à la limite même du compoté, le genre de de pif qui tend les zygomatiques en position bonheur.
En bouche, le fruit est omniprésent avec une certaine élégance, les tanins, eux aussi, bien que bien veloutés, montent plus au parloir, ce qui confère au vin un peu moins de jus. Et puis, et surtout, il y a cette acidité gigantesque qui encourage l’explosivité du fruit, rafraichit les tanins, mais confère à la finale un côté acidulé qui fera fuir les adorateurs des vins opulents castelnovopapaux.
Un choix évidemment… personnellement, en accompagnement de la sardine qui nous était proposée, j’ai adoré, mais autant que tout le monde soit prévenu.
5. SP 68 2013 Rouge
Tout en jeunesse, tout en puissance gourmande et juteuse, cap ici sur le fruit rouge très “nature” pour entamer la série des SP68 rouges.
La bouche est bien équilibrée, la tension est au rendez-vous, le fruit est présent mais un peu à la limite (je dis bien à la limite) de la réduction, ce qui rend l’ensemble très droit, sérieux par rapport au nez.
Toutefois la sensation de matière, les tanins assez bien structurés et la très belle longueur rendent la chose très prometteuse, mais j’attendrais volontiers encore 6 à 12 mois… pour voir !
6. SP 68 2012 Rouge
Pour reprendre ce qui a déjà été dit sur le Siccagno 2009, un vigneron est libre de ses choix : quand le millésime est aussi infernal (50°C et plus pendant les vendanges) que 2012, soit on vendange encore vert et on corrige à mort, soit on laisse les choses s’exprimer comme elles sont.
C’est clairement le second choix qui a été prôné par la vigneronne avec l’exploit de faire ressortir de petits fruits rouges et noirs sans alcool au nez et de réussir, et ce n’est pas le moindre, à garder à la fois tension et minéralité dans ce vin, avec en plus, une belle buvabilité.
Evidemment, l’ensemble reste plus serré, plus maigre et la longueur souffre de ce millésime sorti des profondeurs de l’Etna.
7. SP 68 2011 Rouge
A l’image du Siccagno 2011, cap ci sur un nez moins intense, plus austère, qui demande de l’aération avant de livrer son fruit.
En bouche, même chose, de la matière, de la tension mais des tanins et de l’amertume qui confèrent de l’austérité au vin plus que de la buvabilité. La finale est bien plus prometteuse que le milieu de bouche, avec un fruit qui s’ouvre et surtout une sensation minérale proche de la caillasse qui semble dicter une belle garde en réserve.
N’oublions pas, non plus, qu’il s’agit ici de très jeunes vignes plantées entre 2005 et 2006 et qu’Arianna se refuse à intervenir sur son vin.
8. SP 68 2010 Rouge
Quand on laisse à ce point la nature s’exprimer, on en accepte les conséquences dans les millésimes faibles mais on en récolte pleinement les fruits dans les grands millésimes.
A l’image du Siccagno 2010, seul un clone du schtroumpf grognon, d’un prêtre calviniste et d’un antialcoolique primaire trouvera ici un défaut, tellement tout dans ce vin est joyeusement parfait.
Le nez est fin, complexe, évolué, gourmand et mûr. La bouche aussi exprime pleinement ce fruit mûr parfaitement élancé par une acidité idéale et des tanins structurant juste ce qu’il faut.
Un édifice de grande classe qui en plus brille d’une très grosse buvabilité… La classe !
9. Grotte Alte 2008
Pour continuer dans l’esprit du Cerasuolo di Vittoria dont le SP68 en a les composantes mais n’en réclame pas l’appellation, on attaque ici le fleuron déclaré du domaine, aussi rare que mythique, il faut dire que 4000 bouteilles par an et une volonté de ne sortir le vin du domaine que plus de cinq ans après la vendange, cela participe largement à la naissance d’un mythe.
Alors évidemment, le dégustateur attend un feu d’artifice, il attend ce moment d’émotion qui fait que sa passion existe.
Et vous l’avez déjà compris, je ne serai pas si bavard en préambules si dans nos verres ne s’était déposé un véritable chef d’œuvre en termes d’émotions. Prévert serait nécessaire pour faire la liste des qualités et des composantes de ce vin.
Si au nez, il ne possède pas de raton laveur, par contre on énumèrera sans trop de peine puissance, droiture, aérien, pureté, minéralité, fruit gourmand, fraicheur.
Et en bouche, même topo, allons-y pour équilibre, acidité de diamantaire, soyeux, épices, fruit juteux, minéralité de la mort qui tue, chair, amis aussi élégance, structure et énorme longueur.
Un vin grandiose, de quoi affirmer des notes de noblesse à toute la Sicile et certainement à l’appellation Cerasuolo di Vittoria.
Vous savez ce qui vous reste à faire, malgré le prix assez élevé, chercher sans relâche et partager ensuite ce moment d’intense émotion.
10. Frappato 2012
L’effet de séquence, vous connaissez ? Si jusqu’alors, l’ordre de dégustation paraissait logique ou, du moins, ne prêtait pas à discussion, ici, autant le Frappato peut être un cépage jouissif, autant passer d’un 2008 sur les meilleures parcelles à un 2012 sauvé des enfers, c’est pratiquement mission impossible.
Sans tenter donc d’interpréter de trop ce vin, il faut reconnaître que fruit et fraicheur ont pu être conservés, buvabilité aussi, et cela, malgré des tanins, une rigueur serré et un effet solaire bien présents.
A revoir seul et pour lui-même plus tard.
11. Frappato 2011
On monte clairement d’un cran dans le plaisir avec ce Frappato 2011, plus léger et complexe au nez, mais aussi affublé de notes plus lactées, boisées voire caramélisées que ce qui nous a été proposé jusqu’alors.
En bouche, malgré une acidité qui a de quoi, à nouveau, effrayer les âmes sensibles, malgré une matière assez serrée, le fruit bien présent donne du gourmand qui assure le plaisir. L’acidité permet aussi de rafraîchir des tanins très présents, encore jeunes.
Il semble bien que les Frappato du domaine exigent de la garde pour pleinement s’exprimer.
12. Frappato 2010
Si les millésimes 2011 et surtout le 2012 avaient de quoi un peu désarçonner de l’image du Frappato ultra gourmand de l’oncle Giusto, le 2010 retrouve bien plus de lettres de noblesse avec un fruit généreux, proche d’un pruneau gourmand, des épices et de la fraicheur.
On retrouve ces qualités en bouche avec en sus une acidité cinglante, amis on retrouve aussi des tanins importants, qui au vu de la très belle longueur, demandent encore de la patience pour cette bouteille qui globalement reste très qualitative.
Et de comprendre, dès lors, l’ordre suggéré de dégustation, parce que l’acidité, les tanins, sans parler d’une solarité plus marquée (sans excès, toutefois) n’auraient aucunement été compris en tête de dégustation. Il en va de même pour la sensation de potentiel de garde qui a clairement été croissant au fil de cette superbe série de 11 rouges classiques.
13. Passonero 2008 et 2010
On passe au rouge « passito » sur un accord avec une ganache chocolat relevée de basilic.
Si le 2008 ne répond pas présent, plus que probablement suite à l’œuvre pernicieuse du liège, qui sans se déclarer comme tel, rend toutefois le vin cireux, vernissé, lourd et creux, on peut largement dire que cette dégustation finit en feu d’artifice avec le grandiose Passonero 2010.
Car même les plus réticents aux plaisirs sucrés rendent ici les armes face, tant au nez qu’en bouche, à un fruit aussi mûr, gourmand, juteux, épicé et surtout digeste tout en restant vineux avec des tanins juste parfaits. Du très grand art !
Conclusion
On ne part pas à l’assaut des vins et de la personne d’Arianna Occhipinti la tête pleine de tracas et d’idées préconçues, parce qu’en fait, il y a lieu de laisser beaucoup de place à toutes les surprises qui émaillent une telle rencontre.
Comme largement décrit plus haut, à la place d’une star qui vous en impose à tous niveaux, c’est une personne d’abord timide, fragile ensuite que j’ai rencontré d’abord à Milan, ensuite sur ces terres.
Une personne qui vous donne clairement l’impression de ne pas vouloir trop se livrer parce tant de choses lui paraissent encore si peu maîtrisées alors que ces vins suggèrent pourtant tellement le contraire.
Je n’oublierai probablement jamais ce petit bout de femme, grelottant sous l’effet d’un vent qui refusait de se mettre au printemps, alors que les neiges de l’hiver refusaient de découvrir un Etna en sommeil ce jour-là.
Je n’oublierai jamais ce regard tellement interrogatif, tellement inquiet, quand passant d’un fût à l’autre, d’une cuve à l’autre, je portais les divins liquides à mes lèvres, comme si tellement de distinctions passées ne pesaient que pour des plumes face au ressenti d’un nouveau visiteur.
Je n’oublierai pas non plus cette joie profonde de montrer ce calcaire environnant la cave, de montrer ces traces de racines profondes à travers la roche, mais cette humilité aussi, alors que ce chai est tout simplement magnifique.
J’oublierai encore moins ces yeux pétillants de bonheur quand ensemble nous avons abordé le millésime 2013 qui pour de nombreuses cuvées sommeille encore pour mieux murir, ces yeux qui remercient le ciel d’avoir donné le plus beau des cadeaux qu’un vigneron puisse souhaiter.
Et par-dessus tout, jamais je n’oublierai la cohérence absolue entre le cheminement philosophique d’une jeune et belle personne, belle surtout dans le sens que la langue italienne donne à « Bella Personna », la cohérence absolue entre le cheminement d’Arianna Occhipinti et ses vins.
Une émotion de plus, une émotion en plus, une émotion qui ne peut qu’encore faire grandir ma passion pour les vins et mon irrésistible attirance pour l’Italie.
Quelle est belle à mes yeux, cette route provinciale n°68 qui abrite une telle fée…..
Livre
Natural Woman, La mia Sicilia, il mio vino, la mia passione
Arianna Occhipinti
Editions Fandango Libri, 2013
ISBN 978-88-6044-307-6
Coordonnées
Azienda Agricola Arianna Occhipinti
Chai et Vignes
SP68 Vittoria-Pedalino km 3,3
97019 Vittoria (RG) – Sicile
Siège Social
Via dei mille 55
97019 vittoria (RG) – Sicile
TEL : +39 0932 1865519
Web : www.agricolaocchipinti.it et http://ariannaocchipinti.blogspot.be/
Mail : info@agricolaocchipinti.it