Accords Mets-Vins : le Civet de Lièvre
Accords Mets-Vins
Dans cette rubrique, retrouvez des accords met-vins réalisés avec le blog jumeau de Marie-France Thiery : « Une Cuillerée pour Papa ». Ils sont issus de défis que ous avons désormais l’habitude de nous donner, Marie France me proposant ses recettes alléchantes à assortir, alors que je lui propose de temps en temps un vin précis à accorder avec une recette.
Civet de lièvre
Voici un nouveau défi d'accord met-vin lancé par Marie-France à qui je laisse comme d'hab la parole pour entamer les débats : " Je cuisine peu souvent du gibier, car pas de chasseur à la maison. Mais quand par bonheur un ami m’en offre, je suis aux anges. C’est le cas avec le lièvre. Ne pas comparer le lièvre avec le lapin, la chair est totalement différente. Par sa couleur déjà – brune – qui prouve que l’on a bien affaire à un gibier. Et par sa saveur ensuite, plus goûteuse. A défaut de le cuisiner à la royale, une préparation dont je rêve depuis longtemps mais qui demande du temps et de la précision, j’ai opté pour un civet. J’adore ces plats d’hiver traditionnels qui mijotent et embaument la cuisine avec tous les parfums de la viande, légumes, aromates, sublimés par les arômes très tanniques du vin qui entre dans la composition."
Pour la recette et plus de détails, cliquez ici !
Ah…. le lièvre, je pense qu’inconsciemment, ce bel animal représente ce qui se fait de mieux pour accorder des vins rouges pour célébrer l’hiver.
C’est probablement, parce que ce noble gibier permet aux amateurs de sortir de cave les quilles de haut vol qui sommeillent dans l’attente d’une très grande occasion.
Et bien sûr, ce sera l’occasion pour tout un chacun de dégoupiller leurs meilleurs Côtes de Nuit, Châteauneuf du Pape, Bordeaux Grands Crus ou autres Barolos très classiques.
Tout en restant dans un certain classicisme (à l’exception d’une très grosse prise de risque), je vous propose 4 vins un peu moins classiques, certainement moins faciles à trouver mais qui, pour moi, sont des évidences sur le plat de Marie-France.
Je commence en douceur par l’Italie et le Tenuta di Valgiano 2007, un vin à base de Sangiovese 60 à 65%, le reste à part égales de Syrah et Merlot et de très faibles quantités des autres cépages autochtones qui rejoignent l’assemblage. Ce vin est une petite merveille de très grande classe, issue de magnifiques vignes sur les hauteurs de Lucca en Toscane.
Son nez s’exprime à la fois en intensité, élégance et raffinement avec des arômes de fruits noirs et rouges légèrement sanguins, des notes d’épices et de pierre. La bouche est ample, structurée avec beaucoup de fruit, des tanins mûrs et doux.
Je monte ensuite d’un cran en puissance avec un Bordeaux, oui, mais un Bordeaux complètement atypique et mythique pour les amateurs de vins naturels : le Château Le Puy 2006 en Côtes de Francs 2006. Un vin atypique … parce qu’il est encore produit à l’ancienne, sans la moindre concession, sinon la biodynamie dont les propriétaires sont des fous furieux.
C’est un vin particulièrement salin, minéral que l’on découvre avec une splendide impression d’austérité et de finesse. Les tanins sont poudreux, souples et le tout ne manque pas de fruit, au contraire ! La longueur sur la finesse est effarante, mais le vin possède bien assez de structure que pour accompagner le lièvre.
Pour les amateurs de vins plus capiteux avec une matière canon, j’ai un gros faible pour la Cuvée Majou de la la Coume Majou, le Côtes du Roussillon Villages 2009 de Luc Charlier qui résulte de l’assemblage des plus belles et anciennes vignes du domaine, majoritairement à base de grenache noir.
Si le style de la maison est clairement tout sauf un vin léger, sur le plat, il proposera beaucoup de profondeur et de complexité, avec un nez sur les fruits noirs et une bouche alliant fraicheur et densité effarante, sans toutefois que les tanins ne vous transpercent la gorge, au contraire.
Et puis, il y a le risque, le très gros risque, mais mesuré dans ce cas tant est pratiquement introuvable le Vieux Savagnin Ouillé 2000 de Pierre Overnoy, un savagnin estampillé Arbois-Pupillin hors du temps, qui même s’il est plus destiné par évidence pour les fromages, m’a littéralement renversé d’émotion sur des plats de gibier.
On ne résiste pas à ce nez de croûte pure, gourmande, envoûtante et, en bouche, à la conjonction de la puissance de l’acidité pure et tranchante avec le gras, la matière, les sensations de beurre salé, de caramel noble et toujours de cette impression de croquer de la croûte…
En fait, le risque est modéré, parce que ce vin est polymorphe, hors de toutes normes.
D'autres propositions ? Lachez-vous donc !
Et... bon appet !!!!