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2 mars 2015

Je suis un sale intellectuel du vin

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Ah, enfin un coup de gueule….. me direz-vous !

C’est vrai que ce blog doit vous paraître bien calme, tellement ces dernières semaines, je vous balade entre la sortie imminente de l’opus le plus important depuis la descente du Sinaï par Moïse, la promotion de salons divers et une forte propension (je vois ma moitié soudainement le regard fixé sur mon abdomen) à vous parler bouffe, ce dernier acte étant certainement le fait de très « mauvaises » fréquentations et d’un hiver qui ressemble enfin à un hiver et appelle à s’empiffrer bon et bien.
Cela dit, vous avez ainsi probablement échappé à quelques articles alliant le pinard au style bite, couille, nichon, c’est très en vogue pour le moment, y en a même qui en font des soirées « tous tout nu et nue », faisant ainsi ressurgir d’outre catacombe la notion d’orgie.
Vous voulez des orgieeeees ? J’ai rien contre, de fait, sauf que pour une fois qu’on l’a, cet hiver, z’auraient pu attendre le printemps avant de s’exfolier à tout va, faut pas s’étonner si la grippe est aussi à la mode.

Donc, un coup de gueule, enfin, pas vraiment, un vrai questionnement, si, si, je vous jure, parce que depuis hier, je suis complètement dépassé par ce que j’ai lu.

Alors, voilà, ça commence donc hier sur " La Passion du Vin ", le meilleur forum de vin version francophone, et sur un sujet lié à ma muse de la treille, Elisabetta Foradori.
Je tiens à préciser que les personnes à l’origine de mon questionnement sont loin d’être des trolls du Riedel, mais bien des dégustateurs passionnés et avertis.

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Dans le post qui me fait hérisser les poils même pubiens, on publie, sans trop en décrire le contexte, des appréciations très mitigées de dégustation sur le blanc Nosiola 2012 de la belle dame Foradori.
Quand je dis mitigé, il ne s’agit pas de mise en cause du vin pour ce qu’il est quand il ressemble à ce que sa génitrice a voulu en faire, mais bien de commentaires qui parlent de manque de tension, de vernis et de liège, sachant que de Liège, je n’apprécie vraiment que Sand et les Boulets.
Bref, clairement, notre ami le bouchon, même protégé d’une belle capsule cireuse, avait plus que probablement fait parler de lui.

Ça m’a hérissé toute mon abondance pilosité, parce que ceux qui publient cela oublient la puissance de référencement du forum LPV et oublient donc que pendant trois, quatre mois, à la googelisante question « Nosiola », crac, c’est un vin probablement bouchonné qui viendra répondre à la demande d’information.
Et moi, oui, ça me choque, mais ce doit être très personnel comme sentiment, Oliv, un de mes plus estimés et meilleurs potes sur ce forum, me rappelant que le but de celui-çi est de transmettre des informations et que parler d’un pinard liégeux en est bien une.

J’admets, je désaccorde, mais j’admets.

En fait, j’aurais très bien compris qu’on puisse controverser, façon dégustation, cette Nosiola, qui même quand elle tient sa meilleure forme, s’avère difficilement abordable à qui n’est pas rompu à la discipline des vins sudistes naturels. La faute, évidemment à la viticultrice, qui a choisi une forme de risque en voulant utiliser les amphores et la longue macération pour tenter de reproduire un vin ancestral à base d’un cépage local, un cépage difficile parce que peu acide et assez chargé en alcool et en gras quand il est variétalement vinifié.

Mais bref, voilà dans ce post, une véritable déclaration d’amour d’Elisabetta pour sa belle région montagneuse et ses coutumes réduite à presque néant suite à sa très probable destruction par un malodorant champignon.

Alors... tout cela n’est pas GRAVE. Non, c’est le commun tout à fait acceptable d’un forum de discussion. Mon questionnement n’intervient pas là, oh, que non !

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Il intervient précisément suite à plusieurs réactions similaires des fameux intervenants de qualité quant à l’implication humaine spécifique que j’utilisais pour justifier mon hérissement capillaire et plus particulièrement le fait de mettre du vigneron, du terroir, de la passion humaine et de l’histoire dans ce qui devrait rester un verre de vin pour … un verre de vin.
Bref, le tribunal de proférer la sentence que j’intellectualisais ainsi l’acte de boisson.

Je cite trois commentaires :

  • Mais s'il faut avoir un mode d'emploi pour apprécier un vin et avoir fait la connaissance du vigneron pour en comprendre le sens, cela échappe à mon attrait pour le vin : je ne peux ni ne veux aller jusque-là….
  • Le vin, ça se boit, ça doit rester au niveau de l'émotion (esthétique ou pas) et ne pas trop pénétrer les sphères de la réflexion….
  • Je trouve malgré tout que l'on boit trop avec sa tête quand même, non?

Le reste se trouve ici : http://lapassionduvin.com/phorum/read.php?42,659659,919332#msg-919332 , je le laisse à la libre appréciation de tous.

Et donc là, crac boum, mes mains se font moites, mon cerveau soudainement pesant et je pars dans un questionnement parce que, lisant cela, je tombe des nues d’autant que la dernière chose que je prétends c’est de détenir LA vérité.

Donc voilà que le fait de tenter d’expliquer pourquoi aborder un vin précis avec des pincettes, justifiant cela en parlant du complexe sol-vigneron-tradition est une perversion intellectuelle qui prive l’émotion.

Donc voilà que de pousser depuis cinq ans tout un chacun à la rencontre de l’humain, in situ, dans son vignoble avec ses passions pour mieux comprendre ses vins est une affreuse pénétration des sphères de la réflexion.

Donc voilà que relater deux journées passées avec un vigneron d’exception dans ses vins, ses actes et son humanité à boire joyeusement des coups relèverait de la branlette intello.

J’avoue, je reste pétrifié, sans voix…. Enfin jusqu’à maintenant et cela va certainement pas plaire.

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Parce que, putain de merde, que dire alors de cet acte qui vise à prendre un vin, à le faire tournoyer, façon œnologue, dans des verres aussi grand qu’un ballon de rugby, à y rechercher, tel un chromatographe en phase gazeuse quelque parfum perdu d’œillet blanc quand ce n’est pas et surtout traquer justement le dernier petit défaut possible, précisément au mépris de l’émotion et du plaisir ?

Faut-il vraiment, putain de merde, que des légions de dégustateurs, avertis ou non, se donnent le droit de passer au crible aromatique et textural tous les vins afin que ceux-ci puissent enfin recevoir l’adoubement qu’ils méritent, avec comme risque corollaire, le fait de stimuler les producteurs à faire trop propre et trop lisse au risque de se faire descendre en flèche ?

Mais où est donc l’intellectualisation, de fait, quand on transforme le fait de boire un vin en mode d’emploi pharmaceutique ?

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Où est donc l’émotion quand on a l’impression de voir ce jus de la treille l’objet de l’analyse post mortem d’un auditoire de futurs médecins légaux ?

Michel Tolmer et son Mimi, Fifi, Glou Glou n’aurait-il pas assez encore éveillé les esprits quant à toutes les dérives de l’intellectualisation non pas du vin mais bien de sa dégustation ?

Voilà mon questionnement, mais comme le disait MichouBichou, et comme la majorité le proclamera certainement sur LPV, je ne suis qu’un « Stupid Winetaster » auquel il faut maintenant ajouter la qualité de sale intellectuel.

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Commentaires
S
Très bon article !!!<br /> <br /> <br /> <br /> Si vous voulez d'autres informations, que je trouve assez précieuse aller sur vitisphère : https://www.vitisphere.com/actualite-90731-Cette-etiquette-revolutionne-t-elle-le-marketing-du-vin-ou-lenterre-t-elle-.htm
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W
Bravo, le vin s'intellectualise très bien!
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