Le vin en Grande Surface : Not in my name!
Il était une fois une rue, ma rue… il y a quinze ans à peine
Il était une fois une rue, ma rue, bordée de petits commerces de détail, presque une spécialité pour chaque maison, Bouchers, Volaillers, Fruits et Légumes, Fromager, Patisseries, Epicerie et tant d’autres…
Des commerces pour lesquels, entre autres, même des gastronomes avertis se déplaçaient même de loin, malgré le caractère très populaire du quartier.
Et puis, un jour, ils sont venus, les Zonings divers et leurs hypers embarqués, et, dans cette rue, il ne subsiste aujourd’hui qu’une librairie et une pharmacie. Le légumier, le fromager et le volailler ont fusionné tant bien que mal et s'éteignet à petit feu.
Presque toute notion de commerce spécialisé a disparu de la surface de ma rue.
Pour m’en rappeler, je suis désormais obligé de m’expatrier en Italie, là où certaines petites entités conservent cet esprit, où il est encore possible, en bien moins de temps et d’essence qu’on ne le pense, de faire ses courses avec un conseil et un vrai produit à la clé.
Vous me direz d’emblée : tout cela n’a-t-il pas été vecteur d’emploi ?
A voir les procédures Renault qui émaillent le secteur de la GD (Grande Distribution) belge, si ça l’a été, j’ai comme un doute que cela le reste.
Et puis en termes de chiffres et de densité de population rapportée à ma rue, je me demande bien si chaque emploi perdu dans ces petits commerces a été remplacé réellement par un autre…
Vouloir ensuite profiter de ce blog pour détricoter le mécanisme économique des grandes surfaces, à quoi bon, qui que ce soit à qui on demande son avis sur la GD, la réponse est toujours, à terme, la dévalorisation par la recherche du prix le plus bas et de la rentabilité de la chaine, cela mépris croissant de la qualité.
Ca, bien d’autres et par milliers l’ont bien mieux décrit que je ne pourrais le faire, il n’empêche que le troupeau continue à se ruer à l’assaut de ces étals où pour un prix donné, on vous vend de la merde, on appelle cela, par exemple, de la viande, mais si rarement cela en a encore la couleur, pour ce prix-là, on n’en a plus ni le goût ni la texture… mais que voulez-vous ma bonne dame, au prix de la merde, on a ce qu’on mérite.
Tout cela et mon désespoir d’y assister ne parviendrait à me motiver de prendre la plume si je ne voyais pas, comme chaque année à la chute des feuilles, critiques viniques, sommeliers, forum et autres se faire les chantres des … foires au vin.
Et puis, surtout, quel n’est point le comble de mon désespoir de constater que ceux qui se proclament amateurs œnophiles continuent à marcher dans le système alors que pendant tout le reste de l’année, ils proclament leur intérêt tant pour le vin de vigneron, de terroir, tant pour le conseil professionnel du caviste ou encore, in situ, pour une visite au domaine.
Quand donc les gens comprendront une fois pour toutes que 95 % des vins vendus en GD sont de la merde au même titre que cette viande sans goût et que les 5% restants, y compris ceux des foires, ne sont que des produits d’appel, arrivés sur les étals par des mécanismes souvent détournés et et très souvenet contre l’avis de leur producteur… ?
Quand donc les gens comprendront qu’in fine, ils ne sont qu’appâtés par des gens sans foi ni loi, si ce n’est celle du gain et que le prix moyen du panier, seul avantage recherché, est le plus souvent plus élevé que dans les commerces de conseil ?
Quand donc les gens comprendront qu’en achetant une seule bouteille même par an en GD, ils favorisent ces 95 % de merde, cette industrie viticole qui ne vise que la production quantitative pour sauvegarder une rentabilité sous la pression de cette même GD.
Quand donc les gens comprendront enfin qu’en achetant ne fusse qu’une quille par an en GD, ils tuent dans l’œuf toute volonté qualitative, entrainant dans le gouffre et la perte de valeur l’entièreté du monde agricole qui se réclame encore un tant soit peu de l’artisanat.
Alors, vous les œnophiles, je vous en conjure, apprenez à poser un acte citoyen en vous refusant désormais tout achat de vin en Grande Distribution, même pendant les foires.
Apprenez à ne pas craquer pour un rabais de 5 euros sur une quille dont vous en avez plein de petites sœurs dans votre cave.
Apprenez à respecter le fruit de votre passion et redonnez ainsi de la fierté à ces vignerons qui vous donnent encore, mais pour combien de temps, de l’émotion.
Il était une fois ma rue…