Affaire du Herve au lait cru : un compromis est-il possible avec l'AFSCA ?
Permettez-moi encore de revenir sur l’affaire du fromage de Herve de Monsieur Munnix et du désaccord qui l’oppose à l’AFSCA (Agence Fédérale (belge) pour la Sécurité de la Chaine alimentaire). Peut-être ce combat vous paraît très éloigné de l’objet de ce blog, et pourtant, il n’en est rien, car la volonté que poursuivent les grands lobbies agro-industriels de voir disparaître les dérivés de lait cru ne sont pas du tout éloignés de ceux qui ciblent émaillent le Mondovino.
Si donc je reviens vers vous, et qu’alors que je vous écris se joue l’avenir de l’exploitation de Monsieur Munnix à Herve, j’avoue avoir été un peu mal à l’aise de voir l’AFSCA vilipendée plus que nécessaire, entre autres sur la page Facebook de Slow Food Metropolitan Brussels, convivium dont je suis administrateur.
Je rappelle que ce que nous souhaitons, en tant que défenseurs militants du fromage de Herve au lait cru, un produit unique de l’artisanat agricole belge, c’est que l’AFSCA acceptent une situation de compromis d’une tolérance de 10 CFU de listeria/25 grammes à l’inverse de celle du zéro absolu, maintenant de rigueur. Pour rappel, il y a m^me pas trois ans, la tolérance était de 10 CFU/25 grammes (et même 20, précédemment).
Cette demande s’appuie sur le fait, premièrement, qu’à l’inverse de ce qui est défendu par l’AFSCA, l’Union Européenne conseille la tolérance zéro mais lui admet des exceptions justement pour les produits artisanaux, et deuxièmement, que selon des études publiées, entre autres par l’INRA, la présence de listeria dans des fromages à pâtes molles ou dures n’est pas pathogène (à des doses sous les 50CFU).
En effet, ces bactéries y voient leur pathogénicité, et en premier lieu, leur capacité à se multiplier, inhibée par la présence d’autres bactéries commensales et par la nature du milieu spécifique, à commencer le pH.
Un test coûteux (5000 euros) qui a démontré cela pour d’autres types de fromages en France, devrait être pratiqué très prochainement pour le Herve au lait cru, avec l’aide probable des pouvoirs communaux.
Ce test dit de « vieillissement accéléré » a prouvé, sur d’autres fromages au lait cru, que sur une période excédant la limite de leur consommation, la présence de listeria à des doses inférieures à 20 CFU/25 grammes ne parviendra pas à faire doubler sa population bactérienne sur la période considérée et donc, ne jamais, au grand jamais, dépasser la fameuse tolérance de 100 CFU/25 grammes que s’octroie la grande distribution.
Mais ce n’est pas parce que nous demandons à l’AFSCA un compromis pour cette situation précise que nous remettons en cause son existence et son droit d’exister et d’agir. Au contraire !
La seule chose que j’aimerais envoyer comme message général à l’AFSCA, c’est que si ses fondations sont bien la conséquence de la demande populaire, cette demande a été occasionnée par une des plus grosses crises alimentaires que la Belgique a connue, celle de la dioxine, au point d’en faire tomber un gouvernement.
Serais-je vraiment à ce point pernicieux de lui rappeler que cette affaire de dioxine ainsi les autres affaires du top 10 des grandes merdes récentes et médiatisées de l’agro-alimentaire européen sont toutes du fait de l’industrie, directement dans l’aliment proposé ou indirectement, via une intervention dans la chaine alimentaire ; je vous laisse juge des meilleures :
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La vache folle (toute l’Europe)
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Le lait maternel frelaté (affaire Sanlu – France)
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Le poulet à la dioxine (Belgique – Allemagne – Pays-Bas)
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Les graines germées à la bactérie E-Coli (Allemagne)
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Les steaks hachés à la bactérie E.coli (France)
- La substitution par la viande de cheval
Et là-dedans, pas une trace d’un artisan au lait cru qui aurait flingué ne fusse qu’un de ses clients…
Alors, comme je suis certain qu’à l’AFSCA, il y a plein de gens très bien, je me permettrai de rappeler que l’ennemi est souvent celui qui fait le plus de bruit pour imposer sa vue économique et qu’en ce qui nous concerne, et depuis l’aube des temps, le lait cru a, au contraire, comme le prouve l’INRA, favorisé notre immunité et n’a pas éteint la race humaine.