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26 janvier 2012

Le Domaine Marc Tempé

Domaine Marc Tempé
 Le « Colosse » de Zellenberg

Préambule

Suite à une belle dégustation assez hétéroclite des vins de son domaine avec le Club des « Vieilles Copines », c’est avec beaucoup de plaisir que je publie cet article sur l’un des plus truculents personnages de l’Alsace viticole, le « Colosse » de Zellenberg, l’ineffable Marc Tempé que je me réjouis de voir en Loire d’ici 3-4 jours. Qu’on ne voit pas dans cette description sommaire qu’un zébulon facétieux, derrière cette joie de vivre festive, se trouve un des plus grands talents du Haut-Rhin.

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Image Philippe Bon (Oenophil) 

Une chose est certaine, après sa première rencontre, on n’est pas prêt d’oublier sa poignée de main, qui la pilosité mise à part n’est pas loin d’une rencontre du troisième type avec un yeti ainsi que sa voix dont la lourdeur est capable de faire fuir toutes les hordes de sangliers des Vosges.

Hasard du calendrier, cette dégustation fait suite de 24 heures celle de son voisin et ami Laurent Barth dont je viens de parler ici.

Généralités

Le domaine, du moins la partie d’habitation et les caves, est situé sur le mamelon de Zellenberg, splendide excroissance de la nature que l’on ne peut louper à 1km de Riquewihr, à droite de la Route des Grands Crus quand on vient de Colmar vers Ribeauvillé. Si certains vins proviennent de la commune de Zellenberg, le domaine se caractérise par  8 hectares de parcelles éclatées sur les communes plus ou moins voisines de St Hippolyte, Hunawihr, Riquewihr, Sigolsheim et Kientzheim, dont certaines sur les Grands Crus Mambourg, Furstentum et Schoenenbourg. (Voir terroirs)

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Historique

Fils de vigneron travaillant avec les coopératives locales, Marc Tempé débute dans le monde du vin, il y a plus de 30 ans, comme vinificateur dans une coopérative après avoir obtenu un diplôme de technicien viticole. Très peu persuadé par cette expérience, dont il dira plus tard qu’elle était positive pour apprendre ce qu’il ne fallait pas faire,  il part pour l’INAO d’Alsace où, pendant 11 ans, il va travailler, entres autres à l’établissement des délimitations des appellations Grands Crus. Durant cette période, il va de plus en plus s’intéresser aux sols  et à leur conservation, la viticulture bio devenant une évidence pour lui.

Quand il quitte l’INAO en 1993, c’est pour faire le grand saut en regroupant ses vignes avec celles de son épouse, Anne-Marie, elle-même fille de vigneron coopérateur.

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D’emblée, les vignes sont conduites en bio. Si pendant deux ans, les raisins continuent à être vendus aux coopératives, dès 1995, suite à l’aménagement de la cave ainsi que l’acquisition du matériel nécessaire, le domaine vend ses propres vins. Un an plus tard, donc très rapidement, Marc Tempé passe en biodynamie dont il est un des pionniers en Alsace derrière Pierre Frick et Eugène Meyer. Il en est aujourd’hui un de ses plus ardents défenseurs, avec une conviction jamais ébranlée.

Pour reprendre ses paroles : « La biodynamie donne à la vigne et au sol le premier rôle dans une histoire qui nous parle de respect et d'expression du terroir… les raisins en sont le reflet, et nos vins par leur complexité aromatique et leur minéralité, en révèlent les richesses et les particularités. »

Après avoir reçu le label Ecocert, il rejoint très logiquement l’association Renaissance des Appellations où il côtoie les plus grands vignerons alsaciens dont le regretté François Barmès.

Depuis l’aube des années 2000, il assure aussi la gérance du Domaine de Courbissac à Cesseras, dans l’Hérault, sur l’appellation Minervois sur lequel je me suis plus brièvement étendu  ici.

Marc Tempé, entouré de son épouse et de sa fille Marie, s’est aussi lancé dans le commerce des vins « qu’il aime » en gérant, Place de la Cathédrale à Colmar, la cave  « La Sommelière ».

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Marc Tempé se refuse d’évoluer strictement dans les sentiers battus, il tient à expérimenter en permanence, l’usage du bois sur des élevages longs dont nous parlerons plus tard en est un des nombreux exemples.

Viticulture

Comme déjà décrit plus haut, les vignes sont menées en biodynamie avec une forte implication dans le travail des sols dont les labours et la taille courte, ciblant des rendements bas. Le compostage se fait à base de fumiers animaux et seuls le cuivre et  les préparats biodynamiques  (tisane de prèle, osier...), préparés manuellement, vont à la rencontre des sols. Disciple d’un faible interventionnisme, Marc Tempé pratique un profond labour en automne et au printemps. Ce labour reste nécessaire vu la texture plus sèche des sols par rapport au Nord où, comme chez Patrick Meyer, le griffage donne de meilleurs résultats. Il refuse toute plantation de céréale d’hiver ou d’herbe, mais laisse un enherbement naturel se faire pendant l’été. La densité moyenne de plantation est de 4000 pieds à l’hectare Dans le respect de sa logique, les vendanges sont manuelles avec une recherche de forte maturité.

Vinifications

Les raisins entiers font l’objet d’un pressurage pneumatique doux et lent (min. 6 heures) afin de limiter les triturations, les productions de bourbe et les faux-goûts. Le débourbage est statique, c.-à-d. que le jus est laissé à décanté statiquement pendant une nuit, sans adjonction de soufre, d'enzymes ou de bentonite. Les jus sont ensuite séparés des bourbes à l’aide de pompe vers les foudres. La fermentation et l’élevage sur lies se fait en foudres ou en barriques bourguignonnes (pinots noirs et essais sur riesling). En moyenne, 1/3 de futs neufs est utilisé. Particularité supplémentaire à l’usage intégral du bois, l’élevage est mené pendant 18 à 24 mois, il peut même atteindre 36 mois sur les vins issus de Grands Crus comme le Mambourg. Toute la vinification est pratiquée sans ajout de matières extérieures au vin (levure, sucre, colle, etc…).

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Autre caractéristique, la vinification est instinctive et aucune mesure analytique n'e semble effectuée durant celle-ci. La mise se fait en présence minimale de sulfites (+- 30 mg/l de SO2 libre et un SO2 total qui varie entre 80 et 150 mg/l). Elle est  réalisée sous légère filtration sur terre ou même aucune filtration pour certaines cuvées, cette dernière pratique représentant un objectif global à long terme pour Marc Tempé, car c’est bien cette étape qu’il redoute le plus.

Vu que les vins peuvent  présenter un trouble et un CO2  assez élevé suite à la faible manipulation des vins, il est recommandé de les décanter bien  à l'avance pour qu'ils puissent s'épanouir tout en perdant leur éventuelle pétillance. Malgré les élevages sous bois importants, il est rare et même difficile de retrouver une influence du fut au nez ou en bouche, les vins nécessitent toutefois pour cela d’être attendus même en bouteille, raison pour laquelle le domaine rechigne à les commercialiser après la mise…. Quelques années de patience sont nécessaires en supplément de l’élevage pour les posséder dans sa cave, surtout pour les vins de terroirs.

Terroirs

Tout comme pour la biodynamie, l’influence du terroir sur les vins est chez Marc Tempé un élément majeur, son passage à l’INAO ayant renforcé cette conviction. Ce n’est donc pas pour rien qu’il’ n’hésite pas  à sillonner la route des Grands Crus pour rechercher, comme il le dit sur son site, des parcelles « chacune différente de l'autre par la richesse et la nature de son sol et par la diversité de son micro climat ».

Les références qui suivent sont très largement issues du site web du domaine

Appellations Villages

Zellenberg

Sols argilo-marneux du Lias, constitué de marnes schisteuses gris foncé, présentant de fins lits calcaires blancs ainsi que des modules carbonatés et ferrugineux, assis sur un socle de grès calcaire (Mamelon de Zellenberg ).

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Orientations et encépagement divers. Vins fruités et amples avec une bonne aptitude au vieillissement.

Saint-Hippolyte

Parcelle de plaine de 64.37 ares orientée Sud à Sud-est et plantée en riesling Sols bruns acides et sableux grossiers. Vins en général relativement sec, légers, avec des notes florales

Lieux Dits

Burgreben

Parcelle de  30 ares en coteaux à l'est de Zellenberg plantée en riesling Sol marno-calcaire avec des cailloutis siliceux. Vins d’expression assez fine, souvent très murs avec une acidité aux caractères anguleux et pierreux.

Altenbourg  

Lieu-dit sur la commune de Kientzheim entre 225 et 250 m d'altitude. 27,9 ares de la parcelle  en pente douce, juste sous  le Grand Cru Furstentum., plantés en pinot noir Sols marno-calcaro-gréseux, comparables à ceux du Furstentum, avec une proportion de sable plus importante et une maturation légèrement plus précoce. Vins équilibrés entre solarité et un fort caractère pierreux.

Grafenreben

Le lieu-dit  d’exposition est sud-est  à la sortie de Zellenberg vers Ribeauvillé de 30 ares composé de 2 parcelles, dont l'une a été plantée en dans les années 1950, et l'autre en 1977 et plantées en riesling Sols lourds et drainant d’assise marno-argilo-calcaires avec une couche de 60 cm à 1m d'argile limono-sableuse calcaire proche de la texture du Schoenenbourg. Vins puissants, charpentés, assez solaires.

Rodelsberg

Lieu-dit situé sur le plateau de la colline du grand cru Mambourg à 400m d'altitude composé de 2 parcelles de 13,5 ares en totalité et complantée  en gewurztraminers et en pinot-gris. Sols peu profonds d'argile rouge reposant sur un sous-sol rocheux très calcaire. (La partie non défrichée par le père de Marc sur ce plateau est classée par le Conservatoire des Sites Alsaciens pour protéger ses pelouses sèches dont la flore est exceptionnelle ; on y trouve entre autres de magnifiques orchidées). Rendement faibles  de 20hl/ha avec, à la récolte, des baies petites baies à peau croquante, très concentrées aromatiquement. Vin assez puissant, fruités, souvent croquants.

Grand Crus

Furstentum

Parcelle de 26 ares plantée en gewurztraminer et pinot-gris, exposée sud, sud-ouest dans un îlot de végétation méditerranéenne calciphile dans la vallée de Kaysersberg. Sols bruns, calcaires, présentant une structure caillouteuse, squelettique, filtrante, avec affleurement de la roche mère de type marno-calcaro-gréseux de Dogger inférieur recouverts de conglomérats tertiaires. Pente vive accumulatrice de chaleur et d'eau. Vin fruités aux notes fumées et à l’acidité vive.

Schoenenbourg

Parcelle de 32 ares plantée en pinot-gris et en gewurztraminer situées sur le flanc Sud et Sud-Est du Schoenenbourg au Nord de Riquewihr, entre 265 et 380 m d'altitude, en pente assez forte. Sols de marnes de Keuper, dolomitiques et gypseux, riches en éléments fertilisants retenant bien l’eau recouverts de fines couches quaternaires de cailloutis siliceux de grès vosgien et de Muschelkalk, tandis qu'affleurent à l'extrémité Est des marnes calcaires du Lias. Vins développant des arômes puissants et riches. Le microclimat du terroir est particulièrement adapté aux prestigieuses vendanges tardives et sélections de grains nobles.

Mambourg

Parcelle de  67ares plantée en Riesling et Gewurztraminer, exposée plein Sud à flanc de colline le Mambourg de Sigolsheim,  l'un des coteaux les plus avancés de la plaine d'Alsace qui profite d'une durée d'ensoleillement optimale. Sol calcimagnésique sur des conglomérats de calcaire et de marnes. Principalement  Gewürztraminer mais aussi Pinot Gris, Muscat et Riesling. Vins  très typés, élégants, d'une grande finesse, harmonieux et de longue garde

Coordonnées

Domaine Marc Tempé
16, rue du Schlossberg  
68340 Zellenberg Haut-Rhin
TEL : +33 3 89 47 85 22
e-mail :
marctempe@wanadoo.fr
web :
www.marctempe.fr

La Sommelière
19, Place de la Cathédrale
68000 Colmar Haut-Rhin
Tél : +33 3 89 41 20 38
Fax : +33 3 89 23 21 60
email :
contact@lasommeliere.fr
web :
www.lasommeliere.fr

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La dégustation

Les bouteilles ont été ouvertes 10 heures avant le service pour permettre une aération suffisante et conservées ainsi à 8-9 °C.
Les vins dégustés sont donnés dans l’ordre par le tableau ci-dessous :

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1. Pinot Noir Altenbourg 2005

La robe est dense, encore très jeune. Le nez est plutôt discret, malgré un carafage d’une demi-heure qui aurait probablement dû être prolongé. A l’agitation, on retrouve plutôt de fins arômes floraux que du fruit. La bouche est d’un tout autre registre. L’équilibre est parfait entre une acidité prononcée qui tend le vin, une superbe palette de fruits noirs et rouges (dont une fraise d’anthologie), des tanins fins et fondus, du gras. Quelques arômes un peu plus végétaux viennent perturber l’ensemble mais sans gros soucis, au contraire. La finale est vive, longue, terriblement buvable. Un excellent vin, très atypique pour ceux qui cultivent de l’Alsace une image de pinot noir de zinc !

2. Pinot Blanc Zellenberg 2008

La robe est jaune dorée assez soutenue.  A nouveau, le nez est discret, fin, avec un beau fruit blanc assez gourmand à l’aération. La bouche est charnue, très mûre, gourmande, à la limite de la sensation de résiduel, mais comme l’acidité est formidable en droiture et en puissance, ce vin est une véritable vague de fraicheur ! On retrouve cette fraicheur gourmande en finale…. Bref, le modèle absolu de vin d’apéritif en toutes saisons qui, vu sa buvabilité, appelle très vite des petites sœurs à être débouchées.

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3. Riesling St-Hippolyte 2007

La robe est jaune-vert sans trouble. Le nez à nouveau discret, fin, assez complexe à l’aération, encore sur ses arômes primaires (dans le sens où peu à très peu d’hydrocarbures nobles sont perçus). Les agrumes citriques sont par contre très présents ; enfin, aucune sensation d’élevage n’est perçue. La bouche est pure, marquée par un bel équilibre avec une acidité quand même plus en retrait. Aromatiquement, les aromes secondaires sont plus perceptibles.  La matière n’est pas énorme surtout en finale qui paraît un peu plus sur les amers solaires.

4. Riesling St-Hippolyte 2008

Changement de cap à 180° avec ce 2008 à la robe encore très jeune et au nez vraiment plein d’expression, dès l’approche du verre. On reste sur le registre des fruits citriques, agrémenté de notes florales et d’un peu de menthol. La bouche est terriblement tendue par l’acidité limite perlante. Le fruit est très présent aussi, sur ses notes citriques qui font de ce vin un « riesling » vraiment typé classique. La longueur est belle, marquée par la tension. Râteliers mobiles, fuyez… monomaniaques, foncez !

Les trois vins suivants, bien que de terroirs différents, ont été dégustés en parallèle. Leur ordre a été déterminé par la perception croissante de sucres résiduels.

5. Riesling Zellenberg 2008

La robe est jeune sur des notes jaune-vert, absente de trouble. Retour à un nez plus discret, d’abord assez végétal, puis, à l’aération, bien plus fruité et accompagné de notes pierreuses. On retrouve cette sensation minérale en bouche, à côté d’un pamplemousse rose qui donne une impression citrique assez austère, ce qui est confirmé sur la finale de bonne longueur. Un vin très minéral, sec, presque protestant.

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6. Riesling Burgreben 2004

La robe est déjà bien évoluée, l’or prenant le dessus. Le nez est puissant, fruité au confit presque solaire qui fait penser à une concentration très VT. Quelques notes d’hydrocarbures et d’élevage (pour la première fois !) sont aussi ressenties, par contre pas l’ombre de l’aspérule odorante (ou gentiane) qui perturbe beaucoup de 2004. La bouche est équilibrée avec une belle tension, un fruit dominateur, moins gourmand toutefois que le nez. Plus on va vers la finale, très longue, plus le vin devient sec avec des amers qui apparaissent ci et là. Très beau vin, plein de contrastes.

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7. Riesling Grafenreben 2005

La robe est assez évoluée entre jaune et or, avec un léger trouble. Le nez est puissant, d’abord floral, lacté  et légèrement cireux ensuite, avec, à l’aération une impression de léger sous-bois. La bouche est nettement plus noble, parfaitement équilibrée entre une tension soutenue (rare sur 2005), une matière très structurée avec un fruit amer et croquant et toujours cette légère pointe cireuse. la finale est superbe, longue, fraiche, gourmande et racée. Superbe 2005 !

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8. Riesling Grand Cru Mambourg 2005

Dernier riesling de la série et le seul au domaine à revendiquer l’appellation Grand Cru. La robe est brillante, dorée, dense. Le nez est superbe, bourré de complexité avec du fruit, du lacté, des hydrocarbures très racés et surtout un très beau côté floral ! En bouche, à matière comparable avec le vin précédent, le fruit laisse bien plus de place à la pierre, assouplie par une légère rondeur et dressé par l’acidité. Bref un tout grand moment, avec une longueur très soutenue où on retrouve ces amers nobles déjà rencontrés plus haut. Un must, pleinement garant de son appellation grand cru.

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Avant de passer aux pinot gris et aux gewürztraminer, il nous a paru logique de placer les deux Rodelsberg de la dégustation, vins de complantation de ces deux cépages sur une parcelle rare et atypique sur le plateau du Mambourg. Si Marc Tempé répond d’un air goguenard presque sceptique au travail de Jean-Michel Deiss, principalement sur les notions d’Appellations, s’il marque très clairement sa préférence pour des vins de cépages, traditionnels, pour lui de l’Alsace, cela ne l’empêche pas sur ces parcelles défrichées par son père de  jouer le jeu de la complantation. La proportion des cépages est de 70% de gewürztraminer et de 30% de pinot gris.

9. Rodelsberg 2005

La robe est dorée  avec pas mal de profondeur.  Le nez est très puissant, plus sur la pierre à fusil que sur le fruit. On perçoit quelques notes champignonneuses qui peuvent venir du millésime, mais elles sont faibles. La bouche est équilibrée, fraiche, sur le fruit avec de très beaux amers. La finale est, par contre, un peu plus serrée. Cela n’en reste pas moins pas mal du tout pour le millésime.

10. Rodelsberg 2006

La robe est semblable au 2006, le nez tout aussi intense mais bien plus frais et gourmand, sur les fruits blancs et jaunes. En bouche, l’équilibre est plus vif, la matière plus présente aussi, principalement sur le fruit. On retrouve aussi les amers. La longueur est bien plus marquée, le fruit se disputant avec les amers et une légère perception de rondeur résiduelle. Un vin très intéressant.

11. Pinot Gris Rimelsberg 2003

La robe est très évoluée, or-vert assez foncé. Le nez est littéralement explosif de fruits blancs, d’une grande gourmandise, à nouveau. Si l’équilibre est marqué en bouche, l’acidité est assez en retrait, ce qui fait que les amers sont un peu plus marqués, avec un fruit presque confit à la limite du caramel. Cette richesse perçue ainsi que le manque relatif de fraicheur est largement contrebalancé par une très belle buvabilité. On est en 2003, do not forget !

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12. Pinot Gris Grand Cru Schoenenbourg 2004

La robe est plus jeune, dans le jaune-vert. Le nez est à nouveau puissant, terriblement sur les fruits blancs, avec une grosse sensation de confit. En bouche, on a un équilibre plus tendu, plus frais, avec un fruit important, atypique dans le sens qu’on est vraiment sur du fruit rouge gourmand. Sur ce fruit vient se greffer une belle salinité, qui persiste sur la longueur, importante. Un vin qui a TOUT pour plaire, sauf aux adeptes du protestantisme vinique furieux.

13. Gewürztraminer Zellenberg 2007

La robe est dorée, assez typique du cépage. Le nez divise…. Est-ce variétal ? Pour moi, pas vraiment, dans le sens que je n’y ressens ni rose, ni litchi… Ce serait plutôt assez proche d’un pinot gris… La bouche confirme cette impression d’être hors du variétal, le fruit est très gourmand mais dressé littéralement par une splendide acidité qui rend le vin pur, sapide, bref, torchable ! Un vin de « village » étonnant !

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14. Gewürztraminer Grand Cru Mambourg 1995

Si vous avez suivi… ceci est le premier millésime vendu au domaine, à l’époque, l’étiquette portait une mention de lieu-dit Steinigerweg en plus de l’Appellation Grand Cru. Cette bouteille provient d’un fond de cave bruxellois sur lequel j’ai jeté mon dévolu… certaines bouteilles sont reparties en fermentation… d’autres… Pour ce gewürztraminer, la robe est très évoluée avec des impressions rougeoyantes, un peu troubles.  Le nez est assez discret, entre un bouquet de fleurs et de fruits assez confits et une impression laitière fermentaire. De belles notes tourbées apparaissent à l’aération. Par contre, pas la moindre note variétale ! C’est un nez qui appelle vraiment à la méditation. En bouche, on est face à un contraste entre une acidité minérale très prononcée avec une forte sensation de matière et un fruit très peu expressif. Une certaine forme de gras est aussi perçue. La finale s’exprime plus sur l’amertume, mais avec beaucoup de classe. Un vin qui as su traverser les années avec brio, une superbe réussite pour un premier jet.

15. Gewürztraminer Grand Cru Mambourg 2006

La robe est nette brillante au doré encore jeune. Le nez est très opulent, plein de fruits exotiques très mûrs comme la mangue et  l’ananas. La bouche est dense, puissante, avec toujours ce fruit  exotique derrière lequel se cache une vraie sensation tannique. L’acidité est bien présente mais un poil piquante, balsamique et l’impression de minéralité est plus mitigée. La longueur est belle mais très empreinte de ces notes balsamiques.  A revoir.

16. Tokay Pinot Gris Alsace (pinot gris) VT 1996

Last but not least… c’est souvent le cas et cette quille ne déroge aucunement à la règle. Si la robe est tuilée, le nez, lui est une vraie délectation entre fruits très frais et notes exotiques plus confites. On y plongerait… La bouche a gardé une fraicheur stupéfiante, pure, saline, très saline, même et le côté charnu du fruit est une véritable délectation. Et en plus, c’est d’une sapidité totale. Cela vaut vraiment le coup d’attendre 16 ans pour boire un tel monstre de classe et de buvabilité. Si vous en trouvez, foncez !!!

Conclusions

Les vins se sont montrés globalement très gourmands, bien plus que je ne l’imaginais. S’ils ont tendance à ne pas toujours être au sommet de leur forme dans les millésimes plus difficiles comme 2006 ou très solaires comme 2003, dès que l’acidité est un peu directrice, ils prennent une ampleur incomparable, avec une atypicité très marquée, surtout sur les vins de terroirs, où la salinité est plus marquée. Ils feraient certainement des dégâts en verres  noirs…. Autre fait marquant, c’est l’effacement de toute sensation d’élevage, alors que tous les vins sont passés  réellement en futs et souvent bien plus longtemps que de coutume…  A titre informatif, le tableau ci-dessous donne les appréciations de chacun des membres du Club « Les Vieilles Copines »

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On remarque que la moyenne générale (15,5)  est très haute pour une gamme variée  avec un écart assez faible ; de plus 3 vins récoltent une moyenne de plus de 17, dont un atteignant les 18. Cela montre bien que si certains vins sortent clairement des sentiers battus, la qualité est largement au rendez-vous.

Les très beaux 2004 et surtout 96 et 95, envoient un message évident qu’il faut attendre ces vins. Si quelquefois, dans des dégustations de salons, jeunes, ils ne sont pas toujours compris, il faut oser entreprendre d’attendre car cela en vaut largement la peine. Marc Tempé le sait bien, ce n’est pas pour rien qu’il rechigne à lâcher ses bouteilles trop jeunes.

N’hésitez pas à rencontrer l’oiseau en ses terres ou à Colmar, si vous avez prévu une attelle pour votre main droite, cela devrait rester pour vous un tout grand moment, plein de vie et de goût !

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