Bruxelles, ma toujours belle...
C’est donc arrivé…
Quelque chose en nous savait que cela arriverait, et depuis que ce triste mois de novembre avait tenté d’instaurer la terreur en nous, nous l’avions refusée, nous avons assumé et je pense que c’était bien ainsi, que c’est et sera bien ainsi.
Bien sûr on y pense.
Bien sûr on y pensait,
Bien sûr on y pensera.
Bien sûr, avant-hier et veille des tristes évènement, bloqué 5 minutes à la station de métro Maalbeek en allant à la RTBF, du parmesan plein mon sac, j’y ai pensé, je me suis dit et si ça pétait maintenant ?
J’avais hélas raison, à 24 heures près, minute pour minute, mètre pour mètre, j’étais déchiqueté sans avoir pu dire au revoir comme il le faudrait.
Bien sûr, après, il y a la révolte, froide révolte.
Froide parce si chaque mort, chaque blessé est un de trop, notre âme a déjà été blessée à Madrid, Londres et bien sûr à Paris. Froide parce qu’à chaque fois, nous nous endurcissons, à chaque fois la terreur perd un peu de son intensité.
A chaque fois que ces fous d’un dieu que je ne comprends pas et en lequel je ne veux croire, à chaque fois que ces fous commettent le pire, à chaque fois, ils perdent un peu plus, parce comme les londoniens pendant le blitz, nous avons désormais intégré leur présence à nos côtés.
Hier soir, comme à Paris le 14 novembre, il y avait du monde en ville, dans les bars et dans les restaurants, sur le piétonnier.
On n’a pas fait la fête, on a pas pleuré, on a juste pensé, quelquefois chanté, mais surtout et plus que tout, nous avons fait en sorte que la vie continue, comme avant, comme toujours, le seul et unique signal fort pour nous unir à cette ville meurtrie mais vivante.
Pour le coup, il faut que, à l’inverse de novembre 2015, je remercie les autorités de la ville et des communes qui ont refusé le lockdown cette fois-ci. On reste ouvert, les transports en commun circulent, les écoles, les commerces, les restos et les bars, tout est là, comme avant. Cette fois, on n’a pas cédé.
Et il est de notre devoir d’intégrer cette situation dans nos actes…. Hier je créais le logo « CE SOIR, JE SORS A BRUXELLES », en fait, j’aurais dû écrire TOUS LES SOIRS.
Hier, j’étais fier, pas de mes actes, mais de ce mouvement, naturel, citoyen… puisse-t-il durer longtemps… toujours !
Maintenant, ce ne sont pas nos dernières bombes, nous le savons tous.
Nous sommes en guerre… Oh non, pas une guerre de vengeance comme le susurrent nos pouvoirs faussement contrits. Nous sommes en guerre parce que les gens que nous avons démocratiquement élus ont choisi d’aller bombarder notre ennemi, cause probablement ou peut-être juste ou justifiée mais qui ne nous donne aucunement le droit de jouer les vierges effarouchées quand notre ennemi fait de même.
Ce ne sont pas nos dernières bombes, parce que nous avons commis trop d’erreurs, laissé commettre trop d’erreurs, en pensant naïvement qu’imposer nos mœurs, notre civilisation et notre économie était une cause juste.
Nous avons commis trop d’erreurs à ne pas tenter de faire avec, en tentant d’abord de comprendre. Nous avons fait trop d’erreurs en pensant que seules nos bombes arrêteraient celles de l’ennemi qu’in fine, nous nous sommes créés nous-mêmes, par ignorance, par prétention, par aveuglement.
Il faudra bien un jour, pour que cela cesse enfin, que nous mettions les choses à plat, en toute modestie, en tentant d’abord de comprendre sans juger.
Il faudra bien qu’un jour, DEMAIN, nous construisions ensemble, sans haine, plutôt que détruire ensemble.