Boccondivino, porte-étendard du Slow Food
Troisième étape de mon périple à la recherche des racines du Slow Food et rien de mieux que Boccondivino à Bra, là où tout a commencé il y a maintenant près de 30 ans.
Dans le monde de la restauration italienne, l’Osteria est certainement ce qui se rapproche le plus d’une auberge ou encore d’une table d’hôte. Souvent très abordable pour le portefeuille, c’est aussi principalement là qu’on retrouvera les standards de la cuisine locale, où produit et recette classique sont souvent plus prépondérants que créativité et transformation.
Alors, quand on débarque à Boccondivino, on se dit qu’on va bien avoir traditionnel avec des « produits » de malade, parce que cette osteria est clairement porte-drapeau de la gastronomie Slow Food à Bra et que Bra, c’est la ville qui a vu naître le mouvement et qui héberge sa très officielle Université des Sciences Gastronomiques.
On se le dit… et on n’est pas déçu parce que les références piémontaises y abondent et que la grande majorité de celles-ci ont comme base structurelle les « Sentinelles » Slow Food (aussi nommées « Presidio » dans la majorité du monde), ces produits marqueurs de terroir et de tradition qui sont le fer de lance bon, propre et juste de l’association à l’escargot rouge. Et tout dans le décor extérieur (splendide cour intérieure en été) et intérieur est là pour nous le rappeler au cas où on sortirait à peine d’un hibernatus prolongatus.
On se dit aussi, que, même si on sait qu’on va vers une carte sans énormes surprises, la barre gustative va être placée très haut et à nouveau, on n’est pas déçu, même qu’on peut justement s’interroger comment ils font aussi « bon » par rapport à tant d’autres.
Parmi les antipasti incontournables du lieu, il y a le « Lardo, Salciccia di Bra e Carne Cruda » (9,5 €), bastion de bidoche crue à provoquer le suicide d’une armée de végétariens. Saison oblige, la version de la Carne Cruda avec truffe blanche (27€) tient tout autant le niveau. Le végé ressuscitera toutefois devant les sublimissimes Cardi Gobbi di Nizza Monferrato (9 €), cardes (ou chardons bossus) coupés en fines lamelles et servis en béchamel.
Côté « Primi » incontournable, le Tajarin (fine tagliatelle avec ses 40 jaunes d’œufs) au beurre de sauge et au jus de saucisse de Bra (9,5 €) vaut à lui seul le voyage, rien que pour son juteux divin.
En secondi (si t’as encore la place), le nec plus ultra est le Brasato di Vitello al Barolo (13,5 €), un veau braisé en sauce à base de Barolo…. Dément !
Mais le pèlerin slowfoodien laissera toujours une place pour la tuerie locale, la Pana Cotta (5€), tout simplement énorme de crémeux et à peine relevée de filet de caramel.
Côté vins, si le choix est énorme, il reste très classique avec peu de vins bios et encore moins de naturels, comme quoi, le Slow Food a aussi ses paradoxes et ses contradictions ! Certaines références honnêtes empêcheront cependant de se prendre un bain de pesticides pour accompagner ses plats.
Bref, que dire de plus, si ce n’est que l’endroit est vraiment incontournable en première visite… alors que si on y revient souvent, on risque quand même de se lasser du peu de renouvellement de la carte. Mais cela, les fins gourmets que vous êtes l’avaient compris à l’avance et il reste que vu la politique hyperaccessible des prix, beaucoup préfèreront une repasse à une autre aventure.