50-1 à La Caudalie (Bruxelles)
Puisqu'il faut bien que les années passent en douceur (en attendant mon demi-siècle l'année prochaine), autant agrémenter ce cap intermédiaire d'un petit repas entre potes, occasion surtout primaire pour sortir quelques bouteilles festives stockées à cette attention. Un super remerciement à toute l'équipe de "La Caudalie" pour avoir prêté son concours en préparant le menu du jour...
Cappuccino de tomate au basilic et
mousse de saumon au caviar "Avruga"
Dom. Zind-Humbrecht - Riesling Grand Cru Brand 2002
Dom. Dagueneau - Pouilly Fumé Pur Sang 2004
Intéressant de comparer ces deux vins aux acidités importantes. Le Riesling est somptueux avec un nez d'une puissance incomparable, très axée sur des aromes secondaires mûrs; en bouche, le fruit est explosif avec une grande fraicheur. Il faut noter toutefois une petite pointe de résiduel qui ne s'est pas intégrée et qui fait que le vin se suffit plus à lui-même qu'à s'intégrer en accord avec la mousse de saumon et encore plus avec le cappuccino. Le Pouilly Fumé est un peu plus sévère au nez allant à la fois des arômes de sauvignon sans excès, un peu de boisé et pas mal de fruit (plus que sur un "Silex"). La bouche est tranchante, droite, un tout petit peu marquée par l'élevage mais ce côté plus "rigoureux" sied nettement plus au plat, étant littéralement exhausteur des aromes de celui-ci.
Vainqueur seul : le Riesling Brand
Vainqueur sur l'accord : Le Pouilly-Fumé Pur Sang
Boudin de lièvre aux griottes rôti doucement,
brabançonne de chiconnettes braisées au beurre,
jus de gibier à la tartuffata.
Dom. Capitain-Gagnerot - Corton Charlemagne 2005
Dom .Gauby - Côtes du Roussillon Villages Muntada 1996
Bien qu'on soit sur du lièvre, le chef nous avait garanti qu'il s'agissait bien d'une entrée où le côté giboyeux ne serait pas trop affirmé. On est effectivement sur quelque chose de doux, la tartuffata n'étant pas trop corsée non plus pour écraser plat et vins. Sur les conseils audacieux de "Jehan", on commence avec le Corton-Charlemagne 2005, volontairement encore très jeune et sur le gras pour ne pas être écrasé. Ce conseil s'avère très intéressant, la fraicheur et le gras du chardonnay, s'accordant très bien avec le boudin, la longueur , la minéralité et la droiture du vin permettant de bien résister tout au long du repas. La Muntada 1996 se comporte assez différemment. Le nez vin est somptueux avec des aromes de fruits rouges bien mûrs, des notes d'évolution aussi. On ressent encore fort la puissance. En bouche, pris seul, c'est équilibré, suave avec une fraicheur qui aurait pu être éclatante et si la finale n'est pas kilométrique, il n'en resta pas moins que ce vin est très abouti. Sur le boudin, par contre, les tanins et les fruits rouges donnent du relief au plat et l'accord grandit les partenaires.
Vainqueur seul : le Corton Charlemagne
Vainqueur sur l'accord : La Muntada
Râble de lièvre rôti doucement aux épices douces,
Cannelloni de champignons des sous-bois parfumés d'herbes fraîches,
Escalope de foie gras poêlée
Dom. Jaboulet - Hermitage La Petite Chapelle 2005
Château de Beaucastel – Châteauneuf du Pape 1998
Dom. Geantet Pansiot - Charmes Chambertin 2001
Le chef nous propose ici une autre rencontre avec le lièvre (presque rosé au cœur) relevé par des épices, de la truffe noire et accompagné de façon assez originale par un foie poêlé. Pas vraiment le type de plat où il faut rechercher finesse et féminité des vins.
Goûté seul, le Beaucastel 1998 livre toute sa puissance, extraordinaire de complexité tant au nez qu'en bouche, d'une longueur phénoménale. Je ne me remettrai jamais du plaisir de ces petit fruits noirs en fusion avec les épices et la guarrigue, c'est trop top !. Mon très gros coup de cœur de la soirée.
Le Charmes-Chambertin 2001 ne s'en laisse pas trop compter mais dans un autre style, plus féminin et plus évolué à la fois. S'il est un peu plus discret au premier nez, il livre ensuite toute sa complexité, sa fraicheur et sa finesse avec une très belle longueur. Un grand vin de terroir.
La Petite Chapelle 2005 a, elle, une histoire particulière, parce que j'étais persuadé d'avoir sorti de la cave sa grande sœur de "La Chapelle", mais ma vue de préquinqua et la pénombre de ma cave sont responsables de cette petite erreur. Le comble, c'est que personne ne s'en est vraiment rendu compte, sauf que, ce vin ne tenait pas du tout la route vis à vis de ses deux congénères. Trop fermé au premier abord, le nez un peu rustique et la bouche austère et assez courte m'ont mis la puce à l'oreille et à la vue de l'étiquette, la lumière fut.
Sur le plat, enfin, sur le râble, c'est la grosse compétition entre les deux premiers vins, l'Hermitage jouant assez vite en touche. Le Beaucastel sourit à ceux qui recherchent la puissance absolue mais est finalement plus compétiteur qu'exhausteur. La finesse des tanins et le fruit frais du Chambertin arrondit le plat et le rend d'abord, séducteur vis à vis de la partie féminine du groupe et puis finit par mettre tout le monde d'accord, sur ce qui restera, pour moi, un de mes plus beaux accords de l'année.
La présence du foie en accompagnement, même s'il est cuit à souhait reste pour moi un grand point d'interrogation, tant le lièvre impose des épaules et du torse... Très difficile aussi de juger avec les vins.
Vainqueur seul : le Beaucastel
Vainqueur sur l'accord : Le Charmes-Chambertin
Moelleux au chocolat "Valrhona" mi-cuit sur lit de crème anglaise, décoration de fruits rouges
Mas Amiel Cuvée Charles Dupuy 2004
Annoncé "bombe " de chocolat noir sur pattes, le dessert ne permettait pas de tenter un moelleux blanc et le vin rouge muté s'imposait presque comme choix. Comme souvent, ce vin livre une puissance monumentale avec un nez sur les fruits noirs amers et le bois (presque surconcentré). La bouche est tout aussi puissante, assez fraiche, tannique et si l'alcool ne domine pas, le sucre est encore assez fort perceptible. Sur le plat, cela fait asse bombe sur bombe et on a tendance à exploser puis fatiguer la bouche plutôt que de trouver l'harmonie. Je pense que de ne rien associer au plat aurait été une meilleure idée, quitte à reprendre le vin par après. Une petite déception, donc...
Pour la digestion et pour la route... en attendant les cafés...
Dom. Foreau Vouvray Brut Réserve 2002
Vu que je redoutais le côté surpuissant de l'accord précité, j'avais pris en réserve une de mes bulles préférées, soit, le Brut Réserve 2002 de Foreau, question de remettre les idées de l'assemblée en place. Les bulles sont assez fines. Le nez est directement bien ouvert s’ouvre sur les habituelles notes de mirabelle et de fruits jaunes (coing). En bouche, la fraicheur domine et la finale est longue, centrée sur les fruits jaunes. Un très bon choix avant de se quitter.
Un grand merci au chef, à son maître de salle que j'ai fait particulièrement courir, et surtout à ma joyeuse bande de potes bien dégénérés avec qui je partage tant de bons souvenirs depuis plus de vingt ans...